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CAHORS BLUES FESTIVAL 2017 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 16 juillet 2017
 

Cahors Blues Festival 2017 CAHORS BLUES FESTIVAL
ESPACE BESSIERES – CAHORS (46)
Du 11 au 15 juillet 2017

http://www.cahorsbluesfestival.com  

C’est avec un certain plaisir que nous retrouvons Cahors qui, comme chaque année, est le grand rendez-vous blues de la saison avec peu ou prou tout ce qui compte de la communauté blues nationale et internationale. La devise de cette 36ème édition est claire, Cahors Blues Festival est « Born To Be Soul » et il va le prouver cette semaine mais en attendant, on se retrouve à la Villa Malbec pour une soirée de chauffe placée sous le signe de la qualité c’est Jersey Julie qui se charge de chauffer le public en attendant le dîner.
 
Le saxophone bien accroché et la voix très chaude, la plus Américaine des Biterroises et son compagnon guitariste qui n’en est pas moins virtuose vont nous emmener dans un bon blues riche et subtil, parvenant à capter l’attention d’un public qui se régale avec les grillades qui lui ont été préparées et avec les crus que la Maison Rigal lui fait déguster. Une grosse heure d’un bon blues plein de relief et de sensibilité, c’est ce que nous proposeront Julie et Olivier qui comme toujours donnent sans compter à un public qui le leur rend bien. On espère les revoir dans les années à venir dans le « In » du festival !

On continue la soirée avec les Québécois du Ben Racine Band qui vont venir nous expliquer comment ils ont remporté l’International Blues Challenge en janvier dernier, parvenant à faire lever le public et à le faire danser devant la scène grâce à une musique bouillonnante de groove et de talent grâce à une section de cuivres bien présente et à un frontman qui ne fléchit jamais, quand bien même il se met à reprendre dans le texte du Ray Charles et autres grosses pointures du blues. Le deuxième set nous réservera même une surprise puisque Ben Racine invitera la délicieuse Dawn Tyler Watson à venir nous offrir quelques titres dont son superbe « Take It Outside » avec lequel elle ramasse tous les succès depuis une grosse dizaine d’années.

Voilà une belle initiative qui aura permis à tout le monde de se retrouver avant le jour J pour une mise en jambes des plus réussies. Un peu de repos avant la grosse semaine qui nous attend ne sera pas du luxe …

Mardi 11 juillet :

La journée commence sur les coups de 17 heures avec nos amis Suisses de The Two, anciens lauréats du Swiss Blues Challenge et du Mississippi Blues Trail Challenge qui profitent aujourd’hui de leur récompense pour se produire sur la belle scène du Village du Blues devant un public conséquent qui n’a pas hésité à se déplacer pour une affiche de qualité. Des compositions personnelles sur lesquelles le duo fait bouger la foule jusqu’aux morceaux en Créole que le Mauricien de la bande interprète avec une élégance folle, The Two aura remporté la partie ce soir grâce aux slides effrénés de Thierry Jaccard et à la voix de fou furieux de Yannick Nanette. Plus on avance dans le temps et plus ces deux-là prennent de l’envergure !

Ce qui va suivre dépasse tout ce que l’on peut imaginer et la foule conséquente l’a bien compris ! La Stax Music Academy est là pour couronner les 50ème anniversaire de la tournée de ses ainés et elle va le faire de a plus belle des manières avec un groupe soigneusement placé mais aussi et surtout avec des chanteurs qui vont rivaliser de talent pour nous emmener vers le meilleur de la soul en général et de la Stax en particulier. Jamais en manque d’inspiration, ces jeunes gens de seize ans en moyenne vont nous démontrer que les James Brown, Aretha Franklin, Carla Thomas, Eddie Floyd et autres Booker T & The M.G.’s ont laissé planer sur Soulsville USA une ombre qui n’est pas prête de s’effacer. Il suffira de regarder le public qui chante et qui danse à tout va pour comprendre que le pari fait par le Cahors Blues Festival a été gagnant mais ça, ceux qui étaient à Memphis en janvier dernier pour les répétitions en étaient déjà convaincus. Il est un peu tôt pour se prononcer mais le show de la Stax Music Academy risque fort de rester dans les mémoires comme le plus émouvant de cette 36ème édition … Même s’il reste de belles choses à venir !

