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Ecrit par Aline Meyer & Yann Charles |
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lundi, 05 février 2018
SAXON
http://www.saxon747.com
Nous avions terminé 2017 avec une rencontre exceptionnelle
avec Tommy Emmanuel. Pour débuter cette nouvelle
année 2018, c'est une autre légende, du rock
cette fois ci, que nous avons rencontré : Biff Byford, le
charismatique chanteur d'un des groupes phare du hard rock, Saxon. Il
nous parle de lui, du groupe et de leur tout dernier album, «
Thunderbold », qui n'est pas un énième
best off mais un opus puissant et racé comme ils savent si
bien le faire !
« Thunderbolt
» est le 22ème album studio de Saxon et marque un
certain retour aux sources avec un son plus heavy et speed metal.
Comment avez-vous appréhendé
l’écriture de cet album ?
Grosso modo de la même manière que
l’album précédent. Il n’y a
pas eu de gros changement, Nibbs le bassiste et moi avons
travaillé ensemble sur les idées de base en
partageant des chansons. Il n’y avait pas vraiment de plan
établi, nous ne voulons pas devenir prévisibles,
nous voulons continuer à faire de bons albums sans
ressembler à qui que ce soit ou à ce que
l’on a fait avant. Je trouve que cet album sonne plus
britannique que le précédent, il y a une
dimension NWOBHM. Mais comme je te disais, nous n’avions pas
de plan ou d’intention précise, Il n’y a
pas eu de véritable changement dans notre manière
de l’appréhender par rapport aux quatre albums
précédents.
La chanson «
They Played Rock’n’Roll » rend hommage
à Motörhead et à Lemmy, quel
héritage a-t-il laissé à votre avis ?
Je pense que l’héritage de Motörhead que
Lemmy a créé dans les années 70
était une bonne chose pour Saxon puisque nous avons fait
notre première tournée avec eux, c’est
de ça que parle la chanson. Je pense qu’il est
sérieux lui de la bonne musique que beaucoup de gens autour
du monde apprécient et apprécieront toujours, il
fait partie de ce club très fermé de ceux qui ont
écrit des chansons iconiques. Ça fait partie de
l’ADN du rock‘n‘roll, c’est
ça l’héritage qu’il laisse.
Je pense qu’il était toujours à 100 %,
il a toujours vécu à 100 %, tous les mecs du
groupe. Fast Eddie est décédé la nuit
dernière, mais ils ont tous laissé un
très bel héritage !
Il y a un autre hommage
sur cet album, aux roadies avec la chanson «
Roadie’s Song ». Cela semble important pour vous de
rendre hommage à ceux qui sont dans l’ombre.
Pour te dire la vérité, je ne voulais pas mettre
cette chanson sur l’album. C’est une chanson qui
sonne très années 80, avec une
atmosphère joyeuse, donc c’est un peu
étrange de sortir ça aujourd’hui, et le
groupe ne voulait pas la mettre sur l’album. Mais ce
qu’il s’est passé c’est que ma
famille a écouté cette chanson et l’a
trouvée super. Ils m’ont dit « mais tu
es stupide, tu devrais mettre cette chanson sur l’album, le
refrain génial ! ». C’est comme
ça qu’on a fini par la mettre sur
l’album, ça s’est vraiment fait dans un
deuxième temps. Pourtant c’est une chanson que
j’adore, je pense qu’en
vérité, j’avais écrit les
paroles pour mon album solo, mais ça reste une chanson de
groupe que l’on a écrite tous ensemble, le riff
par exemple vient de Doug Scarratt.
Pendant la
première partie de la tournée
européenne, vous ne passez pas en France, pourtant vous
passez dans des pays frontaliers comme l’Allemagne.
Savez-vous pourquoi ?
Dans la première partie effectivement nous n’avons
pas le temps de passer dans tous les pays, mais nous viendrons en
France en octobre. Pour cette première partie de
tournée nous n’avons pas eu
l’opportunité de jouer à Paris, mais je
sais que les promoteurs de notre tournée ont
l’intention de nous faire jouer en Espagne, en France et dans
les pays de Scandinavie plus tard dans l’année.
