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Ecrit par Yann Charles |
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mardi, 17 avril 2018
BEYOND
THE STYX
https://www.beyondthestyx.com
Une rencontre avec Adrien, le batteur du groupe de hardcore metal
Beyond The Styx, qui nous parle de leur tout dernier album, «
STIIGMA », et du tournant musical du band vers une musique
moins prog, plus simple et plus brute.
Adrien salut. Est-ce que tu
peux nous présenter le groupe. Pour une
énième fois, pourquoi Beyond The Styx ?
Salut. Le groupe a été formé en 2011
avec Emile le chanteur puis d'autres musiciens sont venus nous
rejoindre. Le groupe a sorti trois albums et donné plus
d'une centaine de dates de concerts en France et en Europe.
Et donc le nom Beyond The
Styx qui a un rapport avec la mythologie je suppose ?
Carrément. En fait ce nom nous est venu lors d'un
brainstorming et lorsqu’Emile l’a
proposé, on s'est tous retrouvés avec l'esprit de
ce fleuve à traverser. Quelle vision tu as des autres en
fonction du côté du fleuve où tu te
trouves. Voilà, tout cet esprit-là, la
réflexion et le regard de l'Homme sur les autres Hommes. On
est tous d'un côté ou de l'autre de ce fameux
fleuve.
En 2015 vous sortez un
premier album, « Leviathanima », en 2018 le
deuxième, « STIIGMA », vous avez fait
quoi pendant ces trois ans ?
(Rires). Alors en fait on a pas mal tourné avec «
Leviathanima ». Et on n'a pas de Tour Bus, donc on n'a pas
vraiment le temps de composer ou de travailler à autre
chose, si ce n'est aller d'une ville à l'autre. Tu fais la
route. Le but pour nous était surtout de tourner. Puis au
bout d'un an ou un an et demi, on s'est remis à composer et
ensuite on a eu le départ d’Anthony qui ne se
voyait pas dans la nouvelle orientation musicale du groupe et qui a
préféré arrêter.
C'était sa décision, mais ça ne nous
empêche pas d'être restés ami avec lui.
Donc on a cherché un nouveau guitariste, au moins pour la
session. Puis finalement ça l'a fait. Il était
partant et voulait être dans un groupe qui tourne. Et surtout
humainement ça l'a fait. On est entrés en studio
au mois d'août et le mixage et le master étaient
prêts fin septembre. Et tu vois les trois ans
étaient passés !
Pourquoi ce titre
« STIIGMA » ? Et surtout pourquoi les deux
« II » ?
« STIIGMA » juste pour la traduction de Stigmate.
Sans avoir la prétention de vouloir révolutionner
le style, cet album est marquant pour nous dans l'évolution
du groupe. Que ce soit dans les textes, dans la façon de
composer. Et forcément les stigmates sont quelque chose qui
marquent. Les stigmates ce n'est pas que religieux. Et pour les deux
« II », il y a trois raisons.
La première est que c'est le deuxième album, et
on voulait faire apparaître le chiffre « 2
», d'où les deux « II », donc
deux en chiffres romains. Deuxièmement, si tu
écris « Stigma » dans Google avec un
seul I, tu as un nombre de références
incalculables, donc c'est aussi une manière de faire de la
com et de pouvoir être trouvé plus facilement sur
le net, et puis le double « II » qui
représente aussi la double personnalité du
personnage sur la pochette de l'album. Le côté de
la femme qui se donne la mort sur la cover, mais la femme c'est aussi
ce qui donne la vie. Voilà on aime bien ce
côté ambivalent. En fait dans le groupe on a des
convictions et des valeurs, mais on se dit « et si on
était de l'autre côté de la
barrière ? Comment est-ce qu'on verrait les choses ?
». Une réflexion humaniste en fait.
Comment
définissez-vous votre musique ? Toujours metalcore ou y
a-t-il une évolution musicale du groupe ?
Non, non. On n'est plus du tout metalcore. Effectivement il y a eu
quelques chroniques d'album où on nous considère
comme metalcore.
C'est dur de sortir de ce
carcan ?
Non, je pense plutôt que les gens ont une vision un peu
ancienne du metalcore. On se voit plus comme un groupe de hardcore
metal, plus dans cette veine là.
En tous cas moins prog
que le premier album, ça c'est sûr ?