A peine le temps de  se sustenter que l’on passe déjà à la grande scène sur laquelle Kathy Boyé & The DTG Gang vont venir ouvrir la soirée. Le virage blues de la chanteuse connue pour ses prestations dans le gospel se fait de plus en plus sentir et c’est portée par un groupe solide emmené par le guitar hero Sam Tchang que la diva du Sud-Ouest va nous emmener sans aucune retenue faire un grand tour dans le Mississippi, et plus si affinités. La grande scène vient de connaitre ses premiers émois et nous sommes loin d’en être au bout ! Ceux qui ont un peu trop vite mis une étiquette sur la chanteuse vont en être pour leurs frais car Kathy Boyé a entamé une vraie carrière de blueswoman et qu’elle compte bien aller le plus haut possible dans ce registre …

Le temps de changer de plateau et nous voilà avec Mavis Staples qui a fêté hier soir ses 78 ans et qui arrive plus que fringante sur scène pour nous offrir un show soul dont elle a le secret. La mythique chanteuse qui s’est fait connaitre avec les Staple Singers ne va pas manquer un seul instant de prendre le public dans le creux de sa main pour l’emmener se promener avec elle près des eaux boueuses d’un Mississippi et luis offrir des trésors de blues et de soul dont elle seule à le secret. L’assistance parmi laquelle on retrouve les jeunes de la Stax Music Academy n’en perd pas une bouchée et se régale comme il se doit de la prestation d’une des dernières légendes vivantes du blues. Vous en rêviez, Cahors l’a fait !                  

La première soirée du Cahors Blues Festival a fait le plein et c’est la toute nouvelle Marraine du Festival, Dawn Taylor Watson, qui va venir nous régaler avec le Ben Racine Band pour une troisième et dernière partie de soirée. Avec un show rodé à la perfection mais avec quand même encore une grosse part d’improvisation qui confère un véritable charme à son show, la Québécoise va à son tour tenter le hold up du siècle en volant la vedette à la légende qui l’a précédée. Difficile de dire si Dawn Tyler Watson a remporté la partie ou non, mais une chose est certaine, c’est qu’elle a définitivement gagné son ticket pour revenir l’année prochaine se produire sur la belle et grande scène du Cahors Blues Festival. Déjà de belles choses en perspective pour 2018 donc car à n’en point douter, la chanteuse ne manquera pas là non plus de nous sortir le grand jeu ! Une belle satisfaction pour toute la team Zicazic qui la suit depuis plus de dix ans et qui a eu la chance de la féliciter en janvier lorsqu’elle a remporté l’International Blues Challenge à Memphis

On quitte le site pour aller prendre le repos du juste car demain la journée promet d’être belle mais également chaude. Et comme de nouvelles retrouvailles sont programmées, il faudra jouer la carte de la solidité puisque le Cahors Blues Festival a encore de belles cartouches en réserve !

Mercredi 12 juillet :

Ce qui est bien à Cahors, c’est qu’il y a toujours les amis de la communauté blues et que l’on peut y passer de bons moments pleins de convivialité en attendant le début des concerts. C’est donc pour 17 heures que nous rejoignons le Village du Blues pour y retrouver un évènement un peu spécial puisque ce sont les élèves du conservatoire de musique du Grand Cahors qui viennent pour le concert qui suit la master class qu’ils ont suivie avec Bernard Sellam, chanteur et guitariste du célèbre groupe Awek. L’occasion de passer à la moulinette quelques grands standards du blues que ces musiciens ont parfaitement assimilés en seulement quelques jours. C’est pour certains d’entre eux la première occasion de monter sur scène et c’est aussi une des actions importantes à mettre au crédit du Cahors Blues Festival !

Difficile de résister à l’appel de nos amis d’Awek qui, justement, assurent le concert apéritif du jour à 19 heures et qui, comme à leur habitude, vont venir nous proposer un blues riche et savoureux dans lequel on trouve une grande dose de guitare, une section rythmique de luxe et un harmonica porté par Stéphane Bertolino qui a été élu meilleur harmoniciste de l’année en 2011 à l’International Blues Challenge de Memphis. Jamais à court d’une belle phrase musicale mais aussi d’une parole aimable, Bernard Sellam rendra hommage à ses amis de France Blues mais aussi à B.B. King et nous gratifiera des parties de guitare dont il a le secret. Soudé depuis plus de vingt ans et plus de 1.500 concerts, Awek nous aura sorti ce soir encore le grand jeu et nous aura offert un très bon concert ! Comme toujours pourrait-on dire …   

