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INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE à MEMPHIS (USA)
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Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 21 janvier 2018
IBC 2018
INTERNATIONAL
BLUES CHALLENGE
BEALE STREET –
MEMPHIS (USA)
Du 16 au 20 janvier 2018
http://www.blues.org
En marge de l’expédition « En Terre de
Blues » qui nous a déjà
emmenés de Nashville à Memphis via Lynchburg et
Tupelo pendant quelques jours (voir
ici), nous retrouvons les amis de la Blues Foundation qui
organisent la 34ème édition de
l’International Blues Challenge, le grand
rendez-vous de tous les adeptes des douze mesures puisque
près de 260 groupes vont se produire dans une grosse
vingtaine de clubs de Beale Street jusqu’à samedi
! La Mecque du blues en somme …
mardi 16 janvier 2018 :
Première surprise au réveil, la neige a
totalement envahi la ville et c’est amusant de voire les
premières traces de pas laissées dans les rues
par des badauds en manque de sensations fortes puisque la
majorité des attractions de Memphis est restés
fermée en raison des aléas climatiques. On se
promènera donc dans la ville blanche à la
recherche d’un peu de chaleur pour oublier les -10°
affichés au thermomètre, en prenant à
l’occasion un café ou en allant essayer les
guitares dans le magasin de l’usine Gibson …
Autant d’étapes successives qui nous conduiront
jusqu’au Central BBQ où nous
dégusterons la soul food locale avant de gagner la Blues
Foundation et son Blues Hall Of Fame, sans oublier au passage de saluer
Jacqueline Smith, la militante noire qui est en quelque sorte
l’épine dans le pied du Civil Rights Museum, par
ailleurs formidablement intéressant mais auquel elle
reproche de monopoliser les chambres du Motel Lorraine qui seraient
bien utiles selon elle aux sans-abris, surtout dans des conditions
climatiques comme celles d’aujourd’hui
!
Le temps des chaleureuses retrouvailles avec les amis de la
communauté blues internationale a sonné et
c’est vers Clayborn Temple, une église
transformée en salle de spectacles, que nous nous rendrons
bientôt pour assister à l’International
Showcase. Au programme, une douzaine de groupes non
américains venus jouer chacun une quinzaine de minutes,
l’occasion rêvée de découvrir
de nouvelles formations et d’en retrouver quelques autres
puisque l’on appréciera successivement les
Allemands du Greyhound’s Washboard Band, le
Néerlandais Mr Boogie Woogie, les Anglais de Lavendore Rogue
ou encore les Italiens de DeltaBlues et les Croates de
Jeremiah’s.
Le showcase sera enfin et surtout l’occasion
d’assister à la première prestation de
Wild Time with Mathis Haug feat. Stef Notari qui réussiront
le tour de force de réveiller en moins d’un quart
d’heure le public d’un Clayborn Temple qui
apprécie la subtilité d’un duo qui
saura commencer avec un blues très calme et un tantinet
psychédélique avant de glisser vers un blues plus
torturé dans lequel quelques belles explosions plus rock
surprennent de temps à autres. Autant dire que dans cet
ancien édifice religieux où Martin Luther King
est venu en mars 1968 soutenir la révolte des
éboueurs, la prestation des Français ne passera
pas inaperçue et aura même un petit
côté rebelle très à propos !
Un départ de bon augure pour un challenge qui
s’annonce intéressant …
On quitte les journalistes Joe Farmer de RFI et Xavier Bonnet de
Rolling Stone pour partir affronter les -13° à
l’extérieur et rejoindre Alfred’s
où Aurélien Morro & The Checkers vont
donner leur premier concert. Au programme, 90 minutes d’un
blues chaleureux et enjoué que les Clermontois vont nous
servir à leur façon, en s’appuyant sur
une rythmique solide et en laissant à la guitare et au piano
tout le loisir de faire quelques beaux effets de style. Les quatre
lettres de STAX qui brillent derrière le groupe ne
l’impressionnent pas et c’est une
première expérience plutôt positive que
nous livrera le quartet avec un bon show dans lequel on regrettera
juste un petit manque d’agressivité pour
s’en aller à la conquête du public !
