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HAMBURG BLUES NIGHTS (ALLEMAGNE)
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Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 27 octobre 2019
Hamburg Blues Nights 2019
HAMBURG
BLUES NIGHTS
SASSEL-HAUS –
HAMBOURG (Allemagne)
Les 25 et 26 octobre 2019
http://www.hamburg-blues-nights.de
Rendez-vous automnal incontournable, les Hamburg Blues Nights nous
accueillent cette année encore avec un très beau
programme artistique mais aussi avec des valeurs humaines fortes qui
font que l’on y revient avec plaisir chaque année.
Que ce soit au niveau de la convivialité, de la
proximité avec les artistes ou encore de la
réponse d’un public qui visiblement
apprécie le blues, une musique qu’on lui
présente depuis des années, tous les
ingrédients sont réunis pour que l’on
passe un bon moment !
Vendredi 25 octobre :
On commence cette première soirée dans une salle
déjà bien garnie avec Michael Van Merwyk qui se
présente en solo avec ses guitares, dobros et autres diddley
bows pour nous proposer un blues acoustique du plus bel effet, un blues
pas renfermé le moins du monde sur lui-même
puisque le chanteur et guitariste qui avait
représenté l’Allemagne lors de
l’European Blues Challenge en 2012 à Berlin va
nous emmener dans un répertoire des plus ouverts
où l’on remarquera entre autres une adaptation
très réussie de « Personal Jesus
». La salle, encore un peu timide, se prête
néanmoins de bon gré au jeu d’un
artiste généreux qui s’exprime dans sa
langue maternelle entre les morceaux, ça aide, et qui ne
manque pas de les présenter comme il se doit avec une pointe
d’humour mais aussi avec une connaissance technique et
artistique incontestable.
Le temps de changer de plateau et de présenter de
déroulement de la soirée et nous allons
maintenant accueillir Victor Wainwright & The Train pour une
prestation entre blues, rock et boogie woogie. Superbement
accompagné par Pat Harrington à la guitare,
Terrence Grayson à la basse et Billy Dean à la
batterie, le pianiste va s’efforcer d’emmener son
monde dans un univers où le boogie est bien
présent mais où l’on croise
également des intonations venues du gospel, du blues et
même du cabaret. Et quand l’artiste rend hommage
à BB King et à sa guitare avec un titre
qu’il a composé à la suite de son
décès, « Thank You Lucille »,
ou qu’il se lance dans une version
débridée de « I Wanna Be Like You
», l’original du fameux « Un homme comme
vous » du Livre de la Jungle, immortalisé par
Louis Prima, c’est tout le public de Sasel-Haus qui se
retrouve sous le charme d’un artiste qui ne fait pas semblant
et qui joue avec son cœur. Récompensé
aux Blues Music Awards, nominé aux Grammy Awards, Victor
Wainwright est un des leaders de la nouvelle scène blues et
on mesure la chance qui nous est donnée de le voir ce soir
dans des conditions proches de l’intimité, avec
tout au plus les quelques centaines de personnes que peut accueillir la
salle !
Dernière artiste à se produire ce soir, la
Canadienne Cécile Doo-Kingué va nous apporter un
peu d’exotisme avec une musique qui va chercher du
côté des racines africaines d’un blues
au sens le plus large du terme, une musique fabuleusement ouverte sur
le monde et sur les gens qui le composent. A la fois
généreuse et virtuose, Cécile
Doo-Kingué tient aussi bien la guitare que le micro et
c’est avec malice et sens de la répartie
qu’elle va venir nous livrer des chansons pleines de sens,
des titres qui s’offriront même quelques
détours vers la langue française puisque
l’artiste n’hésitera pas à
interpréter « 2 Minutes » devant un
public allemand qui ne comprend pas tout, forcément, mais
qui applaudit quand même à tout rompre la
prestation non pas d’une diva mais bel et bien d’un
trio qui joue non seulement avec plaisir mais aussi avec beaucoup de
talent. Et quand bien même la salle accuse un peu le coup
après presque six heures de musique, les fans de tous poils
resteront jusqu’à la fin d’un set qui
aura tenu toutes ses promesses, avec en prime un « Banana
Boat Song » sorti d’on ne sait où !
Shakura S’Aida qui nous fait l’éloge de
cette superbe artiste depuis un certain temps ne nous avait pas
trompé sur ses immenses qualités …
La journée de voyage a été longue et
il est maintenant temps de se rendre à l'hôtel,
à une vingtaine de minutes de là, pour reprendre
un peu de forces avant de s'attaquer à une seconde
journée pleine de surprises puisque nous y retrouverons
quelques amis ...
Samedi 26 octobre :
On s’accordera un petit temps de détente
aujourd’hui pour partir à la découverte
de Hambourg, une ville dans laquelle nous ne faisons habituellement
qu’une étape, et c’est un tort car le
centre de cette grosse ville portuaire regorge de petits lieux
très agréables, surtout quand comme ce matin le
soleil est au rendez-vous … 20° au compteur de la
Fiat 500 Cabriolet, on serait presque tentés de
décapoter et de jouer les jeunes dans les rues tant la
ballade est sympathique ! Mais il faudra bientôt se
résoudre à revenir à des occupations
plus musicales et à rejoindre Sasel-Haus où nos
hôtes et amis nous ont une fois encore
préparé une belle soirée !
