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Ecrit par P. Cremin  
lundi, 25 février 2019
 

PUPPY

http://ww4.puppytheband.com/

Une rencontre avec le groupe britannique qui monte, Puppy. Ils étaient en France pour la sortie de leur album « The Goat » chez Spinefarm Records. Inspiré par Black Sabbath et Weezer en passant par les Smashing Pumpkins ou Faith No More, ils ont quand même un son bien à eux et ils sont prêts à arpenter les scènes européennes … Une interview de Will Michael (basse) et Billy Howard (batterie) par P. Cremin !

Vous êtes actuellement en promotion pour la sortie de votre tout premier album, « The Goat », signé chez Spinefarm Records. Quatre années se sont écoulées depuis la formation du groupe. Racontez-nous la genèse et le parcours de votre trio.

Billy : Jock et moi étions scolarisés dans la même école. Nous avons grandi ensemble et avons monté un groupe lorsque nous avions douze ou treize ans. A l'époque, nous jouions surtout des reprises, des morceaux des Gun's n’ Roses et d'autres standards de ce type.

Will : Ma rencontre avec Jock date d'un peu plus tard, j'avais 14 ans, nous faisions nos devoirs ensemble dans un bar à Londres, c'est comme cela que nous nous sommes connus. Un jour il a organisé un concert là-bas. J'y ai assisté et j'ai trouvé ca vraiment très bien. Je jouais dans un groupe de heavy moi-même à l'époque, type doom metal qui n'a pas tenu. En 2016, à la suite de notre séparation, Jock m'a proposé de les rejoindre. Ils jouaient une musique plus indie-pop avec des riffs assez heavy, ça avait donc du sens que je les rejoigne.

Billy : Nous avons sorti le premier EP, « Volume I », en 2015, un quatre titres. Nous avons ensuite réalisé un premier clip pour le titre « Forever ». Puis pour « Do It Again », Will venait d'arriver et étant réalisateur tout comme moi, il a pris part à ce projet. Ce fut la première réelle interaction que nous avons eue en tant que groupe sous le nom de Puppy avec notre formation définitive. Quelque temps après, nous avons enregistré notre deuxième EP, « Volume II », plus heavy mais toujours avec une base pop. Nous avons décidé d'organiser un lancement un peu spectaculaire pour sa sortie. On distribuait des sacs de goodies, des partitions, nos textes imprimés, des cotillons, etc. La soirée a eu lieu dans une toute petite salle mais énormément de gens sont venus.

Pour un jeune groupe comme le vôtre, signer sur un label comme Spinefarm Records est une véritable opportunité. Quelles rencontres déterminantes vous ont permis d'y parvenir ?

Will : On connaissait une personne qui travaillait chez Roadrunner Records, un label connu pour Slipknot et bien d'autres groupes. Il ne pouvait malheureusement pas nous permettre de rejoindre Roadrunner, mais il était vraiment intéressé par notre musique et nous a proposé d'être notre manager. Quand nous avons organisé ce concert pour la sortie de notre deuxième EP, le patron de Spinefarm est venu. C'est là qu'on a semble-t-il été convaincants et que Spinefarm a envisagé de nous ajouter à son catalogue. Cela a pris beaucoup de temps, mais nous avons fini par signer et les choses n'ont cessé d'évoluer positivement pour nous par la suite. Quand tu entres dans une écurie qui produit des groupes comme Korn, Ghost, Rammstein, de nombreuses opportunités s'offrent à toi.

Vous avez développé un univers particulièrement ambivalent dans lequel le second degré tient une place centrale. Qu'est ce qui a motivé ce choix artistique ?

Will : En effet, on souhaite marier du heavy et des sonorités plus douces. Le nom que nous avons choisi, Puppy, est un nom doux alors que le choix de notre typo est par ailleurs très heavy. La couverture de l'album est rose et comporte des éléments graphiques liés au satanisme. Le titre de notre album, « The Goat », associe de nombreuses références, il renvoie notamment à la pop culture au travers d’LLcool J ou Michael Jordan (ndlr : Greatest Of All Times). La chèvre est quant à elle un symbole très satanique qui rappelle des groupes comme Bathory ou Angel Witch.

