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BLUESFEST EUTIN (ALLEMAGNE)
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Ecrit par Fred Delforge |
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mardi, 22 mai 2018
Eutin 2018
BLUESFEST
EUTIN
MARKTPLATZ –
EUTIN (ALLEMAGNE)
Du 18 au 21 mai 2018
http://www.bluesfest-eutin.de
Ecoutez les concerts en
direct sur http://player1.rockradio.de
Le voyage pour Eutin est parfois marqué par quelques
péripéties, souvent aéroportuaires,
mais quand tout s’emballe dès le matin et
qu’il faut deux heures pour rejoindre Roissy à
cause d’un affaissement sur le viaduc de Gennevilliers, que
l’avion qui doit vous conduire à Amsterdam prend
d’entrée une heure de retard et que le suivant
vous attend tant bien que mal pour rejoindre Hambourg, que la route
pour Eutin vous rejoue la sérénade de
l’embouteillage monstre en triplant le temps de transfert
… vous arrivez sur place en manquant à minima la
première moitié de la première
journée de festival ! On fera donc l’impasse, bien
involontairement, sur le premier one man band du jour et le temps de
saluer les nombreux amis présents, on se retrouvera un peu
à l’arrache sur le devant de la scène,
l’air un peu crevé et l’appareil photo
pas trop bien réglé …

Vendredi 18 mai 2018 :
Nous avons donc enfin fini par arriver sur la Marktplatz pour assister
à la fin de la prestation des Danois de Big O & The
Blue Quarters qui ont réussi à attirer la foule
et à la faire bouger avec leur blues teinté de
rock old school et de jump. Une bonne nouvelle puisque le temps un peu
frisquet n’est pas des plus engageants pour le public. Mais
c’est sans compter sur un véritable engouement
pour le blues entretenu auprès de la population locale
depuis 29 éditions d’un festival qui est devenu un
classique européen ! Un groupe qui ne se prend pas au
sérieux mais qui assure, quelques solos
décochés à la perfection, un habile
mélange de compositions et de classiques de leurs idoles, le
quintet aura réussi à nous convaincre en
très peu de temps et à nous donner envie
d’en découvrir plus dès que
l’occasion se représentera …

Le temps de passer au Café Klausberger se restaurer et
regarder les peintures de notre amie Danuta Matysik du magazine
Twój Blues et il est déjà temps de
retrouver Josh Miller, le chanteur et guitariste de Cocoa Beach en
Floride, et ses complices Bad Mules de Nantes en Loire Atlantique.
Pratiquement arrivé à la fin de sa
tournée, le quartet est bien rôdé et ne
manque pas de lâcher les chevaux sur un répertoire
empreint de blues, de soul et de rhythm’n’blues qui
lui colle à la peau. Porté par une des meilleures
sections rythmiques européennes, Josh Miller se plait
à dérouler un set ponctué de quelques
imprévus mais marqué par un très grand
professionnalisme et par une complicité entre les musiciens
qui fait plaisir à voir. Ça swingue
devant la scène et visiblement le public apprécie
la prestation d’un groupe qui donne sans compter, avec
beaucoup de charisme et une bonne humeur de tous les instants ! Autant
dire que cette 29ème édition est bien
lancée et que si la météo se
décide à être de la partie
jusqu’au bout, elle risque fort d’être
mémorable si on poursuit à ce niveau …

On délaissera pour ce soir la jam à Brauhaus pour
aller profiter du sommeil du juste et être en pleine forme
pour les quatre groupes au programme demain dès 13 heures !!
Samedi 19 mai 2018 :
On retrouve les amis sur la Markplatz sur les coups de midi et on
refait le monde en attendant le début des
hostilités avec HM Johnsen, jeune guitariste de Bergen en
Norvège venu présenter en trio un blues moderne
agréablement teinté de rock. Lauréat
de la Blues Union Cup en 2017, le band tutoie avec une certaine fortune
le blues traditionnel et le rock contemporain, trouvant un
véritable point d’équilibre dans sa
musique grâce à une très belle
complicité entre chacun de ses membres. Quelques excursions
dans un style qui papillonne entre un côté Led Zep
mais aussi Iron Maiden et une approche progressive
déstabiliseront peut-être de temps à
autres les puristes mais c’est en recevant bien plus que les
simples honneurs qui lui sont dus que HM Johnsen nous offrira un set de
90 minutes, rappels inclus, qui ne sera pas passé
inaperçu, d’autant que le soleil qui est bien
présent aujourd’hui a fait venir les spectateurs
en nombre. De la graine de bluesman à surveiller de
près !