Au Royaume Uni les
premières parties sont Diamond Head et Rock Goddess,
savez-vous qui ce sera pour le reste de la tournée ?
Nous sommes en pourparlers avec différentes personnes, je ne
peux donc pas trop te dire qui ! (Rires) Nous voulions partir en
tournée avec Krokus, mais ils ne donneront pas de concert
cette année, donc pour l’instant je peux seulement
te dire que c’est en train de se décider, mais je
suis désolé je ne peux pas en dire plus. Mais ce
sera super !
Comment travaillez-vous
ensemble dans le groupe, est-ce que vous vous rencontrez en dehors des
tournées, en période de composition, vous
rencontrez-vous fréquemment pour composer ensemble ou le
faites-vous à distance ?
Pour ma part, j’écris beaucoup de paroles et de
mélodies tout seul, j’ai mon propre studio et
ça facilite les choses pour moi de travailler de chez moi.
En fait, nous développons des idées chacun de
notre côté jusqu’à un certain
stade, et ensuite nous partons en studio. C’est là
que nous sommes tous réunis ensemble et que nous finalisons
les compositions, c’est comme cela que nous fonctionnons.
Aujourd’hui, avec toutes les technologies digitales,
c’est très facile de travailler de chez soi
jusqu’à un certain stade, mais je pense
qu’à un moment, il faut réunir tout le
groupe et jouer en live. Les nouvelles technologies n’ont
fait que de retarder ce moment en fait.
Avec le recul, y a-t-il
un album ou une chanson que vous ne referiez pas ou pas de la
même manière si c’était
à refaire ?
Oui, en fait je pense qu’il y a quelques albums que je
referais différemment. Bien sûr, c’est
de la pure théorie, parce que tu ne peux pas revenir en
arrière et changer le cours des choses. Je pense
à « Destiny » par exemple, je pense que
l’on pourrait faire du meilleur boulot sur cet album. Mais il
faut dire que l’alchimie au sein du groupe était
différente à ce moment-là, et donc
l’album est un reflet de ce que nous étions
à ce moment précis. Nous sommes un groupe
très honnête musicalement parlant, comme je te le
disais nous ne sommes pas vraiment prévisibles, et
n’avons pas de plan. Donc s’il y a quelque chose
qui ne tourne pas rond au sein du groupe, mécaniquement
ça se répercute sur la musique. Je pense que je
ferais « Destiny » de manière plus
heavy. Je ne pense pas que je changerais grand-chose d’autre,
mais j’ai le sentiment que cet album est un peu un point
faible dans notre carrière. Mais après, cela nous
a aussi permis de rebondir et d’être là
où nous sommes maintenant.
Comme vous le disiez, Saxon est
un groupe authentique, mais aussi un groupe fidèle. Vous
êtes fidèles à votre son, à
votre public, à votre entourage. Est-ce que c’est
quelque chose qui vous caractérise personnellement ?
Oui je pense, je pense que c’est important pour moi de rester
en contact avec les fans, de faire des tournées, je pense
que c’est en concert que la musique prend vie,
c’est formidable, c’est la seule façon
de vraiment découvrir un groupe. Voir un groupe jouer son
dernier album en concert est une très belle façon
de les découvrir ou de les redécouvrir. Je
m’assimile un peu à Lemmy. Tout est fait pour les
fans et le rock‘n’roll.
En parlant des fans, vous
passez beaucoup de temps sur la route, avec le temps serait-ce
plutôt devenu une addiction ou une contrainte ?
C’est mon boulot ! C’est ce que nous faisons, je
suis musicien professionnel depuis 50 ans, c’est mon boulot,
c’est ce que je fais. C’est ce que les gens
attendent de moi, et j’aime ce boulot. Bien sûr
j’ai aussi une famille, donc il faut trouver le bon
équilibre entre la famille et les tournées et le
groupe. Lemmy n’avait pas une femme, des enfants et trois
chiens qui l’attendaient à la maison.
C’est ça la différence pour moi. Tu
dois gérer les priorités dans ta vie telles
qu’elles se présentent. Tu dois continuer de
rouler ta bosse et essayer de survivre.
