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HAMBURG BLUES NIGHTS (ALLEMAGNE) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 28 octobre 2018
 

Hamburg Blues Nights 2018 HAMBURG BLUES NIGHTS
SASSEL-HAUS – HAMBOURG (Allemagne)
Les 26 et 27 octobre 2018

http://www.hamburg-blues-nights.de

Comment résister à l’appel de nos amis Allemands, ceux-là même qui organisent le fameux Eu tin Blues est au printemps chaque année, surtout quand deux soirées durant ils vont s’attacher à proposer une affiche originale et quelque peu inédite ? C’est donc après une heure trente de vol que l’on se retrouve dans le Nord de l’Allemagne, sous une pluie fine mais pénétrante qui fait défaut dans l’hexagone depuis bien trop longtemps … Pas le temps de se poser, on salue juste les amis de longue date et on entre directement dans le vif du sujet avec pas moins de trois groupes pour cette première soirée.

Vendredi 26 octobre :

On commence donc ces 6èmes Hamburg Blues Night avec un groupe allemand, The Chilkats, qui va venir nous servir un blues à l’ancienne, en quartet et avec un harmoniciste qui apporte un petit côté Chicago à l’ensemble. Finaliste du German Blues Challenge en 2018, le combo ne manque pas de talent et il va s’efforcer de le partager avec une assistance encore un peu trop clairsemée qui appréciera toutefois de se voir emmener dans des classiques comme « Got My Mojo Working » qui la pousse à participer. Une guitare qui ne manque pas de grain, une contrebasse qui accentue le côté vintage du groupe et un gros son bien rond pour emmener le tout, les retardataires ont eu tort, c’est à 19 heures qu’il fallait arriver ce soir car il y avait du gros calibre dès le départ. Et The Chilkats ne vont pas s’y tromper en envoyant le bois comme s’ils se produisaient devant 10.000 personnes ! On appelle ça la classe et il n’y a pas à discuter là-dessus, les Allemands en ont eu ce soir, tellement qu’ils finiront leur set ave un superbe et énergique « Caldonia » venu de très loin derrière les amplis ! Une heure trente de show qui passe sans le moindre temps mort, c’est le signe d’un groupe de qualité !

On embarque maintenant avec un quintet tiraillé entre l’Angleterre et l’Allemagne avec un leader londonien de grand talent, Steve Baker, et son band qui va venir nous servir un set entre country, folk, blues et rock. Bien décidé à nous présenter l’Amérique dans tous ses états, le combo va nous faire l’honneur de quelques reprises bien senties, qu’elles soient de Dr. John ou encore de Taylor Swift, et c’est emmené par un chanteur et harmoniciste plein de sensibilité que le groupe va dérouler un set équilibré, pas forcément le plus blues du monde, mais un set qui parviendra à faire entrer le public dans un trip dont il aurait été dommage de se priver. Pas de temps mort, des titres lents et d’autres plus nerveux, un travail de tous les instants sur les harmonies vocales et quelques approches du côté de la soul et du gospel finiront de mettre tout le monde d’accord au sujet d’un groupe qui aura su préparer le terrain pour un final qui s’annonce plus que sérieux avec le James Armstrong Band. Originales et pointues dans leur programmation, les Hamburg Blues Nights n’en finissent plus de grimper dans la cote des soirées blues européennes !    

La soixantaine fringante, c’est par la salle que James Armstrong viendra prendre possession de la scène, non sans que son band dans lequel on reconnait forcément le crazy drummer français Denis Agenet ne se soit fendu d’un instrumental pour lancer le show. Que dire du show du chanteur et guitariste de Chicago si ce n’est qu’il tourne comme une mécanique bien huilée, qu’il est précis et réglé comme un coucou suisse et que de shuffles soignés en blues bien tracés, on ne s’ennuie pas un seul instant ? La rythmique solide est un plus indéniable, mais que dire alors de ces claviers qui grimpent d’eux-mêmes aux rideaux et de cette guitare qui pétille sans pour autant en faire des caisses ? James Armstrong a le blues inné et il ne manque pas de le démontrer en lançant quelques plaisanteries mais aussi en faisant de beaux hommages, à Otis Rush par exemple. On se laissera ainsi promener pendant quatre-vingt-dix minutes et plus si affinités dans un blues qui sent bon les odeurs sulfureuses de la windy city, un blues charnu et saignant comme on les aime, avec ses bons gros riffs et ses breaks bien sentis. Le public ne s’y trompe pas et répond à l’unisson d’un quartet qui va donner sans jamais compter et sans rien attendre en retour, si ce n’est un peu de la considération qu’il mérite amplement. Tout simplement irrésistible, le James Armstrong Band aura ce soir gagné la partie, et haut la main en plus, finissant même son set avec un énormissime « Don't Let The Green Grass Fool You » !  

