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BRISA ROCHE au CAFE DE LA DANSE (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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jeudi, 01 novembre 2018
BRISA
ROCHE
CAFE DE LA DANSE
– PARIS (75)
Le 3 octobre 2018
http://www.brisaroche.com/
Remerciement à Marion Pacé et Ephélide
Promotion Agency
Pour la fille aux yeux d'esquimau et aux cheveux en bataille, on
n'hésitera pas à faire le déplacement,
et cette fois ci dans un Café de la Danse plein à
craquer ... Bien trop méconnue d’un large public,
il est à peu près certain que vous avez
déjà entendu la voix si particulière
de la demoiselle (ne serait-ce que dans certaines
publicités).
On a découvert son timbre unique tournoyer avec les volutes
des sous-sols de différents clubs de Jazz de la capitale au
début des années 2000. Elle a ensuite
publié un excellent « The Chase », un
opus aux accents jazzy pourtant clairement plus rock. De
découvertes en rencontres, elle a par la suite
emprunté des chemins plus pop, en travaillant notamment avec
Henry Hirsh (Lenny Kravitz, Vanessa Paradis) et Nick Zimmer sur
« Takes », puis d’autres clairement
electro avec Marc Collin, BlackJoy et Thibaut Barbillon sur «
Invisible 1 ». Parallèlement, elle s’est
frottée aux rythmes reggae avec Winston McAnuff, et
s’est prêtée à
l’exercice de la reprise, en trio cette fois ci, aux
côtés de Rosemary Standley notamment. Elle a
également participé à la bande
originale du film de Jalil Lespert consacré à
Yves Saint Laurent, et fait swinguer quelques airs new wave avec le
collectif « Nouvelle Vague ». En vrai, le parcours
de Brisa Roché est tout sauf rectiligne, ennuyeux et
tracé d’avance.
La Californienne Brisa Roché perpétue ainsi son
envie de proposer des univers tous plus différents les uns
que les autres et pour « Father », son
sixième album, elle décide cette fois ci de
naviguer clairement en Americana au sein d’une folk
minimaliste. La voix pourrait même être prise comme
le principal instrument -du moins celui se faisant le plus puissant -
les instruments eux-mêmes sachant aussi se faire
présents, néanmoins tout en
légèreté. Une folk
dépouillée que la chanteuse livre
aujourd’hui au Café de la Danse avec la
quasi-intégralité du bien-nommé
« Father », un opus éminemment personnel
où l’artiste fait la preuve par trois de sa
singularité, sans jamais tomber dans les affres de
l’autocentrisme. C’est d'ailleurs avec John Parish
qu’elle a avancé sur ce projet,
l’artisan de « To Bring You My Love » de
PJ Harvey, autre icône instinctive. Elle y conte cette figure
paternelle à la fois fascinante et terrifiante, et explore
la complexité des émotions et sentiments
qu'enfant, elle a pu ressentir pour ce père. Sans en
être réellement un album souvenir, cet opus est
plus la symbolique d'un deuil pas tout à fait
accepté.
Entourée pour l'occasion d'un batteur et guitariste discret
et du bassiste Jeff Hallam, alter-égo de Dominique A, elle
déploie une palette d'émotions
éclectiques. Des ballades élégantes et
nostalgiques dont le tube en puissance « 48 » ou le
plus discret « Engine Off », à l'
orageux manifeste « Fuck My Love » sur une batterie
tambourinée et une guitare sèche agressive, Brisa
Roché s'amuse des sentiments du spectateur en lui offrant un
univers coloré sur une histoire et une ambiance
particulière, celle du père absent,
poète, cocaïnomane et dealer. Celui dont elle a
recherché en vain l'amour. Un spectacle (il faut le dire)
qui donne la part belle à une mélancolie
enivrante, mais où on croise également des
séquences plus gaies et plus légères
qui parfois font sourire, en priorité l'artiste
elle-même.
Brisa Roché est certes une artiste difficile à
suivre, et à cadrer, qui navigue à l'instinct et
au gré de ses envies. Finies les ambiances festives, la
demoiselle choisit d’opter pour une ambiance plus
posée et intimiste avec ces morceaux pour le moins
introspectifs et vulnérables. Elle troque les
sonorités rythmées pour des chansons fragiles et
minimalistes. Et l’interprétation y gagne une
réelle richesse, tant elle assoit une véritable
intimité avec son auditeur. Et ceci par une
honnêteté rare. Je ne vous inciterais que trop,
donc, à la découvrir par ce dernier opus.
Fred Hamelin –
octobre 2018
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