Billy : Je pense qu'il est aussi question pour nous d'exprimer l'étrangeté. Nous avons nous même évolué dans le metal depuis toujours alors que nous ne sommes que trois petits gars de Londres. Nous continuons à ne pas nous sentir à notre place quand nous sommes programmés sur un Download Festival par exemple. Nos parcours et nos points d'ancrages sont tellement différents de ceux de ces immenses groupes avec qui nous partageons la scène, et qui nous inspirent depuis si longtemps. C'est parfois très étrange pour moi, et pour nous trois je pense. Au travers de nos visuels et de notre univers musical, nous mettons en regard ces contradictions. Nous essayons de donner un sens à cela, tout en développant notre propre identité et cherchons à trouver notre place en affirmant notre différence.

Jock étant officiellement le compositeur principal, de quelle façon avez-vous contribué à la création de cet album ?

Will : Effectivement, Jock compose et écrit les textes. Il vient nous consulter ensuite avec sa demo. Je précise que contrairement à nous, Jock n'a pas de job, il est sans emploi, donc il a tout le temps et l'esprit disponible pour se concentrer sur l'écriture et la composition (rires). Il nous présente ses démos et nous travaillons ensuite. Nous lui donnons notre point de vue sur ce qui fonctionne selon nous ou non, puis nous apportons notre patte. Nous travaillons les lignes de batterie, de basse et les chœurs. En définitive, les morceaux sont créés à parts plutôt égales. Bien sûr, Jock pourrait les finir lui même. C'est un compositeur phénoménal. Mais de cette façon nous apportons notre contribution à la création de chaque morceau.

Billy : Notre contribution artistique s'exprime également au travers de la réalisation des vidéos du groupe et nous nous chargeons aussi des aspects visuels en général. Je travaille pour une école d'art. J'ai réalisé pas mal de publicités, j'ai tout le matériel nécessaire et je suis capable de réaliser nos clips. Grâce à cela, nous avons la possibilité de choisir nous même précisément ce que l'on souhaite présenter au public et Jock peut exprimer ses souhaits. Nous avons beaucoup de respect pour lui et son travail et, tout comme lui, nous tenons compte de ses remarques. C'est comme un parfait ménage à trois !

Vous avez été amenés à travailler avec deux producteurs différents pour cet album, Neil Kennedy et Tom Dalgety, pourquoi ce choix ?

Billy : Avant de choisir avec qui nous allions travailler nous avons souhaité prendre le temps de réfléchir et faire un tour d'horizon. Will et Jock sont allés au Reading Festival une année, dans le but de faire des rencontres.

Will : Sur place nous avons rencontré Tom Dalgety, un producteur très talentueux, qui a travaillé avec les Pixies et Ghost. Il s'est montré très intéressé par le fait de travailler avec nous et quand nous avons signé chez Spinefarm, nous avons souhaité l'inclure au projet. Le studio dans lequel il travaille régulièrement se trouve à Monmouth, Rockfield, c'est un studio mythique en Angleterre. Oasis a enregistré là-bas, Queen également, c'est un studio qui a une histoire particulièrement riche. C'était formidable pour nous de laisser notre marque en ces lieux également. Nous avons enregistré quelques titres, mais pour des raisons de conflits d'emploi du temps il n'a pas pu terminer le projet avec nous.

Billy : C'est Niel Kennedy qui a produit le reste de l'album. Il a d'abord collaboré avec Royal Blood puis il a été choisi pour produire le nouveau Rammstein. Il nous avait été fortement recommandé, et il s'est avéré que ce fut un choix des plus judicieux. Il a vraiment réussi à canaliser nos énergies et nous a permis de prendre la bonne direction. Je pense qu'en quelque sorte c'était utile d'avoir deux producteurs car ils avaient des références très différentes. Nous aimons ce qui est éclectiques, donc ça convient totalement à notre état d'esprit, c'est même presque logique. Au final c'est une bénédiction d'avoir pu travailler avec ces deux producteurs, cela a été très enrichissant de bénéficier de leur point de vue et de leur expérience.

Vous avez grandi dans un pays chargé d'histoire musicale, quel héritage pensez-vous en avoir retenu ?

Billy : La majorité de nos influences sont américaines, nous nous sommes toujours un peu senti comme des outsiders. Nous ne nous sommes jamais vraiment préoccupés de savoir comment on nous percevait. Ce n'est que très récemment que ça a commencé à nous intéresser. Si on considère des groupes comme Oasis, les Beatles ou les Rolling Stones, leur musique sonne comme des musiques américaines. Pour les Beatles ou les Stones, on sent clairement l'influence de Chuck Berry. Nous sommes tous les trois bien plus attirés par les sons américains comme Metallica, les Deftones, que par les groupes anglais.

Votre clip « World Stands Still » met en scène un jeune garçon fan de musique qui arbore vos couleurs, en réalité ne s'agit-il pas un peu de vous au même âge ?

