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FETE DE L'HUMANITE pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 01 septembre 2003
 

Evènement culturel à part entière, la 68ème Fête de l'Humanité était notée sur nos tablettes comme une des grosses sorties de cette rentrée musicale et une chose est certaine, elle a répondu à toutes nos attentes.

Bloqués ailleurs sur la soirée du vendredi, il ne nous a pas été possible d'aller assister aux concerts de quelques groupes incontournables tels que Dolly, Killkenny ou Blankass et nous sommes les premiers à le regretter car, si on en croit les échos qui nous sont arrivés aux oreilles, nous avons raté quelques grands moments … Une chose est certaine, ce n'est que partie remise et nous retrouverons tous ces groupes sur les routes de France au cours des mois à venir. On nous annonçait par ailleurs le décès survenu dans la famille proche de Mathias qui avait contraint Dyonisos à annuler sa prestation prévue pour la fin de la soirée. La Fête est tombée à l'eau pour un groupe majeur de la scène rock française et toutes nos pensées vont vers le sympathique chanteur dans le malheur qu'il traverse …

Il est près de 13 heures 30 en ce chaud samedi quand nous débarquons aux abords du Parc Départemental de La Courneuve et nous commençons par faire une longue marche forcée puisque le parking dévolu à la presse est saturé et que nous sommes repoussés jusqu'aux portes de la ville … Sur ce coup là, nous manquons le concert de Lo'Jo qui est chargé d'allumer le feu sur la grande scène. Désolé mais cette fois, c'est indépendant de notre volonté ! Nous profitons de nos quelques instants de temps libre pour aller faire la connaissance des attachées de presse et pour retirer les pass qui nous autoriseront l'accès au Saint des Saints … On retrouve Jean-Paul Bellanger, de Mazal-TV.com, mais aussi Pierre Terrasson, photographe émérite. On parle de tout et de rien, du décès de Johnny Cash, des anecdotes glanées au cours des longues années passées auprès des acteurs de la scène rock … Un petit détour par la scène Jazz pour voir ce qu'il s'y passe et il nous faut déjà rejoindre l'arène où le concert d'Arno va bientôt commencer.

Travaillée au houblon et à la nicotine, la voix du Belge que toute la France adore est un régal et c'est à grands coups de " Loving you is not the right thing to do " et autres standards qu'Arno commence à prendre le dessus sur un public qui se déride difficilement … Le show prend de l'ampleur, calmement mais sûrement, et c'est à une succession d'ambiances plus étranges les unes que les autres que nous assistons pour le plus grand bonheur des spectateurs qui adhèrent peu à peu à la cause Arno. Toujours au fait de l'actualité, le poète éraillé dédie un de ses morceaux à Anna Lindh, Ministre Suédoise assassinée quelques jours plus tôt … Après une bonne heure de concert, la grande gueule du rock lance un immense " Vive la moule ! " et attaque une version très personnelle des " Filles du bord de mer " d'un certain Adamo. La foule réagit enfin unanimement et chacun a le loisir de s'amuser des gags de l'entertainer qui ponctuent le morceau … Personne ne l'attendait là, et pourtant il l'a fait ! Arno s'offre une vibrante entrée en matière et nous sert " Putain, c'est vachement bien ", un des standards de sa période TC Matic, récemment repris en ghost track sur le dernier Oberkampf. On attend la réaction du public quand il balance son " Je ne suis pas un Putain de Communiste … " mais la foule reste stoïque et se régale de ce morceau franchement destroy … Un bref rappel vient saluer la prestation de celui qui reste un rocker dans l'âme et Arno nous quitte en nous laissant une impression d'aboutissement … Après toutes ces années sur la route, l'homme a toujours la pêche et c'est bien ce qui nous fait le plus plaisir.

Il est temps de rejoindre les loges où nous attendent Pierre et Tomas, du Jean-Louis Aubert Band, qui nous ont fait le plaisir de nous accorder une interview … Juste un instant, pour leur permettre de se préparer, nous causons avec l'ami Richard Kolinka qui accuse une mine fatiguée par les 18 derniers mois passés majoritairement sur la route. Si le physique du batteur est quelque peu émoussé par la tournée, l'homme n'en reste pas moins une crème et nous passons un excellent moment en sa compagnie. A quatre mètres au-dessus de nos têtes, Massilia Sound System enflamme un peu plus encore la pelouse à grands coups de ses légendaires basses et de son feeling imparable. Nous quittons les loges, peu propices à l'interview tant elles sont bruyantes, pour aller un peu plus loin discuter en paix avec les deux jeunes musiciens qui ont su garder la tête froide malgré le succès qu'ils connaissent. Au loin, Massilia lutte pour la victoire et réussit son pari !

