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Ecrit par Yann Charles |
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lundi, 22 juillet 2019
SABATON
https://www.sabaton.net/
Le nouvel album de Sabaton, « The Great War », est
sorti ce 19 juillet. Un album fortement attendu par les fans du groupe
qui relate des évènements de la
première guerre mondiale. Le groupe, dont on
connaît la passion pour l'histoire, s'était rendu
à Verdun pour ressentir encore plus l'atmosphère
qu'avait pu être cette guerre. Ils entament maintenant une
tournée avec ce nouvel opus, et leurs concerts sont toujours
aussi spectaculaires. Nous avons rencontré Pär
Sundström, le bassiste, qui nous parle de l'album bien
sûr, de la tournée, mais aussi de leur
chaîne d'histoire sur YouTube …
Ce nouvel album, «
The Great War », semble être une autre
manière de faire connaître, voire d'aborder ce
conflit, c'est dans ce but qu'il a été fait ?
Nous avons déjà parlé de la
première guerre mondiale avant, mais jamais avec un album
entier consacré à ce sujet. Et on pensait que
c'était une bonne idée de le faire maintenant
avec le centième anniversaire de l'Armistice. Quand nous
avons commencé à faire des recherches sur ce
sujet, on s'est rendu compte que beaucoup de personnes en parlaient, et
qu'il y avait énormément de sujets sur ce
thème. Et comme Sabaton a des fans dans le monde entier qui
sont, eux aussi, passionnés par ce sujet, et qui nous ont
encouragé à écrire sur cette
première guerre mondiale … Ils nous ont
suggéré des thèmes, des
idées. Cela nous a beaucoup aidés pour en faire
un album. Ils ont été impliqués
dès le départ dans cette aventure.
Musicalement, vous restez
dans le style propre qui fait Sabaton, heavy metal, même si
on note quelques légers changements, sur les riffs de
guitares un peu plus présents par exemple, c'est une
évolution du son de Sabaton ?
Non, pas du tout. C'est le hasard. On compose et on écrit
des chansons sans trop regarder si on fait plus ou moins de riffs de
guitares. Généralement, les compos partent d'un
morceau au clavier ou à la guitare. Pour cette fois, il se
trouve que c'était principalement avec les guitares,
d'où peut-être cette impression de guitares plus
présentes. Mais pour nous, on écrit, on
enregistre et ensuite on garde les chansons qui nous semblent les
meilleures. Mais on ne cherche pas forcément un nouveau son.
C'est juste une coïncidence.
Vous êtes
allés sur les sites de la première guerre
mondiale en France, à Verdun et sa région, le
fait d'être sur les lieux même de l'histoire vous
a-t-il fait voir ou ressentir les choses différemment ?
Oui. Définitivement oui. Venir sur les lieux de ces
évènements change forcément la
conception que vous vous êtes fait de ces
évènements. Vous ressentez les choses
différemment. Même en étudiant, en
lisant, en se documentant ou en regardant des films, dès que
vous êtes sur place, vous ressentez toute l'histoire du lieu,
toute son atmosphère. Il n'y a pas de mots, ou de livres qui
puissent remplacer la réalité.
Vous pensez que les gens
manquent de connaissance sur ces faits d'histoire? Est-ce que le fait
de mieux connaître tout ça peut ou pourrait
empêcher que cela ne se reproduise, ou ne continue ?
Bien sûr que ça changerait. Forcément.
Tout ce que j'ai appris pendant toutes ces années c'est
qu'en rencontrant de nouvelles personnes, en faisant connaissance avec
de nouvelles cultures, c'est que chacun a le droit d'avoir sa propre
opinion et personne, vraiment personne n'a le droit de vous vous dire
ce qui est bien ou ce qui est mal. Et dans cet album, pour chaque
chanson nous essayons d'avoir différents points de vue, et
nous respectons ces points de vue. Et si le monde et les gens
étaient plus respectueux envers les opinions et sur ces
questions, il y aurait forcément moins de conflits
à travers la planète. Et peu importe avec qui je
parle, que je sois d'accord ou en opposition avec ses opinions, il faut
que je respecte la personne et son point de vue. Car pour cette
personne, son opinion peut être correcte, en fonction de son
éducation, et des informations qu'elle a reçues.
Donc, il faut l'écouter et surtout la respecter.
Vous êtes
Suédois, pays neutre, d'où vous vient cette
passion pour la guerre ou plutôt pour des faits de guerre ou
de batailles.
