|
|
|
|
|
Ecrit par Fred Hamelin |
|
|
vendredi, 11 octobre 2019
ELEPHANT
TREE – STEAK – LO-PAN
LE GIBUS –
PARIS (75)
Le 4 octobre 2019
https://www.facebook.com/elephanttreeband/
https://www.facebook.com/steakuk/
https://www.facebook.com/lopandemic/
Remerciements à Meven et Carole de l'association Below the
Sun
Retour au Gibus en ce début octobre pour se
réchauffer les esgourdes sur du stoner rock, une
soirée organisée par l'association Below The Sun,
mettant en scène trois hérauts de cette
scène rock metal haute en couleur, et pas des moindres !
Nouveau venu sur la scène londonienne, Elephant Tree
débarque en ouverture et d'un pas chaloupé
pachydermique sur les planches du Gibus avec son premier album sous le
bras. De sa genèse en 2014 qui a très vite
mené à l’enregistrement d’un
EP, « Theia », paru chez Magnetic Eye Records, les
voilà aujourd’hui toujours dans la même
crèmerie avec huit titres sobrement réunis sous
un intitulé éponyme.
La maturité dont font preuve les quatre Anglais
étonne pour un groupe qui n’a que deux ans
d’existence et dont les influences oscillent entre un
Ufomammut survitaminé et nos chers compatriotes de Mars Red
Sky.
Sur le ouateux matelas de groove sirupeux que forment les instruments
se reposent ainsi les lignes de chant qui subliment noirceur et
lourdeur. Mais l’intelligence du quatuor est de justement
doser leur force, la maîtrise vocale ne prenant jamais le pas
sur la qualité instrumentale sur laquelle elle se pose.
En variant les compositions le groupe démontre une aisance
dans différentes approches de la sphère stoner.
Si « Wither » fait des clins
d’œil au doom des St Vitus, Obsessed et consorts,
« Dawn » élève
(légèrement) le tempo pour balancer le gras de la
fuzz. Ainsi chaque morceau explore une nouvelle facette du genre,
s’offrant même des instants acoustiques
(« Circles ») ou des moments plus chauds et
relaxés où le soleil de Palm Desert caresse de
ses rayons naissants notre visage (« Echoes »,
très proche d'un Kyuss).
Mature dans son approche sereine des différentes facettes de
leurs compositions, mature dans le placement de ces harmonies vocales,
mature dans l’efficacité mesurée des
riffs qui se répètent avec justesse
créant l’envie de plus sans ne jamais flirter avec
le trop. Un bon cru donc pour une première partie.
A leur suite débarquent leurs compatriotes au fier patronyme
de Steak, les biens nommés et justement saignants
à point ! Et plus la peine de les présenter tant
le groupe constitue une des valeurs montantes de la scène
stoner internationale grâce à ses prestations
scéniques survoltées.
Sortant du smog d'obscurs bars londoniens ou ils se sont fait la main
comme le Brewdog à Camden, Steak s'est
véritablement gonflé aux hormones. Reece Tee, son
guitariste, est aussi le fondateur du légendaire Desert
Fest, et a contribué à façonner le
mouvement stoner et à le populariser au Royaume-Uni et en
Europe. Ces missionnaires de l'underground tracent fièrement
donc, le chemin d'une croisade pour faire trembler nos villes.
Après avoir sorti une série d' EPs courant 2014
et un premier album sur Napalm Records dans la foulée
(« Slab City »), Steak s'associe en 2017
à Ripple Music, l'un des principaux fournisseurs mondiaux de
heavy psych et doom, pour une sortie internationale de l'album
« No God To Save ».
Rien de très nouveau puisque Steak navigue dans la mouvance
de ses aînés : des tempos lents,
alignés sur le ronronnement des groupes
électrogènes avec lesquels ils alimentent leurs
amplis, un son profond et porté vers le registre grave, des
guitares accordées deux tons en dessous de la moyenne et
branchées sur un ampli de guitare basse. «
Mountain » ou encore « The Butcher »
(l'évidence !) en sont les exemples parfaits ! Des basses
d'ailleurs lancinantes, des mélopées hypnotiques,
mais aussi nombres d'éléments sonores aussi
exotiques en metal comme des guitares
psychédéliques à la wah-wah, et des
batteries funky. Du Sabbath sous acide pour faire court.
Final de la soirée, les Américains de Lo-Pan
n'ont plus qu’à investir les planches bouillantes
dans une ambiance survoltée, humide de sueur et de
testostérone ! Formé à Columbus, Ohio,
en 2005, le groupe démarre en trombe tournée
après tournée, alternant créations,
impros et reprises pour financer l’enregistrement de leur
premier album. Séduit par le son puissant et la voix de son
chanteur, Jeff Martin, Scott Hamilton, du label de Detroit Small Stone
Records (Five Horse Johnson, Greenleaf, Wo Fat, Gozu …), les
signe, remixant et re-masterisant du même coup une galette
sortie sous le nom cryptozoologique de « Sasquanaut
».
Elle sera suivie de « Salvador » en 2011,
« Regulus » en 2014, et d'un EP 5 titres en 2017.
Aujourd’hui composé de Jeff Martin au chant, Skot
Thompson à la basse, Jesse Barts à la batterie,
et, dernier arrivé, Chris Thompson à la guitare,
le groupe est toujours un monstre de tournées et
enchaîne les dates sur le territoire de l’Oncle Sam
mais très rarement en Europe. C'est donc une bonne surprise
de les retrouver sur Paris avec toujours cette puissance
électrisante qui leur est propre et qui nous fait
l’effet d’un poids lourd lancé
à pleine vitesse. La voix de Jeff Martin apporte une touche
plus aérienne aux compositions qui puisent leur inspiration
aussi bien chez Ozzy que chez Tool.
La recette du groupe est simple : des riff énergiques et
efficaces balancés sur des rythmiques appuyées,
lentes, dédoublées sans jamais être
vraiment lourdes, des enchaînements qui font pencher parfois
le style vers le prog-metal à la Mastodon, une voix claire
et mélodique servant des textes à
l’écriture torturée où, bien
souvent, chacun doit y trouver sa propre interprétation.
Avec l'arrivée de Thompson en remplacement de Zambrano, le
son se fait plus épais, des riffs sont peut-être
moins complexes mais plus directs, mais la puissance reste intacte,
avec peut-être plus de sensualité (à
écouter le très Aphrodite Child’s
« Alexis »). Le chant pousse ses limites toujours
un peu plus loin, et pointent quelques tubes en puissance dont
« Go West », symbolique américaine
s’il en est. Le morceau « Pathfinder »,
qui est certainement ce que le groupe a fait de plus abouti
jusqu’à présent, laisse deviner le
tournant qu'il est en train de prendre. Lo-Pan se pose comme un vrai
poids lourd du stoner qui peine pourtant à
émerger, le succès semblant toujours à
portée de main, mais sait par expérience ravir
les fans du genre ! Un bon set au demeurant qui clos une
soirée forte en émotion !
Fred Hamelin –
octobre 2019
|
|
|
|