C'est bientôt au tour de Jean-Louis Aubert de livrer le dernier show de cette longue tournée et c'est sur un " Salut les humains " qu'il entre en scène. Nous avons droit au chanteur des grands soirs et c'est avec une énergie sans pareille qu'Aubert nous offre un spectacle à peu près conforme à ceux que nous avions vus ces six derniers mois. Les classiques s'enchaînent, calmement, jusqu'à la surprise de la soirée, l'entrée en scène de Raphaël qui vient pousser la chansonnette pour un " Sur la route " un peu bancal mais ô combien apprécié ! Un petit détour en solo avec cette toujours imposante " Bombe humaine " avant que le groupe au grand complet ne vienne rejoindre Jean-Louis le performer pour un final d'anthologie où chacun reprend à s'en faire exploser les poumons les " New York avec toi ", " Juste une illusion " ou " Un autre Monde " qui ont émaillé la carrière de l'artiste, qu'elle soit en solo ou au sein de Téléphone. Deux rappels en poche et plus d'une heure trente après être entré en scène, Aubert écrase une larme et regagne sa loge sur les derniers accords de " Voilà, c'est fini " … Petit pincement au cœur en se disant que, pour nous aussi, c'est vraiment fini, mais la bonne humeur reprend très vite le dessus et tout le monde pense déjà à la suite …

Pas le temps d'avaler plus qu'une boisson puisque Zazie arrive très vite au beau milieu d'une scène un peu kitsch mais tellement charmante … C'est sur un " Zen " plus que réussi qu'elle entame un show très construit. Peu avare de ses effets, la chanteuse s'offre à son public en guêpière et en jean, jarretelles au vent, et ce dernier apprécie … A grand renfort de ses hits connus de tous, la belle Zazie finit de convaincre un parterre de fans qui n'ont d'yeux que pour elle. Elle enchaîne " Un point c'est toi " ou " La Zizanie " alors que d'autres attendent " La vie devant moi ", " Aux armes citoyennes " ou " Danse avec les loops " … Pas de problème, ils les auront tous, et plus encore ! Derrière la miss, les musiciens ne déméritent pas et on reconnaît avec plaisir Philippe Paradis à la guitare mais aussi Matthieu Rabatté, transfuge d'Indochine qui officiait encore à la batterie sur la première partie du Paradize Tour. Après un plongeon dans la foule sur " La fan de ta vie ", un petit clin d'œil aux Village People pendant " Adam et Yves " et un délire alimentaire sur le final de " Tout le monde ", Zazie nous quitte une première fois pour quelques instants avant de revenir pour un final en tout point semblable à celui de son tout récent live, à savoir l'enchaînement " Si j'étais moi ", " Rue de la Paix " et " 3 p'tits tours ". Après avoir pris soin de remercier tout le monde, la princesse au nom un peu trop aristo quitte son public pour la dernière fois sur cette tournée qui, tout comme celle d'Aubert, se termine avec la Fête de l'Huma … Serait ce un signe ?

Il ne nous reste plus qu'à rejoindre l'Espace Nord où Marcel et Son Orchestre ont frôlé l'émeute puis le Village du Monde où les Caméléons se battent avec une fougue impressionnante contre un son affreusement brouillon … Nous passons quelques moments en face de la scène occupée par nos amis Nantais avant de nous résoudre à regagner les voitures qui sont garées à l'autre bout de la ville. La nuit sera courte pour tout le monde !

