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DON BRYANT & THE BO-KEYS à MONTIGNY LE BRETONNEUX (78)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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jeudi, 10 janvier 2019
DON
BRYANT & THE BO-KEYS
SALLE JACQUES BREL
– MONTIGNY LE BRETONNEUX (78)
Le 27 novembre 2018
https://www.fatpossum.com/artists/don-bryant/
Remerciements à Jean-Hervé Michel et Nueva Onda
Productions
Je dois avouer que ça fait un sacré bout de temps
que je n'avais pas assisté à un concert aussi
détonnant et coloré que celui-ci. Le
vétéran Don Bryant, 74 printemps au compteur,
nous ramène sans nostalgie aucune à une
époque où le mot soul désignait
quelque chose de plus que la musique. Ou comment faire vibrer
d'emblée avec des thèmes, des
sonorités, des accords, des parfums de Stax, avec une Voix
qu'on a l’impression d'avoir déjà
entendue … Voix de velours, voix
écorchée, sons de gospel, de blues, de soul.
Ses accompagnateurs, les Bo-Keys, ont su écouter leurs
ainés ou en ont fait partie, à l'instar de Scott
Bomar, bassiste de Rufus Thomas et d'Eddie Floyd, ou encore Archie
‘‘Hubby’’ Turner, organiste
d’Al Greene ! Au fait, monsieur Bryant (un peu de respect)
est le compositeur de « I Can't Stand The Rain »
d’Ann Peebles, popularisé bien plus tard par la
reprise de Tina Turner, et de « I Got To Know (Yes You Do)
», premier titre composé pour les Five Royales en
1960 dont le guitariste Lowman Pauling a grandement
influencé, entre autres, Steve Cropper.
Malgré une foultitude de tubes pour les uns et les autres
(on citera Solomon Burke, Albert King, Etta James ou Otis Clay) chez
Hi-Records où il fait carrière aux
côtés du producteur Willie Mitchell, celui qui
deviendra le compositeur principal et finalement le mari de la
regrettée Ann Peebles n'avait pas enregistré de
disque de musique profane depuis plus de quarante-huit ans. «
Don't Give Up On Love » est son second album, sorti chez Fat
Possum cette fois-ci, mais ça valait le coup d'attendre pour
sûr !
Et c'est en concert que son talent prend toute sa dimension, sachant
satisfaire par sa musicalité entrainante et dansante. Avec
les Bo-Keys, l’ensemble fonctionne à merveille,
entre des titres très accrocheurs ou carrément
funky, une reprise musclée (« A Nickel And A Nail
» d' O.V.Wright), un hymne à l’amour (le
titre éponyme), une conversation avec
l’au-delà (« How Do I Get There?
»), seul single issu de l'album, ou des ballades pleines de
lucidité, et bien sûr des tubes en puissances
comme « It Was Jealousy » ou « First You
Cry ». Le chanteur n’a pas perdu de sa puissance et
de son exaltation et démontre d’emblée
que ses années de chorale gospel n’ont pas
été vaines.
Et que dire des cuivres ! Toujours placés au
millimètres près, répondant
à l'orgue façon église, là
où il faut, le tout pour emmener le chanteur un peu plus
haut, vers plus de mordant et d’émotion. La
section rythmique accuse la lascivité
caractéristique de la soul sudiste grand teint, tandis que
la guitare échoit à un certain Joe Restivo, bien
loin d'être manchot.
Comme si le temps s’était
arrêté, un dimanche matin ensoleillé de
printemps, sous le porche d'une église de Memphis,
Tennessee, les cœurs se déplient et se rassemblent
sous une même foi, celle d' un petit miracle nommé
Soul ! Car Don Bryant prêche véritablement comme
le faisait ce cher Reverend Al Green. Il sait muter, transcender, avec
son corps comme avec sa voix. Il sait apprivoiser, mettre du velours
pour arrondir les angles. Il sait amadouer. Mais la souffrance est
là, aussi, prégnante et elle le met parfois
à genoux.
L'élégant Don Bryant (il changera trois fois de
costume sur scène) est aussi là pour charmer, et
la scène joue certainement son rôle galvaniseur.
Il s'amuse véritablement à partager cette joie de
vivre avec un public qui finira conquis. Il y eut un homme debout, qui
envoya, à plusieurs reprises, tout son amour, sous forme de
baisers nullement feints, à une assistance
déchaînée et ravie, dont plusieurs
vinrent l'étreindre chaleureusement à la fin du
concert ...
Fred Hamelin –
janvier 2019
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