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FESTIVAL SOBLUES au MANS (72) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 17 novembre 2019
 

So Blues 2019 FESTIVAL SO BLUES
LES SAULNIERES – LE MANS (72)
Du 15 au 16 novembre 2019

http://www.europajazz.fr/soblues/   

Pour sa neuvième édition, le Festival So Blues a conservé Les Saulnières comme centre névralgique et grand bien lui en a pris puisque la salle est non seulement superbe mais aussi très pratique d’accès avec son grand parking, ses gradins accueillants et son hall où l’on se sent bien en attendant le début des concerts. Si l’on reconnait quelques habitués du blues dans l’assistance, c’est essentiellement un public qui recherche la découverte qui vient chaque année aux concerts et qui n’en repart jamais déçu tant la programmation est riche mais aussi de très belle qualité. Après une première soirée qui accueillait entre autres Sarah McCoy, nous entrons directement dans le festival pour deux dernières journées plutôt prometteuses …

Vendredi 15 novembre

On entre dans le hall des Saulnières et l’on se retrouve immédiatement au milieu de l’exposition des souvenirs des disques Isabel avec au fond du hall l’excellent Alex De Vrée qui nous distille son blues haut de gamme en solo, dans une très belle formule guitare et voix. Le chant bien placé, la guitare plus qu’habile, le gagnant du Tremplin des fameux RDV de l’Erdre à Nantes en 2010 a fait un bon bout de chemin depuis et c’est toujours avec le même enchantement que nous l’écoutons nous proposer des pièces originales bien entendu, mais aussi quelques belles adaptations de classiques empruntés entre autres à Robert Johnson, comme ce « Hellhound On My Trail » qui ne laissera personne indifférent. Le public, déjà nombreux, attend l’ouverture des portes de la salle en bonne compagnie et en profite pour grignoter un morceau ou boire un verre … C’est aussi ça la convivialité So Blues !

On pénètre dans la grande salle des Saulnières pour assister à un des grands moments blues de la saison 2019, le show de la tournée New Blues Generation, sixième du nom, qui est proposé cette année par le Lionel Young Colorado All Stars Blues Band. Double vainqueur de l’International Blues Challenge à Memphis, une première fois en solo en 2008 puis une seconde fois en groupe en 2011, Lionel Young est un bluesman atypique qui est non seulement un très bon guitariste mais aussi et surtout un excellent violoniste féru de blues traditionnel et de toutes les musiques qui en sont dérivées. Un artiste complet et d’une incroyable gentillesse que nous avons eu l’occasion de croiser plus d’une fois, que ce soit à Memphis on encore en Europe.

Accompagné de Kimet Stone à la basse, André Mali à la trompette, Dexter Payne au saxophone et aux harmonicas et William Forrest à la batterie, Lionel Young va nous emmener faire un grand tour au beau milieu d’un blues décomplexé qui ne se pose pas de question inutile, un blues qui pétille à chaque instant et qui charme l’assistance à grand renfort de standards revus et corrigés à la sauce Colorado, pas forcément l’état le plus connu en ce qui concerne les douze mesures, et pourtant il y a de beau monde pour le jouer et le chanter, preuve s’il en fallait encore ce soir avec ce groupe plein de talent emmené par un violoniste aussi brillant quand il joue à l’archer que quand il use de son instrument comme d’une guitare. Ajoutez que chaque musicien est également chanteur et que les voix des uns et des autres sont superbes et complémentaires et vous aurez compris pourquoi les Saulnières ont succombé ce soir …

Le dernier concert du jour est pour le moins original puisque ce n’est rien d’autre qu’un Bal Blues qui nous est proposé en partenariat avec Carrémans Swing, un bal en live durant lequel une formation strasbourgeoise emmenée par Cédric Clerc au chant et aux guitares, Pascal Kemp aux saxophones, Martial Muller à la batterie, Jean-Luc Lamps aux claviers, Alain Kempf à la contrebasse, Cédric Munsch à la trompette et Pascal Beck au trombone va s’efforcer de faire danser une salle dans laquelle les afficionados de Carrémans Swing montrent l’exemple. Les chaises ont été poussées et si quelques curieux observent le bal depuis les gradins, la majeure partie de l’assistance va se mettre à danser sur le parquet pour la plus grande surprise d’un public qui ne s’y attendait pas forcément en réservant ses places mais qui, globalement, se montre séduit par une formule pas courante dans les festivals.

