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Ecrit par Yann Charles |
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mardi, 18 juin 2019
ROYAL
REPUBLIC
https://www.royalrepublic.net/
Royal Republic, le groupe suédois, tient une place
à part dans le monde du rock. Original, créatif,
le gang de Malmö, loin des clichés metal des
groupes du Nord de l'Europe, offre un rock puissant, festif et
coloré. Un véritable plaisir de les retrouver sur
scène. Et leur dernier album, « Club Majesty
», qui flirte avec le disco, n'a pas fini de vous surprendre.
Une rencontre avec Adam Grahn, le chanteur guitariste, en collaboration
avec Jérôme de Music Wave nous en apprend encore
plus.
Parlons de votre dernier album,
« Club Majesty » ! Vous êtes un groupe de
rock suédois. On chroniqué beaucoup de groupes
suédois, dans le metal progressif, le death metal, le metal
mélodique … Mais c’est rare que
l’on ait des groupes de rock suédois. Comment
êtes-vous parvenus à jouer cette musique ? Est-ce
facile de s’en sortir quand on fait du rock avec un
côté disco et que l’on vient de
Suède ?
Je pense vraiment qu’on a toujours eu ce
côté disco dans notre ADN, depuis la
création du groupe. Sur des morceaux comme «
Tommy-Gun » et « Full Steam Spacemachine
», sur notre premier album, il y avait cette vibe disco. On
veut jouer une musique qui n’a pas de limite ni de genre. Je
crois que je vais faire une longue réponse mais je vais
essayer de la faire courte ! Quand on a sorti notre premier album, on
n’était un groupe que depuis un an. Ça
n’aurait pas été raisonnable de dire
qu’en un an, on avait trouvé notre
véritable identité à ce
moment-là. On ressemblait aux groupes qui nous
influençaient, plus qu’à Royal Republic
je dirais.
Vous avez
évolué à chaque album. Avec
celui-là, on dirait que vous avez vraiment trouvé
votre identité. Tu le penses aussi ?
C’est le sentiment que l’on a tous, oui.
« When I See You Dance With Another », sur
l’album précédent, a
été le morceau qui nous a
révélés. Il y avait aussi le morceau
« Baby », qu’on ne considérait
pas comme un excellent morceau, mais qui est celui qui a le plus
marché finalement. On a toujours eu les mêmes
influences. Maintenant, on a la confiance et
l’expérience qu’il nous fallait pour ne
plus nous cacher et pour utiliser tous les outils qui sont en notre
possession pour jouer la musique que l’on aime. On
n’a pas fait cet album pour passer à la radio. On
fait de la musique parce qu’on aime ça, et
c’est nous qui choisissons à quoi ressemble Royal
Republic. « Full Steam Spacemachine », sur le
premier album, est un bon exemple. A l’époque, le
riff de la chanson était différent de ce que
l’on faisait. Ça sortait des sentiers battus.
Aujourd’hui, on ne peut pas penser à Royal
Republic sans faire le lien avec cette chanson. On a un
répertoire large. Sur cet album, on voit que tous les styles
fonctionnent. Certains groupes auraient dit : "attention à
ne pas aller trop loin !". Mais nous, on aime ça. On a mis
du saxophone, des gros refrains, un son des années 80.
J’aime être généreux sur le
plan vocal et m’éclater au chant. C’est
la clé, et je pense que la tournée de «
Weekend Man » nous a beaucoup aidés en ce sens.
Ça a été un sommet dans notre
carrière.
Comment avez-vous
procédé pour écrire ce nouvel album,
« Club Majesty » ? Qu’y a-t-il de plus
dans ce nouvel album par rapport au précédent ?
De la diversité. Il y en a aussi sur « Weekend Man
», avec des titres comme « Any Given Sunday
», « American Dream », « Follow
The Sun » ou « Baby ». Sur cet album, je
pense que c’est à la fois plus
diversifié et plus homogène, paradoxalement.
Est-ce vrai que Club
Majesty devait être le nom du groupe à la base ?
C’est vrai. On avait pensé à Club
Majesty, King Average et Royal Republic. On avait trois options.
Après avoir écrit quatre ou cinq chansons qui se
sont retrouvées sur le dernier album, on a vu la couleur et
la direction qu’allait prendre cet album. Ça avait
plus une allure de dancefloor que de concert de rock. Donc on a voulu
trouver à ce disque un nom de discothèque.
L’un de nous, je ne sais plus qui, a alors mis le nom de Club
Majesty sur la table. On a validé son idée. Notre
directeur artistique était partant aussi et a eu des
premières idées pour la pochette.
Comme tu l’as
dit, cet album est varié. Il y a du funk, du disco, de la
pop des années 80, du rock des années 60 et 70,
de l’electro, du new wave … Avec tous ces styles,
j’imagine que ça n’a pas
été chose aisée de faire
émerger un single qui puisse représenter
l’album ! « Fireman & Dancer »
est le premier single paru en mars. Pensez-vous que ce morceau
représente bien l’album ?