Ah c'est clair. Le premier était sur-prog même. Ce
n'était pas une volonté initiale. C'est juste que
les compositions ont fait que c'est devenu du prog, mais sans vraiment
que l’on s’en rende compte.
Et c'est après la retombée des chroniques et de
potes qu'on s'est dit « Ah oui, c'est vrai que finalement
c'est très prog ». Et nous, on n'avait pas envie
de ça. Les dates qu'on a fait avec « Leviathanima
» nous ont emmenées à une musique plus
efficace si tu veux, plus on envoie et moins de chichis. Et depuis on
garde cette ligne directrice qui correspond plus au hardcore.
Plus d'une centaine de
concerts, forcément cette expérience
ça se retrouve sur ce nouvel album ?
C'est ça. D'ailleurs cet album est totalement
pensé et conçu pour le live. Cet album a
été construit en salle de
répétition à la différence
du premier album où là, les guitaristes
arrivaient avec quasiment tout le morceau construit et presque fini.
Tandis que là, on se fait des riffs et on se dit direct si
ça nous plait ou pas, et selon on passe à autre
chose. On a vraiment tout construit ensemble. Et donc tout se fait plus
rapidement. Tu vois, tu enlèves tout de suite le riff ou le
truc en trop. Comme tu le joues en direct, tu sais tout de suite si
ça passe ou pas. Et si ça accroche avec tout le
monde, là tu peux bosser directement avec les autres
instantanément.
Les chansons sont
plutôt courtes, puissantes, c'était un choix
dès le départ ?
Oui. On a pensé en termes d'efficacité. On a
composé douze morceaux pour n'en garder que dix, mais plus
on avançait, plus on se disait que cela ne servait
à rien de développer encore plus les chansons. On
n'avait pas envie de rajouter pour rajouter tu vois. Juste pour faire
des morceaux plus longs. Mais c'était vraiment une envie de
faire des morceaux courts. Et puis il y a une autre raison. C'est que
cet album on a eu envie de le sortir sur un format vinyle. Et un format
à cinquante minutes, il te faut un double. Et
financièrement un double vinyle, c'est pas le même
coût.
Quelle est la trame de ce
nouvel album, les textes semblent plus bruts voir même plus
noirs que sur le précédent album ?
Dans « Leviathanima », les paroles
étaient plus imagées et avec beaucoup de
métaphores. Là, à la
lumière de la musique, les paroles sont plus brutes, plus
directes je dirais. On a quelque chose à dire, donc on prend
nos couilles et on y va !! On a des valeurs, des idées
à défendre et dans nos textes il faut que
ça sorte, que ça se ressente. Et même
en live, certaines chansons sont introduites par Emile avec un petit
speech pour dire justement que c'est ce qu'on pense. On ne dit pas
qu'il faut être d'accord avec nous, mais ça, c'est
notre point de vue.
Pas mal
d'invités, du texte en Français, une nouvelle
approche musicale ? On s'oriente vers du Français ?
Alors oui, c'est une autre approche, et non, pas du tout on ne
s'oriente pas vers des textes en Français. On compose
toujours en Anglais. Il y a deux éléments
Français dans cet album. Le titre « Danse Macabre
» et la venue de Sly, le chanteur de Danforth comme guest sur
l'album. Pour « Danse Macabre », c'est qu'il
n'existe pas de traduction quelle que soit la langue. L'expression
reste « Danse Macabre ». Liszt lui-même a
utilisé « Danse Macabre » dans son
œuvre pour piano et orchestre. Et pour Sly, ça a
été plusieurs rencontres avec Danforth, et un
jour Emile a appelé Sly pour lui dire qu'il aimerait bien
faire un truc avec lui. On lui a envoyé la musique et les
paroles et il nous a envoyé une démo, et
c'était terrible et du coup on a enregistré. Donc
on ne se dirige pas vers du Français, c'était
juste une occasion.
Le mixage s'est fait aux
Etats Unis, le premier côte Est, celui-ci côte
Ouest, pourquoi aller si loin ?