Au début, sur le premier album, on parlait de choses
plutôt aléatoires. Sans vraiment chercher plus
loin. C'était des chansons pour faire des chansons. Mais
pour l'album « Primo Victoria », on a
décidé d'écrire sur les batailles, et
les chansons sont devenues plus importantes. Donc Joachim et moi, nous
nous sommes assis et avons cherché des thèmes
qui, quel que soit l'endroit de la planète où
vous vivez, vous puissiez comprendre ce dont on parle. Et la guerre et
les batailles ont été des sujets qui nous
intéressaient tous les deux. Car même nous, qui
sommes Suédois, pays neutre, et qui avons eu la chance de ne
pas avoir été en guerre très
longtemps, nous savons à quoi la guerre ressemble ou peut
ressembler. Tout ça grâce aux médias et
à l'éducation.
Quels aspects de ces
guerres passées vous attirent ? La ou les
stratégies, les soldats, les enjeux ?
Je dirais que ce qui m'attire principalement c'est le
côté sombre de ces guerres. C'est très
difficile pour nous de ressentir ou imaginer comment étaient
ces gens pendant qu'ils faisaient la guerre. C'est probablement la
dernière fois que les gens se battaient face à
face, avec sauvagerie et violence. Après, les
évolutions techniques ont fait que les machines de guerre
sont devenues plus efficaces, et permettaient moins de tueries,
même si c'est toujours trop. Pendant cette
première guerre mondiale, il fallait risquer la vie de
beaucoup de soldats pour tuer beaucoup d'autres soldats pour pouvoir
avancer et faire reculer l'ennemi. Avec les évolutions des
machines, cela a été un peu moins le cas par la
suite, même si malheureusement cela a fait beaucoup de
victimes quand même. Et désormais, les guerres
peuvent se faire uniquement en appuyant sur des boutons et envoyant des
machines. Et c'est donc de cet aspect brutal et violent de cette
première guerre mondiale dont on parle dans cet album. Avec
ce titre, « The Great War », on se pose cette
question : "Qu'est ce qui est si Grand avec cette guerre" ?
Parlons de votre chaine sur
YouTube, « Sabaton History » … Qui a eu
l'idée de créer cette chaîne ?
Il y a quinze ans, quand nous avons fait notre premier album, nous
avons écrit des petites notes dans le livret du CD. A
l'époque les gens achetaient encore des CD (Rires) et les
fans aimaient bien ces petites notes qui permettaient d'en savoir plus
sur les chansons qu'on écrivait et qu'on jouait et surtout
d'en comprendre tout le sens. Et déjà, on se
demandait comment on pouvait aller plus loin pour améliorer
ça. Et on s'était dit qu'on devrait faire un film
pour chaque chanson, mais bon … Cela n'était pas
réaliste, même si notre groupe
commençait à prendre de la
notoriété. Mais par contre des documentaires pour
illustrer nos chansons, cela paraissait plus possible. Et cette
idée est restée puis s'est
développée dans ma tête depuis quinze
ans. Et maintenant, nous avons toutes les ressources
nécessaires pour mener à bien ce projet. C'est un
gros projet : nous avons trois historiens qui travaillent dessus. Deux
d'entre eux écrivent les scripts et jouent dans les
documentaires. Et puis nous avons une équipe qui travaille
sur les recherches de documents et d'archives pour illustrer. Et moi,
je suis le producteur exécutif de ces documentaires
diffusés sur YouTube. C'est un projet énorme et
je suis très fier du résultat que nous avons
obtenu.
Pensez-vous que ce type
de projet puisse servir à éduquer,
peut-être en les diffusant dans les écoles par
exemple ?
Je suis même fier de vous dire qu'à travers pas
mal de pays, il y a des personnes qui se servent de notre
chaîne d'histoire à des fins
éducatives. Ce sont des faits que j'ai pu constater. C'est
pour cela que nous avons choisi ce format attractif de documents de 10
à 15 minutes. C'est un temps suffisant pour que les gens qui
regardent restent concentrés sur les sujets, sans se
lasser. Les personnes qui regardent notre chaîne
sont sûres qu'elles vont apprendre quelque chose. Et donc
là, notre mission est réussie. A la base, pas mal
de chaînes de télévision voulaient
acheter ce programme mais nous avons refusé car nous voulons
rester libres de faire ce que l'on veut, et surtout, nous voulons que
ce soit gratuit et visible par un maximum de personnes qui ont envie
d'apprendre. Notre but n'est pas de faire de l'argent avec ces
programmes.
Longtemps vous avez
produit un album par an quasiment, puis tous les deux ans à
partir de 2010, et là celui-là, trois ans
après le dernier. Pourquoi ?
