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CHARLES PASI à GUYANCOURT (78)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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vendredi, 08 décembre 2017
CHARLES
PASI
LA BATTERIE –
GUYANCOURT (78)
Le 10 novembre 2017
http://www.charlespasi.net/
Remerciements à Carine Adam, La Batterie –
Pôle Musique de Guyancourt
Alors soyons un peu chauvin. Il existe une scène blues
française assez riche et rassemblant une crème
d'artistes qui ne sont certainement pas tous reconnus à leur
juste valeur.
Avec ce mélange bien dosé de blues et de jazz
adapté avec une grande originalité sur des
rythmes variés, et tout aussi bien
maîtrisés, Charles Pasi fait figure de proue de
cette jeune génération qui drague les affres du
passé tout en les modelant aux modernisme des sons
contemporains. Nouveau crooner talentueux et
généreux, ses inspirations sont autant
variées dans des registres old school revisités,
avec une orchestration carrée mais
généreuse et surtout bien dosée :
Hammond, piano, rhodes, guitares, basses. Que demander de plus ?
Blues, soul, pop, subtil mélange de douceur et de
mélancolie, de lucidité et de dualité,
c'est cette façon de donner beaucoup sans en faire des
tonnes qui plaît, et pas seulement à la gent
féminine. D'une prise de son ronde et chaleureuse, et
grâce
à une voix magnifique dont le timbre est
délicatement affecté d'une petite
raucité nasale très avantageuse, Pasi nous charme
avec, de plus, une ligne de chant qui traîne dans tous les
coins pour vous cueillir immanquablement. Sans oublier l'harmonica,
instrument pratiquement absent de la musique française et
qu'il met à l'honneur comme le faisait la scène
américaine avant lui, vous guérissant
opportunément de tous les préjugés que
vous pourriez avoir à l'encontre de cet instrument.
S'il trace son petit bonhomme de chemin sans trop de remous depuis une
dizaine d'années (sa route croisera celle d'Archie Shepp,
Maceo Parker, Véronique Sanson ou Ben Harper), le
Franco-Italien peut se targuer d'être le seul artiste
français à avoir été
signé par le légendaire label de jazz
New-Yorkais, Blue Note Records (à l'exception de Claude
Nougaro, mais pour un album posthume). Sacrée reconnaissance
! Son quatrième album, « Bricks », tout
juste sorti en septembre, opus en forme de trait d'union à
« Mainly Blue » (2006), « Uncaged
» (2011) et l' énormissime « Sometimes
Awake » (2014), tous unanimement salués par la
critique, Charles Pasi s'attaque à une tournée
qui l'emmènera à La Batterie en ce vendredi
pluvieux de novembre pour nous y réchauffer un peu.
Et parce qu'il joue sur les contrastes d'une musique difficile
à classer, il ne faudra pas essayer de cataloguer Charles
Pasi. Jazzy mais en roue libre. Bluesy ? Mais anticonformiste, alors.
Sur « From the City » aux sonorités
trés pop, on y rencontre aussi bien Harry Nilsson que les
vagues vocales tout en émotion d'un Bon Iver. Avec
« Shoot Somebody » on flirte avec le
rhythm’n’blues, tandis que le nerveux «
Burn Out » nous ramène aux racines chaudes du
Delta. L'orgue Hammond de Pity Cabrera, trés fluide,
façon Wonder, insuffle aussi ce quelque chose de chaud et
puissamment dansant sur « Love Me Or Leave Me ».
Enfin « End Of The Line », titre ensorcelant
mêlant connotations gospel et intonations soul, nous perd par
un rythme haché mais joueur façon Beatles, le
tout sur une rythmique pneumatique bien ronde. On peut regretter sur ce
concert l'absence des cuivres, mais c'est un détail, et bien
plus que secondaire ...
Un véritable talent à suivre que ce Charles Pasi,
une machine désormais bien huilée qui une fois
lancée tourne sans anicroche avec simplicité,
modestie, maitrise et feeling. Un artiste qui fait preuve d'une belle
assurance qui a su se nourrir de ses pairs et les a intelligemment
digérés pour mieux nous en restituer leurs
âmes, mises au gout du jour, de cette façon si
personnelle qu'il fait sienne. Je ne saurais trop vous conseiller de
foncer s'il passe sur scène près de chez vous !
Fred Hamelin –
décembre 2017
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