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Ecrit par Alain Hiot |
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lundi, 03 juillet 2017
RED
BEANS & PEPPER SAUCE
http://www.redbeansandpeppersauce.com/
Avec la sortie prochaine de leur quatrième album,
« Red », il était nécessaire
de se pencher sur son contenu et sur la façon dont
évolue le groupe depuis que je les ai vus pour la
première fois lors du Cahors Blues Festival 2013,
où ils avaient déjà fait la
quasi-unanimité dans le public et remporté bon
nombre de prix ...
Salut Laurent, un
quatrième album en sept ans d'existence, ça
devient du très sérieux non ?
Oui, c’est un projet qui grandit avec le temps, il a
démarré doucement car on n’avait pas
d’ambition particulière en dehors de
s’amuser mais la sélection pour le tremplin du
Cahors Blues Festival en 2013 et les prix qui nous y ont
été décernés ont
changé la donne. Ça a mis un peu de
lumière sur notre travail, et depuis on fait chaque
année de plus en plus de concerts et on va jouer de plus en
plus loin de chez nous. Je pense qu’on a joué dans
toutes les régions de France maintenant et on a
commencé à se produire à
l’étranger, en Suisse et en Allemagne.
Ça va continuer d’ailleurs puisqu’on
sera en Hollande au mois d’octobre et que le net nous permet
de nous faire connaître sans limite géographique.
La vidéo du single de l’album qui a
été vue plus de 150 000 fois a
été "likée" et commentée de
très nombreuses fois depuis plusieurs pays
d’Europe du Nord et de l’Est. On a eu aussi une
chronique dans un webzine Californien à San Francisco et on
a même été joués sur une
radio japonaise ! Un autre truc incroyable : une chanteuse Australienne
nous a demandé l’autorisation d’adapter
un titre de l’album « Hot & Spicy
» (Crossroads-2015). Je ne sais pas si ce projet de cover
aboutira un jour, mais ça montre bien en effet à
quel point le groupe est allé au-delà de ce
qu’on avait imaginé. Comme tu dis c’est
devenu du sérieux, on a d'ailleurs monté notre
propre structure qui s’appelle Crossroads. C’est un
peu notre label, qui produit nos albums, gère la
distribution, le booking, qui récupère des fonds
pour financer les tournées, la promo, les clips etc. On a
fait appel à une équipe
d’attachés de presse pour couvrir cette sortie
d’album, une boîte de prod de vidéo nous
prépare un EPK (Electronic Press Kit), bref, c’est
du sérieux comme tu dis, lol !
Le titre, « Red
», c'est la couleur du boulet qui nous arrive en pleine face
lorsqu'on le met sur la platine ?
C’est ça Hahaha ! En fait pendant les prises en
studio tu as plein de VU-mètres qui bougent ou qui
clignotent en permanence comme si tu étais dans le Faucon
Millenium ! Et il se trouve qu’ils avaient une
fâcheuse tendance à taper
régulièrement dans le rouge lol ! Ça
nous faisait marrer et je pense que c’est comme ça
que l’idée a fait son chemin dans nos esprits.
Puis on a joué dans cette salle du Cœur de
Bœuf à Lons-le-Saunier qu’on aime
beaucoup, et on y a trouvé un mur rouge vif où on
a fait une séance photos qui a donné naissance
à la pochette. Et au final, plus les mix
avançaient et plus on se disait que le rouge
était carrément la couleur de cet album, et
même que finalement elle nous définissait assez
bien. Sur les VU-mètres, rouge ça veut dire
beaucoup, voire trop, et quand on y pense on a tous ce goût
en commun des gros amplis, des pédales qui tordent voire qui
fuzzent, des batteries qui sonnent "Fat", des basses bien profondes,
des potards qui vont à 11 quoi !! Même la voix de
Jess est parfois passée dans un micro "Green Bullet" pour
harmo, puis dans des amplis pour mieux taper dans les préamp
SSL !
Sur l'album
précédent, « Hot & Spicy
», on trouvait sept titres que tu avais signés et
trois co-signatures avec Jess, et sur celui-ci c'est très
exactement l'inverse. De quelle façon Jess a-t-elle
imprimé sa marque à ces compos ?
On a une façon de travailler qui est bien rodée
maintenant. J’écris les musiques et
j’enregistre seul tous les instruments dans mon home studio.
Ça nous sert de brouillon avec les grilles, les riffs, les
structures. Puis les musiciens du groupe vont travailler dessus et
créer leurs propres parties depuis leur propre home studio.
