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ALBERT LEE & ELECTRIC BAND au NEW MORNING (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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jeudi, 12 avril 2018
ALBERT
LEE & ELECTRIC BAND
LE NEW MORNING
– PARIS (75)
Le 6 mars 2018
http://albertleeofficial.com/
Remerciements à Sabrina de Veryshow et au New Morning
Comment évoquer une légende à la
carrière aussi exhaustive que celle d'Albert Lee sans verser
dans l'assommant historique. Un exercice quasi-impossible alors
rappelons quelques faits. Classons Lee tout d'abord dans la
catégorie des guitar-heroes sans la moindre
hésitation : sacré meilleur guitariste country
par le magazine Guitar Player durant cinq années
consécutives, notre homme possède une
virtuosité exceptionnelle dans les genres country,
rock'n'roll, ou honky tonk. Or, bien qu'Anglais de naissance, c'est aux
Etats-Unis qu'Albert Lee fait carrière avec son propre
groupe Heads, Hand and Feet au début des années
70. Co-auteur du célèbre « Country Boy
» et de nombreux autres titres mythiques, on le retrouvera
ensuite au sein du Hot Band d'Emmilou Harris, ainsi qu'aux
cotés de Guy Clark, Rosanne Cash, Rodney Crowwell, et avec
les Rhythm Kings de Bill Wyman. Il accompagnera également
Eric Clapton pendant plus de cinq ans et assurera les parties
rythmiques du fameux album live « Just One Night »
en 1981.
En bref ce sont près de deux cents albums qui portent sa
marque, que ce soit à la guitare, à la mandoline
ou au piano! Tout ceci ne l'empêche pas de nous sortir
régulièrement une petite œuvre sous son
propre nom, tel l'immense « Heartbreak Hill » paru
en 2003. Muni d’un jeu subtil et incomparable, tout en
toucher et fingerpicking, Lee, à plus de 70 ans, a toujours
cette agilité dans les doigts qui fait sa
renommée sur sa fidèle Telecaster.
Voilà donc à quoi s'attendre dans un New Morning
plein à craquer pour l'occasion car l'homme,
malheureusement, se fait de plus en plus rare sur scène.
Accompagné d'un Electric Band relativement jeune (Ollie
Sears à la batterie, Ross Spurdle aux claviers et Ben
Golding à la basse), Albert Lee entame un concert qui va
s'articuler sur une vingtaine de titres répartis sur deux
sets pour une plongée exceptionnelle dans l'histoire de la
country américaine, florilège des
années 50 et 60. C’est sur scène que
son talent s'exprime au mieux, oublieux pour un instant de ses
préoccupations spirituelles, pour, en toute
simplicité, rendre hommage à toute la musique
qu’il aime, toutes orientation confondues, de la plus roots
des country au flambloyant rock des ancêtres ! La musique ici
délivrée est donc simple, dynamique, joyeuse, et
sans arrière-pensée. Et à soixante-dix
balais, Albert Lee a passé l'âge des simulacres.
Dans ses envolées trépidantes, la chanson
« I'm Ready » de Fats Domino donne le ton de
l'envolée de l’ensemble et du choix des reprises :
« Two Step Two » (Delbert McClinton), «
Evangelina » (Hoyt Axton), « Restless »
(Carl Perkins), « Song For The Life » (Rodney
Crowell), « Rock Around With Dolly Bea » (Everly
Brothers), « Leave My Woman Alone » (Ray Charles),
« Highwayman » (Jimmy Webb), bien
évidemment le « Country Boy » d'Heads,
Hands and Feet et en rappel les excellents « Tear It Up
» de Johnny Burnette et « Back In The Usa
» de Chuck Berry ... Pour ne citer que ceux ci, la liste
étant exhaustive mais des monuments
interprétés par un homme dont la voix est
légèrement usée, un peu
sèche et éraillée parfois, et
cependant profonde et chaude, feu ruminant ses bûches, et en
arrondit les angles, sans en trahir l'essence. Lee nous guide
brillamment et nous accompagne sobrement dans cet exercice de covers.
Délivrés de leur aspect
répétitif, et obéissant à
une construction repensée sur un mode quasi dialectique, le
chant et la musique que porte Albert Lee se
révèlent envoûtants. Il jouera
également trois morceaux au piano, n’utilisant pas
de slide et quasiment pas d’effets spéciaux,
excepté un vibrato discret, laissant ainsi
s’exprimer le clavier. C'est ici donc, et essentiellement
l'« Albert Lee Show » avec toute la
gravité d'une voix un peu fêlée, c'est
l'âge qui veut ça, qui n'en devient que plus
émouvante, plus humaine dans une sélection qui
sied justement très bien à ce vieillissement
digne.
Un programme composé de reprises aussi
sépulcrales que spirituelles, entre chants de bagnards ou
d'âmes perdues, de country-songs colorées ou
d'exercice de rébellion électrique, où
figurent les refrains des amis ou de ceux qui auraient pu
l'être. Un excellent concert, poignant et sensible, sous des
atours simples et humbles, relevé par le sourire
omniprésent de ce monstre sacré, paradoxalement
assez discret et réservé mais qui sait sur les
planches de n'importe quelle salle ravir un public de
fidèles acquis d'avance. C'est aussi un Albert Lee ayant
retrouvé la flamme et la foi d'une jeune
génération désormais accro au toucher
si particulier d'un grand guitariste, et qui sait qu'il n'est pas
encore prêt de finir sa mission.
Fred Hamelin –
avril 2018
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