Plusieurs choses nous on fait choisir Nick … Changer de
côte fais que tu changes aussi de son, d'état
d'esprit, de manière de travailler et de ressentir la
musique. C'est différent entre les deux côtes. Non
pas qu'il y est un côté mieux que l'autre, mais
c'est différent. Au départ on s'est fait des
playlists, et aux écoutes on s'est dit « Tiens
c'est ce son là que l'on voudrait pour cet album
». On a contacté Nick Jet et tout s'est fait
très naturellement. C'est un gars très sympa qui
nous a répondu simplement, comme si on se connaissait depuis
longtemps. Il était même prêt
à venir en Europe pour l'album. Avec le recul tu te dis
« Merde c'est le batteur de Theron qui veut venir en Europe
pour nous enregistrer ». Donc c'était un choix
artistique pour avoir un son, et puis c'est devenu un choix humain car
le feeling est bien passé. Et aussi, un choix de
disponibilité, car il était dispo
immédiatement.
Un label
Indonésien, Diorama, c'est pas courant, pourquoi ce choix ?
(Rires) C'est vrai que ça peut surprendre. Diorama nous a
contactés en fait grâce à un groupe
français, Primal Age, avec qui on a
déjà bossé. Donc ils nous ont dit
qu'ils voudraient nous produire en Indonésie. Il a bien
aimé les démos, mais par contre ils nous ont
sortis en format K7. Et ils nous distribuent là-bas. Et ils
nous ont même envoyé quelques exemplaires,
collectors du coup. On a accepté car on a quelqu'un qui veut
sortir notre musique, et sans exclusivité. Il y a une
cinquantaine de K7, il en distribue 30 ou 40 et nous donne le reste.
C'est pas énorme, mais bon, c'est en Indonésie,
où le hardcore n’est pas vraiment la musique
numéro un. Il nous fait une grosse com sur les
réseaux sociaux. Et du coup on a un pied en
Indonésie. Et peut-être qu'un jour on pourrait
avoir une petite envie d'aller voir comment ça se passe
là-bas. En tous cas on sait que si un jour on veut y aller,
on aurait un soutien d'un label et de quelqu'un sur place pour nous
aider à monter un truc.
Avec cette cover d'album,
vous n'avez pas peur de choquer ?
Si on avait peur de choquer, on aurait arrêter Beyond
(Rires). Plus sérieusement, on ne fait pas de la musique
pour choquer, mais plutôt pour partager. On dit ce qu'on
pense et on aime bien discuter et dialoguer sur nos idées.
On n'allait pas faire une pochette pour qu'elle soit politiquement
correcte. On est attaché aux artistes et c'est un vrai
artiste qui nous a dessiné ça. Cette pochette, il
l'a dessinée sur papier, et pas sur une tablette. Un peu
comme avec Nick Jet. Il n'a pas 36 machines, il travaille au feeling,
un son pur et net. Et nous on aime ce
côté-là. Alors peur de choquer non, on
a plutôt envie d'interroger.
Est-ce que vous pouvez
définir le groupe en deux ou trois mots ?
Alors je dirais Véritable, Hargneux, mais pas dans le sens
roquet, mais le côté positif de « on ne
lâche rien », et Valeur car c'est ce qui nous
anime, c'est quelque chose de fort pour nous.
Qu'est ce qui ou qui
est-ce qui vous donné envie de faire de la musique ?
Je suis né dans une famille de musiciens. Mon
père est batteur, ma mère
accordéoniste. Donc j'ai toujours eu des instruments de
musique à disposition. A la base je ne suis pas batteur,
mais pianiste. Et à 12 ou 13 ans j'ai tapoté sur
la batterie de papa, et de fil en aiguille, j'ai fait des percussions.
La musique a toujours été présente
chez moi et en moi car tu vois, j'en ai fait mon métier
puisque je suis prof de musique. La musique c'est 80% de ma vie. Les
20% qui restent c'est que je suis en train de dormir !! (Rires) Mais
au-delà de ça, la musique c'est
découvrir des choses, voir des gens, se remettre en
question. Ce sont de véritables relations humaines.
Quel est le dernier album
que tu as écouté ?
Le dernier album que j'ai écouté …
J'ai réécouté le dernier album de Get
The Shot que je trouve très bon, vraiment couillu. Du
hardcore mais un peu plus punk dans l'esprit. Le CD est bon, et en
live, c'est très puissant.
Merci
Mais de rien, je t'en prie. Merci à toi.
Propos recueillis par
Yann Charles
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