Billy : Tout à fait! On souhaitait un peu se représenter nous même à l'époque. Quand j'ai réalisé ce clip j'ai absolument cherché à trouver un vrai décor, une vraie chambre de gosse avec consoles de jeux et jeux vidéo. J'ai aussi voulu faire référence à Batman Forever dans lequel il y a une séquence avec une succession de plans rapprochés ou le personnage s'habille, se regarde dans la glace, met ses gants, met son masque, ca renvoie à cette époque pré-pubère ou ce cérémonial était sublimé. Tous ces éléments vestimentaires auxquels nous attachions tant d'importance. Nous nous sentions comme des Super Héros. Personnellement, je me sens encore comme ce gamin de onze ans que je présente dans ce clip, du moins j'en ai une réelle nostalgie. Je me sens d'ailleurs aussi comme cela aujourd'hui quand je me retrouve sur la scène du Download Festival.

Vous travaillez par ailleurs tous les deux dans l'art et la communication. Quelle formation avez vous suivi ?

Will : J'ai étudié au LCC - College of Communication London.

Billy : Moi j'ai fait les Beaux-Arts de Goldsmith à Londres, et le plus drôle c'est qu'aujourd'hui je suis prof dans l'école de Will.

Comment parvenez-vous aujourd'hui à faire coexister votre carrière musicale et votre vie professionnelle ?

Will : Je suis mon propre patron. J'ai un associé, il prend le relais quand je suis absent.

Billy : C'est vrai que pour le moment la musique ne nous permet pas de gagner suffisamment notre vie. C'est délicat car ça reste compliqué de gérer ces deux aspects. A un moment il faudra choisir, et même si la musique ne m'apporte pas le même niveau de vie je m'en fou, je ne suis pas carriériste. J'ai juste besoin de payer mon loyer ma bouffe et je suis heureux !

Vous êtes en tournée depuis quelques mois. Vous alternez entre concerts en première partie, tournée solo et festivals, et vous êtes en ce moment en tournée avec Monster Magnet. C'est pour vous à nouveau une visibilité intéressante, de quelle façon cette tournée a-t-elle été organisée ?

Will : Nous avons le même Tour Manager. Ça avait un sens de tourner ensemble car nous avions joué auparavant avec eux sur pas mal de festivals, notamment le Deserfest qui est un festival stoner. Nous adorons le stoner et le doom, ce type de groupes qui sonnent comme Black Sabbath ou comme du classic rock. Mais je pense que nous souffrons un peu de tourner en première partie de Monster Magnet, car nous n'appartenons que partiellement à ce style. Le reste de notre musique est très différent et le public n'est pas nécessairement enclin à apprécier. Je vois leur réaction qui passent de "Ah super j’adore !" à "Ah, merde, ça me plait beaucoup moins", notamment quand Jock chante, il a une voix aigüe et ça dénote parfois.

A ce sujet, comment vivez-vous l'exercice spécifique que représente la performance scénique et comment pensez-vous que votre musique est perçue par le public ?

Will : Tout dépend si on est en tête d'affiche ou non. Lorsque l'on joue en première partie c'est particulier, comme pour tous les groupes je suppose, car nous ne sommes pas spécialement attendus. Nous avons fait une tournée en tête d'affiche et nous avons vraiment pris la mesure de la différence de ressenti à ce moment là. Le public est réellement là pour vous, c'est une incroyable émotion totalement différente.

Billy : Sur les festivals c'est encore autre chose, car vous ne savez pas vraiment la proportion de personne qui sont là pour vous. Globalement que l'on joue en première partie de Monster Magnet, Kvelertak ou King810, j'apprécie le fait de voir des gens adorer ou détester car c'est évident que l'on ne peut pas être appréciés de tous. Susciter une émotion quelle qu'elle soit me convient bien d'ailleurs.

Vous vous défendez d'être le fruit de vos influences. Est-ce qu'un groupe français vous a inspiré également ?

Will : On connait mal la scène française, mais mon groupe français préféré est Mars Red Sky ! Je les ai vus sur un festival au Texas. Nous étions très peu nombreux, peut-être six personnes dans le public. Ils sont venus me voir après le concert car je portais un T-shirt de Sleep. J'ai d'ailleurs fait écouter à Jock ensuite, ils ont des riffs incroyables et ils chantent haut perché également, il a trouvé ça formidable. Au plaisir de les recroiser un jour en France ou ailleurs !

Propos recueillis par P. Cremin – Photos Georgia Rawson