Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

REFUSED pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mercredi, 16 octobre 2019
 

REFUSED

https://www.officialrefused.com/

Une rencontre avec Dennis Lyxzén, leader du groupe de punk hardcore Refused. Référence de toute une génération de musiciens, il nous parle de leur nouvel album, « War Music », qui sort le 18 octobre. Mais aussi des combats qu'il reste à mener pour espérer une vie meilleure. Ils seront en concert à Paris le 8 novembre à l'Elysée Montmartre où ils partageront l'affiche avec Thrice.

Vous sortez un nouvel album, « War Music », qui semble encore plus énervé que votre précèdent, « Freedom ». Peux-tu nous dire quelle a été votre source d´inspiration ?
Il suffit de regarder autour de soi et voir ce qu’il se passe. Et je pense que si tu  vois ce qu’il se passe autour de toi et que ça ne te mets pas en colère, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez toi. On a vraiment essayé de repousser nos limites sur « War Music », et on voulait faire un disque qui était le reflet de l’époque très violente dans laquelle on vit. Et on a eu envie de mettre cette folie et cette violence au service de la musique, des paroles. Ainsi que sur la pochette de « War Music ».

Est-ce que « War Music » est ta bande son pour monter sur les barricades, ton hymne à la révolution contre le capitalisme ?
Oui ! C’est certain ! Mais toutes les chansons que j’ai écrites m’ont données envie de détruire le capitalisme. En effet, j’ai toujours pensé que la musique devait être la bande son des barricades.

Refused a inspiré un nombre impressionnant de groupes, penses-tu que les nouveaux groupes ont eux aussi une conscience politique dans des styles qui ne sont pas forcément Punk ? Si oui lesquels ?
Refused a inspiré beaucoup de groupes en effet. Je pense qu'ils aiment notre style, nos riffs, mais cependant ils ne s’inspirent pas forcement de nos idées politiques.

Dans les années 90, vous aviez écrit un morceau en Suédois avec le chanteur Thomas Di Leva, un titre qui s’appelait « je ne mange pas mes amis » (Jag äter inte mina vänner), sur le droit des animaux. La cause animale (Animal Liberation) était l’une des principales revendications de Refused. Penses-tu que les choses ont évoluées et que reste-t-il du mouvement « Straight Edge » au sein du groupe ?
Il ne reste pas grand-chose de ce mouvement chez Refused aujourd’hui. Personnellement, je ne bois pas et je ne me drogue pas, je suis vegan depuis 1993 mais pour ce qui est du reste du groupe il n'en reste pas grand-chose. Je suis le seul qui a tenu. Je pense que lorsque tu es jeune, avoir ce genre d’identité est très important, pour moi par exemple. J’ai grandi dans une ville où les gens buvaient et se droguaient tout le temps. J’ai vite été dégoûté par ce style de vie. Ce n'est pas ce que je recherchais. Quand tu as 40 ans et plus, ce n’est pas si important que ça si tu bois un coup de temps à autre. Par contre je pense vraiment que lorsque tu es jeune il est très important de faire un choix de vie. Beaucoup que quand tu deviens un adulte. Pour en revenir à ta question le « Straight Edge » n'est plus représenté chez Refused.

Pensez-vous avoir touché une nouvelle génération plus large de fans qui n´ont pas connus Refused dans les années 90 ?
Je pense que oui. Ce que j’apprécie dans ceux qui nous écoutent, c’est que le public est d’univers varié. Il y a les gens assez old school des 90’s. Il y a les punk-hardcore, et puis il y a des gens qui aiment tout simplement le rock. Mais très important, il  y a beaucoup de tous jeunes. Il y a encore des jeunes et des gens qui ne nous connaissent pas encore mais ce n’est pas grave, on a déjà un public varié et c’est sympa.

Presque 30 ans après, tous ces combats sont toujours d'actualité, et d'autres comme le climat par exemple sont venus se rajouter, tu n'as pas le sentiment de te battre pour rien ? Et est ce qu'il y a encore la place pour l'espoir et pour un avenir plus "propre" ?
Si on pensait qu’on se battait pour rien, nous ne serions pas en train de le faire. L’humain a une capacité de créer ensemble. C’est incroyable. Je pense que si on s’associe tous les uns et les autres, on peut créer des choses. Et  je pense que l’on peut construire un beau futur. Aujourd’hui il y a quelques personnes qui nous dictent nos vies et qui profitent de nous. Mais je pense qu’il y a de l’espoir et que tous ensemble on peut vraiment changer les choses. C’est pour ça que l'on continue à faire ça et à se battre.

La Suède est souvent montrée en exemple concernant les droits de la femme alors que le sud de l´Europe a des sociétés très patriarcales. Penses-tu que l´art et la culture sont les meilleurs moyens pour faire évoluer les mentalités et combattre la domination de l´homme sur la femme ?
Je ne pense pas que ce soit la meilleure façon, mais c’est définitivement le seul moyen que je connaisse. Je ne suis pas politicien ou journaliste,  je suis musicien, donc pour moi utiliser l’art pour se battre contre le système patriarcal est une façon de faire que je trouve super. C’est très inspirant, cela permet aux gens de réfléchir. Il y a tellement de moyen pour se battre contre le capitalisme ou le système patriarcal, tu peux le faire du travail, durant un repas de famille ou ailleurs. Dans la musique ou la culture c’est important d’être cette voix qui se fait entendre.

Tu es un collectionneur de musique passionné avec des goûts divers et très larges, il y a-t-il un style de musique que tu rêverais d´explorer ?
J’écoute toute sorte de musique hormis du hip hop ou autres musiques urbaines car ça ne m’intéresse pas plus que ça. Je pense que j’aimerais faire du jazz mais ça me fait assez peur car ça voudrait dire que je dois acheter des centaines de vinyles de jazz. (Rires) Le jazz est selon moi la musique que je n’ai pas encore découverte. J’ai quelques CD mais je ne me suis jamais mis dedans à fond car j’ai peur de ne jamais en sortir. (Rires)

Merci !

Interview réalisée en collaboration avec François Xavier Schall et Virginie. Photo Jean Lionel Parot.