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MACHA GHARIBIAN TRIO au JAZZ CAFE MONTPARNASSE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
mardi, 10 avril 2018
 

MACHA GHARIBIAN TRIO
JAZZ CAFE MONTPARNASSE – PARIS (75)
Le 3 mars 2018

https://www.machagharibian.com/

Remerciements à Aurore Voilqué et Jazz Café Montparnasse

Découverte en ce mois de mars pluvieux d'une chanteuse et pianiste, ne l'oublions pas, qui, certes, ne correspond pas à une définition classique et étroite du jazz mais qui indéniablement porte le mood à son niveau céleste et dont l'exploitation, au sens noble, ici manifestée de ce jazz mood est particulièrement efficace. Il faut reconnaître que Macha Gharibian sait créer un climat personnel fait d'une grande douceur, dans le paysage des musiques inclassables avec un style qui n'appartient qu'à elle, entre jazz oriental, néo-classique et pop aventureuse. Compositrice audacieuse, elle sculpte des thèmes aux couleurs particulières. Pianiste au jeu atmosphérique et chanteuse habitée, elle les transforme en pièces intenses et envoûtantes.

Une douceur aussi, entretenue par une voix suave, articulant parfaitement, posant avec précision les plus petites inflexions et idéalement servie par un instrumentarium relativement dépouillé ce soir-là : un piano, une basse (Le Tchèque Matyas Szandai, qui a joué et enregistré avec de grands musiciens comme Archie Shepp, David Murray, Herbie Mann, ou encore Chris Potter, et j'en passe…), et une batterie travaillant presque toujours en léger contretemps et multipliant les subtiles variations. Derrière les fûts donc, l'Anversois Dre Pallemaerts est de formation pianiste lui-même. On le retrouve souvent derrière Joe Lovano, Philip Catherine, David El Malek, Bill Carrothers, ou dernièrement Baptiste Trotignon.

Le décor musical est donc posé. On se laisse glisser dans une musique pas toujours facile à appréhender, mais plaisante à écouter, reposante et sereine, alternant à parts équilibrées jazz et partie d'orientalisme modérée.

Macha Gharibian, c'est cette pianiste au toucher délicat, de solide formation classique et diplômée de l'Ecole Normale de Musique de Paris, qui, en vivant l'expérience de quelques mois à New York se découvre improvisatrice. Guidée par Ralph Alessi, Uri Caine, Jason Moran, Ravi Coltrane à la School for Improvisational Music, elle commence à écrire et créer son univers, une musique construite par ses voyages, ses désirs, ses rencontres et tout ce qui fait grandir la jeune femme partagée entre trois cultures: arménienne de ses ancêtres, parisienne de cœur et new-yorkaise d'adoption.

« Mars », son premier album datant de 2013, nous entraîne dans une ballade poétique sur des textes signés de sa plume, de William Blake et William Parker. Son second opus, « Trans Extended », sorti l'année dernière, s'articule entre folk songs aventureuses, traditionnels arméniens revisités jazzy, et des morceaux hybrides qui vont flirter parfois avec le progressif (le morceau « There Was A Child » par exemple est sans contexte d'inspiration floydienne). On appréciera aussi ce côté aérien du jazz qui nous élève sans qu'on sache quand et sur quels pieds on retombera. Des morceaux comme « M Train », « End Of The Road » ou encore « Mount Kuruma » redéfinissent les sens multiples du voyage musical en terres jazz.

Ce concert se veut avant tout intimiste, sans étalage de virtuosité instrumentale. Mais quel talent !!! Quelle présence !!! Il y a de la magie, presque une cérémonie captée dans ce live qui ne peut laisser indifférent. Que ce soit de Macha Gharibian, au chant comme au piano, ou des musiciens qui l'accompagnent tout en finesse, cet album en quelques minutes vous prend et vous emmène pour une balade musicale comme sous une chaude pluie d'été. Il y a ici un excellent relief tant de la voix profonde émanant de l'artiste que de l'atmosphère et l'ambiance feutrée qui s'échappent de ce trio chaleureux. Une musique riche en couleurs presque ethniques et qui côtoie des sonorités de musique lounge, et cela pique suffisamment la curiosité pour qu’on veuille l'écouter avec attention. A voir et revoir, pour notre plus grand plaisir !

Fred Hamelin – avril 2018