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TRUST pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
jeudi, 17 octobre 2019
 

TRUST

https://www.facebook.com/trustofficiel/

Plus de 40 ans que Trust est présent dans l'univers du rock français. Après un retour que l'on croyait éphémère, Trust est encore bien présent avec « Fils de Lutte », un album pur rock comme ils savent le faire et aux textes toujours aussi incisifs. Une rencontre avec Norbert "Nono" Krief qui nous parle du plaisir qu'il a d'être là avec Trust.

Bonjour Nono
Bonjour les "zicazicaficionados". Comment je pourrais vous appeler (Rires). Les fidèles.

Le précédent album, « Dans le même sang », marquait le retour de Trust, mais sans trop savoir ce qu'allait être l'avenir … Avec ce celui-là on est fixés, Trust est désormais définitivement de retour ?
Oui, Trust is back. On vit au présent avec le groupe. On profite que tout se passe bien depuis la reformation. Pour rappel on s'est reformés en décembre 2016 pour partir un mois et demi, deux mois maximum, pour fêter les 40 ans du groupe puisqu'on s'est formés en 1977, et au final on est resté deux ans puisqu'on a commencé la tournée en décembre 2016 et on l'a terminée en décembre 2018. Et depuis on n'a pas arrêté, et c'est très bien !

« Fils de Lutte », 40 ans d'existence, c’est bizarre que ce titre ou cette expression n'ait jamais été utilisée avant ! C'est venu comment d'ailleurs ce titre ?
Ah c'est Bernie. C'est lui la plume. C'est lui qui écrit les textes et on lui laisse le soin de trouver les titres des albums. Evidemment !

Retour du Trust encore plus virulent que sur le dernier album. C'est la première fois que vous nommez, à ma connaissance, directement une personne ou que vous vous en prenez nommément au Président dans une chanson …  
Tu parles du titre « Miss Univers » ? C'est Bernie qui le nomme déjà (Rires). Le mec qui se décharge en fait (Rires) !! Non je plaisante, on assume pleinement. Je dirais qu'il n'y a rien de méchant. (Rires) Bon d'accord, rien de très méchant. (Rires)

Mais on ne va peut-être pas beaucoup l'entendre à la radio celle-là ?
De toute façon on ne passe pas, ou alors pas souvent à la radio. Ou alors les très vieux titres.

Mais pour en revenir à la question, je n'ai pas trouvé de prise directe avec quelqu'un ?
Oui c'est vrai. Il y a des prises directes avec d'autres sujets, sur des villes comme Saumur par exemple. Mais sur une personne non effectivement. Bien que là, il nomme aussi Massoud, même si c'est dans un autre contexte.

Puisque tu en parles, toujours une pensée pour Massoud avec « Amer Saheb ». La foi fait toujours autant de dégâts ?
Malheureusement oui. Est-ce que ça s'arrêtera un jour ? Je ne sais pas. En tous cas c'est inadmissible de tuer au nom d'une religion, quelle qu'elle soit d'ailleurs.

On reste toujours dans les mêmes luttes finalement ?
C'est ça le problème. Si on parle par exemple de la société française, elle évolue. Il y a des choses qui évoluent en bien, d'autres qui n'évoluent pas du tout, et surtout d'autres qui régressent.  Il y a de plus en plus de pauvreté et ça dommageable, c'est terrible. Et toujours l'impression que rien n'est fait pour enrayer la chose.

Sur « Les murs finiront par tomber », vous dénoncez l'hypocrisie des gens qui critiquent un système qu'ils ont eux-mêmes mis en place ?
C'est exactement ça. C'est l'hypocrisie des gens. La caste politique est basée là-dessus. Sur des paroles, des mensonges, ça a toujours été comme ça.

Sur « C’n’est pas d’ma faute », vous dénoncez l'hypocrisie des gens, cette manière de se défausser des choses. Sans trouver forcément d'excuse, ça ne viendrait pas d'un manque de culture ça ?
Il y a, de toute façon, un manque d'éducation et de culture. C'est la base de tout la culture. Sans culture, il n'y a pas de société. Et je rajouterais l'éducation. Il faut éduquer les jeunes enfants, que ce soit à l'école mais surtout à la maison. Et surtout leur inculquer des valeurs.