Samedi 27 octobre :

On reprend les festivités à partir de 19 heures avec le guitariste et chanteur Dany de Vita et ses complices Jörg Danielsen à la guitare, Walter Walterson à la basse et Christoph Karas à la batterie qui vont nous proposer un blues à l’ancienne teinté d’un peu de jump et de swing. Très à son aise sur les shuffles, le quartet argentino-germanique ne va pas manquer son coup et va dérouler un set plein de vigueur mais aussi de saveur, chacun s’efforçant de donner le meilleur de lui-même pour le plus grand plaisir d’un public qui le leur rend bien en applaudissant chaque solo, chaque petite facétie dont les quatre musiciens ne sont pas avares. La voix solide et déterminée, Dany de Vita se lance dans des morceaux qui tutoient les limites du blues au sens propre du terme mais c’est bien avant la fin du spectacle que toute l’assistance sera définitivement convaincue par une formation qui méritait très largement sa place sur la scène hambourgeoise ce soir, preuve s’il en fallait encore avec le nombre de rappels qui leur aura été demandé. En bons découvreurs de talents qu’ils sont, les organisateurs de ces deux soirées ont une fois encore fait des merveilles, mais ça, personne n’en aurait douté une seconde !

Les rappels nous ont donc un peu mis en retard, mais qui s’en plaindra, et après le soundcheck du Shaun Booker Band, on entre directement dans le vif du sujet avec une chanteuse qui nous plonge dans un grand bain fait de Chicago blues, de Delta blues, de soul et de rhythm’n’blues. Superbement accompagnée par Noah Wotherspoon aux guitares, Boris Livchits à la basse et Brandon Pettiford à la batterie, la diva originaire du Mississippi va nous proposer des compositions dans lesquelles elle fait preuve d’humour, de détermination ou encore de tendresse, voire des trois à la fois comme dans le superbe « Zero Hero » tiré de son album avec Sean Carney. Immédiatement plongé dans le grand bain d’un blues de qualité, le public ne va plus arrêter de participer à la fête en applaudissant, en dansant ou encore en chantant à l’unisson d’un band qui ne fait pas semblant, loin s’en faut. Montant crescendo jusqu’à l’explosion finale survenue avec une version très soul de « Come Together », le show du Shaun Booker Band n’aura pas eu de mal à tenir toutes ses promesses, même les plus folles, et c’est à un véritable moment d’anthologie des musiques noires américaines que nous avons eu l’honneur d’assister ce soir ! Une salle en délire pour des musiciens survoltés, quand on a vécu un tel moment, on ne s’en remet jamais véritablement …

On en arrive déjà à la fin de ces 6èmes Hamburg Blues Nights avec la franco-américaine Shana Waterstown accompagnée d’un band dont la rythmique est italienne puisque l’on y retrouve Walter Cerasani à la basse et Gianpalo Feola à la batterie. Complété par Jay Cogan à la guitare, Shana et son band vont encore un peu enfoncer le clou bien engagé par Shaun Booker en nous offrant un concentré de blues, de gospel et de soul dont la chanteuse a le secret. Pas le temps de laisser retomber la pression, c’est en reprenant très vite le fameux « Hallelujah I Love Her So » de Ray Charles que Shana Waterstown et son band vont ranger les spectateurs derrière eux et c’est entre des parties de guitares très lumineuses et une voix totalement délicieuse qu’ils vont parvenir à faire bouger encore un peu une assistance que l’on aurait pourtant pu penser comblée après tant de bonnes choses déjà proposées au cours de la soirée. Si quelques spectateurs sont déjà repartis, malgré un passage à l’heure d’hiver qui nous offrira une heure de sommeil supplémentaire, ceux qui sont restés se régaleront d’une reprise intéressante de « The Thrill Is Gone » et plus généralement d’un show bien construit qui nous emmènera jusque très haut sur l’échelle qualitative du blues. Une fois encore, c’est un grand moment de blues que nous aurons eu l’occasion de savourer ce soir avec Shana et son band !

L’heure est venue de prendre congé de nos amis allemands et c’est les yeux pleins de souvenirs et la tête pleine d’étoile que nous rejoindrons l’hôtel pour y profiter du sommeil du juste … La combinaison heure d’été et vol en début d’après-midi nous permettra même de prévoir un semblant de grasse matinée, que demander de mieux après un tel week-end passé en bonne compagnie ? D’autant plus que l’on remettra ça la semaine prochaine pour un autre festival de blues, mais dans le nord du Danemark cette fois ! Une affaire à suivre donc …

Fred Delforge – octobre 2018