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Ecrit par Fred Hamelin |
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dimanche, 22 octobre 2017
SONS
OF TEXAS – LTNT – SEETHER
LE BATACLAN –
PARIS (75)
Le 13 octobre 2017
http://www.sonsoftexasmusic.com/
https://ltntuk.bandcamp.com/
http://seether.com/
Remerciements à Roger Wessier de Verygroup et à
Karen de LiveNation
Retour au Bataclan un vendredi 13, presque deux ans jour pour jour avec
les dramatiques événements, non pas à
des fins d'exorcisme mais surtout pour les trop rares Seether dont les
passages sur scène, à Paris comme au Hellfest,
datent quand même d'il y a trois ans. Après deux
galettes aux sonorités assez soft, le groupe revient enfin
avec Poison The Parish - excellent septième opus - aux
grosses guitares et le concert promet d'être
mouvementé. Comme une suite à «
Disclaimer », référence post-grunge, ce
nouvel album est une tuerie de riffs bien dosés, de
mélodies superbes, et le tout mené par la voie
charismatique de Shaun Morgan.
En guise de mise en bouche, ce sont deux groupes qui assureront les
premières parties, et deux découvertes pour moi
avec les Sons Of Texas, mélange de groove et de sludge metal
et quintet formé à McAllen à la
frontière mexicaine, et le trio londonien LTNT (prononcez
Lieutenant), sorte d'hybride idéal aux fans de Therapy?
comme à ceux de Biffy Clyro. Les Texans offrent tout d'abord
une belle alternative aux ténors du metal mainstream, et
voguent certainement vers un futur assuré. Avec des
influences allant de Pantera à Papa Roach, le tout se montre
plus qu'honnête grâce à un travail de
composition varié et bien calibré, offrant
çà et là quelques hits en puissances.
Mid-tempos ravageurs, basse lourde et riffs rageurs, parfois southern
rock et on ne leur en voudra pas. Leur deuxième album,
intitulé « Forged By Fortitude », est
sorti le 22 septembre chez Spinefarm Records, et c'est
véritablement une bombe !
Tout aussi inconnus en France, les LTNT ont offert un court interlude
de facture honnête. Trio du sud de Londres, sur la
scène du Bataclan tout en couettes et robes longues, les
trois chevelus ont balancé un son brut de rock, sorte de
chainon manquant très intéressant entre grunge,
sludge metal et blues hypnotique, le tout sous une lumière
jaune-verdâtre (des plus horribles malheureusement pour un
photographe). A l’écoute de « Body
Bloody », on se dit que Faith No More n'est pas loin,
même sous ce fuzz d'un guitariste shooté
à l’adrénaline ! A découvrir
vite ...
Un changement rapide de plateau plus tard, les membres de Seether font
leur entrée sur les planches pour un concert sold-out pour
l'occasion. Actifs depuis 1999, les Sud-Africains de Pretoria ont su
conserver et alimenter un bon parterre de fans, certes beaucoup moins
consistant qu'aux U.S.A ou ils ont remplis des stades, mais suffisant
pour systématiquement afficher complet. Et parce que ce
groupe ne faiblit pas et continue de faire évoluer son
néo grunge à sa manière, sans vraiment
surprendre certes, mais toujours avec des compositions de grande
qualité. Si la voie de Shaun Morgan fait toujours penser
à celle de Kurt Cobain, ce n'est pas forcé. Ce
type possède vraiment un timbre particulier qui renvoie
inévitablement vers les nineties tant les riffs alternatifs
mélangés à son octave auraient pu
naître dans ce terreau fertile qu'était Seattle !
Morgan s'accompagne de ses deux fidèles acolytes, le
bassiste Dale Stewart et le batteur John Humphrey, derrière
les fûts. Et le trio semble tout aussi solide qu'il y a vingt
ans. Vous retrouverez quelques riffs légèrement
thrash, mais heavy à souhait, des power ballads toutes en
émotion et une vraie ambiance mélancolique et
sombre sur la quasi-totalité des titres joués ce
soir, florilège de presque vingt ans de carrière.
Seether ouvre classiquement avec un morceau de son dernier opus, le
très honnête « Stoke the Fire
», brut et sans fioritures. Avec « Gazoline
» et « My Disaster » issus du tout
premier album et « Rise Above This », les clameurs
du public, plutôt mou sur les groupes
précédents, se font mieux ressentir. On se
chauffe les cervicales et les vagues commencent à se former.
Autre temps fort, « Broken » est jouée
dans une version acoustique de toute beauté. Enfin
« Words As Weapons », premier single
d’« Isolate & Medicate », puis
« Country Song » (seule chanson issue de
« Holding Onto Strings Better Left to Fray »
à être jouée ce soir) prouveront que le
groupe a gagné en popularité sur ses derniers
albums. Et l'énormissime « Remedy », un
des rares tubes de Seether à l'international qui
clôturera la soirée et qui l'inscrira comme une
réussite.
Encore trop méconnu, Seether mériterait davantage
de reconnaissance. Difficile à mon sens de faire
décoller cette étiquette Nirvana aux experts et
critiques rock. Mais l'écorché Shaun Morgan,
junkie hurlant et larmoyant, a cependant eu l'intelligence de faire une
cure et ce dernier album s'en ressent. Plus énergique, plus
carré, plus heavy aussi. Les riffs de guitares lourds et
rugueux et une section rythmique de plomb (à noter
d'ailleurs que le trio est devenu quatuor sur scène avec
Clint Lowery de Sevendust en second guitariste) soutiennent la voie
beaucoup plus assurée de Shaun Morgan qui n'a rien perdu de
ses talents de songwriting. C'est parfaitement maitrisé et
même si les influences grunge sont toujours
affirmées (« Betray and Degrade » en est
le parfait exemple), Seether désormais s'ouvre tel
épanouissement vers d'autres univers comme le stoner ou le
prog version Tool. Il n'est jamais trop tard pour découvrir
un bon groupe qui emporte facilement l'adhésion par sa
puissance, sa densité et surtout sa
sincérité. N'hésitez pas !
Fred Hamelin –
octobre 2017
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