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FESTIVAL SOBLUES au MANS (72)
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Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 18 novembre 2018
SOBLUES 2018
SOBLUES
FESTIVAL
LES SAULNIERES
– LE MANS (72)
Les 16 et 17 novembre 2018
http://europajazz.fr
C’est toujours avec le même plaisir que
l’on retrouve l’équipe de Soblues pour
une nouvelle édition d’un festival qui avance
encore et toujours dans le bon sens avec une programmation
éclectique et de qualité. Après deux
soirées très réussies avec Bill
Deraime qui affichait complet mercredi aux Saulnières puis
avec l’Acoustic Mississippi Blues Summit qui faisait lui
aussi un beau score jeudi soir, nous entrons donc dans la seconde
partie du festival avec deux soirées de plus qui vont, on
n’en doute pas un instant, tenir leurs promesses !
Vendredi 16 novembre :
Il est un peu plus de 18 heures 30 quand Elefent vient lancer cette
tradition des plus intéressantes qu’est
l’apéro blues, un concert en solo dans le hall des
Saulnières pendant lequel les spectateurs peuvent boire un
verre ou déguster une assiette gastronomique
préparée avec beaucoup de soin …
Elefent nous avait déjà fait forte impression
lors de son passage au Tremplin des RDV de l’Erdre cet
été ,et si on l’avait trouvé
un peu perdu tout seul sur cette grande scène à
l’époque, c’est cette fois sur un espace
de convivialité bien plus adapté qu’on
le retrouve, Weissenborn posé sur les genoux, pour un
concert plus en phase avec ses immenses qualités. La voix
chaude et solide, le jeu fin et racé, le jeune homme va nous
régaler de ses glissades toujours très
maitrisées sur sa guitare hawaiienne et c’est une
assistance conquise qui l’acclamera à sa juste
valeur à la fin d’une prestation de
très bonne facture. Retenez bien ce nom, Elefent fait partie
de cette jeune génération de bluesmen dont on
n’a pas fini de parler !
On entre maintenant dans la salle et si les fauteuils ne sont pas
totalement garnis, Ella/Foy ne va pas se démonter pour
autant et va même nous offrir un excellent concert
très apprécié des spectateurs. Il faut
dire que les lauréats du prix « Europajazz
– Soblues » au Tremplin des RDV de
l’Erdre ne vont pas lésiner sur la
qualité en nous présentant un show
particulièrement bien pensé avec au centre de la
scène une solide base contrebasse / guitare –
chant assurée par Romain et Hélène, et
sur les côtés une véritable
pépite sonore emballant le tout avec Braka aux percussions
– claviers – trombone et Bruno aux harmonicas. Elle
a de l’allure cette formation, d’autant que si la
voix est superbe et la musicalité très
recherchée, Ella/Foy n’hésite jamais
à établir le contact avec les spectateurs en lui
adressant quelques mots, quelques explications … Autant de
choses qui ajoutent encore un peu de chaleur à un spectacle
qui n’en manque pourtant pas !
Brossant un tableau quasiment cinématographique, le quartet
va nous entrainer dans des aventures qui seront tour à tour
sous-marines, terrestres et aériennes, le tout
saupoudré de petits détails qui font penser
à des artistes comme Ayo, Yael Naim ou encore Kimberose.
Soul, folk et pop, l’univers du quartet est
particulièrement attachant et il ne faudra pas beaucoup de
temps pour que la salle y pénètre, trouvant un
temps refuge à San Francisco avant de finalement suivre le
groupe très loin et sans opposer la moindre
résistance. On n’a pas forcément
l’habitude de voir un groupe de première partie
recevoir un tel accueil et il faut bien reconnaitre qu’en
évoluant un pied dans la marge du blues au sens propre du
terme, Ella/Foy a réussi à remporter la partie et
à se mettre tout le monde dans la poche. Voilà
une formation à la palette très large que
l’on reverra dans toutes sortes de festivals, et pas
forcément estampillés blues. Quelle voix !
Le temps de l’entracte et l’on en arrive
déjà à la mouture 2018 du New Blues
Generation Tour, cinquième du nom, qui réunit
cette année la plantureuse Annika Chambers au chant et le
jeune Jamiah Rogers aux guitares. Mystère de la
scène blues américaine contemporaine,
c’est en changeant une corde, ou du moins en essayant de le
faire, que le guitariste montera sur scène pour entamer son
concert, se mettant du même coup un peu de stress
supplémentaire et mettant surtout le groupe entier sous
pression puisque chacun essaiera de lui laisser un peu de
répit pour qu’il finisse par y arriver au bout de
deux ou trois titres. La chose étant faite, c’est
un jeune virtuose que l’on va enfin pouvoir
découvrir, un artiste adoubé récemment
par un certain Buddy Guy qui va venir emballer de fort belle
manière une première partie de show
dédiée à la voix très
charnue d’Annika Chambers, une jeune femme formée
dans les chœurs de gospel puis passée avec une
certaine fortune, comme nombre d’autres, au blues et au
rhythm’n’blues.