On démarre en terrain connu avec les Polonais de Smooth
Gentlemen, un groupe que nous avions croisé aux
Açores en avril dernier lorsqu’il
représentait son pays au 9ème European Blues
Challenge. Mais plus encore, on y retrouve le pianiste et chanteur
Bartek Szopinski qui avait obtenu la troisième place du tout
premier European Blues Challenge avec les Boogie Boys,
c’était en 2011 à Berlin.
Accompagné de Piotr Bienkiewicz à la guitare et
Milosz Szulkowski à la batterie, le frontman va nous emmener
dans un blues dont il a le secret, une musique teintée de
soul, de rhythm’n’blues et bien
évidemment de boogie, une de ses
spécialités. La salle se prête avec
bonheur au jeu, d’autant plus que le guitariste
n’est pas avare de ses interventions lorsqu’il
quitte sa chaise pour s’en aller faire un tour dans le public
ou pour venir nous faire le coup du solo dithyrambique sur le devant de
la scène. Au final, ce seront plus de 90 minutes
d’un show complet et réjouissant qui viendront
lancer de fort belle manière cette seconde Blues Night du
cru 2019. Véritable groupe taillé sur mesure pour
le live, les Smooth Gentlemen mériteraient de devenir
à très brève
échéance des incontournables de la
scène blues européenne !
On va poursuivre la soirée avec une très belle
formation réunissant deux fines gâchettes du blues
et du rock, l’Américain Marcus Malone et
l’Anglais Innes Sibun, qui vont venir poser un
bâton de dynamite dans une salle qui s’est
copieusement garnie et dont la température a subitement
monté de quelques degrés. Accompagnés
par l’inénarrable Roger Inniss à la
basse et l’excellent Chris Nugent à la batterie,
le Malone Sibun Band ne va pas retenir ses coups et nous poser quelques
belles banderilles faites de blues, de funk, de rock et plus
généralement de
rhythm’n’blues tout au long d’un show qui
ne connaitra pas le moindre temps mort, le band s’attachant
à jouer avec le plus d’énergie et de
sincérité possible pour véritablement
séduire une assistance qui croule sous le poids de sa
prestation. Partagé entre le charisme de Marcus Malone qui
harangue la salle et la puissance d’Innes Sibun qui
ébranle le sol à grand coup de bottes aussi
violents que sonores, le groupe finira d’affoler un public
qui ne s’attendait pas à tant de bonnes choses
mais qui sait se montrer réactif et impliqué dans
un show dont il va rapidement devenir partie prenante. Voilà
une prestation que les murs de Sasel-Haus ne sont pas prêts
d’oublier
!
On reste dans un registre puissant et électrique avec Nick
Schnebelen & Band, le power trio de Kansas City que nous avions
pu voir au tout début de sa tournée en
République Tchèque, de quoi prendre le pouls
d’une formation qui a assuré nombre de dates dans
l’Est de l’Europe ces trois dernières
semaines et qui ne s’en porte pas plus mal, Nick assurant
toujours comme un beau diable au chant et à la guitare
tandis que derrière lui, la force tranquille est
incarnée par la basse de Cliff Moore et la batterie
d’Adam Hagerman, une rythmique de poids lourds qui ne se
contente pas de faire le job mais qui pousse son leader dans ses
derniers retranchements, créant une saine
émulation qui tire tout le monde vers le haut ! Du blues
jusqu’au rock en passant par une pointe de funk et autant de
rhythm’n’blues, Nick Schnebelen & Band vont
venir finir d’enfoncer un clou déjà
bien engagé pas les formations
précédentes et refermer cette seconde
soirée de la plus belle des manières, avec entre
autre une excellente adaptation de « Catfish Blues
» mais surtout un bon gros blues électrique comme
on l’aime. Là encore le public ne se fait pas
prier pour participer pleinement à la fête et
c’est une sorte de communion entre la scène et la
salle qui finira de replier cette 7ème édition
des Hamburg Blues Nights.
L’heure est venue de remercier nos hôtes et de
saluer les nombreux amis présents, parmi lesquels on trouve
quelques fans assidus que l’on retrouvera dès la
semaine prochaine au Danemark, à Frederikshavn, pour un
Blues Heaven Festival qui s’annonce plus que prometteur. La
route européenne du blues a cela
d’intéressant qu’elle ne se limite pas
à la France et que semaine après semaine, de pays
en pays, on croise des gens dont l’engagement ne se
réduit pas à l’entretien de quelques
chapelles mais qui au contraire s’engagent pour une vision
globale de cette musique sous toutes ses formes. Et visiblement cela
porte ses fruits puisque le blues européen ne
s’est jamais aussi bien porté !
Fred Delforge
– octobre
2019
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