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Ecrit par Aline Meyer |
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jeudi, 29 juin 2017
KENNY
WAYNE SHEPHERD
http://www.kennywayneshepherd.net/
Le guitariste de blues Rock Kenny Wayne Shepherd était de
passage à Paris pour présenter son tout dernier
et très bon album « Lay It Down »
à paraître chez Mascot / Provogue le 21 juillet
prochain. Une excellente occasion de rencontrer et de discuter avec
celui qui fait partie de cette nouvelle
génération de Bluesman.
Bonjour Kenny
Bonjour
Quelle était
l’idée derrière cet album «
Lay it Down » ?
Eh bien, mon dernier album était un album de blues
traditionnel, donc je voulais que cet album sonne plus contemporain,
différent, plus frais … Je voulais essayer de
faire le meilleur album que je n'ai jamais fait, et me pousser
à écrire de meilleures chansons, de super
paroles, des histoires à raconter, et jouer super bien, tout
ça …. Et au final, je pense que c’est
un album avec des chansons très diverses, avec beaucoup de
sonorités différentes, mais la plupart sonnent
très actuelles, très nouvelles, très
fraîches, donc je pense que j’ai atteint mon but.
Penses-tu qu’il
y ait aussi un besoin de renouvellement, actuellement dans la
scène blues et country ?
Je pense qu’il est toujours bon d’essayer
d’amener quelque chose de nouveau. Je veux dire,
c’est vraiment facile de jouer du blues classique, et je
pourrais faire ça, j’adore faire ça, tu
sais, mais pour moi, en tant qu’artiste, pour
écrire quelque chose de différent, pour
créer quelque chose de nouveau, il est bon
d’essayer différentes choses. Comme ça,
tu peux puiser un peu dans le rock’n’roll, dans la
musique country, ou dans le rhythm’n’blues. Et tu
ramènes ça dans ce que tu fais, et tu essaies
essayer d’emmener le blues dans une direction
différente. Et je pense que c’est ce qui fait que
ça reste intéressant.
Qu’est-ce qui
t’inspires pour écrire les paroles, les histoires
dont tu parlais ? Est-ce que tu t’inspires de choses que tu
as vécues ?
En fait, ouais, la plupart du temps ce sont des histoires personnelles,
des expériences de vie. Mais certaines sont juste sorties de
mon esprit, ce sont de pures fictions, ça n’a rien
de réel mais c’est une super histoire à
raconter. Par exemple, « Baby Got Gone », c'est
l'histoire d'une fille qui vit comme une gitane, tu vois, elle
n’arrête pas de changer de lieu, et les mecs
tombent tous amoureux d’elle, mais elle ne peut pas
s’engager avec quelqu’un, c’est un esprit
libre … Ce n’est pas ma vraie vie, mais
ça fait une histoire cool, et je peux en quelque sorte
m’y reconnaître.
Quand tu composes, est-ce
que tu écris plutôt les paroles en premier, ou
est-ce que tu commences par la musique ?
Je commence par la musique ! Ca commence toujours par un genre
d’idée sur la guitare, et ensuite je
m’assieds pour jouer de la musique, et ensuite
quelqu’un commence à chanter une ligne de chant,
et tout part de là. Mais en principe ça part
toujours de la guitare.
Combien de temps est-ce
que ça t’a pris entre la première
idée de cet album et la production finale ?
Ca a dû prendre à peu près deux ans.
Parce qu’en fait, je travaillais, mais je tournais aussi
beaucoup, avec mon autre groupe, avec Stephen Stills, on a fait des
albums et des tournées. Donc c’était
toujours entre deux tournées que je me mettais à
composer des chansons. Donc deux ans, ça paraît
long, mais ça n’était pas si long que
ça, je n’ai pas eu tant de temps que ça
pour le préparer.
Mais du coup, est-ce que
ça t’a inspiré, aussi,
d’être en permanence sur la route ?
Certainement, oui, c’est possible, ça te donne des
occasions de trouver des idées. Il y a beaucoup
d’idées musicales que je trouvais en
tournée, en faisant les balances avant un concert, en jouant
plus ou moins n’importe quoi, et en enregistrant
ça sur mon téléphone, comme
ça je l’avais ensuite quand j’essayais
d’écrire une chanson.
Cet album sonne comme les
plus grands musiciens de blues, Johnny Cash, Leonard Cohen, etc.
Quelles sont tes références musicales ?
Eh bien, j’en ai beaucoup ! J’ai grandi en
écoutant du blues et de la country, du
rock’n’roll, du rhythm’n’blues,
du funk, James Brown, je pense qu’il y a un peu de tout
ça dans ma musique. Mais quand j’étais
petit, j’écoutais beaucoup de country, George
Jones, Willie Nelson, Hank Williams, tous ces gars qui faisaient de la
country à l’ancienne, Johnny Cash. Ensuite, dans
le blues, j’écoutais de tout, de Robert Johnson
à B.B. King, Muddy Waters, à Jimi Hendrix, Stevie
Ray Vaughan, et aussi des trucs plus rock, tu vois, comme Van Halen,
Lynyrd Skynyrd ou ZZ Top. Tellement de trucs différents, que
j’ai absorbé, au fil du temps, et tout cela
m’influence dans la musique que je crée.
Est-ce que
c’est quelque chose que tu fais à
présent consciemment, avec la maturité, de
prendre une influence chez tel artiste en essayant de la faire tienne ?
Ouais, je veux dire, ça devient parfois un exercice plus ou
moins conscient. Mais après, ce qu’il se passe
surtout, c’est que tu tentes des trucs, tu essaies un accord
différent, et si ça marche, ça peut te
rappeler quelque chose de plus rock ou de plus teinté
rhythm’n’blues et ça finit simplement
par s’assembler avec d’autres pièces qui
sonnent pareil.
