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INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE à MEMPHIS (USA) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 21 janvier 2018
 

IBC 2018 INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE
BEALE STREET – MEMPHIS (USA)
Du 16 au 20 janvier 2018

http://www.blues.org    

En marge de l’expédition « En Terre de Blues » qui nous a déjà emmenés de Nashville à Memphis via Lynchburg et Tupelo pendant quelques jours (voir ici), nous retrouvons les amis de la Blues Foundation qui organisent la 34ème édition de l’International  Blues Challenge, le grand rendez-vous de tous les adeptes des douze mesures puisque près de 260 groupes vont se produire dans une grosse vingtaine de clubs de Beale Street jusqu’à samedi ! La Mecque du blues en somme …

mardi 16 janvier 2018 :

Première surprise au réveil, la neige a totalement envahi la ville et c’est amusant de voire les premières traces de pas laissées dans les rues par des badauds en manque de sensations fortes puisque la majorité des attractions de Memphis est restés fermée en raison des aléas climatiques. On se promènera donc dans la ville blanche à la recherche d’un peu de chaleur pour oublier les -10° affichés au thermomètre, en prenant à l’occasion un café ou en allant essayer les guitares dans le magasin de l’usine Gibson …

Autant d’étapes successives qui nous conduiront jusqu’au Central BBQ où nous dégusterons la soul food locale avant de gagner la Blues Foundation et son Blues Hall Of Fame, sans oublier au passage de saluer Jacqueline Smith, la militante noire qui est en quelque sorte l’épine dans le pied du Civil Rights Museum, par ailleurs formidablement intéressant mais auquel elle reproche de monopoliser les chambres du Motel Lorraine qui seraient bien utiles selon elle aux sans-abris, surtout dans des conditions climatiques comme celles d’aujourd’hui !    

Le temps des chaleureuses retrouvailles avec les amis de la communauté blues internationale a sonné et c’est vers Clayborn Temple, une église transformée en salle de spectacles, que nous nous rendrons bientôt pour assister à l’International Showcase. Au programme, une douzaine de groupes non américains venus jouer chacun une quinzaine de minutes, l’occasion rêvée de découvrir de nouvelles formations et d’en retrouver quelques autres puisque l’on appréciera successivement les Allemands du Greyhound’s Washboard Band, le Néerlandais Mr Boogie Woogie, les Anglais de Lavendore Rogue ou encore les Italiens de DeltaBlues et les Croates de Jeremiah’s.

Le showcase sera enfin et surtout l’occasion d’assister à la première prestation de Wild Time with Mathis Haug feat. Stef Notari qui réussiront le tour de force de réveiller en moins d’un quart d’heure le public d’un Clayborn Temple qui apprécie la subtilité d’un duo qui saura commencer avec un blues très calme et un tantinet psychédélique avant de glisser vers un blues plus torturé dans lequel quelques belles explosions plus rock surprennent de temps à autres. Autant dire que dans cet ancien édifice religieux où Martin Luther King est venu en mars 1968 soutenir la révolte des éboueurs, la prestation des Français ne passera pas inaperçue et aura même un petit côté rebelle très à propos ! Un départ de bon augure pour un challenge qui s’annonce intéressant …

On quitte les journalistes Joe Farmer de RFI et Xavier Bonnet de Rolling Stone pour partir affronter les -13° à l’extérieur et rejoindre Alfred’s où Aurélien Morro & The Checkers vont donner leur premier concert. Au programme, 90 minutes d’un blues chaleureux et enjoué que les Clermontois vont nous servir à leur façon, en s’appuyant sur une rythmique solide et en laissant à la guitare et au piano tout le loisir de faire quelques beaux effets de style. Les quatre lettres de STAX qui brillent derrière le groupe ne l’impressionnent pas et c’est une première expérience plutôt positive que nous livrera le quartet avec un bon show dans lequel on regrettera juste un petit manque d’agressivité pour s’en aller à la conquête du public !  

