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Ecrit par Yann Charles |
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mardi, 03 octobre 2017
COTTON
BELLY’S
http://cottonbellys.com
S'il y a un groupe et des musiciens très attachants, ce sont
bien les Cotton Belly's. Cela fait longtemps maintenant qu'on se
connait, mais c'est toujours un grand plaisir de les retrouver, que ce
soit sur scène ou ailleurs. Un groupe à part,
festif à souhait, qui vous entraîne dans son
univers blues, rock et folk duquel on ne veut plus sortir. Des gars et
une fille qui font de leurs concerts de grands moments. Une rencontre
avec Yann Malek qui nous permet d'en savoir un peu plus sur eux
…
Salut Yann
Salut Yann
On s'est
retrouvés à Cahors cet été,
une ville avec une saveur particulière pour toi et pour les
Cotton Belly's ?
Oui en effet, le Cahors Blues Festival 2008 fut notre
première réelle programmation professionnelle,
ça démarrait bien quand on pense que
c’est un des plus grands festivals de France.
On va parler du groupe,
depuis combien de temps vous existez maintenant ?
Oulà ! Avec Jérôme (Perraut NDLR) le
guitariste, cela fait douze ans maintenant que nous avons
créé le nom, on va dire que cela fait huit ans
que nous tournons de manière professionnelle.
Le line up a pas mal
bougé depuis quelques années. Des changements,
des départs, des retours, tu penses que vous avez
trouvé la bonne formule ?
Oui en effet, ça a été un peu les
"Feux de l’Amour" notre histoire, mais bon c’est la
vie comme on dit, on a commencé, j’avais 20 ans,
il n’est pas surprenant que certains d’entre nous
au début se soient rendu compte à un moment
donné que leur chemin prenait une autre direction.
Aujourd’hui je suis très heureux de la formule
avec Jérôme à la guitare, Christophe (Etienne NDLR)
à la basse et Aurélie (Simenel NDLR)
à la batterie.
Votre dernier album en
2015, « Rainy Road », est sûrement le
plus abouti, vous avez tiré les enseignements du
passé ? C'est la maturité ? (hein, vous devenez
vieux !!!) Ou bien plus simplement une évolution logique du
groupe et de votre musique ?
Les deux je pense, tu as raison en parlant de maturité,
c’est parfaitement cohérent, d’album en
album, tu apprends de nouvelles techniques, tu prends du recul, tu te
mets un peu moins la pression que pour le premier.
L’évolution vers un côté plus
pêchu, plus électrique est venu simplement de
l’équilibre qu’il y avait dans le band
à ce moment-là, les musiques qu’on
écoutait, les envies "d’envoyer le bois"
qu’on avait en commun, bref je crois que
c’était le moment de se lâcher un peu.
On peut aussi parler de
ces albums 5 ou 6 titres enregistrés conditions live, comme
ce super « live session vol.1 » paru
récemment et qui reprend pas mal de vos titres, c'est une
sorte de « best of » ? C'est histoire de marquer la
fin d'une époque avant un renouveau ? Ou juste pour le
plaisir ?
Oui tu as raison, ça fait comme un best of finalement, sauf
qu’on aurait réenregistré tous les
titres bonifiés par les années de concerts et en
invitant des copains à enrichir notre musique.
C’est bien entendu pour le plaisir, en fait personnellement
j’étais assez attaché au fait de
pouvoir proposer au public des versions plus récentes de nos
titres et pour sublimer le tout, on avait tous envie
d’inviter d’autres artistes pour de nouveaux
arrangements, c’est ce qu’on a fait avec des
chœurs, du piano, du banjo, etc. Ca ne marque pas la fin
d’une époque mais plutôt une ouverture
musicale nouvelle qui je l’espère prendra racine.
Vous sortez de temps
à autre un EP … Histoire de continuer
à garder le contact avec vos fans ? Sinon vous avez un
rythme d’un album tous les deux ans, c'est ça ?
Oui à peu près, en fait je me suis
amusé à faire une moyenne et j’arrivais
à un rythme de tous les trois ans, mais franchement
ça dépend de l’inspiration et des
défis qu’on se lance. Par exemple «
Rainy Road » fut entièrement
réalisé en deux ans et « This Day
» a mis 4 ans à arriver …
Vous trouvez
l'inspiration dans quoi ?
Dans nos tripes et dans celles des gens qui nous entourent ou
qu’on croise dans la rue. On aime bien parler de choses
fortes, de grands drames mais aussi des petits obstacles du quotidien
qui peuvent te pourrir la vie. Musicalement on confronte nos influences
respectives qui, en général, tournent autour du
blues, du folk et du rock.