Retour sur place le dimanche midi avec cette fois un parking plus proche qui a le mérite d'épargner nos chevilles meurtries par une journée d'incessants piétinements. Le temps de casser une croûte rapide et les Touré Kunda entrent déjà en scène. Pour les deux frères musiciens originaires de Casamance, partie la plus isolée d'un Sénégal qui souffre, l'engagement est de mise tout autant que le rythme. Autour d'Ismaïla et Sixu Touré, on reconnaît Moussa Diouf à la basse, Elie aux claviers … Les titres s'enfilent comme des perles et le public se masse de plus en plus nombreux devant la scène. On vibre au son des " Ema Ema ", " Wadini " ou " Diabindor " chantés en dialecte africain jusqu'à ce que le ton ne devienne plus grave et que la politique prenne le dessus. Touré Kunda évoque le naufrage du Joola il y a à peine un an et les deux frères Touré parlent de leur action, de leur engagement envers l'opération " Un bateau pour le Sénégal " et du soutien de tous ceux qui ont participé à l'enregistrement du single qui ne devrait plus tarder à sortir … Patrick Le Hyaric les rejoint et leur confirme, en tant que Directeur de " L'Humanité ", la position de son journal. Tout se termine en chanson sur un bœuf légendaire en compagnie de tous les musiciens impliqués dans cette affaire. En une heure et quart, Touré Kunda aura su autant nous distraire que faire passer son message d'espoir … Bel exemple d'humanité !

Il est temps pour les Frogeaters de prendre place sur une scène qui leur ouvre grand les bras. Un peu stressés, mais on le serait à moins, les neuf musiciens entament un set énergique où l'on aura la joie de reconnaître les éternels " Knock on wood " mais aussi " You are so beautyfull " et tant d'autres. Erick Bamy, leader charismatique du groupe, ne se laisse pas impressionner par l'arène qui s'ouvre devant lui et en grand habitué des stades, il se lance dans des pirouettes qui reçoivent un accueil très chaleureux de la part d'un public épars mais conquis. Le soleil aidant, la foule se réchauffe vite et participe de bon gré au show de ces légendes vivantes du Rhythm'N'Blues … Après une heure de concert et un énorme " Everybody needs somebody to love " emprunté aux Blues Brothers, c'est Daniel Baudon, batteur du groupe, qui viendra haranguer la foule et remercier les spectateurs avant qu'Erick n'en termine d'un concert intense sur quelques notes un peu plus douces … Les Frogeaters sont de retour et une chose est certaine, ils ne demandent qu'à retrouver la place qu'ils ont laissée vacante il y a trente ans !

Dernier détour par les loges où nous retrouve un Erick Bamy ruisselant de sueur mais rassuré et surtout très content de la prestation de son groupe de copains. Le temps de se désaltérer et il nous entraîne dans une interview pleine de la gentillesse et de l'humilité qui le caractérisent. On parle, hors micro, de ses origines guadeloupéennes, de Brel, de Johnny, des amis communs aussi … On se résout enfin à quitter Erick en se donnant rendez-vous très bientôt car l'heure tourne et qu'il reste encore pas mal de choses à faire. Au-dessus de nos têtes débattent Robert Hue, José Bové et tant d'autres … Nous traversons les loges, saluons au passage Marc Lavoine qui attend son tour pour investir la scène et nous nous excusons de ne pouvoir rester pour son concert. Le retour sera long et la fatigue se fait fortement sentir ! Pourtant, il règne une ambiance si chaleureuse dans ces loges qui ont vu défiler tant de gens en si peu de temps …

S'il fallait dresser un bilan musical de cette Fête de l'Humanité, on ne pourrait que saluer un son exemplaire sur la grande scène et reprocher un son médiocre sur les scènes annexes. Les artistes ont joué le jeu et se sont donnés sans compter devant un public assez ouvert. Le service de presse a été plus que charmant, à commencer par l'adorable Aurélie qui n'a eu de cesse de nous chouchouter tout au long de ces deux longues journées. L'accueil était au top, que ce soit sur les espaces presse, aux entrées des parkings ou à l'entrée des loges. Jamais une saute d'humeur, jamais un geste ou un mot déplacé, toujours le petit salut qui fait chaud au cœur … Merci à une grande organisation qui sait prêter attention aux petits médias puisque sur ce coup nous étions logés à la même enseigne que France 2 et 3, France Info et toute la presse mainstream. Merci aussi parce que Zicazic a obtenu 5 accréditations, ce qui est loin d'être un phénomène généralisé puisque quelques festivals encore ne daignent pas nous ouvrir leur portes … On nous a permis de faire notre travail correctement, de vivre notre passion et de la partager avec tous. Merci l'Huma, et à l'année prochaine !

Fred Delforge pour Zicazic.com - Septembre 2003