Ecrit par Fred Delforge |
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mercredi, 09 mai 2018
Long road to Tiznit
(Riverboat Records
– 2017)
Durée
37’01 – 9 Titres
https://ramongoose.wordpress.com
Ramon Goose n’est pas un musicien comme les autres et ce
n’est rien de le dire. Né en Angleterre, il a
très vite été
intéressé par le delta blues
d’avant-guerre, celui des Blind Blake, Blind Boy Fuller,
Robert Johnson et autres Ry Cooder qui ont très largement
influencé son jeu de guitare et son style. Après
s’être produit avec différents artistes,
c’est en créant le projet expérimental
NuBlues avec Ed Vans que Ramon Goose se fera remarquer pour son talent
mais aussi pour son audace, se lançant en
parallèle dans un projet totalement différent et
en même temps complémentaire avec Diabel Cissokho,
projet dans lequel il pousse dans ses derniers retranchements la fusion
du blues moderne et du blues du désert. De plus en plus
attiré par l’Afrique, le jeune homme commencera en
2015 une collaboration avec le Sénégalais Modou
Toure et deux ans plus tard, c’est un ouvrage nous emmenant
sur les pistes marocaines qu’il nous propose avec «
Long Road To Tiznit », un périple qui part de
Marrakech pour nous faire traverser l’Atlas mais aussi le
Sahara Occidental. Accompagné de Khalifa Konte à
la calebasse et au djembé et de Ndiaye Ndeme aux percussions
mais aussi rejoint par nombre d’invités, le
guitariste et chanteur chausse à l’occasion le
ngoni pour nous emmener dans un répertoire pour le moins
hétéroclite dans lequel on trouve une
majorité de pièces originales mais aussi deux
reprises, et non des moindres puisqu’il s’agit de
« Come On In My Kitchen » de Robert Johnson et de
« Who Do You Love ? » de Bo Diddley. Parvenu
à trouver un point d’équilibre parfait
entre les deux styles qu’il mélange avec talent,
Ramon Goose parle avec la même
sincérité aux amateurs de blues qu’aux
disciples de la world music et parvient à
déscléroser les douze mesures en leur mettant un
grand coup de jeune en associant paradoxalement deux genres
séculaires qui ne se font pas ombrage, bien au contraire. On
soulignera la présence du guitariste Justin Adams sur
« Futa » et on se délectera
littéralement des sonorités qui rappellent en
vrac R.L. Burnside ou encore Skip James au détour de titres
comme « Marrakech Sunset », « Wandering
Sheikh », « Morning Light » ou encore
« Goin’ Home ». Beaucoup trop rare en
France, même s’il a donné deux concerts
au printemps à Blues Autour Du Zinc, Ramon Goose est
assurément celui par qui le renouveau du blues arrivera
!
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