La journée a été longue et
c’est en affrontant à nouveau le froid que
l’on rejoindra nos hôtels pour y prendre un peu de
repos avant le véritable lancement demain du
34ème International Blues Challenge.
mercredi 17 janvier 2018
:
Comment mieux commencer la journée qu’en allant au
Arcade Restaurant où nous retrouvons le correspondant de
l’office du tourisme pour un petit déjeuner durant
lequel nous prendrons le pouls de la ville et les dernières
informations qui la concernent. Et en cette année qui verra
la célébration du 50ème anniversaire
de l’assassinat de Martin Luther King, il va de soi que
nombre de commémorations sont au programme de la saison
toute entière ! Le temps de faire un rapide tour sur les
bords du Mississippi tout de blanc vêtu et nous
voilà bientôt dans le Tennessee Ballroom de
l’hôtel DoubleTree pour une réunion
rassemblant nombre de Blues Society venues parler de leurs attentes et
y trouver des solutions.
Difficile ensuite de ne pas passer déguster quelques ribs au
Cozy Corner, un fast food populaire dans les environs proches du
centre-ville, un endroit dans lequel les locaux viennent se
régaler ou simplement prendre des plats à
emporter avant d’aller voir les matchs de basket ou de
baseball ! Véritable institution, le Cozy Corner est de
nouveau en service depuis plus d’un an après avoir
été ravagé par les flammes et
fermé il y a quelques années et c’est
toujours un plaisir de passer y déjeuner. Un passage chez
Shangri-La Records au retour pour aller visiter une
véritable institution pour les collectionneurs de vinyles et
voilà un début d’après-midi
qui aura été rondement mené !
Il est temps maintenant d’aller assister au début
de l’International Blues Challenge et ce sont
Aurélien Morro & The Checkers qui s’y
collent pour essuyer les plâtres dans un Rum Boogie
Café qui ne tarde pas à plier sous les coups de
boutoir d’un quartet plus que motivé.
S’il n’est pas évident de jouer en
premier, les Clermontois vont s’efforcer de tout donner et
c’est porté par un leader efficace et
décidé que le groupe va mettre tout son poids
dans la balance pour nous offrir le show qui va bien. Le public ne
s’y trompe pas et répond comme il se doit, tout
comme le jury d’ailleurs, qui pour sa part applaudira le
groupe copieusement.
On restera quelques minutes pour assister au début du set de
Calling Dr. Howard, le représentant de Capital Area Blues
Society, avant de rejoindre le Mr. Handy’s Blues Hall
où se produira dans un peu plus d’une heure le duo
français. L’occasion de remarquer les prestations
de Hat & Matching Suitcase (The Blues Alliance Of The Treasure
Coast), de Hilger & DeVos (Kalamazoo Valley Blues Association)
et surtout de Matthew J & Jimbo Mack (Topeka Blues Society),
duo improbable avec sa cigar box et sa chest bass. Une bonne
entrée en matière pendant que dans le Rum Boogie
Café, les locaux de Fuzzy & The Blues Band mettent
littéralement le feu et attirent le public des clubs voisins
! L’avantage de jouer à domicile
conjugué à une folle énergie laisse
penser que l’on reverra le groupe plus loin dans la
compétition …
C’est maintenant à Wild Time with Mathis Haug
feat. Stef Notari de se jeter dans la fosse aux lions et
c’est victimes d’un buzz parasite plus que
dérangeant que le duo va devoir
s’exécuter. Pas démonté pour
autant, Mathis le présentera comme le troisième
membre du groupe et informera l’assistance de son obligation
de jouer des titres un peu plus rock pour que les blues ballads ne
soient pas entachées par ce sifflement plus
qu’agaçant dès que le volume diminue.