C'est ce que vous dénoncez aussi dans les chansons, les médias sont "le nouveau pouvoir" en abrutissant ou manipulant volontairement les gens ?
Tout le monde le sait. On n’a presque pas besoin de le dire. La population est tellement influençable qu'elle croit tout ce qu'on lui raconte. Si tu regardes bien en France, les médias principaux sont alimentés par les mêmes sources. Tu peux passer d'une chaîne à l'autre, tu auras toujours les mêmes infos, la même chose. Et ils ne nous donnent que les infos qu'ils veulent bien nous donner. Et souvent pas en adéquation avec la réalité. En tous cas, pas toujours.

Bernie en parle dans les chansons, les "gilets jaunes" qui râlent à juste titre, c'est pas le nouveau vivier des extrêmes ?
C'est récupéré. Dès qu'il y a des problèmes, c'est récupéré. Ce qui est extrême et très violent, c'est de rencontrer un père de famille avec ses gosses qui à la fin du mois, comme il n'a plus rien, en arrive à acheter des pâtées pour chien pour donner à manger à ses enfants. Ça c'est violent. On en rencontre des gens comme ça tout au long de nos tournées. Rencontrer une mère de famille qui a un boulot et qui est obligée de dormir dans sa voiture car elle n'a pas les moyens de se loger, ça c'est violent, et ça c'est extrême. Et comme tu dis, c'est récupéré par un bord ou par l'autre. Ils instaurent un climat anxiogène, mais ils n'agissent pas non plus ! C'est grave aussi de faire peur aux gens.

Il viendra  le jour où Trust ne fera que des chansons d'amour car il n'y aura plus rien à défendre ?
(Rires) Pourquoi pas !!! (Rires) Mais la marque de fabrique de Trust c'est l'engagement quand même !!

On revient à l'album. Trois jours d'enregistrement, c'est fini le temps où on restait deux ou trois semaines enfermés dans un studio à rechercher le truc parfait ?
Pour nous en tous cas c'est fini oui. Plusieurs raisons à ça. La première c'est que Trust est un groupe de scène. Et c'est là qu'on est le plus à l'aise, là où le groupe se dévoile vraiment. Et là où il est ce qu'il est, c'est sur une scène. Donc pour nous il est évident de retranscrire ce qui se passe sur scène. Donc nos deux derniers albums, « Dans le même sang » et « Fils de tutte » ont été fait dans des conditions live, totalement identiques à ce qu'on fait sur scène. Pour le premier album, on était dans une salle des fêtes, pour le second dans un hangar, mais avec la configuration scène. Et même le volume avec lequel on joue en live. On joue en même temps. On fait trois ou quatre prises maximum et il n'y a pas d'overdub comme on dit dans le jargon. C'est du pur live.

De toute façon, le son brut, sans fioriture, c'est votre marque de fabrique ?
C'est ça. C'est brut. C'est nous. C'est le son qu'on a sur scène. L'avantage de faire des albums dans ces conditions-là, c'est que les gens vont retrouver le même son. Ils ne seront pas déçus.

A part les chœurs peut être qu'on ne retrouvera pas tout le temps sur scène ? Vous n'avez pas peur d'avoir des critiques justement sur la présence de chœurs, encore plus pour « Fils de lutte » ?
Sur le premier album, ça s'est très bien passé. Les gens les ont bien acceptés. Et surtout, c'est la bonne surprise, ça a fait l'unanimité les chœurs. Le retour des gens est très bon !

On parle de gros son, mais Trust en acoustique ce serait possible ? Genre tournée de petites salles ?
On l'a fait cet été. On a joué pour une association qui s'appelle SOS Méditerranée. Ce sont des personnes très courageuses qui vont chercher les migrants en mer pour les sauver de la mort. Et donc on a fait un concert en acoustique avec tout le groupe. Et on a vraiment bien aimé. Le public aussi. Et donc il n'est pas impossible qu'on se fasse quelques petits concerts en acoustique. C'est très sympa.

Sur le plan perso, tu te lâches encore plus sur la guitare, tu prends un plaisir de plus en plus grand j'ai l'impression ? Longs solos, ce qui se fait de moins en moins …
C'est du live donc forcément oui, je me lâche un peu plus. Il faut prendre du plaisir pour que ce plaisir se ressente sur l'album. Je suis très content de l'album, mais perfectionniste comme je suis, je me dis qu'il y a quelques trucs que j'aurais pu faire autrement, mais c'est pas grave, quand tu acceptes le fait de faire ça live. Quand on est sur scène, on n'a droit qu'à un seul essai. Tu ne peux pas recommencer le titre (Rires).