La suite ne va pas non plus manquer de saveur puisque l’on
retrouve Greyhound’s Washboard Band, un groupe que nous
avions découvert à Memphis en janvier
lorsqu’il avait atteint la finale de
l’International Blues Challenge avant de
l’apprécier à Hell en mars pour
l’European Blues Challenge. Un trio allemand donc, pour une
musique qui se veut roots jusqu’au bout des ongles mais qui
sait sortir de temps à autre des sentiers trop bien
balisés du blues en s’offrant quelques glissades
bien maitrisées vers la country et le hip hop par exemple !
Emmené par un chanteur et guitariste plein de charisme, le
trio multiplie les effets de style grâce à un
percussionniste qui use avec génie de ses instruments
bricolés et à un harmoniciste qui brille
à chaque occasion, alliant habituellement le geste
à la note. Parfaitement synchronisé et en phase
avec une musique qui lui va comme un gant, le Greyhound’s
Washboard Band confirmera sans aucun mal tout le bien que
l’on pensait déjà de lui. Le blues
européen regorge de groupes talentueux et
l’Allemagne en possède un de tout premier ordre.
Avis aux programmateurs qui souhaitent vraiment se démarquer
!

On reste dans le blues européen avec cette fois Blues
Junkers qui avaient représenté la Pologne lors de
l’European Blues Challenge à Torrita di Siena en
2016 … Elevé à
l’école des juke joints de la vieille
Amérique, le quartet va vous proposer une musique dans
laquelle le blues, le rhythm’n’blues, le boogie et
la soul mais aussi la country et le jazz se rejoignent pour
créer un tout harmonieux et énergique qui ne
laisse aucune place à la morosité. Rompus
à l’exercice de la scène, les Polonais
trouveront rapidement leurs marques face à un public
qu’ils vont devoir accompagner dans sa digestion puisque
l’on dine tôt en Allemagne, un public qui se
laissera toutefois prendre au jeu et qui répondra
à l’unisson aux invectives d’un groupe
porté par une chanteuse au charisme certain et au talent
indéniable. Parfaitement à son aise dans le blues
et dans le boogie woogie, la plantureuse Natalia Ablamowicz devient
totalement exceptionnelle dès qu’elle part dans
des registres jazzy, donnant aux morceaux, que ce soient des
compositions ou des reprises, des cachets qui ne sont pas sans rappeler
Nina Simone. La particularité du BluesFest Eutin est
d’offrir aux artistes l’opportunité de
livrer des prestations qui durent entre 90 minutes et deux heures et le
public de la Marktplatz se régalera une fois encore
d’un véritable show de fort belle
qualité !

Le dernier groupe de cette seconde soirée est
américain et s’il n’est pas le plus
connu sur le vieux continent, il faut quand même noter
qu’Altered Five Blues Band a décroché
le prix du meilleur album autoproduit à Memphis durant
l’International Blues Challenge en 2015 ! Formation
particulièrement à son aise dans la soul, le
blues et le boogie mais aussi le rock, le quintet se plait à
nous offrir des excursions dans les différents hauts lieux
de blues, de Memphis et des bords du Mississippi
jusqu’à Chicago et plus loin encore.
Porté par une fine gâchette, le guitariste Jeff
Schroedl, Altered Five Blues Band nous régale de ses
morceaux toujours très en phase avec son époque,
d’autant plus que le chanteur du groupe, Jeff Taylor, est une
véritable bombe atomique à la voix formidablement
soul et au charisme percutant. A côté des deux
frontmen, la section rythmique est loin de ne faire que de la
figuration et c’est en parfaite intelligence que le groupe de
Milwaukee va nous délivrer une ordonnance dans laquelle on
retrouve une part de compositions mais aussi une autre de grands
classiques qu’Altered Five Blues Band s’approprie
avec un talent incontestable. La foule compacte se presse de plus en
plus à l’invitation d’un groupe qui a
décidé de ne rien lâcher
jusqu’à la fin et c’est en ne nous
laissant que très peu de temps pour reprendre notre souffle
que les Américains vont nous entrainer jusque sur les coups
de 23 heures avec un set que l’on aurait bien poursuivi
jusqu’au bout de la nuit. Si la majeure partie de
l’assistance n’avait jamais entendu parler
d’Altered Blues Band jusqu’à ce soir,
à coup sûr le groupe est devenu
aujourd’hui une référence dans ce petit
bout du Schleswig Holstein, dans la partie la plus septentrionale de
l’Allemagne.

