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ESCAPE THE FATE au TRABENDO (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
mardi, 26 février 2019
 

THE WORLD OVER – SLAVES – ESCAPE THE FATE
LE TRABENDO – PARIS (75)
Le 18 février 2019

http://www.theworldoverofficial.com/
http://slavesband.com/
http://www.escapethefate.com/

Remerciements à Ninon, Alternative Live et Roger, Replica Promotion.

Parce qu'une soirée hardcore, ça ne fait jamais de mal pour te secouer les neurones, retour au Trabendo en ce mois de février frisquet et sur sur la tournée hommage des dix ans de l'album « This War Is Ours » des Californiens Escape The Fate. Un live aux forts accents West Coast puisque les vétérans de Las Vegas s'entouraient pour l'occasion de leurs compatriotes The World Over issus de la scène Alternative de L.A. et Slaves, groupe post-hardcore de la banlieue de Sacramento. The World Over, mené par la désormais blonde incendiaire Tiaday Ball, ouvrait le bal avec une fougue indéniable et l'idée d'en découdre pour leur première apparition française. Avec un son qui dépasse les frontières et une esthétique qui mélange les genres, The World Over traverse une variété de territoires musicaux - un brassage très large allant de la pop façon Pink au deathcore à l'inspiration Chelsea Grin - tout en restant profondément ancré dans l'idée que rien ne remplacera un bon gros et lourd riff de guitare couplé à une chanteuse bien gueularde mais juste. Un parti pris qui, loin de réinventer la poudre, ne s’en révèle pas moins jubilatoire. Suffisamment en tout cas pour conforter le spectateur qu’il y a sans aucun doute encore un avenir radieux pour le hardcore bubblegum.

Tiaday Ball, petite-fille de Roland « Ernie Ball » Sherwood, connu pour être le créateur de la marque de cordes pour guitares utilisées depuis plus de quarante ans par tout le quorum du rock et aussi le développeur et promoteur de la première guitare basse acoustique moderne, introduite sous le nom Earthwood en 1972, a un lourd héritage à assumer. Composé également du guitariste Ryan Knecht, du bassiste Juan Arguello, du batteur Alejandro Mercado, The World Over crée le buzz en 2014 avec la sortie de leur premier EP, « Rampart District » - le single « Swervewolf » dont il est issu enregistrant plus de 100 000 vues sur YouTube tout en créant un impact durable sur les fans. Mais c’est la sortie du second EP, « Mountains » (2017) qui leur a ouvert de plus grandes opportunités, tournant ainsi avec Otep, ou ouvrant pour, entre autres, Simple Plan ou The Used. Une reconnaissance sans équivoque de leur pairs, sachant qu'Alternative Press classe désormais Tiaday Ball dans son Top100 Female Top singer Hall of Fame !

En concert, c'est visuellement une belle performance malgré la rapidité du set, le groupe donnant un aperçu alléchant d'un futur premier album (?) vraiment attendu. Le nouveau single « Rewind / Replay », le très énergique mais très personnel « Traitor », ou ce bijou qu'est « Liberosis », idéal en acoustique, laissent ainsi présager du meilleur à venir, le groupe explorant de nouvelles techniques de composition et d'écriture tout en s'ancrant encore plus solidement à ses racines hardcore.

Moyennement convaincu par contre par le groupe leur succédant, soit Slaves (à ne pas confondre avec le duo de post-punk anglais), qui présentaient leur troisième opus studio, « Beautiful Death » sorti début 2018 chez The Orchard and SBG Records. Basé à Sacramento, Californie, le groupe évoluant dans la mouvance post-hardcore se compose du chanteur Jonny Craig (anciennement chez Emarosa et Dance Gavin Dance), du bassiste Colin Vieira, du guitariste Weston Richmond et de nouveaux ajouts, Felipe Sanchez, en tant que second guitariste (rythmique essentiellement) et Zachary Baker derrière les fûts. Tournant autour de son leader et chanteur, le groupe a sorti trois albums depuis 2014, tout en changeant régulièrement de line-up. Le fait qu'en cinq ans, il ne reste plus aucun membres de la formation originale, que pas moins de quinze musiciens s'y sont succédés, et que même Jonny Craig, récidiviste des désintox et des exclusions, se voit désormais écarté depuis janvier 2019 suite à des accusations de viol, ne laisse pas envisager une structure de groupe bien solide. C'est donc le quasi inconnu Matt McAndrew qui reprend le flambeau coté vocal sur la tournée « This War Is Ours » sur le sol européen.

