|
|
|
|
|
MAË DEFAYS au JAZZ CAFE MONTPARNASSE (75)
|
|
|
|
|
Ecrit par Fred Hamelin |
|
|
mercredi, 07 février 2018
MAË
DEFAYS
JAZZ CAFE MONTPARNASSE
– PARIS (75)
Le 20 janvier 2018
https://www.maedefays.com/
Remerciements à Aurore Voilqué (Jazz
Café Montparnasse) et Valérie Mohabeer (Manager)
Il est désormais plus qu'évident que le Centre
des Musiques Didier Lockwood (CMDL) est une véritable
pépinière à talents pour le paysage
jazz hexagonal et un tremplin de premier plan vers l'univers
professionnel. Ainsi Maë Defays,
auteur-compositeur-interprète à
l'étonnante maturité œuvrait ce
soir-là au Jazz-Café Montparnasse (ex-Petit
Journal) pour le bien-être de nos papilles auditives. Elle
est donc toute jeune (née en 1995, faites le calcul), mais
elle possède déjà une assurance
sidérante et un premier Ep, « The Shelter
», produit en 2016.
Du jazz, oui, mais pétri de nombreuses influences.
Caraïbes d'une part pour son côté
néo-soul et bossa nova (et la Guadeloupe comme terre
d'origine), tout en optant pour un cross-over très
contemporain allant du blues au folk et en prenant parfois des chemins
plus pop. C'est un jazz très coloré et bien
agréable à écouter et surtout
porté par une superbe voix cristalline, douce et caressante.
On pense très vite à Corinne Bailey Rae mais
aussi à José James et Esperanza Spalding. Cette
voix est d'ailleurs tellement fluide qu'elle a la sensualité
et la souplesse des grandes chanteuses qui ont fait le jazz. C'est
peut-être, certes un bien beau compliment, mais il est
réaliste de dire que Maë Defays chante
exquisément bien et juste.
Ce qui compte ici, c’est bien l’art de chanter :
timbre assuré, sauts d’octave, très
belle diction, timidité certes et jeunesse oblige, un
exercice scénique peut être intimidant; parfois
légèreté mais jamais une once de
mièvrerie pour une maîtrise vocale flirtant avec
l'épanouissement total. La musique est donc très
cool, avec un rayon de soleil propice à la bonne humeur. Et
si la légèreté l’emporte
haut la main, le travail accompli sur les arrangements et les
mélodies est loin d’être superficiel.
Et c'est un sextet relativement homogène et en parfaite
osmose sur les planches du Jazz Café : qualité du
phrasé de la pianiste (Clélya Abraham, toute
nouvelle venue dans le groupe), swing et cohérence de la
rythmique (Louis Haynes d'une part à la basse et Tao Erlich
aux fûts), des chœurs en adéquation
totale (Julie Vizy) et un guitariste qui est loin d'être
manchot (David Huang) et qui retiens l'attention. Un très
bon cocktail, donc, autour de Maë Defays, qui
n'hésitera pas à faire monter sur
scène son père, Olivier Defays, saxophoniste de
renom, pour une jam bien agréable.
Il y a une réelle personnalité ici, et une
intention de plaire comme de partager. Les musiciens
privilégient un jazz « accessible »,
suave et soyeux, et même si l’on est amateur de
musique plus aventureuse, on ne trouvera rien à redire tant
ce concert respire et fait un bien fou ! Les titres « The
Shelter » et « Everytime » sont
même de biens jolies démonstrations du style de la
belle qui, avec ces notes perlées et cette
fluidité caractéristique vocale, tracent comme
des ronds ou des cercles sur la surface de l’eau. Point de
technique ostentatoire, point de démonstration dans son jeu,
mais une élégance et une maturité
stylistique qui n’a d’égale que son
raffinement. Il suffit d’un instant dans l'écoute.
L’instant de grâce où vous trouvez enfin
la disponibilité nécessaire pour goûter
cette perle. Car il s’agit bien de cela ici : de saveurs
rares.
Bref, vous l'avez bien compris, pour cette jeune artiste dont
j'espère une belle carrière en devenir, c'est un
véritable coup de cœur !
Fred Hamelin –
février 2018
|
|
|
|