La journée a été longue et c’est en affrontant à nouveau le froid que l’on rejoindra nos hôtels pour y prendre un peu de repos avant le véritable lancement demain du 34ème International Blues Challenge.

mercredi 17 janvier 2018 :

Comment mieux commencer la journée qu’en allant au Arcade Restaurant où nous retrouvons le correspondant de l’office du tourisme pour un petit déjeuner durant lequel nous prendrons le pouls de la ville et les dernières informations qui la concernent. Et en cette année qui verra la célébration du 50ème anniversaire de l’assassinat de Martin Luther King, il va de soi que nombre de commémorations sont au programme de la saison toute entière ! Le temps de faire un rapide tour sur les bords du Mississippi tout de blanc vêtu et nous voilà bientôt dans le Tennessee Ballroom de l’hôtel DoubleTree pour une réunion rassemblant nombre de Blues Society venues parler de leurs attentes et y trouver des solutions.

Difficile ensuite de ne pas passer déguster quelques ribs au Cozy Corner, un fast food populaire dans les environs proches du centre-ville, un endroit dans lequel les locaux viennent se régaler ou simplement prendre des plats à emporter avant d’aller voir les matchs de basket ou de baseball ! Véritable institution, le Cozy Corner est de nouveau en service depuis plus d’un an après avoir été ravagé par les flammes et fermé il y a quelques années et c’est toujours un plaisir de passer y déjeuner. Un passage chez Shangri-La Records au retour pour aller visiter une véritable institution pour les collectionneurs de vinyles et voilà un début d’après-midi qui aura été rondement mené !

Il est temps maintenant d’aller assister au début de l’International Blues Challenge et ce sont Aurélien Morro & The Checkers qui s’y collent pour essuyer les plâtres dans un Rum Boogie Café qui ne tarde pas à plier sous les coups de boutoir d’un quartet plus que motivé. S’il n’est pas évident de jouer en premier, les Clermontois vont s’efforcer de tout donner et c’est porté par un leader efficace et décidé que le groupe va mettre tout son poids dans la balance pour nous offrir le show qui va bien. Le public ne s’y trompe pas et répond comme il se doit, tout comme le jury d’ailleurs, qui pour sa part applaudira le groupe copieusement.

On restera quelques minutes pour assister au début du set de Calling Dr. Howard, le représentant de Capital Area Blues Society, avant de rejoindre le Mr. Handy’s Blues Hall où se produira dans un peu plus d’une heure le duo français. L’occasion de remarquer les prestations de Hat & Matching Suitcase (The Blues Alliance Of The Treasure Coast), de Hilger & DeVos (Kalamazoo Valley Blues Association) et surtout de Matthew J & Jimbo Mack (Topeka Blues Society), duo improbable avec sa cigar box et sa chest bass. Une bonne entrée en matière pendant que dans le Rum Boogie Café, les locaux de Fuzzy & The Blues Band mettent littéralement le feu et attirent le public des clubs voisins ! L’avantage de jouer à domicile conjugué à une folle énergie laisse penser que l’on reverra le groupe plus loin dans la compétition …

C’est maintenant à Wild Time with Mathis Haug feat. Stef Notari de se jeter dans la fosse aux lions et c’est victimes d’un buzz parasite plus que dérangeant que le duo va devoir s’exécuter. Pas démonté pour autant, Mathis le présentera comme le troisième membre du groupe et informera l’assistance de son obligation de jouer des titres un peu plus rock pour que les blues ballads ne soient pas entachées par ce sifflement plus qu’agaçant dès que le volume diminue. C’est donc la version explosive de Wild Time que nous découvrirons ce soir et c’est un Blues Hall véritablement séduit qui manifestera son plaisir pendant que Mathis et Stef aideront leurs successeurs à s’installer … Après trois formations très acoustiques, le tandem français a réussi à réveiller l’assistance ! 

La soirée est loin d’être terminée puisque les groupes joueront encore jusqu’à 22 heures 30 environ avant que Beale Street ne se lance dans des jams quelque peu perturbées par le froid et la neige qui en fondant laisse de belles plaques de verglas derrière elle … C’est ça aussi l’IBC, des rencontres, des retrouvailles et des découvertes ! Et quand on passe près de la maison de W.C. Handy au milieu de la nuit pour rejoindre son hôtel, c’est encore plus agréable …

Jeudi 18 janvier 2018 :

On profite de cette matinée de liberté pour aller rendre visite à nos amis de chez Stax et pour visiter le musée et les studios qui ont permis à Satellite Records et à Stax Records d’entrer dans la légende. Un joli film documentaire et beaucoup de collectors et autres souvenirs rassemblés dans le musée finissent d’aiguiser l’attention des visiteurs et après le découverte de la Cadillac dorée d’Isaak Hayes et de son Oscar remporté pour le film « Shaft », c’est vers la sortie que l’on de dirige, non sans faire un peu de tri dans les vinyles qui se proposent aux badauds. Un passage près de l’ancienne maison de Memphis Slim où nous croisons Eric Gales en préparation de son spectacle de la fin de semaine et voilà une visite qui aura une fois de plus fait son lot d’heureux !