Près de huit heures de musique ont fait leur effet et nous
laisserons ce soir encore les plus courageux aller poursuivre la
soirée pour la grande jam à Brauhaus …
Eutin BluesFest achève ce soir la première
moitié de sa 29ème édition et il faut
bien reconnaitre que toutes les promesses ont jusqu’alors
été tenues ! On n’en escomptait pas
moins de la part d’une équipe
d’organisation aussi efficace que
dévouée à la cause du blues
…
Dimanche 20 mai 2018 :
C’est déjà la troisième
journée du BluesFest Eutin et ce dimanche va commencer de
fort belle manière avec Bayou Moonshiners, le duo transalpin
qui avait représenté l’Italie lors de
l’European Blues Challenge à Horsens en 2017. Une
programmation de qualité donc, mettant une fois encore
l’accent sur le gratin du blues européen mais
aussi sur toutes les couleurs du blues puisque Stephanie et Max vont
nous transporter du côté de New Orleans pour une
prestation qui sent bon les fragrances de la Louisiane en
général et de Treme en particulier. Deux voix, un
piano et des percussions, il n’en faut pas plus pour que les
Bayou Moonshiners commencent à faire bouillir un alambic
duquel ils vont sortir une sorte de potion magique distillée
exceptionnellement en tout début
d’après-midi et non au clair de lune comme
c’est l’usage sur les rives du Mississippi. Parvenu
à nous concocter en prime une sorte de gumbo dont il a le
secret, le duo ne manquera pas de provoquer une véritable
fringale musicale sur une assistance qui va boire et manger chacune de
ses notes comme si c’était un formidable jambalaya
bien consistant et surtout bien épicé. Il faut
reconnaitre que l’odeur des saucisses qui grillent dans les
stands auprès de la scène et le soleil qui inonde
la Markplatz sont des raisons supplémentaires de pleinement
profiter de cet instant privilégié en plein
cœur du Baltic Bayou durant lequel on prendra une bonne dose
de classiques du blues et du gospel ! Ce ne sont pas les
très jeunes enfants qui dansent devant la scène
qui vous diront le contraire
…

On va rester dans les ambiances dansantes et swingantes avec
Walt’s Blues Box, un quartet suisse ou plus exactement
austro-helvétique qui va nous délivrer un blues
délicieusement parsemé de touches de funk et de
jazz. Chanteur et harmoniciste renommé, Walter Baumgartner
ne s’en laisse pas conter et emmène son groupe de
main de maitre depuis une douzaine d’années avec
à la clef des concerts dans les pays voisins mais aussi un
Swiss Blues Award en 2016, de quoi garantir à
l’assistance une prestation équilibrée
durant laquelle on croisera quelques grands classiques comme
« Key To The Highway », « Big Boss Man
» et autres « Peepin’ And
Hidin’ » ou encore « Route 66 »
dans sa version originale par Nat King Cole mais aussi nombre de
compositions plutôt bien senties. Les habitués de
la scène blues européenne auront
forcément reconnu Bernhard Egger derrière les
fûts, bien connu pour avoir été le
batteur de B.B. & The Blue Shacks de 2006 à 2012, et
c’est en bonne compagnie que l’on passera deux
heures avec un groupe plein de talent qui aura su tenir le public en
haleine avec deux sets d’un blues certes assez classique mais
très apprécié par un public qui a
depuis des années l’habitude de se frotter au
meilleur de la scène blues internationale grâce
à un festival qui a tout compris de l’art de
monter un programme de qualité. Pas étonnant que
tout le monde s’y retrouve chaque année, des
simples amateurs jusqu’au plus avertis des
spécialistes
!

C’est un bonheur de découvrir maintenant un groupe
que nous connaissons bien pour chroniquer
régulièrement ses albums mais que nous voyons
pour la première fois sur scène, une formation
canadienne qui s’est illustrée dans toutes sortes
de registres mais qui a amorcé il y a un an un virage du
côté de la soul et en particulier vers celle de
Stax et de Volt. C’est en quartet que The Johnny Max Band se
présente devant un parterre de spectateurs bien compact sur
les coups de « Wurstzeit », les connaisseurs
traduiront par 18 heures, l’heure du dîner en
Allemagne, et c’est tout de suite une grande vague pleine de
funk et de groove qui se déverse sur un public
instantanément séduit. Du fameux Memphis Sound
jusqu’au rock de Chuck Berry dont Johnny Max reprend
superbement « You Never Can Tell », un tsunami
réunissant toutes les musiques américaines et
afro-américaines avance irrésistiblement sur une
Marktplatz bientôt submergée de plaisir qui
n’essaie même pas de se défendre tant
elle est sous le charme des Canadiens. Le son parfait est une raison
supplémentaire de succomber à la tentation
d’un groupe dans lequel rien n’est à
jeter, de la rythmique précise au millimètre
près jusqu’à une guitare virtuose et
bien entendu à un chanteur à la fois puissant,
charismatique et très juste. Vous ajoutez une pointe de
folie, un autre de complicité et quelques mots
lancés à l’attention de
l’assistance dans sa langue maternelle et vous avec obtenez
la recette des shows réussis. On pourrait presque dire un de
plus puisque la régularité est une fois encore la
règle de cette 29ème édition !