Il est déjà temps de se quitter en prévision d’une dernière journée de festival qui s’annonce bien chargée puisqu’une fois encore, So Blues nous prépare de belles choses pour demain !

Samedi 16 novembre :

Il est 18 heures quand nous retrouvons le hall des Saulnières avec une fois de plus Alex de Vrée qui anime l’apéro blues mais cette fois devant un public plus que conséquent qui se presse en face de la petite scène et qui apprécie un set encore plus consistant que la veille. A l’intérieur de la salle, Three Generations se prépare et va bientôt se lancer dans un set totalement débridé derrière sa chanteuse totalement lumineuse, Nazila Mais, qui vient apporter une grosse touche de soul à une musique pleine de subtilité. Vainqueur du Tremplin des RDV de l’Erdre en 2014, ce groupe composé d’artistes de 17 à 60 ans a une belle expérience derrière lui et cultive à sa manière un blues plein de finesse qui tourne autour de l’héritage des grandes blueswomen d’antan, les Etta James, et autres Big Mama Thornton, mais aussi de légendes comme Ray Charles et autres Rufus Thomas.

Le public appréciera l’humour et le petit accent exotique de la chanteuse d’origine jamaïcaine mais aussi la précision de musiciens bien connus de la scène  nantaise avec Julien Brossand et Laurent Marhic aux guitares, Laurent Charbonnier aux claviers, Philippe Bertrand à la basse et Patrick Broissand à la batterie. De superbes artistes qui nous emmèneront avec bonheur à la découverte de la soul, du blues et même du funk avec un feeling qui semble intarissable et avec une musicalité de tous les instants. Un groupe à voir et à revoir !

On en arrive au très gros morceau de ce 9ème So Blues, le Chicago Blues Festival qui célèbre cette année sa cinquantième édition avec un line up à faire rêver les plus difficiles. C’est donc avec Maurice John Vaughn au chant et aux claviers que démarrera le concert et très vite le public entrera dans le jeu et se mettra à chanter, à taper dans ses mains et à suivre littéralement ce groupe all stars dans une prestation de haut vol. Melvin Smith, à la basse de quasiment toutes les tournées du Chicago Blues Festival depuis une vingtaine d’années, est impeccable de régularité, et ce n’est pas son indispensable complice, Willie "The Touch" Hayes à la batterie, qui viendra perturber le tempo, loin de là, tant les deux hommes sont d’une précision métronomique.

Omniprésent depuis le début du set, l’harmoniciste Russ Green va venir nous en pousser quelques-unes et remettre un peu de carburant dans une machine qui roule avec assurance sur les routes du blues et qui n’attend puis que la plantureuse Trudy Lynn pour atteindre son altitude de croisière et fendre les cieux avec un très bon Chicago Blues comme on l’aime. Quatre titres avec Trudy et ce sera bientôt à un des meilleurs artificiers de la scène américaine, Wayne Baker Brooks, de venir faire le show avec non seulement de belles notes et une voix subtile mais aussi avec un charisme fou qui l’incitera à faire participer la salle sur un énorme « Peepin’ And Hidin’ » que Le Mans n’est pas près d’oublier avant de grimper jusque dans les gradins pour le plus grand plaisir d’une assistance qui exulte.

Traditionnellement, c’est tous réunis que les artistes de ce 50ème Chicago Blues Festival refermeront la soirée avec deux standards parmi les standards, « Got My Mojo Working » et « Sweet Home Chicago », qui comme toujours produiront leur effet sur une salle qui connait ces morceaux par cœur et qui n’en finit plus de les reprendre en chœur. Cette 9ème édition du Festival So Blues aura connu une fin des plus remuantes et dans le hall, tout le monde attendra les musiciens pour un ultime salut avant de rentrer chez lui en attendant 2020 et une dixième édition qui ne manquera pas d’être une fois encore exceptionnelle. Un grand bravo et surtout merci à toute l’équipe de l’Europa Jazz pour ces incroyables moments de musique et de convivialité … et rendez-vous bientôt pour d’autres aventures autour des douze mesures et des genres qui y sont associés !

Fred Delforge – novembre 2019