Le groupe peine à entremêler avec harmonie des genres pourtant antagonistes. Des compositions qui reposent dans leur essentiel sur des balades mid-tempo appuyées par des arrangements résolument metal, et on ne s'empêchera pas de faire le rapprochement avec la dernière galette des britanniques Bring Me The Horizon qui jouent également ce genre de metal et/ou rock décomplexé et grand public, n'en déplaise aux puristes. Mais n'est pas Bring Me The Horizon qui veux, et autant la voix de Craig avec ses accents de chorale gospel pouvait faire la différence, autant celle de McAndrew, finaliste de The Voice US, beaucoup plus pop à mon gout, a du mal à se poser, privilégiant certes l'émotion à la technique, mais, et c'est un avis personnel, peux déconcerter par sa simplicité. Bref une prestation qui m'est passée bien au-dessus du crane sans réellement m'atteindre.

Heureusement Escape The Fate est là pour remettre les pendules à l'heure et le groupe va investir la scène, pur défouloir propice aux grandes envolées rythmiques dont il a le secret, ouvrant sur « Bohemian Rhapsody », une belle introduction pour que cette figure incontournable de l’emocore des années 2000 fasse participer intelligemment le public, le préparant à affronter la suite ! Fêtant les dix ans de « This War Is Ours », certainement leur galette la plus réussie, c'était aussi l'occasion de célébrer l'anniversaire d'une succession. Celle de Craig Mabbit au chant qui prenait le relais d'un Ronnie Radke parti se ressourcer sur d'autres cieux (un peu plus sombres : il est condamné à cinq années de sursis en liberté surveillée pour sa participation à une bagarre qui a lieu en 2007, laquelle s'était soldée par la mort d'un des protagonistes).  

Produit par John Feldmann (The Used, Story Of The Year, Atreyu) « This War Is Ours » sort le 21 octobre 2009 et s'annonce différent, jouant le compromis réfléchi entre pur album de metal et balades calmes et mélodiques se dirigeant progressivement vers un metalcore un peu plus mainstream et plus convenu, mais beaucoup plus accessible. Le son brut de décoffrage plutôt punk des premières moutures disparaît aux profits de productions bien léchées, qui se tournent résolument vers le metal. Les solos assurés à l'époque par Monte Money perdent légèrement de leur percussion, la rythmique se mettant pleinement en avant dévoilant le jeu du batteur Robert Ortiz et du bassiste Max Green. Tout est carré, mesuré, calculé et c'est là qu'on sent la patte du label Interscope Records, pour plaire au plus grand nombre. Se risquant à venir sur le circuit des majors (les grands labels), Escape The Fate aurait pu y perdre ses plumes, mais s'est vu révéler. Et même si la voix de Mabbitt ne vaut pas celle de son prédécesseur, elle a depuis donné ses lettres de noblesse au groupe : puissante avec une touche de déjanté, aussi bien à l'aise au son clair qu'au saturé.

Après les deux bombes que sont « We Won't Back Down » et « On To The Next One », belles entrées en matière, le live suivra à la lettre le déroulé piste après piste de l'album et « Ashley » et « Something » calmeront légèrement le jeu sans pour autant refroidir l'ambiance, avant le trés percutant « The Flood » (assurément un des meilleurs titres de l'album). Le reste n'est que gros son et refrains accrocheurs jusqu'à « This War Is Ours (The Guillotine II) », morceau éponyme où les voix s'évitent, se retrouvent et explosent ensemble pour notre plus grand plaisir. « Harder Than You Know » vient ensuite apporter sa petite dose de mélo avant le titre « It's Just Me » dont l'intro se classe très haut mais dont la suite, finalement, même si elle ne manque ni de qualités ni de cohérence, manque véritablement d'âme.

La deuxième partie du concert va faire la part belle aux compositions du prochain album attendu pour le 29 mars et à quelques classiques de la discographie du groupe, notamment « Remember Every Scar » issu de « Hate Me » sorti en 2015 ou « One For The Money » de « Ungrateful » datant de 2013. Avec Escape The Fate, on retrouve sans trop de surprises les poncifs de la scène emo/metalcore : l'alternance chant clair et hurlé, les gros riffs de guitares particulièrement rythmiques portés par le jeu de batterie, les soli enchaînés à toute vitesse et, bien sûr, les classiques breakdowns (ces moments, après un passage uptempo, où les musiciens s'arrêtent pour reprendre sur une rythmique lourde et tout en saccades). Ainsi, on retrouve ces structures dans quasi toute leurs compositions. Mais le groupe ne se limite pas à reprendre les règles établies par ses aînés et apporte également une touche personnelle à sa musique. Ainsi les soli de guitares ne s'arrêtent pas uniquement à la vitesse et la technicité mais laissent parler l'expressivité avec parfois même un côté presque Pantera. On trouve aussi des mélodies d'influence néo-classique.

C'est parfois inégal, certes, mais intéressant et surtout à voir sur scène. Les cinq gars d’Escape The Fate ne révolutionnent pas le genre, mais apportent de nombreuses subtilités aux morceaux, révélant ainsi une véritable personnalité au sein du mouvement.

Fred Hamelin – février 2019