Le Four Way est devenu une sorte d’incontournable où nous aimons nous rendre chaque année pour y déguster de la vraie soul food et une fois encore que nous allons apprécier la gentillesse et la subtilité de ce restaurant où l’on savoure de la nourriture typique et délicieuse au milieu des portraits de Martin Luther King et de Barack Obama, une lemonade maison à la main. Souvent très fréquenté, il est prudent d’y venir de bonne heure si l’on veut une bonne table !

Quoi de plus sympathique ensuite que d’aller prendre un café au Sun Studio ? Assis à l’accueil du bâtiment entre les clients qui font la visite et ceux qui font le plein de souvenirs, c’est l’occasion de se mettre un moment dans l’ambiance Sun sans avoir besoin de refaire pour la énième fois le tour du musée et du studio par lui-même. Un bon compromis qui permet de patienter tranquillement pendant que les newcomers en prennent plein les mirettes …

Visiter l’usine Gibson est une chose, la visiter en compagnie d’une personne qui a fait fabriquer à son goût une guitare qui restera un modèle unique en est une autre puisque outre la découverte de la fabrication des différentes parties d’un instrument, de leur assemblage et de la finition, on peut croiser les morceaux pas encore assemblés de la guitare en question et assister à l’émotion de son futur propriétaire. Accompagnés par ce qui se fait de mieux comme guide puisque c’est un des responsables du design qui nous a pris en main, nous profiterons également de petits détails non évoqués lors de la visite classique avant de rejoindre le showroom où les visiteurs ont tout le loisir d’essayer les modèles de leur choix et même de se les offrir.

On retourne maintenant rapidement sur Beale Street pour retrouver les groupes et c’est au Rum Boogie Café que l’on assiste une fois encore à un show épatant d’Aurélien Morro & The Checkers qui vont mettre du corps et du cœur à l’ouvrage en proposant un mélange harmonieux de compositions et de reprises avec par exemple un clin d’œil appuyé à Tab Benoit. Guitariste virtuose, Aurélien a la chance d’être entouré par une équipe de qualité et si la musique du quartet est un régal pour les oreilles, elle est également un plaisir pour l’âme tant la plénitude qui se dégage de ce groupe est flagrante. Ajoutez le fait que la compagnie de ces musiciens est un véritable bonheur et vous aurez compris quel est le plaisir de les voir dans ce genre de configuration !

On ne manquera pas un peu plus tard d’aller retrouver le duo Wild Time qui lui aussi va nous proposer une prestation de grande qualité, et sans parasite en plus cette fois. En offrant un set différent de celui de la veille, Mathis et Stefan vont réussir non seulement à ne pas se répéter mais aussi à s’ouvrir vers un autre public qui n’en démordra pas, Mathis faisant une véritable moisson de cartes de visite à la fin de son show durant lequel il aura su passer des blues hypnotiques et répétitifs à des blues plus puissants voire même carrément à du blues rock. Monté sur scène un peu tard dans la soirée, à l’heure où les gens vont diner avant d’aller assister aux jam sessions dans les clubs, le duo n’en aura pas moins fait forte impression sur des professionnels dont certains ont littéralement craqué, et on comprend aisément pourquoi.  
     
La tournée des clubs sur Beale Street sera enfin l’occasion de retrouver sur scène Tom Euler Band (River City Blues Society), Calling Dr. Howard (Capital Area Blues Society), Hilger & DeVos (Kalamazoo Valley Blues Association) ou encore Barrelhouse (Blues Society of The Ozarks) mais aussi de croiser Steven Van Zandt, le guitariste du E Street Band de Bruce Springsteen, le tout entre un arrêt restauration au Blues City Café et le début de la jam proposée dans le club du même nom. Annoncés aux alentours d’une heure du matin, les résultats auront l’effet d’une douche froide sur nos représentants nationaux puisque ni l’un ni l’autre n’aura réussi à franchir l’écueil qui conduit à la demi-finale, sans pourtant démériter le moins du monde. Si les regrets sont légitimes, au moins Aurélien Morro & The Checkers et Wild Time with Mathis Haug feat. Stef Notari pourront  être fiers d’avoir donné le meilleur d’eux-mêmes.   

