Ecrit par Fred Delforge |
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mardi, 26 décembre 2017
Drugstore
(Rock’n’Chair
– Rue Stendhal – 2017)
Durée
45’10 – 10 Titres
http://www.jewlymusic.com
Bien décidée à mettre en avant son
côté le plus rebelle et sauvage, Jewly revient
jouer le rôle du vilain petit canard du rock
français en se cachant dans les plumes d’un joli
cygne et là où les jeunes femmes de sa
génération se laissent aller
généralement à nous proposer de la
chanson française, certes parfois vitaminée,
c’est pour sa part un véritable rock puissant et
racé saupoudré d’une dose de blues bien
épicé que l’Alsacienne nous
délivre une fois encore dans son troisième album.
Rompue à l’exercice de la scène pour
avoir tourné en Europe et en Amérique du Nord et
pour avoir assuré les premières parties de Ten
Years After, Scorpions, Lucky Peterson, Ana Popovic ou encore Florent
Pagny et Axelle Red, Jewly a cette fois rassemblé des
influences allant de Led Zeppelin à Nick Cave en passant par
Jack White et Depeche Mode et a filé en Angleterre mettre
« Drugstore » en boite dans le studio des
Stranglers, excusez du peu. Accompagnée de quelques
pointures comme le guitariste Matt Backer et le bassiste Phil Spalding
qui ont joué avec le who’s who de la musique
mondiale, de Mick Jagger à Elton John en passant par Joe
Cocker, Mike Oldfield et Michel Polnareff, rejointe sur un titre par
Dom Brown, le guitariste de Duran Duran, Jewly nous brosse le portrait
de dix personnages qui ont marqué sa vie et qui sont
tantôt des anonymes, tantôt des
personnalités connues voire même parfois un de ses
musiciens, pour en tirer un concept album dans lequel elle donne un
rôle primordial à l’autre à
travers le reflet qu’elle en découvre dans son
propre miroir. Là où l’on ne pourrait y
voir que du rock et des choses sans grande importance,
l’artiste s’efforce au contraire de mettre un foule
de choses au travers desquelles on découvre ses divers
engagements, pour SOS Hépatites bien sûr, une
association qu’elle évoque avec « John
Doe », mais aussi ses sources d’émotions
qui viennent des gens et de la vie, des sentiments qu’elle
traduit à merveille sur des morceaux comme « Kim
», « Melody », « Amanda
», « Diane », « Phil
» ou encore « Jim & Megan »,
chacun des personnages trouvant la place qui lui convient dans un
« Drugstore » où le rock
omniprésent est un véritable trésor
dont on ne se lasse pas. Vous posez dessus une voix qui se
promène sans le moindre faux pas du
côté de Janis Joplin, de Patti Smith, de Marianne
Faithfull et même à l’occasion de Joan
Jett et vous avez là un album qui risque fort de faire date
dans l’histoire du rock français. Un chef
d’œuvre !
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