Le temps de partager le repas avec notre ami Jacques Morgantini et nous revoilà déjà devant la grande scène pour le show de la Music Maker Foundation Revue qui va nous offrir l’opportunité d’accueillir tour à tour le tromboniste Lil' Joe puis les guitaristes Albert White, Alabama Slim, Robert Lee Coleman et Robert Finley réunis autour de Nashid Abdul à la basse et Ardie Dean à la batterie. Découverts grâce à la perspicacité de Denise et Tim Duffy, ces grands bluesmen jusqu’alors méconnus ont eu l’opportunité sur le tard de se faire connaitre, de sortir de la misère et de tourner tout autour du monde où ils transmettent au quotidien leurs connaissances du blues souvent acquises auprès des grands noms du genre. On n’évitera pas quelques gros standards trop bien connus du grand public mais c’est présentés par un groupe plein de charme qu’on les écoute avec un certain plaisir puisque ces musiciens ont en eux l’authenticité et la légitimité nécessaires pour le faire ! Sur les rails depuis 1994, Music Maker Relief Foundation n’en finit plus d’apporter du bonheur au public mais aussi à des artistes auxquels elle donne les moyens de vivre décemment de leur musique … Un projet louable que chacun peut soutenir à sa manière !

C’est avec un artiste doublement récompensé cette année aux Grammy Awards que Cahors va terminer la soirée et c’est riche de sa jeunesse passée à Bâton Rouge, en Louisiane, que Kenny Neal va nous abreuver de son jeu de guitare très racé et de sa voix qui ne l’est pas moins. A la fois puissant et subtil, le bluesman va nous emmener vers des trésors que lui seul connait et ne va pas se priver de nous les expliquer dans le texte, soutenu par une section rythmique de gros calibre mais aussi par deux claviers qui font bien plus que de la figuration. Le public qui a osé tenter l’expérience n’aura pas à le regretter car c’est dans un élan de générosité que Kenny Neal va lui en donner tant qu’il en demande, voire même plus encore, et ce jusqu’après les douze coups de minuit. Mélangeant talent, virtuosité, inspiration et charisme, voilà un artiste qui gagne à être connu et qui sait à merveille tirer son épingle du jeu quand on lui en donne les moyens.

En perspective de la journée de demain qui nous offrira la demi-finale du Mississippi Blues Trail Challenge dans l’après-midi puis le blues dans la ville le soir, nous ne nous attardons pas et allons prendre un peu de sommeil, histoire d’être en forme pour cette journée qui s’annonce riche en découvertes.      

Jeudi 13 juillet :

La journée promet d’être riche en émotions puisqu’elle est en majeure partie consacrée à la demi-finale du Mississippi Blues Trail Challenge avec pas moins de huit groupes ou solos qui vont en découdre, mais en parfaite amitié, durant des sets limités à 25 minutes chacun. On commence donc avec Daddy MT & The Matches qui vont nous régaler avec leur gros blues bien fignolé qui emprunte énormément à celui de Chicago mais aussi par moment à celui de Memphis ! On appelle ça un départ bien négocié …

On continue avec le duo Do The Dirt qui délivrera une prestation homogène mais peut être marquée par un peu trop de stress et par une attitude statique qui nuit forcément à une plénitude que le groupe semble près d’atteindre. Un peu moins de changements de guitares et quelques morceaux debout seraient assurément un plus !

C’est maintenant le one man band Louis Mezzasoma qui s’y colle et qui nous séduit avec un show à la fois plein et chargé en émotions. Des chansons autobiographiques qui sont très vite partagées pas l’assistance et une vraie musicalité feront le reste et personne ne regrettera d’avoir assisté à la confirmation en live des multiples talents du jeune homme sur album.

Flo Bauer est un ovni de la jeune scène blues nationale et c’est avec deux vieux briscards bien en place qu’il se produit, nous offrant des compositions en Anglais mais aussi en Français et réussissant à attraper le public par le cœur avec un jeu de guitare digne des meilleurs et avec une voix qui a su trouver sa place la plus adaptée. Transfuge d’un célèbre télé-crochet, Flo Bauer a aujourd’hui l’étoffe des meilleurs et il le prouve à chacune de ses sorties !

