LES NUITS DE L'ALLIGATOR à LA MAROQUINERIE (75)
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Ecrit par Yann Charles |
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samedi, 09 février 2019
LES
NUITS DE L’ALLIGATOR
MUDDY GURDY –
ANN O’ARO – JP BIMENI & THE BLACK
BELTS
LA MAROQUINERIE
– PARIS (75)
Le 3 février
2019
https://www.nuitsdelalligator.com/
http://www.hypnotic-wheels.com/
https://www.facebook.com/Ann-Oaro-1406292983013326/
https://www.facebook.com/J.P.Bimeni/
Retrouvez toutes les
photos de Yann Charles sur https://www.flickr.com/photos/isayann/albums
Remerciements: Isabelle et Barbara (BIPcom), La Maroquinerie.
En ce début de mois de février revient comme
chaque année à La Maroquinerie à
Paris, mais aussi dans plusieurs villes de France, l'incontournable
festival de ce début d'année, « Les
Nuits de L'Alligator ». Tous les ans, c'est un festival qui
fait la part belle aux découvertes musicales en tous genres,
tournant autour du blues généralement, mais qui
n'hésite pas à s'ouvrir vers d'autres
expressions. Et bien entendu, comme désormais depuis
plusieurs années, Zicazic est fidèle
à ce rendez-vous.
Pour débuter cette édition 2019, les
programmateurs n'ont pas dérogé à
leurs règles, c'est à dire nous faire
découvrir de nouveaux talents, mais aussi de nouvelles
cultures lointaines … ou pas. Pour débuter c'est
un groupe français qui foule les planches de la salle, Muddy
Gurdy. Un nom étonnant pour un trio tout droit venu
d'Auvergne.
Un trio où l'on retrouve la sympathique et fort talentueuse
Tia Gouttebel au chant et à la guitare. Un trio
là aussi atypique s'il en est car c'est
accompagné seulement d'une batterie et d'une vielle
à roue qu'ils nous offrent une balade à travers
un blues roots, racé et efficace. Un son qui sent le
Mississipi, mais aussi la campagne auvergnate et ses traditions
à travers cette sonorité très
particulière qu'apporte cette vielle. Instrument qui a
étonné autant qu'attiré des artistes
comme Cedric Burnside qui a participé à leur
album, et que l'on retrouvera sur ce Festival des Nuits de L'Alligator.
Un trio français, un album sorti sur un label
américain, voilà pourquoi il vous faut les
découvrir le plus rapidement possible.
L'artiste qui est venue prendre place sur la scène pour ce
second concert m'a laissé sur un sentiment
mitigé. Ann O'Aro est venu nous présenter le
maloya, le blues de La Réunion. Effectivement dans les
sonorités, dans l'intensité qu'elle a de nous
déclamer ces textes en Créole, on sent bien qu'il
y a eu de la souffrance, beaucoup de souffrance. Elle affronte aux
travers de ses chansons un passé violent, atroce, que
personne ne souhaiterait vivre. Intense, bouleversante, Ann O'Aro a
extériorisé ses démons au travers
d'une musique minimaliste. Peut-être trop minimaliste, et
donc très difficile à aborder. D'où ce
sentiment.
Et pour conclure cette belle soirée, c'est JP Bimeni
& The Black Belts qui viennent nous offrir un moment qui
restera inoubliable. Il faut d'abord présenter le
personnage. Il est un descendant de la famille royale du Burundi et a
échappé à plusieurs tentatives
d'attentat et d'empoisonnements. Parti en Angleterre, c'est dans la
musique et plus particulièrement dans la soul qu'il se fera
connaître. Une soul digne des plus belles productions de Stax
ou de la Motown. Ça sent bon les cuivres, la guitare vous
résonne délicatement dans les oreilles et la voix
du bonhomme fait merveille. Des petites incursions vers le funk, et
bien entendu toujours en fond ce petit côté
rhythm’n’blues qui n’est pas sans
rappeler Otis Redding. Un album et une musique pleine de chaleur qui
sont en contraste avec les paroles poignantes de certains des titres
qui dénoncent la misère et tout ce qu'elle peut
engendrer. Mais avec un sourire, une joie et une bonne humeur qui ne
laisse personne indifférent.
Un grand moment et une superbe découverte. Le festival
continue, et de nouvelles belles soirées nous attendent.
Yann Charles –
février 2019
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