C’est donc la version explosive de Wild Time que nous
découvrirons ce soir et c’est un Blues Hall
véritablement séduit qui manifestera son plaisir
pendant que Mathis et Stef aideront leurs successeurs à
s’installer … Après trois formations
très acoustiques, le tandem français a
réussi à réveiller
l’assistance !
La soirée est loin d’être
terminée puisque les groupes joueront encore
jusqu’à 22 heures 30 environ avant que Beale
Street ne se lance dans des jams quelque peu perturbées par
le froid et la neige qui en fondant laisse de belles plaques de verglas
derrière elle … C’est ça
aussi l’IBC, des rencontres, des retrouvailles et des
découvertes ! Et quand on passe près de la maison
de W.C. Handy au milieu de la nuit pour rejoindre son hôtel,
c’est encore plus agréable …
Jeudi 18 janvier 2018 :
On profite de cette matinée de liberté pour aller
rendre visite à nos amis de chez Stax et pour visiter le
musée et les studios qui ont permis à Satellite
Records et à Stax Records d’entrer dans la
légende. Un joli film documentaire et beaucoup de collectors
et autres souvenirs rassemblés dans le musée
finissent d’aiguiser l’attention des visiteurs et
après le découverte de la Cadillac
dorée d’Isaak Hayes et de son Oscar
remporté pour le film « Shaft »,
c’est vers la sortie que l’on de dirige, non sans
faire un peu de tri dans les vinyles qui se proposent aux badauds. Un
passage près de l’ancienne maison de Memphis Slim
où nous croisons Eric Gales en préparation de son
spectacle de la fin de semaine et voilà une visite qui aura
une fois de plus fait son lot d’heureux !
Le Four Way est devenu une sorte d’incontournable
où nous aimons nous rendre chaque année pour y
déguster de la vraie soul food et une fois encore que nous
allons apprécier la gentillesse et la subtilité
de ce restaurant où l’on savoure de la nourriture
typique et délicieuse au milieu des portraits de Martin
Luther King et de Barack Obama, une lemonade maison à la
main. Souvent très fréquenté, il est
prudent d’y venir de bonne heure si l’on veut une
bonne table !
Quoi de plus sympathique ensuite que d’aller prendre un
café au Sun Studio ? Assis à l’accueil
du bâtiment entre les clients qui font la visite et ceux qui
font le plein de souvenirs, c’est l’occasion de se
mettre un moment dans l’ambiance Sun sans avoir besoin de
refaire pour la énième fois le tour du
musée et du studio par lui-même. Un bon compromis
qui permet de patienter tranquillement pendant que les newcomers en
prennent plein les mirettes …
Visiter l’usine Gibson est une chose, la visiter en compagnie
d’une personne qui a fait fabriquer à son
goût une guitare qui restera un modèle unique en
est une autre puisque outre la découverte de la fabrication
des différentes parties d’un instrument, de leur
assemblage et de la finition, on peut croiser les morceaux pas encore
assemblés de la guitare en question et assister à
l’émotion de son futur propriétaire.
Accompagnés par ce qui se fait de mieux comme guide puisque
c’est un des responsables du design qui nous a pris en main,
nous profiterons également de petits détails non
évoqués lors de la visite classique avant de
rejoindre le showroom où les visiteurs ont tout le loisir
d’essayer les modèles de leur choix et
même de se les offrir.
On retourne maintenant rapidement sur Beale Street pour retrouver les
groupes et c’est au Rum Boogie Café que
l’on assiste une fois encore à un show
épatant d’Aurélien Morro & The
Checkers qui vont mettre du corps et du cœur à
l’ouvrage en proposant un mélange harmonieux de
compositions et de reprises avec par exemple un clin
d’œil appuyé à Tab Benoit.