Vicious Steel était à Memphis en janvier pour défendre les couleurs de la France, ils sont à Cahors cet après-midi pour mettre le feu au festival et essayer d’aller encore un peu plus haut que tout ce qui leur a été offert ces dernières années. En véritable pile électrique, Cyril Maguy emmènera la foule vers des strates inattendues tandis qu’à ses côtés, le métronome Antoine Delavaud fera bien plus qu’assurer le rythme. A l’image de certains des cols du Tour de France, on pourrait quasiment classer Vicious Steel en « Hors Catégorie » !
 
C’est déjà à King Biscuit de venir nous présenter un set quelque peu brouillon qui, malgré ses petites imperfections, réussira à nous attirer l’oreille grâce à des percussions omniprésentes et à un jeu de guitare à la fois roots et recherché. Un peu de stress là aussi aura quelque peu nui à la qualité d’ensemble, ce qui n’enlève rien au potentiel des Normands qui ont à coup sur la capacité de nous surprendre !           

Avant dernier candidat, Cory Seznec arrive dans une configuration trio plus qu’intéressante avec ses percussions africaines que l’on aura un peu de mal à percevoir durant une grosse moitié de son set et avec un harmonica déluré tenu par l’excellent David Chalumeau qui ne parviendra pas à combler un certain manque de concision de la part d’un groupe donc c’est paradoxalement le point fort d’habitude !

On termine avec Rumble 2 Jungle qui va littéralement mettre le feu à la scène du Village du Blues avec un show explosif à plus d’un terme, par le son déjà, qui ne souffre d’aucun manque, mais aussi par l’attitude positive qui pousse le quartet à donner et à donner encore jusqu’à ce que le public, rassasié, croule sous le poids de sa musique et soit définitivement sous le charme ! Et quand on sait que les connaisseurs nous parlaient d’un show à 80% des possibilités du groupe, on a vraiment envie d’en découvrir plus très vite.

Le temps de la compilation des résultats, on s’en va se restaurer et commencer à profiter du Blues dans la Ville au Coin des Halles où se produisent les amis de Vicious Steel qui vont petit à petit sentir monter la pression au fur et à mesure que la foule va grossir en face d’eux. L’annonce des résultats de la demi-finale leur mettra un peu de baume au cœur puisqu’ils sont qualifiés au même titre que Daddy MT & The Matches, Flo Bauer Blues Band et Rumble 2 Jungle pour la grande finale de demain soir.

Et comme rien n’est jamais « banal » au Coin des Halles, ce sont bientôt quelques guests comme Sofaï ou encore Johnny Gallagher qui viendront participer à la fête tandis que dans la ville, les autres bars accueillent The Pathfinders, Brian Harpwood Trio, The Fabulous Trio et nombre d’autres groupes qui ont déjà participé cet après-midi au Challenge … Voilà encore une journée qui aura tenue toutes ses promesses !

Vendredi 14 juillet :

C’est une avant dernière journée quelque peu exceptionnelle qui nous attend aujourd’hui car nous allons la commencer de bonne heure en compagnie de Jacques Morgantini qui va nous offrir une conférence sur le thème « Musique et Paroles du Blues » en compagnie du guitariste Tonky De La Peña et de son bassiste. En deux heures pleines d’intensité, ce grand connaisseur des musiques noires américaines emmènera une salle comble à la découverte des grands thèmes du blues, mais aussi des grands artistes et des subtilités souvent imagées de leurs textes. De belles phrases et de belles notes qui nous conduiront prendre un peu de repos avant d’aborder la suite.

On reste avec Jacques Morgantini qui va recevoir officiellement sur la scène du Village du Blues le Keeping The Blues Alive Award qui lui a été décerné par la Blues Foundation en janvier dernier. Encore un grand moment d’émotion qui nous emmènera cette fois jusque dans les salons du Festival où l’organisation complètera cette distinction par quelques cadeaux qui feront très plaisir à ce personnage haut en couleurs qui, malgré la fatigue, ne fera pas l’économie des plaisanteries et des bons mots dont il a le secret.

Pendant ce temps, les Cotton Belly’s vont chauffer l’atmosphère sur la scène du Village du Blues en y déversant une partie de la somme de talent dont le groupe dispose. Demi-finalistes à l’International Blues Challenge, les Franciliens ne vont pas se contenter de jouer la carte de la facilité et vont au contraire mettre tout leur poids dans la balance pour la faire pencher de  leur côté. Et il faut bien reconnaitre que les nombreuses personnes de l’assistance vont littéralement craquer pour ce quartet au feeling incroyable et à la musicalité particulièrement poussée. Difficile de résister au charme des Cotton Belly’s, le public cadurcien en a fait ce soir l’expérience !      

