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FESTIVAL BLUES NOTES à FRANQUEVILLE ST PIERRE (76)
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Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 08 avril 2018
FESTIVAL
BLUES NOTES – 10ème EDITION
CAC ANDRE BOURVIL
– FRANQUEVILLE SAINT-PIERRE (76)
Le 6 avril 2018
http://passerelle.franceserv.com/
http://www.newlineup.fr/
http://www.thenaughtybrothers.com
https://www.facebook.com/MBB-Crew-423598924496188/
https://johnnygallagher.com
La dixième édition d’un festival
n’est jamais une chose commune, alors quand on sait que
chaque édition de Blues Notes est un
événement particulier
célébré comme il se doit par les
bénévoles de l’Association Passerelle,
on imagine bien que ce millésime aura une saveur toute
particulière … A commencer par ce qui le compose
puisque cette année, ce sont quatre formations
régionales parmi celles qui ont déjà
été programmées les années
précédentes qui viendront se produire pendant une
trentaine de minutes chacune ! A la place d’un long discours,
Alain Gires qui présente le festival se contentera de
dédier cette 10ème Edition au regretté
Eric Loury de Gang qui avait lui aussi chauffé les planches
de Blues Notes, c’était pour Big Dez et Sax Gordon
en 2013 …
On commence donc avec P4, une formation de Cherbourg qui
évolue en famille et qui était à
l’affiche de la première édition avec
Bill Deraime ... Christian, le père, et ses trois enfants,
vont venir nous proposer un bon compromis entre blues et rock qui ne
laissera pas le public indifférent, d’autant que
la guitare ne s’en laisse pas conter et qu’elle
part très facilement dans des solos carrément
réussis. La rythmique tient elle aussi plutôt bien
la route et si on voulait vraiment faire le difficile, on reprocherait
juste un très fort accent frenchy qui gratte un peu quand P4
se lance dans des morceaux comme « The Blues Is Allright
». Un « Riders On The Storm » et un
instrumental de Santana avec Christian aux congas et c’est
sur la reprise du « Going Home » de Ten Years After
que P4 nous emmènera vers la fin d’un set
plutôt réussi.
Déjà à l’affiche de
l’édition 2010 avec Ana Popovic, New Line Up va
venir nous proposer ses compositions très empreintes
d’un blues des années 30 et 40, un blues qui se
teinte parfois d’une petite touche jazzy et surtout
d’une immense classe. Emmené par
Jérôme alias Madman au chant et à
l’harmonica, le groupe va nous faire voyager dans la
lointaine Amérique en nous offrant des titres pleins de
malice et d’anecdotes toujours très personnelles.
On partira ainsi d’un « Keep On Turning »
pour aller faire le grand tour du propriétaire et
découvrir des pépites comme « To Hear
My Name » que New Line Up dédie à tous
les animateurs de radios blues, citant d’ailleurs
l’émission Sweet Home Chicago de leur ami Marc
Loison dans le refrain. Un dernier détour par «
Secret Agent Blues » avant de ranger les instruments et le
thème de James Bond en bouquet final et les Rouennais
n’auront pas eu grand mal à confirmer
qu’ils font partie du gratin de la scène
régionale et même nationale.
Le temps d’installer les Naughty Brothers qui avaient ouvert
en 2014 pour Tom Principato et on se retrouve dans la salle
surchauffée de la Passerelle pour un set très
soul et rhythm’n’blues qui ne va pas manquer de
produire son effet. Neuf musiciens sur scène avec une paire
de cuivres et une autre de choristes, un chanteur qui semble
monté sur ressorts et un groupe qui connait ses classiques,
de James Brown à Ray Charles, il n’en faut pas
plus pour que les Normands viennent nous servir sur un plateau les
compositions de leur nouvel album, des titres qui promènent
le chaland de la Motown jusque chez Stax mais qui ne font pas
l’impasse sur des relents très empreints de Hi
Records ou encore de Muscle Shoals. La température est
encore montée de quelques degrés dans la salle et
les Naughty Brothers semblent s’en accommoder,
déroulant leur set avec un mélange
ingénieux de régularité et de
sincérité qui finira par mettre le public debout
pour une standing ovation assez méritée. Ce qui
confirme que l’assistance en aurait bien pris un peu plus que
les trente minutes assignées au groupe …
Remarqué en 2015 en première partie de Connie
Lush, MBB Crew et un groupe qui gagne en
crédibilité à chacune de ses sorties,
non seulement parce que chacun des musiciens est techniquement au top
mais aussi parce que les qualités humaines du groupe sont
palpables. Pas de leader à proprement parler, chez MBB Crew
chacun compose et les guitaristes chantent à tour de
rôle, ce qui leur permet de s’échanger
des solos qui par moments donnent le frisson. Mais le plus
intéressant reste que le groupe va ce soir nous proposer en
exclusivité des titres de son prochain album et
qu’il y a dedans des choses d’une classe
extrême comme cette chanson en Français
où il est question de « Petit coquelicot
», un morceau tellement riche et coloré en terme
de langage qu’on le croirait emprunté à
Bill Deraime. Difficile de repasser à la langue de Muddy
Waters après ça, et pourtant les « No
Addiction » et autres « Goodbye Lemmy »
ne passeront pas inaperçus pour nous emmener en fin de set
vers « Black Smoking », une autre composition ...