Guitariste virtuose, Aurélien a la chance
d’être entouré par une équipe
de qualité et si la musique du quartet est un
régal pour les oreilles, elle est également un
plaisir pour l’âme tant la plénitude qui
se dégage de ce groupe est flagrante. Ajoutez le fait que la
compagnie de ces musiciens est un véritable bonheur et vous
aurez compris quel est le plaisir de les voir dans ce genre de
configuration !
On ne manquera pas un peu plus tard d’aller retrouver le duo
Wild Time qui lui aussi va nous proposer une prestation de grande
qualité, et sans parasite en plus cette fois. En offrant un
set différent de celui de la veille, Mathis et Stefan vont
réussir non seulement à ne pas se
répéter mais aussi à
s’ouvrir vers un autre public qui n’en
démordra pas, Mathis faisant une véritable
moisson de cartes de visite à la fin de son show durant
lequel il aura su passer des blues hypnotiques et
répétitifs à des blues plus puissants
voire même carrément à du blues rock.
Monté sur scène un peu tard dans la
soirée, à l’heure où les
gens vont diner avant d’aller assister aux jam sessions dans
les clubs, le duo n’en aura pas moins fait forte impression
sur des professionnels dont certains ont littéralement
craqué, et on comprend aisément
pourquoi.
La tournée des clubs sur Beale Street sera enfin
l’occasion de retrouver sur scène Tom Euler Band
(River City Blues Society), Calling Dr. Howard (Capital Area Blues
Society), Hilger & DeVos (Kalamazoo Valley Blues Association)
ou encore Barrelhouse (Blues Society of The Ozarks) mais aussi de
croiser Steven Van Zandt, le guitariste du E Street Band de Bruce
Springsteen, le tout entre un arrêt restauration au Blues
City Café et le début de la jam
proposée dans le club du même nom.
Annoncés aux alentours d’une heure du matin, les
résultats auront l’effet d’une douche
froide sur nos représentants nationaux puisque ni
l’un ni l’autre n’aura réussi
à franchir l’écueil qui conduit
à la demi-finale, sans pourtant
démériter le moins du monde. Si les regrets sont
légitimes, au moins Aurélien Morro & The
Checkers et Wild Time with Mathis Haug feat. Stef Notari
pourront être fiers d’avoir
donné le meilleur
d’eux-mêmes.
Vendredi 19 janvier 2018
:
C’est une journée un peu particulière
qui nous attend puisqu’elle commence par la
cérémonie des Keeping The Blues Alive Awards
durant laquelle une douzaine de personnalités et
d’organisations vont être
récompensées pour l'ensemble de leur
carrière, parmi lesquelles la touchante Albertina Wassenhove
qui continue de faire fonctionner le club que ses parents ont acquis en
1924 dans l’Indiana, ou encore l’European Blues
Union qui depuis une dizaine d’années agit comme
l’organisation internationale de
référence en Europe. Un grand moment plein
d’humour et d’émotion
orchestré par Art Tipaldi qui permet chaque année
d’honorer quelques personnalités du blues
!
Le repas du midi ayant été remplacé
par le luncheon pris au début de la
cérémonie, nous partons ensuite vers Royal Studio
pour aller y saluer notre ami Boo Mitchell et passer un peu de temps
avec lui, très vite rejoints, on ne va pas s’en
plaindre, par Steven Van Zandt venu lui aussi découvrir cet
endroit exceptionnel où les plus grands artistes ont
enregistré, de Al Green à Keith Richards en
passant par Bobby Blue Bland et tant d’autres encore. Et
comme une surprise n’attend jamais l’autre
à Royal Studio, c’est au son de « Uptown
Funk » qui lui a valu le Grammy Award de la chanson de
l’année en 2016 que nous terminerons
l’après-midi. Encore un grand moment de
convivialité durant lequel tout le monde y ira de son petit
pas de danse dans ce studio mythique !