Bientôt repartie vers sa loge, la chanteuse laissera tout
l’espace à Jamiah Rogers qui ne va pas manquer de
l’utiliser à bon escient, même
s’il a parfois un peu tendance à trop en faire en
se présentant comme un des descendants de Stevie Ray Vaughan
ou de Jimi Hendrix et en nous servant des versions un peu
dégoulinantes de « The Sky Is Crying »
ou encore de « Hey Joe » où il nous
gratifiera d’un solo avec les dents … Fort
heureusement bien faite et bien présentée, la
prestation du jeune showman sera formidablement bien
encadrée par une section rythmique impeccable et par des
claviers dosés à la perfection et c’est
avec un réel plaisir que l’on retrouvera Annika
Chambers pour un superbe final dans lequel on découvrira,
réunis en un seul et même morceau, les fameux
« Hoochie Coochie Man » et «
I’m A Woman » qui permettront aux âmes de
Muddy Waters et de Koko Taylor de se retrouver virtuellement pour un
instant. La salle est sous le charme !
Soblues a l’art de nous proposer chaque année des
soirées très réussies et une fois
encore, le festival a tenu toutes ses promesses … Reste
maintenant à aller prendre un peu de repos en croisant les
doigts pour que le blocage routier programmé pour demain par
les « gilets jaunes » ne vienne pas perturber un
final dont on attend déjà beaucoup
!
Samedi 17 novembre :
La rocade du Mans bloquée par les manifestants
n’empêchera pas le public
d’être là de bonne heure pour assister
à la conférence sur l’harmonica
proposée par Christophe Mourot assisté par un
expert de l’instrument, Thomas Troussier. Les deux hommes
vont ainsi nous accompagner entre diapositives et
démonstrations dans la découverte du ruine
babines et de ses héros avec à la clef quelques
anecdotes croustillantes, quelques beaux traits d’humour et
même un duo improbable quand Christophe et Thomas finiront
leur présentation par un morceau joué en commun.
Une belle expérience et un petit coup de chaud pour notre
ami rédacteur à Soul Bag qui s’est fait
quelques frayeurs lors des balances l’après-midi,
heureusement très vite oubliées devant une
assistance plus que conséquente.
On entre maintenant dans la salle et on y retrouve Alex de Vree et
Erwan Le Fichant pour un duo des plus intéressants au cours
duquel les deux garçons vont nous faire découvrir
leur propre vision du blues au travers de quelques adaptations pas
piquées des vers. Les deux guitares très
assurées magnifient parfaitement la voix
irrésistible d’Alex et c’est un public
médusé qui va littéralement boire les
morceaux proposés par deux artistes à mettre sur
le dessus du panier de la scène blues nationale.
De la slide, des arpèges, de beaux riffs et un set
finalement très équilibré finiront de
mettre la salle en éveil pour qu’elle sache se
montrer réceptive à la prestation
qu’allaient ensuite leur proposer un Chicago Blues Festival
engageant, déjà sur le papier tout du moins. Un
rappel plus que mérité viendra finalement saluer
la prestation d’Alex et Erwan et c’est sous les
applaudissements de l’assistance que les deux bluesmen
rejoindront le hall pour aller serrer de nombreuses mains et signer au
moins autant d’autographes. Quand on vous dite que la
scène française et un véritable vivier
de jeune talents !!
On en arrive à la dernière formation
programmée à ce 8ème Soblues, et ce
n’est rien de moins que la 49ème
tournée du Chicago Blues Festival qui s’y colle,
avec en premier lieu Mike Wheeler et son band qui montent sur les
planches pour un début de set explosif durant lequel chacun
y ira de son solo personnel, un gimmick certes un peu
éculé mais qui fonctionne à merveille
sur un public qui se régale de voir entre autres un bassiste
monté sur ressorts et un batteur branché sur du
380 Volts. Regardant sa montre dès la fin du
deuxième morceau, Mike Wheeler ne tardera pas à
annoncer l’arrivée sur scène de la
délicieuse Peaches Staten qui à son tour mettra
le feu aux Saulnières en envoyant quelques belles
pièces qui prennent l’allure de
véritables missiles qui s’écrasent au
beau milieu des gradins ! Les musiciens prennent du plaisir,
ça se voit, ça s’entend, et
c’est en plus assez contagieux puisque dans la salle,
ça réagit au quart de poil !
Il faudra pourtant attendre l’arrivée
d’Omar Coleman pour que la salle se mette vraiment
à bouillir et si l’on regrettera un peu que
l’harmoniciste ait un peu été en
retrait sur son instrument et plutôt en phase dans son
rôle d’entertainer, c’est une fin de set
étourdissante que le Chicago Blues Festival nous
délivrera, revenant finalement pour un rappel syndical
durant lequel il fera enfin lever la salle et nous servira, on vous le
donne en mille, un medley réunissant « Sweet Home
Chicago » et « The Blues Is Alright »
!
Un dernier tour dans le hall où ça
dédicace à tout va, un retour vers
l’hôtel au milieu des brazeros des gilets jaunes
qui ont l’air de bien ressentir le froid qui picote en ce
milieu de nuit, et après quelques heures
d’un sommeil réparateur, il faudra se
résoudre à quitter Soblues pour rejoindre
l’Ile de France par les Nationales et
Départementales, les entrées
d’Autoroute étant bloquées sur toutes
les Autoroutes autour du Mans … On gardera surtout en
mémoire plein de bons souvenirs de cette cuvée
2018 et on ne remerciera jamais assez toute
l’équipe de l’Europajazz pour son
formidable travail de fond autour du jazz bien entendu, mais aussi du
blues !
Fred Delforge
– novembre 2018
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