Aujourd’hui l’informatique nous permet de
travailler à distance. Ensuite avec Jess on travaille la
mélodie. Sur l’album
précédent j’en avais amené
beaucoup et on avait collaboré sur certaines. Cette fois-ci
on a passé des heures en studio tous les deux à
coécrire la plupart des mélodies. Elle a
signé toute seule la très jolie
mélodie de « Flyin’ High »,
une des deux ballades du disque. Donc en gros je fais les musiques, on
bosse les mélodies avec Jess et puis le groupe se charge des
arrangements. Et ensuite il n'y a plus qu’à
enregistrer.
De la même
manière une grande majorité des textes a
été écrite par Serge alors qu'il n'y
en avait aucun sur le précédent ...
Jusque-là j’avais écrit la
totalité des textes et j’aime bien cet exercice
s’il s’agit de seulement quelques titres, mais
c’est plus une souffrance qu’autre chose pour moi
si je dois en écrire beaucoup. Serge m’a fait part
de son intérêt de longue date pour
l’écriture et m’a filé des
textes qui étaient carrément top avec des sujets
taillés pour Jess. Des mots qui expriment sa condition de
femme à notre époque. Parfois le ton est doux,
parfois elle sort ses griffes, ça peut être
léger, sensuel ou carrément dangereux.
D’ailleurs l’album a failli s’appeler
« The Black Panther » et le morceau du
même nom, un blues saturé qui tire vers le classic
rock, est assez représentatif de l’album.
Depuis « Hot
& Spicy » on constate un net virage vers un
blues-rock à très forte influence seventies qui
est encore plus sensible sur « Red ». Je suppose
que l'arrivée de Serge et de Niko n'y est pas
étrangère ?
C’est tout à fait ça. C’est
vrai que le classic rock 70’s des Led Zep, Deep Purple,
Hendrix, ZZ Top et autres, un classic rock très
influencé par le blues, c’est justement ce qui
nous rassemble. Mais nos influences sont plus étendues que
ça. Pour Serge ça commence par Jerry Lee Lewis,
puis il y a l’incontournable John Lord bien sûr
mais aussi Edgar Winter ou Jan Hammer. Quand à Niko, les
Paice, Bonham ou Beard font partie de son ADN bien sûr, mais
tout autant que le génial Buddy Rich. Mais bon, on
n’a pas non plus fait un disque de hard 70’s. Et
puis c’est à force de jouer ensemble que le groupe
a pris ce virage. On se rend compte qu’on met beaucoup
d’énergie dans notre musique sur scène
et quand on y pense le rock c’est surtout une question
d’énergie. Quand tu regardes un solo de Buddy Rich
tu t’aperçois que le mec y met la même
énergie qu’un Dave Grohl alors qu’il
jouait du swing. Pour moi il joue rock avec des années
d’avance. Et quand Led Zep envoie « I
Can’t Quit You Babe » de Willie Dixon,
ça reste du blues, du blues électrisé,
saturé, joué avec puissance et
énergie. Attention hein, je ne dis pas que c’est
mieux, c’est juste joué dans un autre
état d’esprit. Pour moi tout ça reste
du blues ou du blues-rock joué dans un état
d’esprit différent. De toute façon on
ne va pas essayer de se mettre à jouer du blues comme si on
avait travaillé dans les champs de coton, ou grandit dans
les 30’s sur les rives du Mississippi, ça
n’aurait pas de sens.
Tu te sens plus proche de
Jimmy Page ou de Derek Trucks ?
Alors vu le niveau des deux je me sens surtout super loin lol ! Mais
même si je suis un inconditionnel de Trucks que
j’ai vu déjà cinq fois sur
scène, Jimmy Page c’est mon Yoda à moi
! Parce qu’il y a les solos mais il y a aussi les riffs, le
jeu en open, la science de la production en studio, etc. Trucks est un
très très grand improvisateur avec un toucher
incroyable mais Page a changé le cours de
l’histoire du rock. Et puis je suis plus à
l’aise sans bottleneck qu’avec, si tu veux tout
savoir.
Niko a produit les deux
derniers albums. Les prises de son se sont faites chez lui comme pour
« Hot & Spicy » ?
Oui, presque tout se fait chez lui quand on finalise, il est
très bien équipé et il aime vraiment
bosser la prise de son. J’aime particulièrement sa
production résolument moderne. Il nous a fait franchir un
palier par rapport aux deux premiers albums que j’avais
réalisés avec une approche plus "Vintage" et
moins de maîtrise. Il est très en phase avec les
prods modernes que tu peux entendre chez des gens comme Jeff Beck, Gary
Clark Jr, Triggerfinger, etc. Et on l’encourage dans ce sens,
ça apporte de la fraîcheur et de la
nouveauté.