Le temps d’aller faire quelques emplettes dans les magasins
spécialisés en périphérie
et nous revoilà sur Beale Street où se
déroule ce soir la demi-finale de l’International
Blues Challenge. C’est l’occasion parfaite pour
aller dîner au Blues City Café et y
découvrir trois formations, Greg Sover Band de Steel City
Blues Society, les Italiens Betta Blues Society et enfin Mojomama de
Colorado Blues Society. Autant de bons moments passés
à écouter du bon blues en savourant un des
énormes T-Bone, Porterhouse ou encore Sirloin dont
l’établissement a fait sa
spécialité. Pas étonnant
qu’au fil des ans, les Français aient fait du
Blues City Café leur cantine du soir …
On redescendra bientôt la rue pour rejoindre le Tin Roof
où se produisent Fuzzy And The Blues Band des Blues Lovers
United of San Diego, un groupe qui nous avait
déjà très impressionné lors
de son quart de finale quand nous l’avions
découvert peu après Aurélien Morro
& The Checkers au Rum Boogie et qui confirme ce soir son
excellente qualité puisque l’on apprendra plus
tard dans la soirée qu’il ira disputer la finale
demain à l’Orpheum. Le temps de traverser la rue
et d’assister à la prestation de Mama Blue de
First Coast Blues Society au Wet Willies et il sera
déjà temps de dire au-revoir à une
demi-finale très disputée, même si avec
les aléas climatiques on déplore un certain
manque de public, tout au moins dans la rue puisque nombre de clubs
sont bondés.
En attendant l’annonce des résultats et la
présentation des finalistes, on se rendra au Rum Boogie
Café pour la VizzTone’s Blues Party
présentée par Bob Margolin en compagnie, entre
autres, de l’harmoniciste Bob Corritore et de la
délicieuse Heather Crosse, une amie bassiste
rencontrée l’an dernier à Clarksdale.
L’occasion de passer un bon moment avec des artistes de
très haut niveau qui ne se priveront pas ce soir de laisser
le bon temps rouler sur des blues de Chicago bien entendu, mais aussi
sur des musiques qui passent par le Delta, la Côte Ouest et
bien sur le Texas. Un grand moment de très bon blues, mais
il y en avait déjà eu tellement cette semaine que
l’on finit presque par s’y habituer …
Samedi 20 janvier 2018 :
C’est aujourd’hui le grand rush puisque
dès midi nous nous retrouvons à
l’Orpheum Theater pour environ huit heures d’un
show qui s’annonce exceptionnel avec pas moins de seize
groupes au menu de la finale de l’International Blues
Challenge. Au moins huit heures de blues d’affilée
en perspective …
On démarre avec Felix Slim de l’Asociacion Musical
Blues de Hondarribia qui nous sort de belles notes en solo, adaptant au
passage un « Rollin’ And Tumblin’
» de belle facture. La guitare inventive,
l’harmonica discret et la voix assurée, Felix Slim
nous offrira une belle entrée en matière en
n’hésitant pas à jouer en open tuning
à l’occasion !
On reste en Europe avec Betta Blues Society
présenté par DeltaBlues et c’est en
slide que les Italiens vont allumer le feu avec une prestation blues de
très bonne qualité. Le charme et la voix
délicate de la chanteuse et un travail précis sur
la batterie sont un plus indéniable dont le groupe ne se
prive pas ! Un titre de JB Lenoir pour finir et voilà une
affaire qui est rondement menée!
Kevin B.F. Burt de Central Iowa Blues Society prend rapidement le
relais avec son résonateur en bois et sa grosse voix bien
grave et pleine de nuances. Réussissant à faire
chanter le public et à l’interpeller, le bluesman
marquera forcément les esprits à
l’arrivée et c’est amplement
mérité car il met du cœur à
l’ouvrage ! Une standing ovation en fin de set laisse
entrevoit le meilleur pour l’artiste …
Place maintenant à Greyhound’s Washboard Band de
German Blues Network qui débarque avec un attirail assez
conséquent et avec une musique très rurale qui
fait plaisir à entendre ! Du Blues tout en slide avec des
percussions totalement barrées et une attitude
éminemment positive, il n’en faut pas plus pour
que ça fonctionne sur une assistance qui se laisse prendre
au jeu !
