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SUGARAY RAYFORD au STUDIO DE L’ERMITAGE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
mardi, 08 janvier 2019
 

SUGARAY RAYFORD
STUDIO DE L’ERMITAGE – PARIS (75)
Le 16 novembre 2018


https://sugarayrayford.com/

Remerciements à Jean-Hervé Michel et Nueva Onda Productions

Attention, on a affaire à un poids lourd, et je ne parle pas spécialement de physique mais plutôt de musique. Dans le genre hybride mêlant rhythm'n’blues, soul et funk, le géant Sugaray Rayford fait figure d'outsider avec lequel il va falloir bientôt immanquablement compter.

Si l’homme en impose visuellement, il est aussi impressionnant par sa puissance vocale hors du commun qui propage une énergie palpable dans tous les recoins de l’auditoire. Originaire du Texas, Caron Nimoy ‘‘Sugaray’’ Rayford est élevé par sa grand-mère avant de rejoindre à douze ans la Californie, qu’il ne quittera plus. Il devient la coqueluche des stars de Los Angeles avec son groupe Aunt Kizzy’z Boys, stars qui font ainsi la queue pour jammer avec lui sur scène – des personnalités aussi variées que Joe Louis Walker, Dennis Quaid, Slash … Un premier album, « Blind Alley », sur lequel Al Kooper lui écrira deux titres, est unanimement salué par la presse en 2010, ce qui lui permet de rejoindre le combo All Stars californien Mannish Boys et de devenir le poulain du label Delta Groove Productions.

Le succès est définitivement au rendez-vous lorsque les titres de Sugaray commencent à apparaitre dans des séries TV comme « True Blood », ou qu'en 2012, entre deux tournées européennes, Sugaray rejoint la troupe du célèbre spectacle « Ain’t Nothing But The Blues » – un classique du Music-Hall américain – à Portland. Quelques mois plus tôt, il refusait le rôle de Howlin’ Wolf pour un show à Broadway, afin de pouvoir faire ses premiers pas en France.

Ecumant depuis les festivals de Blues du Sud de la France comme celui de Cahors ou du Buis, l'homme ne s'était jamais produit dans la Capitale. Chose faite ce soir-là au Studio de l'Ermitage, à Belleville, devant un public malgré tout assez épars. Entouré par ailleurs de musiciens plus qu'aguerris, la Italian Royal Family qui regroupe une section rythmique imparable (Allan Markel, nominé plusieurs fois pour « The Muddy Waters Award for Bass Player of the Year », et l'ex batteur de Little Milton et Lucky Peterson, Lavell Jones), et une section cuivres des plus rassurantes (et britannique !) constituée du trompettiste Giles Straw (Amy Winehouse, Lilly Allen, et Cliff Richard) et du saxophoniste Aaron Liddard (Steve Cropper, Elliott Randall, ou encore Maceo Parker).

S'ajoute aux claviers le vétéran Drake ‘‘Munkihead’’ Shining - près de quarante ans d'expérience hétéroclite et qu'on a retrouvé aussi bien aux cotés de Deep Purple que d'Al Greene - ; et l' excellent et photogénique guitariste californien Alastair Greene pour une touche west-coast ensoleillée, qui avec son band a ouvert régulièrement ses dernières années pour le gratin du blues (The Fabulous Thunderbirds, Robin Trower, John Mayall & The Bluesbreakers, Lonnie Brooks, Chris Thomas King, Lucky Peterson, Jonny Lang, Billy Boy Arnold, Joe Bonamassa, pour ne citer qu'eux).

C'est un septuor donc qui apportera chaleur et ferveur aux mélodies, pour un concert démontrant le talent imparable de Sugaray, et s'articulant autour de sa bonne humeur, ses touches d'humour, ses pas de danse enflammés et qui finit par conquérir un public au départ curieux et qui finalement laissera déborder son enthousiasme. Un concert magique !!! Doté d'une voix assurément chaude et puissante qui peut rappeler Otis Redding ou Solomon Burke, il est à l'aise autant sur des chansons au tempo rapide telles que « Take Me Back » et « What Do We Own » que sur des titres plus lents comme « Keep Moving » et « Dig A Little Deeper » avec son intro à la trompette. Il se rapproche même de James Brown dans un style funky du plus bel effet avec « Ain't Got No Business To Die » et « The Boogey Man ». Cela rappelle la soul de Memphis ou des chanteurs plus récents tels que Lee Fields et James Hunter.

Le blues, il le vit, il le respire. Et on tient le vrai truc, puissant et organique, à dix mille lieues des productions actuelles, on n'a pas peur du pain, de la fausse note, seule compte la performance, le feeling. Capable du blues le plus noir et triste autant que de boogies endiablés et salés en passant par un registre incroyablement décontracté, typique du Sud, Sugaray Rayford navigue entre ces trois pôles tout au long de ce live, le maître forgeant son style mais ne le déroulant pas encore de façon mécanique. Exceptionnelle performance donc et, vu la rareté de l'artiste dans la capitale, on aurait tort de se priver de son prochain passage.

Fred Hamelin – janvier 2019