Le dernier titre,
« Sinkin' Down », bien trop court à mon
goût sur l'album mais qu'heureusement vous prolongez sur
scène, tranche par rapport au reste de l'album par son
côté planant. Tu aimes aussi nous surprendre en
nous embarquant vers ces ambiances ?
Mais depuis le premier album il y a toujours eu au moins un titre avec
une ambiance travaillée, planante, etc. Depuis le
psychédélisme des Beatles que
j’écoutais enfant jusqu’au «
No Quarter » de Led Zep en passant par Hendrix, les Floyd et
jusqu’à Portishead, j’aime ça
depuis toujours. On a pas mal travaillé sur cette ballade
planante. Niko a fait un travail remarquable sur les percus de
l’intro qui donnent cette ambiance particulière.
Je conseille d’ailleurs de l’écouter au
casque pour bien s’en imprégner. Comme le titre
l’indique, le morceau est très
mélancolique. Il raconte une histoire et avec cette intro
instrumentale qui prend le temps, il y a quelque chose de
très cinématographique. C’est le seul
titre de l’album dont j’ai écrit seul,
musique, mélodie et texte. Et j’espère
pouvoir réaliser moi-même un joli clip avec de
belles références au grand écran, car
c’est une discipline que j’aime et que je pratique
de plus en plus maintenant que Niko a pris en main toute la
réalisation audio.
C’est un passage
obligé à présent d'en passer par ces
opérations de financement participatif ? Et quelle part cela
représente dans le coût global du CD ?
Pour nous artistes autoproduits, le problème c’est
la trésorerie. Nous sommes des artisans. Investir des heures
de travail dans un projet n’est limité
qu’à 24 par jour lol ! Mais il y a des
dépenses incontournables à financer en amont
d’une sortie, et donc des premières
ventes. Le Crowdfunding c’est comme une avance de
trésorerie sans passer par le banquier qui, de toute
façon, ne nous suivrait en aucun cas. En ce qui nous
concerne je précise que les gens ne font pas des dons, on
leur propose de préacheter des objets issus de notre
univers, comme l’album bien sûr mais aussi des
T-Shirts et autres goodies, des places de concerts, etc. Et puis comme
on a bien vendu l’album précédent, on a
pu cette fois-ci financer pas mal de choses en amont sans demander de
l’aide. Pour la première fois on a pu engager une
équipe d’attachés de presse pour faire
une belle campagne de promo, on a réglé les
droits de reproduction auprès de la Sacem,
réalisé un clip il y a quelques mois pour
annoncer l’album, un EPK vidéo, une
résidence pour préparer la sortie, etc. On a eu
besoin de nos fans, familles et amis pour financer seulement le
pressage et un clip, ce qui représente moins de 20% des
dépenses qui précèdent la sortie.
L'album sort
officiellement le 21 septembre, vous ferez un concert
spécial pour cette sortie ? Et si oui ce sera où
et quand ?
Tout à fait, le 21 septembre on présentera
l’album au public sur la scène de Zinga Zanga
à Béziers. On sera en sortie de
résidence où on va travailler quelques jours sur
le spectacle et l’adaptation de l’album
à la scène. Deux jours plus tard on le
présentera sur la scène du Rockstore à
Montpellier pour une soirée très rock et
très féminine en compagnie des Ladies
Ballbreakers. C’est une double sortie qu’on a voulu
réserver à notre "Deep South" natal avant de
venir jouer sur Paris un peu plus tard.
J'ai cru comprendre que
vous cherchiez aussi des dates du côté du Benelux,
tu veux profiter de cette interview pour faire une annonce ?
Oui, pourquoi pas ! La Suisse nous accueille depuis quelques
années déjà quand on sort de
l’hexagone, on est allé en Allemagne en mars et on
visitera les Pays-Bas en octobre. Ça se passe à
merveille à chaque fois et notre musique plait beaucoup
là-bas. Du coup on essaye maintenant de
développer nos contacts entre la Belgique, la Hollande et
l’Allemagne. Donc oui, on cherche des partenaires pour bosser
là-haut.
Dernière
question, les rushes photos de la couverture de « Hot
& Spicy » sont-ils toujours inaccessibles,
même contre ton poids en Guinness et une paire de Santiag ?
Ahhh, tu parles de ces fameux rushes de cette fameuse séance
photo de Jess simplement vêtue d’une Telecaster
…? Je crois bien que je les ai perdus …
Désolé … Lol !!
Propos recueillis par
Alain Hiot
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