C’est au tour de Brian Keith Walen de Cincy Blues Society que
nous avions déjà vu en finale en 2015 mais aussi
à Eutin BluesFest en 2017. Un dobro et une guitare, un
footstomp un peu répétitif et des morceaux qui
tiennent la route, c’est parti pour un show sans temps mort,
pas forcément le plus original mais techniquement
très abouti ! On a une fois de plus droit à
l’histoire du footstomp 4.0 fabriqué par son
père et ça amuse l’assistance !
Au tour du Keeshea Pratt Band de Houston Blues Society de se placer
avec ses cuivres et sa chanteuse très
rhythm’n’blues. Un jeu de guitare en slide, un
bassiste au physique qui rappelle BB King et quelques
facéties qui nous emmènent du
côté de New Orleans et c’est un show
rythmé et solide que nous proposera cette formation que
l’on pourrait bien retrouver sur le podium !
Place à Robert Lefty Preacher Sampson d’Illinois
Central Blues Club qui commence au piano boogie pour continuer
à la guitare. Proposant un show plein d’humour
mais aussi de talent, le gaucher va nous faire passer un bon moment
alors que l’on termine déjà la
troisième heure de ce marathon blues qu’est la
finale de l’IBC.
On attaque la huitième prestation du jour avec Tee Dee Young
de Kentucky Blues Society qui arrive avec une sangle de guitare
à led mais aussi avec un saxophone et un orgue Hammond. La
basse est beaucoup trop forte et gâche le plaisir
d’un groupe qui mérite mieux que la bouillie
sonore qu’il nous propose. On appréciera quand
même le professionnalisme d’un groupe qui
connaît bien son boulot !
C’est maintenant Sweet n’ Salty de Mississippi
Delta Blues Society of Indianola de venir nous raconter un Blues plein
de sensibilité et de finesse. Elle au résonateur
ou à la scie musicale, lui au dobro, le tout
porté par deux voix chaudes et puissantes pour nous emmener
sur la Highway 61 mais aussi sur la route qui conduit à
Bentonia et pour nous présenter les différents
styles de la région, de celui de Skip James à
celui de Big Joe Williams. Le public apprécie et le fait
savoir !
On en arrive à Fuzzy Jeffries And The Kings Of Memphis
présentés par Memphis Blues Society, un groupe
qui joue à domicile donc et qui nous fait une intro
psychédélique très fuzzy,
d’où le nom sans doute. Deux claviers et la
guitare dégoulinante du frontman pour un mélange
de compos et de covers comme « Damn Right I Got The Blues
» et voilà encore une prestation qui se sera
naturellement inscrite entre blues et blues rock.
Retour vers l’Europe avec Daniel Eriksen
représentant Oslo Bluesklubb en duo avec un
résonateur et une batterie. Le slide
maîtrisé et les touches de toms bien senties font
mouche à chaque fois et si l’on en arrive aux
cuillers en cours de set pour « I Can’t Be
Satisfied », c’est pour mieux mettre
l’accent sur toutes les nuances de blues que le duo peut
proposer. La réaction de la salle ne tarde pas à
se faire entendre et c’est plutôt bon signe pour
les deux comparses !
C’est maintenant à Angel Forrest de se
présenter sur la scène de l’Orpheum et
c’est avec tous les amis de la Société
Blues de Montreal derrière elle qu’elle
s’exécute pour un show explosif qui
s’appuie sur de belles guitares et sur la voix
d’Angel qui rappelle celle de Janis Joplin. Des titres en
force et d’autres en parfaite délicatesse,
c’est une fois encore un grand show plein de
sensualité que nous aura offert la délicieuse
Québécoise ! À noter
également la prestation d’un Ricky Paquette
à la guitare qui, comme le bon vin, bonifie avec les
années ...