Complètement. C’est la chanson de
référence, comme « When I See You Dance
With Another » l’était sur
l’album précédent. Je crois que
c’est la première démo que
l’on a terminée. C’est un morceau qui
capte bien l’essence de Royal Republic avec
l’énergie qui nous caractérise. Pour
moi, c’est la représentation parfaite de
« Club Majesty ».
Le premier clip est
justement celui de « Fireman & Dancer ». Ce
morceau est-il un hommage à Village People ?
Non.
Est-ce que tu comprends
pourquoi je te pose cette question ?
Oui, absolument ! Je vois une certaine ressemblance, mais ce
n’est pas quelque chose que l’on recherchait quand
on a écrit le morceau.
Dans ta voix, sur ce
morceau et surtout sur le refrain de « Boomerang »,
je trouve qu’il y a une ressemblance avec Electric Light
Orchestra. Est-ce un groupe que vous aimez ?
Le chant sur ce refrain a déjà
été utilisé dans 10 000 chansons. Des
fois, les gens font des comparaisons entre nos morceaux et ceux
d’artistes différents. Parfois, je me fais une
liste de chansons à écouter pour essayer de
trouver de nouvelles idées. Et cela ne concerne le rock que
très rarement.
Mais pour moi, faire une
comparaison entre vos morceaux et ceux d’autres groupes, ce
n’est pas une mauvaise chose ! C’était
plus un clin d’œil qu’autre chose. Je
n’ai pas voulu dire que vous avez cherché
à copier Electric Light Orchestra.
Oui, bien sûr ! En revanche, il nous arrive de rendre des
hommages de manière
délibérée. On peut faire un clin
d’œil à tel artiste, tel groupe ou telle
chanson. Mais en général, quand on cherche des
idées, c’est très rarement dans le
domaine du rock. J’écoute plus du jazz, du
classique, du funk comme Earth Wind & Fire, pas tant au niveau
des mélodies, mais plus au niveau du feeling, du groove.
Parfois, on nous pose des questions chanson après chanson,
mais on ne veut plus faire ça car on ne sait jamais quoi
dire sur une chanson en particulier. Par exemple on nous demande :
"Comment te sentais-tu quand tu as écrit les paroles de tel
morceau ?". En réalité, les paroles,
c’est de la merde ! Elles ne veulent rien dire ! Il
n’y a pas de feeling à
l’intérieur ! Le feeling vient de la musique en
elle-même. C’est là que se trouve toute
l’énergie. Écrire les paroles ne me
donne pas de feeling.
Qu’en est-il de
l’influence de la vieille scène
rock’n’roll dans votre musique ? C’est
une influence pour vous ou pas du tout ?
Que veux-tu dire par vieille scène
rock’n’roll ? J’ai du mal avec tous ces
termes. Des fois, les gens me demandent ce que je pense du
neo-post-modern rock. Mais qu’est-ce que ça veut
dire ? Il faut me donner des noms de groupes, et je te dirai si on est
influencés par eux. Sinon, je ne sais pas ce que
ça veut dire. Je n’ai jamais
été bon pour identifier des genres musicaux. Les
gens disent qu’on joue du rock, du
rock’n’roll, du punk rock, du punk, du rock
emo…
Serais-tu
d’accord pour dire que vous avez créé
le disco rock ?
Je ne sais pas, je ne pense que l’on ait
créé un nouveau style. Je dirais plus que
l’on a étendu notre propre style. Je ne sais pas
comment l’appeler mais je ne dirais pas qu’on est
les pionniers de ce style. Si les gens ont besoin de savoir quel est le
genre que l’on joue, comme si on collait une
étiquette sur un produit, ça ne me pose pas de
problème. Mais pour moi, notre musique n’a pas de
frontières.
Les morceaux «
Flower Power Madness » et « Blunt Force Trauma
» me rappellent Nile Rodgers. C’est la raison pour
laquelle je pense que vous avez créé le disco
rock. Cela donne quelque chose de nouveau.
(Rires) Je
ne sais pas, tu n’as pas tort ! Le dernier journaliste qui
nous a interviewés a dit que « Flower Power
Madness » ressemblait à un mélange de
Barry White et de Franz Ferdinand ! Bien sûr, pourquoi pas !
Ça fait très cucul de dire ça, mais on
ne fait que suivre ce que notre cœur nous dit.
Tu n’aimes pas mettre
des étiquettes sur les genres musicaux, et cela se sent car
depuis le début de votre carrière, votre musique
a évolué pour passer d’un style
post-punk à un style disco-funk-garage rock. Est-ce que ce
ne serait pas un peu pour cacher vos ambitions ? Ou est-ce vraiment une
volonté de vous renouveler ? Allez-vous encore continuer
d’évoluer ?