C’est à une formation danoise que reviendra
l’honneur de refermer cette troisième
soirée de festival et pour l’occasion Paragraph
8ight a mis les petits plats dans les grands puisqu’ils ne
sont pas moins de dix musiciens sur scène, et pour avoir
passé un peu de temps avec le groupe dans
l’après-midi, on peut d’ores et
déjà assurer que ce sont de joyeux drilles qui ne
mégotent pas sur la Flensburger et sur les « plops
» caractéristiques qui ponctuent
l’ouverture de ses jolis flacons … Mais loin de
n’être bons que pour faire « plop
», les Danois sont également très
habiles pour proposer un mélange de blues et de blues rock
qui invite à faire la fête et qui installe une
fois encore de la bonne humeur sur une Marktplatz noire de monde. Le
soleil a disparu et les blousons ont fait leur apparition mais personne
n’a froid tant Paragraph 8ight met de cœur
à l’ouvrage pour servir un cocktail
délicieusement cuivré et intelligemment
relevé par des chœurs assurés par deux
choristes mais aussi par le groupe dans son ensemble. Un chanteur bien
dans les clous de ce que son groupe propose, un harmoniciste
véloce mais jamais trop démonstratif, un
guitariste qui se cache à l’arrière de
la scène mais qui assure comme un beau diable, un clavier ni
trop présent ni trop discret et enfin un saxophoniste qui
joue au chef d’orchestre pour que tout ce joli monde soit en
bon ordre de marche, si faire évoluer dix personnes
à l’unisson n’est pas chose
évidente, ce groupe-là a tout compris de
l’art d’y parvenir et il s’attache en
prime à faire le show pour que le résultat soit
harmonieux. Franchement, que pourrait-on demander de plus, à
part peut-être un peu plus de place pour les photos ?

Voilà une troisième soirée qui
s’achève avec d’un
côté ceux qui partent pour l’after
à Brauhaus et de l’autre ceux qui
s’économisent en se disant que demain est un autre
jour et que la journée sera une fois encore très
longue avec trois groupes de plus et la traditionnelle grande jam de
fin de festival qui nous réservera comme toujours quelques
surprises
…
Lundi 21 mai 2018 :
Le soleil est encore un peu plus présent que les deux jours
précédents et ça nous promet une
dernière très belle journée de
festival, d’autant plus que nous allons commencer
l’après-midi avec Ronny Aagren & His Blues
Gumbo, une formation qui vient des environs d’Oslo et qui ca
s’attacher à mettre une grosse dose de swing dans
son blues. Il va falloir la jouer fine car le public est à
la recherche de l’ombre mais heureusement, avec la
complicité de la scène, les premiers rangs sont
épargnés et offrent au groupe la vue
d’une assistance plus que raisonnable. Les
Norvégiens vont ainsi se dépenser sans compter et
nous offrir un peu plus d’une heure trente d’un bon
blues qui fait du bien par où il passe. Brillant guitariste,
Ronny Aagren se révèle être un slideur
redoutable et un chanteur au talent incontestable et c’est
sans le moindre temps mort qu’il va dérouler un
set impeccable, porté par un groupe qui prend visiblement
autant de plaisir que lui à être là et
qui ne se contente pas de faire de la figuration, loin de
là. Récemment remarqué en France lors
de son premier concert donné dans le cadre de la
14ème nuit du Blues d’Ambon, dans le Morbihan, le
quartet rappelle aujourd’hui son statut de Grand
d’Europe et confirme qu’il est de taille
à se mesurer avec n’importe quelle grosse pointure
du blues venue des Etats Unis. Une remarque qui vaut pour nombre de
formations qui se produisent cette année à Eutin
d’ailleurs, et plus largement dans tout ce que
l’Europe compte de festivals qui ont la volonté de
proposer une programmation vraiment ambitieuse
!

