Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 25 novembre 2018
From Nubia to Cairo
(Piranha Records
– Differ-Ant – 2018)
Durée
53’03 – 7 Titres
http://www.piranha.de/piranha/ali_hassan_kuban
Natif de Nubie, Ali Hassan Kuban est un musicien autodidacte qui a
évolué au sein de différentes
formations et avec différents instruments
jusqu’à ce qu’il obtienne la
reconnaissance mondiale qu’il méritait en devenant
professionnel, nous étions alors dans les années
80. Entre temps, l’artiste avait dû quitter son
village, englouti par le Lac Nasser comme une grande partie de la Nubie
lors de la construction du barrage d’Assouan.
Considéré comme le parrain de la soul nubienne,
Kuban réalisera ses plus beaux enregistrements au Caire, en
s’entourant d’un orchestre tout entier et en
plaçant un unique micro au milieu de la pièce
pour capturer toute l’énergie et surtout les plus
beaux détails d’une musique qui ne savait pas
encore qu’on la taxerait de « world » un
jour. Disparu en 2001, Ali Hassan Kuban reste encore et toujours une
référence en matière de musique noire
égyptienne et c’est une fois encore un hommage qui
lui est rendu au travers de ce nouvel album qui fait également
office de témoignage d’un art qui se
raréfie en même temps qu’une population
qui n’a plus de terre où conserver ses racines. On
retrouvera au travers de ces sept morceaux des sonorités
étonnamment modernes dans lesquelles les instruments
traditionnels sont rejoints par des instruments contemporains et
c’est entre folklore nubien et soul basique que
l’on cheminera, ressentant au passage toutes les
caractéristiques d’un blues primo-africain avec
ses riffs répétitifs et ses longues incantations
tantôt plaintives, tantôt porteuses
d’espoirs. Témoignage pour
l’éternité d’une culture en
voie d’extinction, « From Nubia To Cairo
» est un trait d’union imaginaire entre le temple
de Philae et les pyramides de Gizeh mais aussi une véritable
ouverture vers le monde au sens le plus large du terme, un monde avide
de l’Egypte et de sa culture, ou plutôt de ses
cultures, toutes ses cultures. L’écoute de
« Om Schar Asmar Medaffar », « Mabruk
» ou encore « Nouba » ne laissera
personne indifférent, ni les mélomanes, ni les
ethnologues, ni même les simples amateurs de
mélodies un peu curieux. Qu’on se le dise !
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