Je ne saurais pas te le dire. Il n’y a pas de
règle écrite qui dit ce que l’on peut
faire et ce que l’on ne peut pas faire. Peut-être
que le prochain album sera très similaire à
« Club Majesty », ou peut-être pas, je
n’en ai aucune idée à ce
stade-là. On aime jouer des chansons sans se mettre de
barrières. On s’autorise à emprunter
tous les chemins possibles. Malgré tout, j’ai le
sentiment qu’on joue une musique cohérente. On
fait très souvent référence aux
Beatles qui ont écrit à la fois «
Yesterday » et « Helter Skelter », qui
sont deux chansons très différentes
écrites et jouées par les mêmes
personnes. Quand ils ont sorti « Helter Skelter »,
personne n’a dit : "je croyais que
c’était un groupe acoustique ! ".
Fermez-là ! C’est juste de la bonne musique !
Imaginez-vous si les Beatles n’avaient pas cherché
à traverser les frontières musicales !
Pour résumer,
on pourrait dire que l’étiquette de Royal Republic
est celle d’un groupe qui n’a pas de
frontières ?
Royal Republic, c’est de la musique.
Certains musiciens disent
qu’il leur est beaucoup plus difficile
d’écrire des chansons courtes et gaies que des
chansons longues et plus tristes. Qu’en pensez-vous, vous qui
écrivez des chansons courtes et enthousiastes avec
réussite ?
Merci ! Je pense que ça dépend. Certains disent
que si tu es triste, cela peut te donner une grande inspiration. Je
pense que c’est vrai pour ces gens-là. De mon
côté, je n’arrive pas à
écrire quand je ne me sens pas bien. Avec ce groupe, il faut
que je sois dans un état d’esprit du vendredi soir
! Pour moi, le plus difficile, c’est
d’écrire une chanson simple. C’est comme
s’il fallait faire une peinture magnifique avec une seule
couleur. C’est compliqué. Quand on se
réunit avec des idées de chansons sympas, on
essaye de les ramener à leur forme la plus simple, et
ça prend du temps. Ça peut prendre des mois pour
trouver une note ! Le riff de « Fireman & Dancer
» par exemple, je crois que j’ai 200 versions de
cette chanson ! Allez, disons 100 ! Il y a beaucoup de versions avec
des riffs différents.
Au final, es-tu
sûr que la dernière version est la bonne ? Ou
est-ce que vous avez jeté votre dévolu sur une
version en particulier car il fallait bien prendre une
décision ?
On est satisfaits de la version retenue car on s’y est
habitués. Je sais que c’est la bonne version car
j’ai pu dormir le soir. Si je quitte le studio et que je ne
suis pas satisfait, je n’arrête pas d’y
penser. C’est comme quand tu as oublié quelque
chose et que ça te préoccupe. Tu n’as
qu’une envie c’est de retourner en studio et de
finir le travail. Ça se passe environ 11 fois par album !
Le morceau «
Like A Lover » incarne un côté heavy et
a une place centrale dans l’album, un peu comme «
Full Steam Spacemachine » occupait une place centrale dans
« We Are The Royal ». Est-ce que ce titre vise
à montrer que vous n’êtes pas
qu’une bande de mecs contents et que vous avez une part
sombre en vous ?
Je pense que tout le monde a un côté sombre en
lui. Dans nos albums, on arrive souvent à un stade
où on a beaucoup de chansons très
énergiques. A un certain moment de l’album, tu as
besoin d’un morceau qui te fasse respirer pour faire baisser
toute cette énergie. A la base, « Like A Lover
» était dans une veine disco, mais j’ai
pensé que ce serait intéressant
d’essayer une nouvelle approche pour qu’elle trouve
sa place dans l’album. J’ai essayé cette
idée, et ça a très bien
marché. Elle est un peu différente du reste de
l’album, je le reconnais, mais ça marche bien avec
le reste de l’album.
Vous avez joué
au Cabaret Sauvage à Paris en 2017 et au festival Download
en 2018. Est-ce que tu préfères les
scènes intimistes comme le Cabaret Sauvage ou au contraire,
préfères-tu les grosses scènes ?
Le Cabaret Sauvage était un très bon concert.
C’était complet, il faisait chaud, on
était près du public. Ce genre de concerts permet
d’avoir une certaine proximité avec le public. Au
Download, je ne pourrais pas sauter dans la foule depuis la
scène. Les deux ont leurs avantages. Je dirais que je
préfère les salles qui accueillent
jusqu’à 500 personnes. Quand tu joues sur des
très grosses scènes comme dans des festivals, il
te faut une super production avec un écran car les gens ne
te voient pas, et c’est très dur de te connecter
à eux.
Maintenant que vous
êtes connus, penses-tu que vous pourriez rejouer au Cabaret
Sauvage ? Vous allez de toute manière retourner jouer en
France !
Oui, bien sûr ! On revient en décembre
à l’Élysée Montmartre.
C’est un peu plus gros que la dernière fois, mais
je crois que ça va être complet en peu de temps.
On sera là,
car cet album est très bien ! Merci beaucoup !
De rien ! (en
Français)
Propos recueillis par
Yann Charles et Jérôme (http://www.musicwaves.fr)
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