Vous avez
représenté la France à Memphis
à l'International Blues Challenge, quelles
expériences en avez-vous tiré ?
En premier lieu merci à l’association France Blues
qui nous a permis de partir là-bas et qui nous a
guidés une fois sur place. Pour
l’expérience ? De l’humilité,
encore et toujours, on n'avait pas forcément besoin
d’entendre les américains jouer pour
être humbles, mais là ça
s’est confirmé une fois de plus. On a
adoré tout simplement. Là-bas c’est une
sorte de Disneyland pour Fan de blues, on a pu animer des jam sessions
trois soirs de suite dans le bar dans lequel on concourait, le Blues
City Café. Cela nous a permis d’inviter beaucoup
d’autres participants à s’amuser, on en
a clairement oublié la compétition,
c’était beau !
Vous avez des anecdotes
ou des souvenirs particuliers de Memphis ?
La première sélection forcément nous a
rempli de joie, c’est surtout qu’elle nous
propulsait le lendemain sur la scène du BB King’s
Club sur Beale Street. Merveilleux moment, jouer sur la
scène de BB King, c’était beaucoup
d’émotion. D’habitude on s’en
fout un peu des symboles mais là,
c’était trop émouvant. Du coup, nourris
par tout ça, on a fait un super concert et on s’en
souviendra toute notre vie.
Vous êtes
allés en demi-finale, est-ce que vous pensez qu'un groupe
« Non Américain » peut gagner un jour
là-bas ?
Oui tout à fait puisque d’ailleurs c’est
Dawn Tyler Watson qui a gagné cette année, et
elle est Canadienne. Après pour
l’élection d’un groupe
européen, oui je le pense sincèrement, un jour
ça arrivera. (NDLR
c’est d’ailleurs déjà
arrivé)
Revenons au groupe,
musicalement, vous êtes dans le blues, le folk,
plutôt festif ?
Franchement on ne sait plus trop ce qu’on fait (rires), on va dire
que oui, la démarche festive est présente surtout
pour servir l’esprit de nos concerts. On aime bien
être avec les gens, danser, chanter ensemble, donc
c’est bien d’avoir des chansons qui s’y
prêtent. Après on a une grosse part
d’ombre dans notre émotion, une
mélancolie bien accrochée et certaines de nos
compositions ne s’en cachent pas.
Ce n'est que mon avis
mais le retour de Jérôme à la guitare
n'a-t-il pas musclé un peu plus vos compositions ?
Le retour de Jérôme a été le
retour de son "son" également, bien blues rock et
pêchu, donc oui en effet la personnalité de son
jeu habille les titres de manière significative.
D'ailleurs en parlant de
compositions, vous travaillez comment chez les Cotton ?
Quand Jérôme est revenu, on a aussi
retrouvé notre complicité dans la
création, porteuse du son Cotton Belly’s.
Après il m’arrive de composer seul comme la
majorité des titres de « This Day » et
certains de « Rainy Road » et les arrangements des
collègues rendent le tout cohérent.
Tu chantes, tu joues de
l'harmo, de la guitare, tu pourrais presque être un "one man
band", genre Rémy Bricka ? Plus sérieusement,
l'harmo c'est ton instrument de prédilection, tu as appris
tout seul ou tu as suivi des cours avec nos "maîtres"
français ?
Oui, j’ai appris en autodidacte dans ma piaule
d’adolescent avec des CD de Sonny Terry et de Little Walter.
A cette époque j’avais quatorze ans,
j’ai remplacé la Playstation par
l’harmonica, ce qui explique que j’y ai
passé beaucoup de temps.
Vous avez une belle et
longue tournée, vous trouvez quand même le temps
de composer ou on verra après ?
Franchement, on verra après, tu vois ça se calme
un peu à partir de novembre, on va pouvoir vraiment se
concentrer sur la compo.
Question de et pour Fred
Delforge : vous aimez les chiens ?
Oui on aime beaucoup mais on ne pratique pas, pas encore.
Est-ce que tu pourrais
définir les Cotton Belly's en deux ou trois mots ?
Blues, générosité, ludisme.
Je sais que Fred n'aime
pas cette question, mais moi oui. Si tu avais la possibilité
de jouer avec un artiste, vivant ou non, ce serait qui et quel morceau ?
Y en a plein ! J’aurais adoré chanter avec Sam
Cooke & The Soul Stirrers « I'm Gonna Build On That
Shore ».
Dernière
question : quel est le dernier album que tu as
écouté ?
Je l’écoute en ce moment,
l’intégrale de Woodie Guthrie.
Merci Yann !
Propos recueillis par
Yann Charles
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