Tu sors cet album,
intitulé « Lay It Down », cet
été, le 21 juillet. J’imagine que tu
vas repartir en tournée d’ici la fin de
l’année ! Tu as déjà des
plans pour l’Europe ?
Ouais, on vient de jouer dans un festival aux Pays-Bas, ensuite on
revient ici en Europe en juillet/août, pour la sortie de
l’album. On va être ici quelque chose comme trois
semaines et demie. On va jouer dans beaucoup d’endroits
différents en Europe et on ne jouera qu'une fois en France,
dans un festival, mais ce n’est pas à Paris (NDLR
: le festival Guitare en Scène, le 22 juillet,
près de la frontière Suisse). Mais ensuite on va
revenir en octobre, et probablement aussi en 2018.
Je sais que pour beaucoup
de musiciens, le studio et les tournées sont deux aspects
complémentaires. Est-ce que pour toi aussi c’est
un cycle qui te permet d’aller de l’avant, de te
dire « je vais faire un album pour pouvoir repartir en
tournée » ?
Ouais, je veux dire, tu fais l’album pour pouvoir partir en
tournée. Mais ce sont deux expériences bien
différentes. Faire un album est très
différent d’être en tournée,
de jouer un concert, mais j’aime beaucoup les deux.
J’ai déjà pas mal de chansons qui sont
prêtes pour le prochain album, et j’attends avec
impatience de pouvoir m’y mettre ! En ce moment, je me sens
bien, je suis très créatif, j’ai
beaucoup d’idées, je suis très
productif, donc je veux continuer comme ça !
Si tu avais
l’opportunité de jouer avec un artiste, vivant ou
décédé, tu choisirais qui et quelle
chanson ?
Si je pouvais jouer avec n’importe qui, ce serait Jimi
Hendrix. Il n’y a personne avec qui ce serait plus tentant
qu’avec lui ! Je ne sais pas ce qu’on jouerait,
mais je joue toujours « Voodoo Child » dans mes
concerts, donc on partirait sûrement en bœuf
là-dessus ! Mais je veux dire, c’est sans doute le
meilleur guitariste de tous les temps, donc je jouerais avec lui !
Je sais que beaucoup de
guitaristes pensent qu’il a véritablement
révolutionné la façon de jouer,
penses-tu que ce soit le cas ?
Ouais, carrément ! Je veux dire, ne serait-ce que sa
façon de faire les choses, il était incroyable !
Personne n’avait joué de la guitare comme
ça auparavant, et au final, personne ne l’a fait
comme ça depuis non plus !
Quel est le dernier album
que tu as écouté ? La dernière chose
qui t’a influencé ?
(Il réfléchit) Quand je suis en studio pour
préparer un album, je n’écoute pas
beaucoup de musique extérieure, car je ne veux pas que cela
influence ce que je fais en studio, parce que je veux essayer de
créer quelque chose d’original. Donc, la
dernière chose que j’ai
écoutée, ça doit probablement
être un album de Muddy Waters, tu sais, parce que quand je
crée de la musique, que j’essaie
d’être créatif, je vais revenir aux
choses qui m’ont inspiré quand
j’étais jeune, donc Muddy Waters, B.B. King,
Albert King, des choses comme ça.
C’est quelque
chose qui est important pour toi, de te créer une bulle,
quand tu es en train de créer de la musique ?
Je trouve, pour moi en tous cas, que c’est important.
Peut-être que tout le monde n’est pas comme
ça, mais quand je crée quelque chose, quand je
prépare un album, je n’écoute pas
grand-chose, parce que je peux entendre cette musique-là
(NDLR : il pointe les haut-parleurs de la salle d’interview)
et du coup ça va s’imprégner dans ce
que je fais, et je ne veux pas que ma musique sonne comme ça
(rires). Je veux simplement faire quelque chose par moi-même.
Est-ce que ton processus
créatif est plus ou moins continuel, ou est-ce que tu
t’arrêtes de composer quand l’album est
prêt ?
C’est perpétuel, parce que si tu
t’arrêtes, alors ça devient difficile de
redémarrer ! Donc en ce moment, ça vient
plutôt facilement, donc je veux juste continuer comme
ça !
Du coup, comment est-ce
que tu choisis les chansons qui seront sur cet album, celles qui seront
sur le suivant, voire celles qui ne sortiront pas ?
En fait, je regarde simplement les chansons, et je prends par exemple
les dix meilleures, ou disons les vingt meilleures, et ensuite je me
dis « ok, il nous faut tant de chansons rapides et rock, et
tant de ballades douces, et tant de chansons intermédiaires
» et ensuite tu regardes ce que tu as, tu les joues, et tu
trouves ce qui va bien ensemble.
Tu commences à
travailler en sachant combien de chansons tu veux sur
l’album, ou est-ce que ça vient après ?
Pour cet album par exemple, je savais que je voulais dix chansons. Au
final, il y a onze pistes, parce que la dernière est une
version acoustique d’une des chansons de l’album.
Mais ouais, je savais que je voulais dix chansons, mais je ne savais
pas dans quel ordre elles seraient. Et puis tu les enregistres, tu les
mets dans un certain ordre, et tu vois si ça sonne bien, et
puis tu changes un peu les choses, et tu vois ce que ça
donne. Voilà comment je fonctionne.
Merci beaucoup pour cette
interview !
Merci à toi
Propos recueillis par
Aline Meyer - Photo Live (c) Evelyne Balliner
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