Vendredi 19 janvier 2018 :

C’est une journée un peu particulière qui nous attend puisqu’elle commence par la cérémonie des Keeping The Blues Alive Awards durant laquelle une douzaine de personnalités et d’organisations vont être récompensées pour l'ensemble de leur carrière, parmi lesquelles la touchante Albertina Wassenhove qui continue de faire fonctionner le club que ses parents ont acquis en 1924 dans l’Indiana, ou encore l’European Blues Union qui depuis une dizaine d’années agit comme l’organisation internationale de référence en Europe. Un grand moment plein d’humour et d’émotion orchestré par Art Tipaldi qui permet chaque année d’honorer quelques personnalités du blues ! 

Le repas du midi ayant été remplacé par le luncheon pris au début de la cérémonie, nous partons ensuite vers Royal Studio pour aller y saluer notre ami Boo Mitchell et passer un peu de temps avec lui, très vite rejoints, on ne va pas s’en plaindre, par Steven Van Zandt venu lui aussi découvrir cet endroit exceptionnel où les plus grands artistes ont enregistré, de Al Green à Keith Richards en passant par Bobby Blue Bland et tant d’autres encore. Et comme une surprise n’attend jamais l’autre à Royal Studio, c’est au son de « Uptown Funk » qui lui a valu le Grammy Award de la chanson de l’année en 2016 que nous terminerons l’après-midi. Encore un grand moment de convivialité durant lequel tout le monde y ira de son petit pas de danse dans ce studio mythique !

Le temps d’aller faire quelques emplettes dans les magasins spécialisés en périphérie et nous revoilà sur Beale Street où se déroule ce soir la demi-finale de l’International Blues Challenge. C’est l’occasion parfaite pour aller dîner au Blues City Café et y découvrir trois formations, Greg Sover Band de Steel City Blues Society, les Italiens Betta Blues Society et enfin Mojomama de Colorado Blues Society. Autant de bons moments passés à écouter du bon blues en savourant un des énormes T-Bone, Porterhouse ou encore Sirloin dont l’établissement a fait sa spécialité. Pas étonnant qu’au fil des ans, les Français aient fait du Blues City Café leur cantine du soir …

On redescendra bientôt la rue pour rejoindre le Tin Roof où se produisent Fuzzy And The Blues Band des Blues Lovers United of San Diego, un groupe qui nous avait déjà très impressionné lors de son quart de finale quand nous l’avions découvert peu après Aurélien Morro & The Checkers au Rum Boogie et qui confirme ce soir son excellente qualité puisque l’on apprendra plus tard dans la soirée qu’il ira disputer la finale demain à l’Orpheum. Le temps de traverser la rue et d’assister à la prestation de Mama Blue de First Coast Blues Society au Wet Willies et il sera déjà temps de dire au-revoir à une demi-finale très disputée, même si avec les aléas climatiques on déplore un certain manque de public, tout au moins dans la rue puisque nombre de clubs sont bondés.  

En attendant l’annonce des résultats et la présentation des finalistes, on se rendra au Rum Boogie Café pour la VizzTone’s Blues Party présentée par Bob Margolin en compagnie, entre autres, de l’harmoniciste Bob Corritore et de la délicieuse Heather Crosse, une amie bassiste rencontrée l’an dernier à Clarksdale. L’occasion de passer un bon moment avec des artistes de très haut niveau qui ne se priveront pas ce soir de laisser le bon temps rouler sur des blues de Chicago bien entendu, mais aussi sur des musiques qui passent par le Delta, la Côte Ouest et bien sur le Texas. Un grand moment de très bon blues, mais il y en avait déjà eu tellement cette semaine que l’on finit presque par s’y habituer …

Samedi 20 janvier 2018 :

C’est aujourd’hui le grand rush puisque dès midi nous nous retrouvons à l’Orpheum Theater pour environ huit heures d’un show qui s’annonce exceptionnel avec pas moins de seize groupes au menu de la finale de l’International Blues Challenge. Au moins huit heures de blues d’affilée en perspective …

On démarre avec Felix Slim de l’Asociacion Musical Blues de Hondarribia qui nous sort de belles notes en solo, adaptant au passage un « Rollin’ And Tumblin’ » de belle facture. La guitare inventive, l’harmonica discret et la voix assurée, Felix Slim nous offrira une belle entrée en matière en n’hésitant pas à jouer en open tuning à l’occasion !