1/ Vous tournez beaucoup
plus qu'au début, donc pas évident de travailler
de nouveaux albums
2/ Vous approfondissez
beaucoup plus vos recherches donc forcément, plus de temps ?
3/ Vous vieillissez,
c'est plus dur ?
(Rires)
C'est de la paresse. Non ce serait plutôt la
première réponse. Au début
nos tournées étaient assez courtes, donc
c'était plus facile pour nous d'écrire un album
tous les deux ans, voir même tous les ans. Mais le monde a
vraiment grandi pour Sabaton avec le succès et les
années, les tournées sont de plus en plus
longues, donc forcément nous passons beaucoup de temps
à voyager, et à jouer à travers le
monde entier. En 2008, les Français ou les Allemands
voulaient nous voir jouer, mais au Japon ou en Amérique
Latine non. Tandis que maintenant, tout le monde veut voir Sabaton. Et
nous ne voulons oublier personne et surtout nous aimons jouer partout
dans le monde. Et donc cela prend un peu plus de temps pour composer
d'autres albums. (Rires)
Plus
sérieusement, comment faites-vous pour travailler vos
albums. Vous décidez de tout stopper, vous vous mettez au
vert, et tout le monde au boulot ?
En fait nous faisons des pauses pendant les tournées afin de
pouvoir commencer à écrire la majorité
des chansons. Et régulièrement, on fait des
breaks et on travaille l'album. C'est nécessaire de temps
à autres, et ça coupe aussi le rythme de la
tournée. Et puis si on veut refaire un tour du monde, il
faut qu'on écrive de nouvelles chansons pour contenter nos
fans.
Comment vous travaillez
vos chansons ? Comme vous parlez de faits ou
évènements précis, vous
écrivez les textes d'abord ou comme la plupart des groupes,
ce sont les musiques qui viennent en premier ?
En premier, nous recherchons un concept ou un contexte pour l'album.
C'est vraiment la priorité. Ensuite seulement, une fois la
ligne directrice trouvée, on sait dans quelle direction nous
allons orienter notre musique. Pour « The Great War
», on a procédé ainsi, le concept, puis
ensuite les musiques. A partir de ces musiques, nous avons fait une
liste de sujets et de thèmes que nous voulions aborder. Les
musiques entrent dans différentes catégories. Par
exemple, avec cette musique, est ce que nous avons un thème
assez heureux, ou bien avec une autre un thème plus violent
ou triste. En fait on adapte nos thèmes et
écritures aux musiques que nous avons composées.
Et bien entendu, on ne gardera pas tout ce que nous avons
écrit, pas mal de morceaux vont être
écartés, jusqu'à obtenir un
équilibre sur l'album.
Vos concerts sont
toujours un grand spectacle, qu'avez-vous prévu pour cet
album ?
Quand j'étais plus jeune, j'adorais aller voir des grosses
productions quand j'allais au concert. Donc maintenant, je veux que
Sabaton ait toujours la plus grosse production possible. Et plus la
salle ou le lieu est grand, plus le nombre de fans est important, et
plus le show sera énorme. Et je pense que les personnes qui
viennent à nos concerts ont l'habitude de voir
ça. Et je vous assure que l'on ne va décevoir
personne avec le nouvel album et avec la nouvelle tournée.
Nous avons beaucoup repensé à ce qu'il se passait
sur scène. Nous avons construit de nouveaux
décors. Nous avons fait un petit lifting à nos
tanks. Ce sont des tanks version 2.0 (Rires). Les fans qui viennent
nous voir s'attendent toujours à voir un grand show, et nous
on essaie de leur en donner un petit peu plus par rapport à
leur attente.
Dernière
question : Napoléon a été un grand
chef de guerre français, est ce qu'il pourrait vous inspirer
?
Bien sûr que l'on pourrait être inspiré
par Napoléon. Il y a tellement de gens ces
dernières années qui nous ont demandé
d'écrire sur Napoléon. C'est un très
gros sujet, et cela pourrait facilement être le
thème d'un album entier. Il y a tellement d'aspects
à propos de cette période précise de
l'histoire que oui, les sujets ne manqueraient pas. C'est une
période très intéressante et
passionnante. Est-ce que cela pourrait être le sujet d'un
futur album vous allez me demander ? Je vous réponds
définitivement "Oui". Est-ce que cela est dans nos
têtes ? Oui, on le l'a pas fait cette fois, mais peut
être la prochaine fois.
Propos recueillis par
Yann Charles – Traduction Emilie Bardalou
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