Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

RENAUD pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 01 février 2003
 

http://www.renaud-le-renard.com
http://www.sharedsite.com/hlm-de-renaud
(site auquel participe activement Lola du Team Zicazic)

[ Lire aussi la Chronique (boucan d'enfer) ]

_Tel un Renard renaissant de ses cendres, Renaud reprend goût à la vie et à l'eau et revient à ses premières amours : le public ! En tant que premier locataire du Zénith parisien, il se devait d'y retourner pour y faire un " Boucan d'Enfer " bien des années plus tard, ne serait ce que pour le plus grand bonheur des 6500 spectateurs présents chaque soir. Nous nous devions de passer au moins une fois assister à son nouveau spectacle.

_Nous avions envisagé un moment de vous livrer en aparté les impressions de Jean-Pierre Bucolo … Les choses en ont été autrement, Titi ayant décliné l'invitation, ce que nous comprenons aisément, même si nous le regrettons. Les loges du Zénith sont chargées ce soir de VIP, à l'image de Lolita venue rendre visite à son père ou des familles de chacun profitant de ce week-end parisien pour venir voir qui le fils, qui le frère, qui l'ami … C'est donc par la voie traditionnelle que nous gagnerons la salle ce soir, profitant pleinement de la pluie et du froid ambiant qui fait suite à la journée de neige que nous venons d'essuyer …

_Contemplée de la fosse, la salle est toujours aussi impressionnante ! Une marée humaine, absolument calme, tournant la tête mécaniquement, à gauche puis à droite, regardant un hypothétique match de tennis dans ce Roland Garros des musiques amplifiées … Derrière, le décor se terre dans un brouillard synthétique. On y reconnaît " le bistrot du Renard ", " l'hôtel de la nuit ", la placette, la mairie-école … La sono diffuse une musique d'ambiance à connotation celtique du plus bel effet pour faire patienter les badauds. Le temps avance tranquillement et il est bientôt l'heure pour le chanteur énervant de faire éteindre les lumières du Zénith pour allumer son décor et enflammer son public …

_A l'heure dite, ou quasiment, la fanfare s'anime et Renaud sort de son bistrot préféré au rythme de " Docteur Renaud, Mister Renard ". Un constat s'impose, l'artiste évolue sur un maigre filet de voix, résultat annoncé du trop long duo goldo-pastaga auquel le loubard périphérique s'est astreint … Premier discours de l'homme à la chetron sauvage, pour raconter ses expériences mais aussi pour chasser les derniers démons qui le tenaillent. Premiers remerciements aussi, mille fois, beaucoup, infiniment … Renaud se plaint d'une laryngite et revendique un légitime grog. Il enchaîne avec " Si t'es mon pote " et " L'entarté ", Buc délaissant pour l'occasion sa fidèle Stratocaster 63 et ses slides magistraux pour une Telecaster plus classique. De son côté, Michaël Ohayon enfile une superbe ES335 pour lui donner la réplique. Arrivent " Pochtron ", en souvenir des dernières années de beuverie, puis " En cloque ", interprétée en acoustique devant une marée de briquets. Le chanteur au perfecto et au jeans noir nous joue son passage mélancolique, s'attarde une nouvelle fois sur ses déboires sentimentaux et envoie " La pêche à la ligne " puis " Cœur Perdu " … Retour à des rythmes plus joyeux et a des textes plus futiles sur " Mon nain de jardin ", " Laisse Béton ", la chanson de la révélation, et l'incontournable " Germaine ". Temps mort …