Après les Cotton Belly's, on continue sur la scène Village avec un trio venu de Bretagne : The Fabulous Trio. Et à travers leurs chansons, ils nous emmènent dans leur univers rockabilly. Beaucoup d'énergie pour ce groupe aux influences diverses que l'on retrouve dans l'interprétation de grands titres de Johnny Cash, Bill Haley ou Chuck Berry. Une guitare et un chant très efficace, le tout bien soutenu par une contrebasse et une batterie. Un public ravi qui n'a pas hésité à se lever et à danser aux rythmes effrénés proposés par le trio breton. Une belle entrée en matière avant une soirée qui, elle aussi, s'annonce tout aussi belle.

On retrouve déjà la grande scène avec la finale du Mississippi Blues Trail Challenge et c’est ce soir Vicious Steel qui essuie les plâtres avec un show toujours aussi consistant et avec la folle énergie qui caractérise le duo. Jamais avare d’une plaisanterie ou d’un petit clin d’œil, Cyril Maguy pilote le duo à la force de ses guitares et résonateurs tandis que le métronome de service, Antoine Delavaud, habille l’ensemble d’une touche de génie. On aime toujours autant !

Place à Daddy MT & The Matches qui vient nous proposer un bon gros blues de derrière les fagots, un de ceux qui vous mettent les nerfs à vif et qui arrosent le tout d’une voix bien épicée, histoire d’être certain que la force de conviction soit telle qu’il est impossible d’y résister. Virtuose, Daddy MT n’en n’est pas moins un excellent chanteur qui sait exactement comment faire pour que sa musique touche droit au cœur, et plus si affinités.

Flo Bauer prend ensuite le relais et nous dévoile un show un peu moins à l’aise que celui de la veille, non pas qu’il ne soit pas aussi bon mais peut-être qu’à cause de la présence sur la grande scène, les marques sont un peu plus difficiles à faire. De l’avis des fans croisés dans le public, la set list aurait dû être corrigée mais cela, n’enlèvera rien au bout du compte et le Flo Bauer Blues Project saura s’attirer la bienveillance de l’assistance.

Dernier candidat du Challenge, Rumble 2 Jungle va une fois encore nous offrir un gros show électrique avec une guitare pleine de saveur et une rythmique solide à souhait. Ajoutez-y le charme et la voix de Kissia San et vous aurez rapidement compris pourquoi le quartet aura remporté trois prix (Cahors Blues Festival, Benicassim Blues Festival et Billy Bob's Disney Village) tandis que Flo Bauer Blues Project en décrochera deux (Toulouse Blues Society et European Blues Cruise), deux également pour Daddy MT & The Matches (Cahors Villa Malbec et France Blues) et enfin un pour Vicious Steel (All That Jazz).

Après tant de bonnes choses, le public du Cahors Blues Festival méritait bien un cadeau de choix et c’est de la part de Johnny Gallagher qu’il le recevra, l’Irlandais nous offrant une Marseillaise avant même les premières notes de son show, nous emmenant ensuite de blues rock en slow blues en passant même par une « reggae irlandais » que le guitariste, toujours très inspiré, nous servira avec une belle dose de brio. N’hésitant jamais à faire participer la foule, Johnny Gallagher n’aura pas besoin de beaucoup de temps pour s’attirer la sympathie du public et n’aura plus dès lors qu’à dérouler un show bien structuré mais jamais lisse !

Fidèle à la tradition de partage qui l’anime, Johnny Gallagher aura ce soir quelques invités de marque avec pour commencer Sofaï qui le rejoindra pour deux titres dont un traditionnel « Sweet Home Chicago » et enfin Bernie Marsden, ex-guitariste de Whitesnake, avec qui il nous offrira un superbe « Key To The Highway » avant de nous faire cheminer de classiques en classiques avec entre autres « Walking By Myself » et de terminer en rappel avec des titres comme « House Of The Rising Sun » et autres « Can’t Stop Falling In Love With You ». Cahors, conquis, en redemandera encore et encore !