On poursuit avec le chanteur et guitariste anglais Sean Webster
accompagné de son band néerlandais qui va prendre
le relais sur la scène du Eutin Bluefest et nous emmener au
plus profond d’un blues moderne qui ne manque pas de saveur
et qui réussit à convaincre grâce
à une énergie de tous les instants et
à beaucoup de bonne volonté de la part de chacun
des quatre musiciens. Au plus chaud de la journée, le public
a répondu présent et accueille comme il se doit
un groupe qui a plus d’un tour dans son sac et qui ne va pas
manquer de nous les jouer l’un après
l’autre, nous entrainant de temps à autres vers
des registres qui ne manquent pas de nous faire penser à
Peter Green, à Eric Clapton et surtout au
regretté Gary Moore dont Sean Webster sait parfaitement
s’inspirer et dont il a su trouver le toucher et le grain,
pas forcément la patte bluesy des dernières
années de l’Irlandais mais essentiellement celle
qui l’habitait durant la période transitoire qui
l’a conduit du hard rock au blues et qui reste,
c’est un avis personnel, la meilleure, avec à la
clef des albums comme l’excellent live « We Want
Moore » et l’indispensable « Wild
Frontier ». C’est peu dire que la Marktplatz prend
du bon temps et qu’elle le fait copieusement entendre,
d’autant plus que le Sean Webster Band va s’amuser
à monter crescendo jusqu’à provoquer
l’asphyxie d’un public qui n’en peut plus
de tant de bonnes choses mais qui pourtant en redemande, pour le plus
grand plaisir d’un leader qui, fier de son coup, lui en
donnera jusqu’à ce qu’il soit
définitivement rassasié !

Dernier groupe établi de ce 29ème Eutin
BluesFest, les Britanniques du Danny Bryant Band viennent
déverser une grosse dose de carburant dans un
réservoir qui n’en demandait pas tant et
c’est au son de leur blues rock bien juteux
rehaussé de quelques accents texans que le trio va nous
rappeler ce que le terme power trio veut dire. Du rock dans le blues,
du blues dans le rock, c’est à chacun de faire son
propre mélange et c’est au son rageur de la
guitare du maitre de cérémonie et à
celui de sa voix puissante que le public va tendre l’autre
joue tant la baffe semble inévitable. On avait beau se dire
qu’après Sean Webster plus rien ne pourrait nous
faire mettre le genou à terre, force est de constater une
fois encore avec Danny Bryant que le blues rosbif est loin
d’être cuit et qu’il lui reste
même encore plein de jus. Honneur est fait en ce moment aux
rouquins chez nos amis d’Outre-Manche mais
celui-là n’est pas venu pour
célébrer ses noces ni pour nous faire
réviser les partitions d’Elton John mais bel et
bien pour nous en mettre plein les oreilles avec un blues intense,
puissant et tout en nuances. Ce n’est pas nous qui nous en
plaindrons, d’autant qu’à
défaut de petits fours nous avons la wurst company qui
tourne à plein régime à
côté de la scène depuis
déjà une trentaine de minutes. En deux sets
envoyés avec conviction et sans aucune retenue, le Danny
Bryant Band aura réussi à remporter la partie, et
ce n’est pas rien compte tenu de tout ce qui
s’était passé auparavant. Encore un
moment mémorable, un de plus me direz-vous
…

L’heure est aux remerciements et à la
fête et quoi de plus normal que de demander à tous
les bénévoles qui œuvrent sur le
festival, pour certains depuis très longtemps, de monter sur
scène pour recevoir à leur tour une salve
d’applaudissements ? C’est le moment que nous
choisirons pour remettre le Zicazic Award du Festival International de
l’Année 2017 non pas aux dirigeants mais
à toute l’équipe du festival, un moment
partagé entre joie et émotion par tous, votre
serviteur inclus. Il sera ensuite temps de laisser le bon temps rouler
avec la traditionnelle jam lancée par Georg Schroeter
& Mark Breitfelfder, le duo gagnant de
l’International Blues Challenge en 2011, durant laquelle les
divers musiciens encore présents mais aussi quelques locaux
comme le guitariste Kalle Reuter ou le saxophoniste Sebastian Sprotte
et tant d’autres encore viendront apporter leur pierre
à un édifice qui ne s’en sera jamais
aussi bien porté. De la convivialité en veux-tu
en voilà et encore quelques grands moments de
convivialité, c’est ainsi que cette
29ème édition sera repliée, et de fort
belle manière encore ! Que dire de plus si ce
n’est merci ? Et rendez-vous en mai 2019 pour la
trentième édition … Si vous avez
quatre jours à tuer en écoutant du blues de
grande qualité, n’hésitez pas
à nous rejoindre dans ce petit coin du Schleswig Holstein,
au bord de la Baltique et à seulement quelques dizaines de
kilomètres du Danemark, vous en repartirez
forcément comblé !
Fred Delforge
– mai 2018

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