_Renaud se lance dans un gentil délire sur la prétendue homosexualité de son ami Titi qui n'a pour seul objectif de faire obtenir à l'intéressé une ovation amplement méritée. Il salue au passage Madame Bucolo, 87 ans, installée tranquillement dans la salle, apprend à ceux qui ne le savaient pas encore que c'est bien elle " La Mère à Titi " de la chanson, s'attarde sur les Jean-Pierre qui seraient selon lui et preuve à l'appui tous des crétins et revient bien vite à " Petit pédé " … Moment d'émotion avec " Baltique ", duo entre la voix cassée de Renaud le sentimental et le piano magique d'Alain Lanty. Suivent le tubesque " Miss Maggie " et l'oublié " 500 conards " à l'attention des concurrents du sempiternel et pathétique " Paris Dakar ", celui là même qui ne part pas de Paris et n'arrive pas à Dakar … Au passage, Renaud lance un gentil coup de griffe à l'idole des ex-jeunes qu'est Johnny Hallyday. Retour aux sentiments forts et au militantisme, Renaud se fend coup sur coup de la " Ballade Nord-Irlandaise " et du " Déserteur " pour le plus grand bonheur de son public de paisibles activistes …

_Séquence catastrophe, il est temps pour Renaud d'introniser " Manhattan-Kaboul " … On craint le pire ! Plusieurs solutions possibles pour le duo cataclysmique. Soit ne pas le chanter, ce qui serait dommage. Soit prendre une ''gonzesse'' au hasard dans la salle, avec le risque qu'elle chante comme un ''boudin'' … Soit faire participer le public sur les parties d'Axelle Red ! On penche pour la troisième solution … Pas de chance pour nous, la Calamity Jane de la chanson populiste franco-belge s'est offert le déplacement et vient nous claironner dans les oreilles ses couplets et ses refrains désormais légendaires … Elle a fière allure pourtant la jolie sirène (d'incendie) avec sa jupe-ceinture trop longue et son micro-sucette qu'elle tête à tout bout de champ. Elle arrive même à nous faire le coup du larsen tant elle s'entête à brailler dedans … Comble de désespoir, Alain Lanty lui cède son piano pour qu'elle nous interprète un de ses morceaux personnels, le très décousu " Je me fâche ". Nous aussi ! Le Zénith applaudit … Politesse ou faute de goût ? La donzelle quitte la scène avec un ours en peluche que Renaud a reçu d'une fan il y a quelques instants. Les opportunistes reviennent rapidement des toilettes où ils sont allés satisfaire un besoin naturel pendant cet entracte impromptu …

_Retour à la musique avec un Renaud très en verve qui se lance dans un sympathique " It is not because you are " avant d'entonner " Morts les enfants ". Arrive " Marche à l'ombre " où Bucolo casse le Mi-aigu de sa Strat 63 et termine au bottleneck sur les cinq cordes restantes … Il change pour une acoustique et Renaud achève la première partie de son spectacle avec " Manu ". Dans une des fenêtres de l'hôtel de la nuit, une ombre fume pensivement une cigarette, la tête appuyée sur une main … Déconne pas Renaud, reviens vite !

_Deux heures d'un spectacle qui coule comme à la fontaine du décor … Le public en redemande, bien entendu, et du haut de ses cinquante balais, le chanteur aux jambes arquées remet le couvert avec " Mon bistrot préféré " et " Dès que le vent soufflera " qui souffrira d'une première panne de son. La salle embraye instantanément et termine le morceau … La technique s'active sur le plateau, cherchant infructueusement la panne. Les musiciens s'absentent, Renaud nous quitte. Le son revient par moments. Dernier retour pour un ultime rappel avec les guitaristes mais sans les guitares car les amplis n'ont plus d'électricité … La basse de Dominique Grimaldi connaît le même problème. Renaud attaque " Mistral gagnant ", la sono déraille une fois de plus et c'est encore la salle qui finit la chanson a-capela. Pourtant le public s'accroche et obtient un ultime " Morgane de toi " entre piano, batterie et chant avec une nouvelle cassure du son en cours de route … En près de trente ans de carrière, Renaud n'avait jamais connu pareille galère. Son spectacle de 2 heures 40 n'en est que plus humain ! Les musiciens saluent, Renaud remercie le staff avant que le Zénith ne se vide calmement … La neige a fondu sous l'effet de la pluie. Le retour n'en sera que moins acrobatique. Belle soirée !

Fred DELFORGE - fevrier 2003