Ecrit par Fred Delforge |
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vendredi, 07 juin 2019
Cheval fou
(Differ-Ant –
2019)
Durée
37’53 – 10 Titres
http://www.buzy.net
Après neuf années d’un silence
à peine perturbé par la sortie d’un
album hommage enregistré par une quinzaine
d’artistes de la scène indépendante
nationale, Buzy, icone rock des années 80 à la
tête de huit albums studio et de quelques hits, reprend du
service en adjoignant son prénom, Marie-Claire, à
son nom de scène. Devenue psychothérapeute au
début des années 2000, la chanteuse de
« Dyslexique », « Adrénaline
» et « Body Physical » qui a
collaboré avec quelques pointures françaises
comme Serge Gainsbourg, Daniel Darc, Rodolphe Burger ou
Gérard Manset s’offre un retour en grande pompe au
moment le plus opportun, celui où elle semble enfin
guérie de ses blessures et de ses deuils et où
l’envie de reprendre la plume pour écrire des
chansons aux accents rock se fait de plus en plus présente.
Exit les tubes aux cachets pop-punk des eighties, c’est un
chant toujours aussi fort mais proposé sur un ton plus
grave, moins agressif, un peu à la Bashung diront les
connaisseurs, que Marie-Claire Buzy propose sur « Cheval fou
», un recueil de dix pièces dans lequel elle
s’efforce de peindre à sa manière un
tableau absolument pas rose sur le monde dans lequel elle vit,
dénonçant ses turpitudes et
l’indifférence des hommes, leur renfermement sur
eux-mêmes et leur violence intrinsèque au travers
de chansons de toute beauté comme « Murmures
», « Expérience humaine » ou
« Le tour de nos têtes » mais aussi en
livrant de superbes duos comme « Où vont mourir
les baleines », un parallèle subtil entre la
pollution des océans et le sort des migrants
qu’elle interprète avec Bertrand Belin, ou encore
« Prière » où
l’actrice Anna Mouglalis lui donne la réplique.
Ceux qui se souviennent de la Buzy du dernier millénaire
apprécieront sans doute une évolution naturelle
qui a dû les atteindre eux-aussi, les autres se contenteront
de prendre Marie-Claire comme elle se présente, comme une
chanteuse avec un cœur qui a subi des blessures mais qui est
encore et toujours capable d’aimer. Bravo !
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