Voilà encore une belle journée qui a tenu toutes ses promesses avec son lot de découvertes et de retrouvailles … C’est aussi ça l’esprit du blues, donner la même chance aux jeunes formations qu’aux vieux routiers déjà endurcis !

Samedi 5 juillet :

Même s’il nous reste encore quatre concerts, et non des moindres, ça commence un peu à sentir l’écurie pour cette 36ème édition qui nous a concocté un final en forme de feu d’artifice avec pour commencer The Pathfinders qui vont nous séduire avec la voix puissante et déterminée de Lilou Hornecker et la guitare inspirée de Max Genouel. Soutenus par une rythmique efficace où l’on reconnait Igor Pichon à la basse, The Pathfinders vont nous faire une démonstration de blues, de rhythm’n’blues et de rock’n’soul dont ils ont le secret et personne dans le public ne le regrettera, quand bien même il fait encore très chaud en cette fin d’après-midi où l’on dépasse allègrement les 30 degrés ! 

Le soleil décline un peu pour l’arrivée de John Nemeth que nous avions croisé par hasard en janvier dernier à Memphis alors que nous allions déjeuner au Cozy Corner et c’est accompagné de sa dream team française, Anthony Stelmaszack à la guitare, Antoine Escalier à la basse et Fabrice Bessouat à la batterie, que le chanteur et harmoniciste va nous propulser dans son univers qui s’inspire de différents blues puisqu’il a vécu longtemps sur la Côte Ouest avant de rejoindre Memphis où il réside aujourd’hui. Littéralement emballé par le bluesman américain mais aussi par son groupe de Frenchies, le public n’en perdra pas une bouchée jusqu’à ce qu’Angel Forrest vienne partager un morceau sur la scène du Village du Blues ! Ça promet pour la suite …

On retrouve maintenant Angel Forrest sur la grande scène et c’est accompagnée d’une équipe de riffeurs à gages qu’elle se présente à nous puisque l’on reconnait à ses côtés son compagnon Denis Coulombe mais aussi Ricky Paquette et Jean-Sébastien Chouinard, de quoi nous offrir un gros son pour un set durant lequel Angel ira de compos en reprises, prenant même le temps de renvoyer l’ascenseur à John Nemeth en l’invitant à partager sa scène pour un duo. Encore un passage par « House Of The Rising Sun », par « Crossroads Blues » ou encore par « Whole Lotta Love » et par « Me And Bobby McGhee » et voilà un concert rondement mené qui aura su fédérer l’assistance autour d’une seule et même passion du blues, celle que l’on entrevoit dans les yeux d’un public venu pour se régaler d’une programmation sans la moindre faille. Cahors serait devenue la capitale du blues pour 2017 qu’elle ne s’en sortirait pas mieux !

Quoi de mieux pour terminer cette 36ème édition qu’on concert de Mister Sipp, le Mississippi Blues Child qui a remporté l’International Blues Challenge à Memphis en 2014 et que l’on retrouve depuis sur les plus belles scènes des plus grands festivals au monde. En power trio, Mister Sipp n’hésite pas une seconde à mettre du Chicago Blues et du rock dans sa musique mais c’est en respectant une tradition de qualité très forte sur les rives du Big Muddy que le chanteur et guitariste nous laissera entrevoir toute l’étendue de son talent. Charismatique au possible, celui que l’état civil connait sous le nom de Castro Coleman n’aura pas grand mal à plier convenablement cette ultime soirée d’un festival qui aura tenu toutes ses promesses ! 

Au moment de quitter l’équipe du Cahors Blues Festival, on remerciera forcément toute une équipe d’organisation mais aussi ses bénévoles et ses techniciens qui se sont mis en quatre pour que tout soit si ce n’est impeccable, au moins très proche de la perfection. On regrettera un léger manque de fréquentation devant la grande scène alors que la scène du Village du Blues aura fait le plein chaque jour, signe que si le festival a su attirer le public vers sa musique mère, il n’a pas encore tout à fait réussi à transformer l’essai et en le faisant passer du côté payant de la barrière ne serait-ce que pour le remercier pour tous les spectacles gratuits qui lui sont offerts … Difficile d’équilibrer un bilan quand on ne souhaite proposer que du blues, qui plus est de très grande qualité ! Contre vents et marées, Cahors tiens bon la barre et c’est quand même assez rassurant …

Fred Delforge – juillet 2017