vendredi, 01 août 2003
Les HushPuppies
s'offrent en cette fin août trois dates dans le temple élyséen
des musiques rock que beaucoup ont connu, il y a un certain temps,
sous le nom de Chesterfied Café. Nous nous devions donc
d'aller soutenir ce groupe aussi charmant que talentueux dans
cette Mecque électrique de la rue La Boétie. Accueil
sympathique mais efficace par une poignée d'agents de sécurité
plus que courtois, fumée éparse, gros rock distillé
par une sono balaise, écrans vidéo qui s'égarent
un instant vers Koh Lanta avant de retourner à des choses
plus sérieuses
Les badauds dînent ou boivent
un verre, les HushPuppies ajustent leurs instruments. Nous causons
un moment avec Yvan, le sympathique programmateur de la salle,
puis avec nos amis de Live 3X venus faire quelques essais en prévision
de l'enregistrement du lendemain. Le groupe tarde un peu à
prendre place mais la discussion meuble agréablement le
temps
Il est plus de
23 heures quand la sono commence à nous offrir une longue
intro atmosphérique. On découvre Wilfried, prostré
sur ses claviers. Derrière lui, Guillaume tient la basse
et Franck a installé sa batterie derrière un plexiglas,
ce qui laisse augurer une frappe d'ours. A leurs côtés,
Olivier, chanteur atypique à la voix étonnante,
et Cyril, Gibson SG en main. Les premiers accords arrivent et
les fidèles auront tôt fait de reconnaître
" Turn On The Light ", un gros blues rock en mid-tempo
qui ne cesse de prendre du rythme avant d'en arriver à
l'explosion finale que l'on voit poindre au fil des minutes
Le ton est donné, les HushPuppies ont décidé
de nous sortir le grand jeu et Cyril explose une corde dès
le second titre. Réparation express pour un retour en force
qui ne fait que conforter notre première bonne opinion.
Les morceaux sont construits intelligemment, puisent quelque peu
dans le rock sudiste mais sont majoritairement orientés
vers un rock progressif musclé aux forts relents de Deep
Purple. Le chant, majoritairement en anglais, souffre parfois
d'un petit accent bien de chez nous qui, s'il ne choque pas particulièrement
sur scène, risque de ressortir un peu sur album. On visite
les excellents " Six Feet Under ", " C. Song "
et " Emma " avant d'aborder un délirant western
urbain qui part en vrille rapidement et tourne à la scène
de ménage violente sur fond de guitares qui insistent dans
les aigus et de claviers que ne renierait pas Jon Lord. Comme
le dit Olivier, " Ca peut plus durer " ! Il aura la
décence (et l'intelligence) de ne pas faire la dédicace
déplacée que certains attendaient
Retour à
des sonorités plus conventionnelles avec l'excellent "
All I Know ", son gros rythme, son break avec des accords
plaqués, sa montée en force et son solo aussi basique
qu'efficace ! Le public est sous le charme et se resserre devant
la scène. On change radicalement de registre avec "
Natasha ", un titre qui rappelle beaucoup Gainsbourg par
ses intonations et par son groove. Sorte de " Bonnie And
Clyde " remodelé à la sauce HushPuppies, le
morceau figurera en bonne place sur l'album du groupe que l'on
espère pour le mois d'octobre.
On cède
maintenant à la reprise avec le " Anybody's Answer
" de Grand Funk qui se voit revu et corrigé de manière
plus que respectable. Les puristes apprécieront la montée
en puissance, le break en arpèges et le final de folie
qui se termine par un solo puis par un larsen savamment calculé
Félicitations à la table ! Histoire d'enfoncer
encore un peu le clou, les HushPuppies nous servent leur hymne
éponyme. Le morceau est carré, efficace et n'est
pas sans nous rappeler un certain " Highway Star ",
ce qui ne fait qu'accroître notre tendance à faire
le rapprochement avec le Purple des grands moments
Après
tout, on a connu pire comme comparaison !
Le groupe clôturera
cette heure de très bonne musique par " Classic ",
qui emprunte à la " Gavotte " de Debussy (et
non de Mozart comme le laissait entendre Olivier) mais ne lésine
pas sur le riff, puis par " Behave " et son refrain
entêtant. La boucle est bouclée et les HushPuppies
quittent la scène sur une outro samplée soutenue
par le martèlement précis de Franck. Un brin dubitatif,
le public attendra un hypothétique rappel qui aurait été
le bienvenu tant la salle est conquise ! Nous nous en passerons
pourtant
A l'heure de tirer
des conclusions, on se réjouit de l'excellente prestation
du groupe, de son gros feeling et de sa manière astucieuse
d'occuper l'espace scénique, laissant un maigre déambulatoire
à un chanteur qui n'aura cesse de se l'accaparer intelligemment
pour adjoindre un petit côté visuel à un set
techniquement parfait. On se dit aussi que c'est dommage que l'enregistrement
live aie lieu demain car nous serions bien repartis avec notre
concert du jour dans la poche ! Il convient enfin de remarquer
le son exemplaire, la programmation judicieuse, l'entrée
libre, l'ambiance bon enfant et le côté underground
des lieux. On regrettera juste que la scène soit si basse
et prive quelque peu le public d'une visibilité correcte.
On se console pourtant en se disant que c'est le lot commun de
ce genre de salles et que le désagrément est vite
compensé par la proximité des groupes qui s'y produisent
Fred
DELFORGE - Aout 2003
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