On entre dans le dernier carré de cette finale avec 2BLU de
The Music Préservation Society, un duo guitare et chant
harmonica qui a une certaine consistance tout en gardant beaucoup de
finesse. Quelques traits d’humour un peu grivois et des
mélodies très dépouillées
contribuent à donner de la sympathie à cette
formation qui ne paie pas de mine mais qui assure le job sans jamais
faillir ! La salle en aurait presque redemandé ...
C’est maintenant à Arthur Menezes de Santa Clarita
Valley Blues Society d’y aller et c’est soutenu par
un clavier et par un saxophone que le chanteur et guitariste nous
présente ses propres compositions. Touché de
temps à autres par le syndrome de Stevie Ray Vaughan, Arthur
Menezes fait par moment la course aux notes sur le manche mais si son
blues vire parfois au rock, il n’en reste pas moins plein de
richesses que l’on découvre avec un certain
plaisir. Avec en plus deux jeunes femmes dans la formation, le
quintette ne demande qu’à se faire
connaître et c’est plutôt bien parti !
Dernier solo de la finale, Sam Joyner de Vicksburg Blues Society arrive
avec son piano et nous propose un bon boogie-woogie un peu tape
à l’œil mais assez consistant ! On
n’évitera pas les plans habituels avec les pieds,
debout devant le piano ou encore avec des descentes rapides vers les
aigus mais Sam Joyner tient bien son set et s’y tient
à la lettre pour ne pas se tromper ! Un poil de naturel en
plus ne ferait pas de mal mais force est de constater que
l’artiste a sa place en finale.
On termine avec Koolaid And The Exact Change Band de Topeka Blues
Society qui se présente en quartet avec une section
rythmique féminine et un orgue Hammond. Lui aussi atteint du
syndrome de Stevie Ray Vaughan, le chanteur guitariste nous en met des
louches là où quelques pincées
suffiraient mais le public acquiesce et en redemande et du coup il se
lâche le bougre, et pas qu’un peu ! Terminant leur
set avec quelques minutes d’avance, les derniers candidats de
la soirée surprendront quelque peu le staff qui pensait
avoir quelques minutes de répit en plus ...
Le temps de la délibération, la Blues Foundation
nous offrira un joli cadeau avec une jam réunissant entre
autres Jonn Del Toro Richardson, Victor Wainwright, Karen Lovely, Bob
Margolin, Billy Branch, Russell Jackson et nombre d’autres
encore, un moment plein d’humour et de blues qui scotchera
littéralement un public qui n’en attendait pas
tant.
L’heure des résultats a sonnée et
c’est l’un après l’autre que
l’on apprendra que le Best Self-Produced CD est «
Blue Metamorphasis » de Jontavious Willis avant
d’assister à la moisson de prix suivante :
Solo – Duo :
2ème : Daniel Eriksen
1er : Kevin B.F. Burt
Cigar Box : Kevin B.F. Burt
Harmoniciste : Kevin B.F. Burt
Band :
3ème : Arthur Menezes
2ème : Fuzzy Jeffries And The Kings Of Memphis
1er : Keeshea Pratt Band
Guitariste : Arthur Menezes
Il faut désormais se résoudre à
quitter nos amis de la Blues Foundation non sans les remercier et sans
oublier de féliciter tous les candidats qui en quelque sorte
sont tous les grands gagnants de cette belle aventure qu’est
l’IBC … Pour nous la suite se déroulera
« En
terre de blues » mais une chose est certaine, on se
retrouvera l’année prochaine pour le
35ème International Blues Challenge qui se
déroulera du 22 au 26 janvier 2019 !
Fred Delforge - janvier
2018
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