AURORE VOILQUE & ANGELO DEBARRE QUARTET au JAZZ CAFE MONTPARNASSE (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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mercredi, 14 mars 2018
AURORE
VOILQUE & ANGELO DEBARRE QUARTET
JAZZ CAFE MONTPARNASSE
– PARIS (75)
Le 24 février
2018
http://www.aurorequartet.com/
http://pages.infinit.net/michto/biographie.htm
Remerciements à Aurore Voilqué et Jazz
Café Montparnasse
Rendez-vous pris en cette fin de février pluvieuse au Jazz
Café Montparnasse, ex-Petit Journal, pour se
réchauffer un peu les oreilles et découvrir
quatre artistes et musiciens d’horizons différents
mais complémentaires pour un bel hommage au jazz manouche.
Une belle soirée promise aux cordes entre standards et
improvisation, le tout dans une bonne humeur communicative !
Virtuose prolifique et multi-cordes puisqu' œuvrant dans une
flopée de projets annexes dont le Mayar Electro Jazz
Project, la formation Orient-Occident, avec Thomas Dutronc ou encore
Rhodia Scott (entres autres), Aurore Voilqué
était la violoniste qu'il fallait à cette
formation pour un voyage dans l'univers du swing tzigane et faire
revivre les riches heures du Hot Club de France ou officiait l'immense
Grapelli. C'est un violon qui se glisse à merveille dans les
moindres intervalles pour y distiller des phrases qui ont toujours
l’air de faux impromptus. Même dans la
mélancolie ou la nostalgie il conserve ce fond de
gaîté qui caractérise la musique sur
laquelle Aurore vit. Son jeu, d'une technique sans faille, rayonne
d'une sensibilité à la fois raffinée
et gorgée de vitalité. Et le violon à
l'épaule, elle arbore également ce sourire qui
rivalise souvent de gaieté avec son jeu alerte. Ce n'est pas
sans rappeler, et d'aucun ne me le reprocheront, d'autres maitres en la
matière que sont Jean-Luc Ponty ou Didier Lockwood, dans un
phrasé qui pourtant lui est propre.
Il fallait donc une rencontre indispensable au souvenir, aux
archivistes et tout simplement aux amoureux du jazz et ce fut celle
avec Angelo Debarre. Leurs routes se croisent par le plaisir des
oreilles. Deux musiciens majeurs de l’école
française mais pour autant, ces deux musiciens appartiennent
non seulement à deux générations
différentes mais viennent d'horizons opposés.
Mais qu’importe lorsque l’on parle le
même langage et que l’on vibre aux mêmes
notes.
Chaque apparition d'Angelo Debarre souligne la filiation artistique
avec Django Reinhardt dont il est certainement l'héritier,
du moins celui qui en est le plus proche dans l'esprit comme dans la
musique. Son interprétation est d'une virtuosité
stupéfiante, sans bien sûr sacrifier à
une musicalité qui semble complètement naturelle.
Il nous offre encore ici une balade effrénée au
sein d'un univers qui suinte la joie de vivre, l'envie d'être
ensemble et l'invitation à se déhancher.
D'ailleurs des couples de danseurs s'égraineront
çà et là devant la scène.
Les solos passent d'un instrument à l'autre d'un naturel
étonnant pendant que la basse et la guitare rythmique
gardent le tempo. Guitare tenue par Mathieu Chatelain, expert en swing
manouche qu'on a pu l'entendre aux côtés
d'artistes aussi renommés que Tchavolo Schmitt ou Ninine
Garcia, tandis qu' à la contrebasse on retrouve
l'incontournable Claudius Dupont, autre figure des nuits gitanes qui
essaime, lui, un peu partout, de Sammy Daussat à David
Reinhardt ou que l'on croise encore chez Costel Nitescu. Une grande
famille et bien généreuse que ce jazz manouche.
Aucun des deux n'est un simple accompagnateur et chacun prend sa place
au sein d'un morceau pour le lustrer de patine, y apporter ce petit
quelque chose de personnel, et ceci pour notre grand plaisir.
Ce concert offre enfin la possibilité de revivre au plus
près de sa réalité l'art de musiciens
singuliers, d'instrumentistes d'exception et de forte
personnalité. Loin des répertoires convenus et
consensuels, le présent récital
représente une sorte de manifeste esthétique qui
sort la musique manouche du cadre convenu par quelques petites
entorses, et une interprétation surfant sur l'improvisation
qui se veut certainement plus moderne. A cela quelques chansons
interprétées par Aurore Voilqué, dans
le plus pur style d'après-guerre.
Ce n'est pas dans la vélocité ni la
virtuosité technique que réside le
mystère de la musique. Au contraire, diraient d'aucuns. Mais
lorsque le plaisir d'écoute obtenu par leur biais est si vif
qu'on en oublie leur présence, on redécouvre que
celles-ci peuvent s'avérer nécessaires
à qui sait les maîtriser. Certains tombent dans le
panneau de la démonstration technique. D'autres, plus rares,
parviennent à s'en servir si naturellement qu'elle
réussit à servir une esthétique
lyrique, vive et libre. Et ce quartet fait mouche !
Fred Hamelin –
mars 2018
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