en Français !
Nous aurons juste le temps de nous réhydrater
après plus de deux heures de musique, et quelle musique,
avant que le héros de la soirée ne prenne place
sur scène … Johnny Gallagher est chaud bouillant
et simplement le fait de l’entendre s’accorder
avant le début du set est un véritable bonheur.
Quelques amis sont venus de loin et le saluent avant le
début des festivités et bientôt le
spectacle commence, sans lancement avec tambours et trompettes, un peu
débarqué de nulle part ou même
« Tombé du ciel » comme aurait dit le
grand Jacques Higelin parti pour un long voyage le matin
même. Trois accords de guitare, la batterie et la basse qui
entrent dedans, les claviers qui suivent … Go Johnny, go
!
Un spectacle de Johnny Gallagher, c’est la garantie
d’entendre du blues de qualité et du
rock’n’roll tout aussi soigné, mais
c’est aussi la certitude de voire le guitariste irlandais
partir faire un tour du côté du reggae, du folk ou
encore de la country. Il faut bien reconnaitre que son jeu de guitare
est particulièrement large et efficace et que sa voix
n’est pas en reste, ce qui lui permet de faire à
peu près ce qu’il veut de ses cordes,
qu’elles soient métalliques ou vocales. Souvent
comparé à Rory Gallagher mais aussi à
Gary Moore, les concerts de Johnny Gallagher rappellent un peu ceux du
Thin Lizzy du grandissime et regretté Phil Lynott, autant
d’arguments qui prêtent à penser que
s’il n’a pas inventé le fait
qu’il y ait de la bonne musique en Irlande, le bonhomme
contribue plus que largement à entretenir la
qualité et l’efficacité d’une
scène rock et blues rock qui lui doit aujourd’hui
beaucoup dans son
pays.
Du concert de ce soir, on retiendra forcément quelques
moments forts durant lesquels Johnny Gallagher jouera ses propres
morceaux mais aussi ceux des autres qu’il revisite
à sa propre manière. Mais on retiendra aussi les
multiples facéties de l’artiste et ses
échanges avec le public quand il peinera à ouvrir
sa bouteille d’eau ou qu’il se fera apporter
quelques verres de whisky sur scène, quand il racontera le
genèse d’une chanson de cowboys qu’il
aurait écrite en chevauchant les collines du Connemara
grimpé sur un âne ou celle d’une chanson
sur les trains née à la suite d’un
retard qui le contraindra à écumer les bars de
Perpignan une nuit entière, jingle de la SNCF à
l’appui. Mais le show Gallagher, c’est aussi une
relecture du « Can't Stop Falling In Love With You
» d’Elvis à la sauce reggae, une version
de « House Of The Rising Sun »
dédiée à un autre Johnny, Hallyday,
avec le premier couplet emprunté aux « Portes du
Pénitencier » repris par la salle, et enfin un
final apocalyptique mélangeant boogie et rock pour le plus
grand bonheur du public et la plus grande frayeur de
l’équipe d’organisation qui est
obligée d’arrêter le concert
à l’heure dite, ce qui sera fait car
l’artiste est également un gentleman !
Un dernier petit riff de la Marseillaise à la guitare et
voilà une 10ème Edition de Blues Notes qui tire
sa révérence, non sans avoir pris le temps de
partager le verre de l’amitié et d’avoir
soufflé les bougies avec les amis, la famille pourrait-on
dire tant ils sont devenus proches ces bénévoles
qui chaque année nous accueillent avec le sourire et nous le
donnent avec des spectacles de qualité et une ambiance des
plus chaleureuses. Ce soir la salle était pleine, et
à l’heure où nombre de festivals tirent
la langue et peinent à survivre, c’est encore un
bon point de plus à mettre au crédit des amis de
La Passerelle. On se retrouve en 2019 pour le 10ème
anniversaire … et la 11ème édition
!
Fred Delforge
– avril 2018
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