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Ecrit par Yann Charles |
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mercredi, 16 octobre 2019
REFUSED
https://www.officialrefused.com/
Une rencontre avec Dennis Lyxzén, leader du groupe de punk
hardcore Refused. Référence de toute une
génération de musiciens, il nous parle de leur
nouvel album, « War Music », qui sort le 18
octobre. Mais aussi des combats qu'il reste à mener pour
espérer une vie meilleure. Ils seront en concert
à Paris le 8 novembre à l'Elysée
Montmartre où ils partageront l'affiche avec Thrice.
Vous sortez un nouvel album,
« War Music », qui semble encore plus
énervé que votre précèdent,
« Freedom ». Peux-tu nous dire quelle a
été votre source d´inspiration ?
Il suffit de regarder autour de soi et voir ce qu’il se
passe. Et je pense que si tu vois ce qu’il se passe
autour de toi et que ça ne te mets pas en colère,
c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez
toi. On a vraiment essayé de repousser nos limites sur
« War Music », et on voulait faire un disque qui
était le reflet de l’époque
très violente dans laquelle on vit. Et on a eu envie de
mettre cette folie et cette violence au service de la musique, des
paroles. Ainsi que sur la pochette de « War Music ».
Est-ce que «
War Music » est ta bande son pour monter sur les barricades,
ton hymne à la révolution contre le capitalisme ?
Oui ! C’est certain ! Mais toutes les chansons que
j’ai écrites m’ont données
envie de détruire le capitalisme. En effet, j’ai
toujours pensé que la musique devait être la bande
son des barricades.
Refused a
inspiré un nombre impressionnant de groupes, penses-tu que
les nouveaux groupes ont eux aussi une conscience politique dans des
styles qui ne sont pas forcément Punk ? Si oui lesquels ?
Refused a inspiré beaucoup de groupes en effet. Je pense
qu'ils aiment notre style, nos riffs, mais cependant ils ne
s’inspirent pas forcement de nos idées politiques.
Dans les
années 90, vous aviez écrit un morceau en
Suédois avec le chanteur Thomas Di Leva, un titre qui
s’appelait « je ne mange pas mes amis »
(Jag äter inte mina vänner), sur le droit des
animaux. La cause animale (Animal Liberation) était
l’une des principales revendications de Refused. Penses-tu
que les choses ont évoluées et que reste-t-il du
mouvement « Straight Edge » au sein du groupe ?
Il ne reste pas grand-chose de ce mouvement chez Refused
aujourd’hui. Personnellement, je ne bois pas et je ne me
drogue pas, je suis vegan depuis 1993 mais pour ce qui est du reste du
groupe il n'en reste pas grand-chose. Je suis le seul qui a tenu. Je
pense que lorsque tu es jeune, avoir ce genre
d’identité est très important, pour moi
par exemple. J’ai grandi dans une ville où les
gens buvaient et se droguaient tout le temps. J’ai vite
été dégoûté par
ce style de vie. Ce n'est pas ce que je recherchais. Quand tu as 40 ans
et plus, ce n’est pas si important que ça si tu
bois un coup de temps à autre. Par contre je pense vraiment
que lorsque tu es jeune il est très important de faire un
choix de vie. Beaucoup que quand tu deviens un adulte. Pour en revenir
à ta question le « Straight Edge » n'est
plus représenté chez Refused.
Pensez-vous avoir
touché une nouvelle génération plus
large de fans qui n´ont pas connus Refused dans les
années 90 ?
Je pense que oui. Ce que j’apprécie dans ceux qui
nous écoutent, c’est que le public est
d’univers varié. Il y a les gens assez old school
des 90’s. Il y a les punk-hardcore, et puis il y a des gens
qui aiment tout simplement le rock. Mais très important,
il y a beaucoup de tous jeunes. Il y a encore des jeunes et
des gens qui ne nous connaissent pas encore mais ce n’est pas
grave, on a déjà un public varié et
c’est sympa.
Presque 30 ans
après, tous ces combats sont toujours
d'actualité, et d'autres comme le climat par exemple sont
venus se rajouter, tu n'as pas le sentiment de te battre pour rien ? Et
est ce qu'il y a encore la place pour l'espoir et pour un avenir plus
"propre" ?
Si on pensait qu’on se battait pour rien, nous ne serions pas
en train de le faire. L’humain a une capacité de
créer ensemble. C’est incroyable. Je pense que si
on s’associe tous les uns et les autres, on peut
créer des choses. Et je pense que l’on
peut construire un beau futur. Aujourd’hui il y a quelques
personnes qui nous dictent nos vies et qui profitent de nous. Mais je
pense qu’il y a de l’espoir et que tous ensemble on
peut vraiment changer les choses. C’est pour ça
que l'on continue à faire ça et à se
battre.
La Suède est
souvent montrée en exemple concernant les droits de la femme
alors que le sud de l´Europe a des
sociétés très patriarcales. Penses-tu
que l´art et la culture sont les meilleurs moyens pour faire
évoluer les mentalités et combattre la domination
de l´homme sur la femme ?
Je ne pense pas que ce soit la meilleure façon, mais
c’est définitivement le seul moyen que je
connaisse. Je ne suis pas politicien ou journaliste, je suis
musicien, donc pour moi utiliser l’art pour se battre contre
le système patriarcal est une façon de faire que
je trouve super. C’est très inspirant, cela permet
aux gens de réfléchir. Il y a tellement de moyen
pour se battre contre le capitalisme ou le système
patriarcal, tu peux le faire du travail, durant un repas de famille ou
ailleurs. Dans la musique ou la culture c’est important
d’être cette voix qui se fait entendre.
Tu es un collectionneur
de musique passionné avec des goûts divers et
très larges, il y a-t-il un style de musique que tu
rêverais d´explorer ?
J’écoute toute sorte de musique hormis du hip hop
ou autres musiques urbaines car ça ne
m’intéresse pas plus que ça. Je pense
que j’aimerais faire du jazz mais ça me fait assez
peur car ça voudrait dire que je dois acheter des centaines
de vinyles de jazz.
(Rires) Le jazz est selon moi la musique que je
n’ai pas encore découverte. J’ai
quelques CD mais je ne me suis jamais mis dedans à fond car
j’ai peur de ne jamais en sortir. (Rires)
Merci !
Interview
réalisée en collaboration avec
François Xavier Schall et Virginie. Photo Jean Lionel Parot.
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