Quel est le secret de
votre longévité en tant que groupe et en tant
qu’individu ?
(Rires) Je
ne sais pas vraiment pour être honnête, mais je
pense que pour le groupe ça vient du fait que nous avons une
majorité de bons albums et que nous avons beaucoup
joué de concerts et que nous avons une belle relation avec
notre public. Il y a aussi cette attitude anglaise qui fait que tu ne
renonce jamais. Ça se manifeste de manière
très forte chez nous. Je pense que c’est pour
ça que les groupes anglais ont toujours dominé la
scène rock’n’roll à travers
les années.
Et à titre
personnel ?
Je pense que le fait de ne jamais renoncer, comme je te le disais,
ça s’applique bien à moi. Toujours
essayer. Ne jamais avoir peur de prendre des risques. C’est
de la musique, ce n’est pas censé être
confortable !
Quel est votre regard sur
le contexte actuel dans l’industrie musicale ?
Je pense qu’en ce moment, pour un nouveau groupe, il
n’y a pas beaucoup de petites salles, tout
particulièrement en Angleterre où elles ont
toutes fermé. Ça m’attriste beaucoup
car plus il y a de petites salles, plus il y a un terreau fertile pour
de nouveaux groupes et de nouveaux talents. La plupart de la musique
rock anglaise ne vient pas des universités et des
conservatoires. Elle vient des rues, des petits clubs, des bars
où on joue gratuitement. Je ne sais pas ce qu’il
en est en France, mais au Royaume-Uni la situation est très
mauvaise, et aux États-Unis c’est très
problématique également. Je pense que ce
n’est pas bon qu’il n’y ait que des
salles payantes, il devrait y avoir des bars où les groupes
jouent gratuitement et où les gens peuvent rentrer juste par
hasard et découvrir un nouveau groupe. Mon fils est dans un
groupe, ils n’ont que 19 ou 20 ans, mais ils
galèrent déjà pour trouver des dates
gratuites. Je pense qu’il devrait y avoir plus de salles
gratuites, quitte à ce que le gouvernement subventionne ces
salles.
Vous avez vécu
en France avant de retourner au Royaume-Uni.
C’est vrai !
Pensez-vous que si un
jour Saxon s’arrête vous reviendrez vivre en France
?
Non ! Parce que vos impôts me rendent dingue ! (Rires) La
véritable raison pour laquelle j’ai
quitté la France, c’est parce que la
grand-mère de mon épouse est
décédée. Et comme ses parents sont
âgés, elle voulait se rapprocher d’eux.
La deuxième raison, c’était les
impôts et le système de santé. Le
système français est vraiment dingue. Je ne
pouvais pas être couvert par la
sécurité sociale donc je payais de ma poche tous
mes soins. Je n’étais pas un musicien
français, et comme n’étions pas un
groupe très connu en France, ils ne m’ont pas
donné le statut de musicien. Cela me coûtait donc
beaucoup d’argent chaque année puisque
j’ai quatre enfants. Il en va de même pour le
système d’impôts, votre
système est vraiment dingue ! (Rires) Donc au
bout du compte, ça me coûtait cher de vivre en
France ! J’adore la France, mais je ne peux pas payer pour
vivre ici ! Ce sont eux qui doivent me payer pour vivre ici, pas
l’inverse ! (Rires)
Je vous avais
déjà rencontré en interview il y a
quelques années, et vous portiez déjà
ce pendentif Saxon. Il ne vous quitte donc jamais ?
Oui, Paul Quinn et moi le portons … Enfin tous les membres
du groupe le possèdent, mais seuls Paul et moi le portons de
manière visible. Les autres ne le trouve probablement assez
cool pour l’arborer ! (Rires) Nous avions fait faire ces
colliers il y a bien longtemps par une entreprise londonienne qui
s’appelle Great Frog. Si les fans en veulent un, ils le
peuvent. Un grand nombre de fans ultimes de Saxon en ont un.
Vous ne
l’enlevez jamais ?
Non, il reste toujours sur moi, je porte parfois différents
colliers, mais celui-là, je ne l’enlève
pas.
Merci Biff !
Propos recueillis par
Aline Meyer et Yann Charles
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