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GNAWA DIFFUSION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 01 septembre 2003
 

C'est avec une soirée haute en couleurs que l'équipe des Studios de Limay entame une nouvelle saison musicale qui s'annonce particulièrement chargée. Avec une affiche très world musique et un public qui a répondu présent en nombre, tous les ingrédients sont réunis pour passer une bonne soirée ! Traditionnellement à la bourre, le concert ne commencera qu'une heure après l'horaire initialement prévu mais les fidèles en ont tenu compte puisqu'il en est à chaque fois de même … En attendant le début des hostilités, chacun aura loisir d'aller découvrir le stand de l'Association Fratercités qui affiche très clairement, documents originaux à l'appui, ses positions sur l'occupation américaine en Irak ou sur le verrouillage des territoires palestiniens … Les autres se massent au bar et découvrent le large éventail des consommations proposées. A chacun sa croix …

C'est Azim, groupe afro-sénégalais local, qui se charge d'ouvrir le bal en servant une musique très colorée et assez originale qui parvient à dérider quelque peu un auditoire pourtant distant au début du set. Habillés dans des costumes de leur pays d'origine, les six jeunes musiciens font preuve d'un immense respect pour les traditions tout en prenant soin de les arranger en leur insufflant un subtil vent de modernité qui passe relativement bien. Encore un peu léger au niveau individuel, le groupe fait preuve d'un esprit d'équipe et d'une complémentarité intéressante. Fort d'un premier maxi 5 titres sorti en 2000 et d'une maquette qui préfigure un album qui ne saurait tarder, Azim fait preuve d'un certain talent et d'un mental à toute épreuve. Occupant l'espace scénique de façon intéressante et se lançant à l'occasion dans des danses traditionnelles, le combo francilien nous a offert une heure de concert avec quelques petites lourdeurs mais surtout avec un plaisir de jouer qui faisait chaud au cœur !

Après 35 minutes consacrées à l'installation des instruments, c'est au tour de Gnawa Diffusion d'investir la scène et c'est par l'arrière de la salle, percussions à la main, que le groupe choisit d'aller s'installer à la place qui lui est dévolue. L'effet est radical et le public adhère instantanément. Le ton est monté d'un cran et on remarque instantanément le professionnalisme d'Amazigh Kateb, leader incontestable du groupe grenoblois. Les huit musiciens se lancent dans un subtil mélange de raï, de ragga, de reggae et châabi pour le plus grand bonheur d'un public qui tombe très vite sous le charme. Toujours à la pointe de l'actualité, Amazigh et consorts nous servent leurs brûlots les plus virulents sur fond de revendications politiques et de musique ethnique. On reconnaît au passage les classiques du groupe, de " Bab el Oued - Kingston " à " Moussa Kali " en passant par " Ouvrez les stores " ou " Madanga ". Tout comme au Furia Sound Festival, le groupe se lance dans une petite complainte sous la forme d'une " Benladance " fort bien accueillie. Particulièrement à l'aise quand il est question de raggamuffin, Amazigh brille de mille feux et vit sa musique de façon intense. Souvent une main posée sur l'oreille pour se donner une puissance encore plus impressionnante, le chanteur extériorise de façon touchante les transes qu'il ressent à l'interprétation d'une musique qui lui tient à cœur.

Suite à quelques petits problèmes de batterie, les Gnawa se lancent dans une longue démonstration de percussions qui a malheureusement pour résultat de faire retomber quelque peu la pression et de renvoyer les plus acharnés vers un bar qui reprend son rythme de croisière quelques instants … On retrouvera enfin les instruments traditionnels pour un final particulièrement réussi et un " Douga Douga " qui marquera une première pause dans le set des Grenoblois après une heure et quart de jeu. C'est un rappel d'une vingtaine de minutes qui nous sera servi en guise de dessert par un groupe qui est toujours aussi frais malgré un show très physique et une implication totale dans le spectacle. Et pour boucler la boucle, c'est " Ombre Elle " qui viendra clôturer un set d'une technicité impressionnante.

La salle se vide calmement, on salue les derniers fidèles et on se donne rendez-vous très rapidement pour les prochains concerts de la saison … A côté des loges, une foule essentiellement féminine guette une hypothétique sortie des musiciens qui, bien au chaud, profitent de quelques instants de répit qui leur sont accordés avant de reprendre la route vers le prochain concert. Par respect pour un groupe qui s'est donné à 200%, nous reporterons l'interview initialement prévue à une date ultérieure … Belle soirée accueillie comme il se devait par un public black blanc beur particulièrement ouvert et sympathique qui a su prouver que, sur les terres où a grandi Faudel, il était toujours possible de faire passer un message musical fort. Merci !

Fred Delforge pour Zicazic.com - Septembre 2003