Ecrit par Fred Delforge |
|
|
lundi, 09 septembre 2019
Tatoo toota
(Psychophones
Réunis – Modulor – 2019)
Durée
34’06 – 10 Titres
http://www.marjolainekarlin.com
Deux décennies passées sur les routes auront
réussi à faire de Marjolaine Karlin une artiste
aussi complète que complexe, une touche à tout de
génie, autodidacte qui plus est, et rompue à la
pratique de la guitare, du piano, de l’accordéon
ou encore de la MAO … Avec deux Ep et un album
publiés entre 2003 et 2009, l’artiste qui
partageait alors sa vie et sa passion pour la musique avec
Rémi Sciuto a laissé ses premières
traces dans le paysage musical français mais c’est
suite à la perte d’un ami proche en 2008 que tout
a littéralement basculé pour Marjolaine,
lorsqu’elle a découvert le maloya, musique de
transe servant à réunir les morts et les vivants
… Elle part alors pour la Réunion, le berceau du
genre, s’intéresse à la musique de
Danyèl Waro et revient avec un nouveau projet, Wati Watia
Zorey Band, qu’elle partage avec Rosemary Standley et
plusieurs membres de Moriarty. Elle rejoint en parallèle le
groupe de Jidé Hoareau, le neveu de Danyèl Waro,
s’engage sur des tournées mais n’en
oublie pas pour autant de céder à
l’appel de ses projets personnels avec un nouvel album,
« Tatoo Toota », dans lequel elle réunit
le maloya, le blues et la chanson mais aussi le Français,
l’Anglais, le Créole et même le Yiddish
de ses racines. En dix titres, la chanteuse partage avec son public
diverses sensations parmi lesquelles on retrouve l’espoir, la
nostalgie, l’angoisse, la joie de vivre ou encore
l’engagement naturel d’une artiste qui ne
mâche jamais ses mots quand elle a des choses à
dire, et elle n’en manque pas. On en passe ainsi par des
morceaux construits avec beaucoup de classe et arrangés avec
un soin tout particulier, des chansons qui touchent naturellement
l’auditeur grâce à une voix parfois
faussement naïve, parfois plus
déterminée, une voix qui colle à
merveille à des titres comme « Madame la Chanson
», « Boat Train », « Jewish
Cemetery », « In Geto », «
Jaipour » ou encore « L'Océan
Retrouvé » qui font de « Tatoo Toota
» une superbe carte de visite pour une musicienne qui a su
faire le lien entre toutes ses influences pour en faire un album. Bravo
!
|