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HERVE SAMB au STUDIO DE L'ERMITAGE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
jeudi, 22 mars 2018
 

HERVE SAMB
STUDIO DE L’ERMITAGE – PARIS (75)
Le 13 février 2018

http://www.hervesamb.com

Remerciements à Assane Ndoye et Safoul Productions

Il arrive parfois que l'on rencontre des artistes qui nous sont peu connus mais qui nous captivent. Après seulement quelques secondes d'attention, c'est de rester à les écouter pendant des heures car ces gens-là dégagent une chaleur communicative, une énergie ascendante et cette petite vibration qui nous touche l'âme et qui relève du domaine supérieur et impalpable de l'émotion. En cela, Hervé Samb est de ceux qui vous procurent ce genre de bien-être auditif.

Talent à la reconnaissance de ses pairs, mais jouissant d'une reconnaissance plutôt confidentielle, second couteau du jazz dans une foultitude de formations avec lesquelles il a, depuis, largement fait ses preuves, le guitariste sénégalais présentait son dernier opus, « Teranga », au sein de sa propre formation, sur la scène du Studio de l'Ermitage, bondé pour l'occasion. Aficionados comme amis de longue date étaient venus pour partager cette soirée, à l'instar de ses deux invités prestigieux puisqu'on aura reconnu le bluesman Lucky Peterson et le trompettiste Boney Fields, artistes avec lesquels Samb collabore régulièrement.

Après avoir été initié par le guitariste belge Pierre Van Doermel, puis joué aux côtés d'Amadou et Mariam, Salif Keita, Marcus Miller, Meshell Ndegeocello, ou encore Patrick Metheny, Hervé Samb devient compositeur et arrangeur et surtout directeur musical sur les tournées de Lisa Simone. Et vient ce voyage retour de New York à Dakar, pour se plonger aux racines du jazz africain, ce qu'il nomme « Jazz'n'Sabar », fusion originale des percussions traditionnelles sénégalaises et du bop contemporain, formule ancrée dans le fertile sillon du blues, enraciné en l'Afrique.

Hervé Samb nous accueille donc avec cette hospitalité (« Teranga » en Wolof) chère aux Africains et sur cette terre musicale aux deux visages et s'entoure pour l'occasion de prestigieux comparses : Alpha Dieng, chanteur du Baobab Orchestra, Pathé Jassi aux basses et contrebasse tout droit venu de Detroit et connu pour sa collaboration au sein du trio formé avec Wendell Harrison et Palmer Woods, et les batteurs et percussionnistes Ndiaw Macodou et Alioune Seck, issus du Super Diamono de Dakar conduit par Omar Pene. Du beau monde, donc !

Cela nous donne un live fougueux évoluant sur un jazz world relativement fluide. Doté d'un jeu d'une agilité exemplaire, un phrasé étonnant par sa façon si particulière de pincer les cordes, d'une sonorité gorgée de soleil, très roots, mais qui dévie par malice sur des styles qui parfois semblent aux antipodes des standards du Sabar (on reconnaîtra quelques touches propres au jazz manouche comme au classique sur de nombreux morceaux, au Brésil sur « The Days of Wine and Roses » , et des éléments empruntés au jazz rock sur « Sama Yaye, My Mother »).

Avec une dynamique fluctuante et plus tendre sur les ballades (écoutez « Thiossane », titre phare du dernier album), Hervé Samb est un maître imparable. Petit plaisir supplémentaire quand il reprendra le « Giant Steps » de John Coltrane. Inutile ici d'être exigeant car cela s'écoule tout seul : sonorités boisées et inspirées, puissance dans les attaques et qualité dans le sens du tempo.

Le genre de concert sans prise de tête, mais qui force l'attention et invite inévitablement au voyage. Avec des titres qui s'enchaînent en formant un bloc homogène dans une cohérence en apparence toute simple, cela tient vraiment la route sur la durée, les musiciens sachant s'écouter et jouer ensemble, formant une ossature solide. Hervé Samb, retenez ce nom, et n'hésitez pas à le découvrir rapidement !

Fred Hamelin – mars 2018