J'ai vu que tu allais jouer avec Big Dez, Axel Bauer et d'autres au Festival Blues Rock de Chateaurenard, c'est un "Back to the Blues" pour toi ?
Non, ce n'est pas un Back to the Blues ! J'ai toujours été Blues. Ce sont mes racines musicales. Et je fais régulièrement des choses bluesy à gauche et à droite, dont un groupe avec Greg Zlap, l'harmoniciste de Johnny, Eric Thievon à la batterie et Pili à la basse qui s'appelait Friendship Blues. Et il y a toujours un peu de blues ou blues rock sur les albums de Trust. Donc non, c'est pas un Back to the Blues. Ça reste mes racines !

En parlant guitare, tu es très attaché à défendre le savoir-faire des luthiers français …
Pas seulement en termes de guitare. En termes de matériel en général. Il y a des artisans français qui sont extrêmement talentueux. Je vais les nommer car c'est bien de les mettre en avant. Pour les guitares, il y a les marques que tout le monde connaît, marques légendaires, mais on a beaucoup de supers luthiers en France. Je vais en nommer deux avec qui je travaille. Loïc Lepape qui fait des superbes guitares en acier, il a sa propre touche personnelle. Il y a Aurélien Turbant aussi, guitariste de Klink Klock, qui fait des guitares, les guitares Aura. Je travaille aussi entre autres avec Christophe Jégou pour les amplis. Pour les pédales je travaille avec Elias Sabelya qui fait de magnifiques pédales. Les cordes sont des cordes françaises, Savarez, ou celles de mon ami Carlos Pavicich. J'ai tout ce qu'il faut pour jouer français. Et David Jacob a aussi une basse signature française. C'est pas être chauvin et cocorico, mais ce sont des artisans avec une super qualité et donc il faut les mettre en avant.

On avait parlé lors de notre dernière rencontre du projet musical que tu avais avec ton fils, qu'en est-il, ça continue ?
Il s'avère qu'avant qu'on se reforme avec Trust (je ne savais pas qu'on allait se reformer à l'époque) j'ai fait un album avec mon fiston, David Sparte. Cet album, il est prêt, il est dans mon tiroir depuis deux ans. Je ne l'ai pas sorti car je me suis dit qu'avec l'actualité de Trust, ça ferait l’effet d’une goutte d'eau dans l'océan. Mais je ne pensais pas qu'on serait sur les routes depuis presque trois ans. L'album de Trust est sorti le 27 septembre, et « Father & Son » très rapidement est déjà disponible en téléchargement.

Si tu joues avec lui, ce sera à part, ou bien vous pourriez vous retrouver sur une première partie de Trust ?
David a fait la première partie de Trust en 2018 sur quelques dates, mais avec son propre groupe. Il y a deux choses, l'album « Father & Son » c'est vraiment le projet père et fils. Pour moi, ce qui plus important, c'est le parcours qu'il a à faire avec son groupe. Moi, je n'ai pas de carrière à faire, maintenant pour moi c'est que du plaisir. Mais pour lui, il est jeune, il a toute la vie devant lui et donc ce qui est très important pour moi c'est qu'il puisse avancer dans sa carrière en tant que David Sparte. C'est ça le plus important. Il y aura des concerts père et fils je pense. Mais je le redis, le plus important c'est son projet à lui.

Qu'est-ce que tu peux dire aux gens qui vont dire ou qui disent que Bernie est un donneur de leçons ?
Quoi qu'on fasse, il y aura toujours des gens qui ne vont pas aimer, qui vont critiquer. Franchement, on s'en moque totalement. On ne peut pas plaire à tout le monde, et c'est normal. Des critiques, ça fait 42 ans qu'on en a et c'est pas aujourd'hui qu'on va se plaindre. C'est bien d'ailleurs d'avoir des critiques. Si ça plaît, tant mieux. Et puis si ça ne plaît pas, ben tant pis (Rires).

Merci Nono
Merci à toi et à Zicazic !

Propos recueillis par Yann Charles