On reste en Europe avec Betta Blues Society présenté par DeltaBlues et c’est en slide que les Italiens vont allumer le feu avec une prestation blues de très bonne qualité. Le charme et la voix délicate de la chanteuse et un travail précis sur la batterie sont un plus indéniable dont le groupe ne se prive pas ! Un titre de JB Lenoir pour finir et voilà une affaire qui est rondement menée!

Kevin B.F. Burt de Central Iowa Blues Society prend rapidement le relais avec son résonateur en bois et sa grosse voix bien grave et pleine de nuances. Réussissant à faire chanter le public et à l’interpeller, le bluesman marquera forcément les esprits à l’arrivée et c’est amplement mérité car il met du cœur à l’ouvrage ! Une standing ovation en fin de set laisse entrevoit le meilleur pour l’artiste …

Place maintenant à Greyhound’s Washboard Band de German Blues Network qui débarque avec un attirail assez conséquent et avec une musique très rurale qui fait plaisir à entendre ! Du Blues tout en slide avec des percussions totalement barrées et une attitude éminemment positive, il n’en faut pas plus pour que ça fonctionne sur une assistance qui se laisse prendre au jeu !

C’est au tour de Brian Keith Walen de Cincy Blues Society que nous avions déjà vu en finale en 2015 mais aussi à Eutin BluesFest en 2017. Un dobro et une guitare, un footstomp un peu répétitif et des morceaux qui tiennent la route, c’est parti pour un show sans temps mort, pas forcément le plus original mais techniquement très abouti ! On a une fois de plus droit à l’histoire du footstomp 4.0 fabriqué par son père et ça amuse l’assistance !

Au tour du Keeshea Pratt Band de Houston Blues Society de se placer avec ses cuivres et sa chanteuse très rhythm’n’blues. Un jeu de guitare en slide, un bassiste au physique qui rappelle BB King et quelques facéties qui nous emmènent du côté de New Orleans et c’est un show rythmé et solide que nous proposera cette formation que l’on pourrait bien retrouver sur le podium !

Place à Robert Lefty Preacher Sampson d’Illinois Central Blues Club qui commence au piano boogie pour continuer à la guitare. Proposant un show plein d’humour mais aussi de talent, le gaucher va nous faire passer un bon moment alors que l’on termine déjà la troisième heure de ce marathon blues qu’est la finale de l’IBC.

On attaque la huitième prestation du jour avec Tee Dee Young de Kentucky Blues Society qui arrive avec une sangle de guitare à led mais aussi avec un saxophone et un orgue Hammond. La basse est beaucoup trop forte et gâche le plaisir d’un groupe qui mérite mieux que la bouillie sonore qu’il nous propose. On appréciera quand même le professionnalisme d’un groupe qui connaît bien son boulot !

C’est maintenant Sweet n’ Salty de Mississippi Delta Blues Society of Indianola de venir nous raconter un Blues plein de sensibilité et de finesse. Elle au résonateur ou à la scie musicale, lui au dobro, le tout porté par deux voix chaudes et puissantes pour nous emmener sur la Highway 61 mais aussi sur la route qui conduit à Bentonia et pour nous présenter les différents styles de la région, de celui de Skip James à celui de Big Joe Williams. Le public apprécie et le fait savoir !

On en arrive à Fuzzy Jeffries And The Kings Of Memphis présentés par Memphis Blues Society, un groupe qui joue à domicile donc et qui nous fait une intro psychédélique très fuzzy, d’où le nom sans doute. Deux claviers et la guitare dégoulinante du frontman pour un mélange de compos et de covers comme « Damn Right I Got The Blues » et voilà encore une prestation qui se sera naturellement inscrite entre blues et blues rock.

Retour vers l’Europe avec Daniel Eriksen représentant Oslo Bluesklubb en duo avec un résonateur et une batterie. Le slide maîtrisé et les touches de toms bien senties font mouche à chaque fois et si l’on en arrive aux cuillers en cours de set pour « I Can’t Be Satisfied », c’est pour mieux mettre l’accent sur toutes les nuances de blues que le duo peut proposer. La réaction de la salle ne tarde pas à se faire entendre et c’est plutôt bon signe pour les deux comparses !

C’est maintenant à Angel Forrest de se présenter sur la scène de l’Orpheum et c’est avec tous les amis de la Société Blues de Montreal derrière elle qu’elle s’exécute pour un show explosif qui s’appuie sur de belles guitares et sur la voix d’Angel qui rappelle celle de Janis Joplin. Des titres en force et d’autres en parfaite délicatesse, c’est une fois encore un grand show plein de sensualité que nous aura offert la délicieuse Québécoise ! À noter également la prestation d’un Ricky Paquette à la guitare qui, comme le bon vin, bonifie avec les années ...

On entre dans le dernier carré de cette finale avec 2BLU de The Music Préservation Society, un duo guitare et chant harmonica qui a une certaine consistance tout en gardant beaucoup de finesse. Quelques traits d’humour un peu grivois et des mélodies très dépouillées contribuent à donner de la sympathie à cette formation qui ne paie pas de mine mais qui assure le job sans jamais faillir ! La salle en aurait presque redemandé ...

C’est maintenant à Arthur Menezes de Santa Clarita Valley Blues Society d’y aller et c’est soutenu par un clavier et par un saxophone que le chanteur et guitariste nous présente ses propres compositions. Touché de temps à autres par le syndrome de Stevie Ray Vaughan, Arthur Menezes fait par moment la course aux notes sur le manche mais si son blues vire parfois au rock, il n’en reste pas moins plein de richesses que l’on découvre avec un certain plaisir. Avec en plus deux jeunes femmes dans la formation, le quintette ne demande qu’à se faire connaître et c’est plutôt bien parti !

Dernier solo de la finale, Sam Joyner de Vicksburg Blues Society arrive avec son piano et nous propose un bon boogie-woogie un peu tape à l’œil mais assez consistant ! On n’évitera pas les plans habituels avec les pieds, debout devant le piano ou encore avec des descentes rapides vers les aigus mais Sam Joyner tient bien son set et s’y tient à la lettre pour ne pas se tromper ! Un poil de naturel en plus ne ferait pas de mal mais force est de constater que l’artiste a sa place en finale.

On termine avec Koolaid And The Exact Change Band de Topeka Blues Society qui se présente en quartet avec une section rythmique féminine et un orgue Hammond. Lui aussi atteint du syndrome de Stevie Ray Vaughan, le chanteur guitariste nous en met des louches là où quelques pincées suffiraient mais le public acquiesce et en redemande et du coup il se lâche le bougre, et pas qu’un peu ! Terminant leur set avec quelques minutes d’avance, les derniers candidats de la soirée surprendront quelque peu le staff qui pensait avoir quelques minutes de répit en plus ...

Le temps de la délibération, la Blues Foundation nous offrira un joli cadeau avec une jam réunissant entre autres Jonn Del Toro Richardson, Victor Wainwright, Karen Lovely, Bob Margolin, Billy Branch, Russell Jackson et nombre d’autres encore, un moment plein d’humour et de blues qui scotchera littéralement un public qui n’en attendait pas tant.

L’heure des résultats a sonnée et c’est l’un après l’autre que l’on apprendra que le Best Self-Produced CD est « Blue Metamorphasis » de Jontavious Willis avant d’assister à la moisson de prix suivante :

Solo – Duo :
2ème : Daniel Eriksen
1er : Kevin B.F. Burt
Cigar Box : Kevin B.F. Burt
Harmoniciste : Kevin B.F. Burt

Band :
3ème : Arthur Menezes
2ème : Fuzzy Jeffries And The Kings Of Memphis
1er : Keeshea Pratt Band
Guitariste : Arthur Menezes

Il faut désormais se résoudre à quitter nos amis de la Blues Foundation non sans les remercier et sans oublier de féliciter tous les candidats qui en quelque sorte sont tous les grands gagnants de cette belle aventure qu’est l’IBC … Pour nous la suite se déroulera « En terre de blues » mais une chose est certaine, on se retrouvera l’année prochaine pour le 35ème International Blues Challenge qui se déroulera du 22 au 26 janvier 2019 !

Fred Delforge - janvier 2018