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BLUESTRACJE FESTIVAL à CHORZOW (PL) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 23 avril 2017
 

BLUESTRACJE FESTIVAL
CHORZOWKIE CENTRUM KULTURY – CHORZOW (POLOGNE)
Du 20 au 22 avril 2017

http://www.bluestracje.pl/
http://www.twojblues.com/


Difficile de résister à l’appel de la Pologne, surtout quand ce sont nos amis de Chrozów qui nous proposent de venir leur rendre visite à l’occasion du Bluestracje Festival, évènement blues majeur depuis 20 ans en Silésie, une région connue pour son grand activisme musical en général et blues en particulier puisque c’est là que se trouvent les bureaux du magazine Twόj Blues, récipiendaire d’un Keeping The Blues Alive Award de la Blues Foundation en 2011. On passera les détails d’une arrivée chaotique avec plus de six heures de retard d’avion auxquelles s’ajoutent une heure de route en Fiat Panda d’époque avant de retrouver enfin les amis vers minuit autour d’une bière dans le hall de l’hôtel pour se concentrer sur l’essentiel …

Jeudi 20 avril :

Aucune obligation avant la garden party chez nos amis de Twόj Blues en fin d’après-midi, c’est l’occasion de retourner faire un tour vers Cracovie pour y découvrir la vieille ville en faisant une impasse obligatoire sur le ghetto et sur l’usine d’Oskar Schindler par manque de temps, mais pour ceux qui auraient l’occasion d’y passer, on vous les recommande vivement !

On retrouvera donc en début de soirée le who is who du blues polonais mais aussi européen puisque autour du buffet, on pourra entendre parler Anglais, Tchèque, Espagnol, Allemand, Flamand et bien entendu Français. De quoi faire quelques plans sur la comète et commencer à parler d’échanges avec tous ces gens charmants rencontrés en toute convivialité.

Vendredi 21 avril :

Nous profiterons de l’après-midi pour rejoindre Katowice et y découvrir différents endroits dont le fameux Théâtre Wyspianski où nombre de concerts de rock progressif ont été immortalisés en vidéo. Un rapide tour dans la ville et nous rejoindrons très vite MDK Batory où nous attend une exposition retraçant l’histoire du festival, un film témoignage et enfin le festival par lui-même. Un verre de vin au buffet et quelques toasts et nous voilà fin prêts pour accueillir les trois groupes de la soirée !

On commence avec les Bayou Alligators, quartet allemand qui nous sert une musique pimentée à la sauce New Orleans ! Le chanteur affiche un superbe T-Shirt « Bubba Gump 1975 » et sort très vite l'accordéon diatonique avant d'inviter Ziggy, un ami du cru à le rejoindre au washboard. Le concert est rapidement lancé et ne tarde pas à atteindre son rythme de croisière malgré un public un peu timide qui au début se contente de battre des mains ! Le chanteur passe à l'harmonica puis à la guitare et enfin au piano et nous offre même une sympathique battle de guitares avant de continuer à enfiler les compos et les reprises devant une salle attentive mais un peu amorphe. Dommage car ils se donnent à fond et sans compter les Bayou Alligators !

Guy Verlinde s'installe ensuite avec ses Mighty Gators pour un show bien carré et plein d'humour, comme toujours ! En véritable amoureux du blues des origines, le Belge nous emmène faire un tour chez ses idoles, les Howlin Wolf, James Cotton, Etta James et autres Koko Taylor ... On a même droit en cours de route à une version poignante du « Ain't No Sunshine » de Bill Withers avec la salle toute entière en chœur ! Un tour dans l’assistance et un final épileptique avec « Powered By The Blues » et ce sera le déclenchement d’une véritable ovation avant un bon gros boogie servi en rappel avec le public qui danse devant la scène puis finalement sur la scène avec le groupe. Pour leur premier passage en Pologne, Guy Verlinde & The Mighty Gators ont marqué durablement les esprits !

On termine avec le chanteur londonien d’origine franco-ghanéenne Myles Sanko qui se produit en septet qui joue lui aussi ce soir pour la première fois en Pologne ... Des cuivres et une flûte traversière mais aussi piano pour une musique faite de beaucoup de soul et d'un peu de jazz pour un chanteur crooner de la jeune génération qui se la joue un peu à la Charles Bradley ! Ça joue bien mais ça manque de chaleur et c’est un peu trop lisse, et quand bien même on a des danseurs sur les deux premiers titres, ils finissent vite par retourner s'asseoir, même s'il y a une petite dizaine d'accros sur le côté de la salle ! À force de jouer les showman et de nous offrir des gimmicks digne pour une pub pour du dentifrice, ça redécolle un peu avec tes titres comme « Save My Soul » mais il manque encore la petite touche de folie capable de pousser tout ça très haut !

Un passage par le « Mercy Mercy Me » de Marvin Gaye finira de poser le show et c’est en déroulant les titres de manière efficace mais sans supplément d’âme que Myles Sanko terminera son set avec une partie de l’assistance devant lui, livrant pourtant son unique rappel dans une salle vidée au trois quarts dès la dernière note avant le retour du présentateur … Dommage car nous avons découvert un bon groupe et un bon chanteur qui, avec un peu de complicité et de chaleur, pourraient nous emmener très loin !  

Samedi 22 avril :

On se retrouve en fin d’après-midi au Chorzowsjie Centrum Kultury pour une journée un peu particulière puisque c’est aujourd’hui le Gala Blues Top 2016 durant lequel l’équipe du magazine Twόj Blues va remettre à différentes personnalités polonaises des prix célébrant leur talent, leur qualité humaine et artistique ou leur engagement pour cette musique. Mais en attendant le début de ce grand rendez-vous annuel, on se retrouve au premier étage de la salle où sont exposées les œuvres de Danuta Matysik (Dana Art) dans une grande et belle exposition intitulée « Pictures from the Road, People and Places » où l’on retrouve des peintures qui rappellent forcément le Sud des Etats Unis et les moments uniques que l’on y vit.

Un verre de vin et quelques improvisations piano/voix nous permettront de faire le grand tour de l’exposition avant de redescendre prendre place dans le beau théâtre où, l’un après l’autre, chacun des lauréats viendra recevoir un prix unique, une estampe de l'artiste graphique de renommée mondiale, professeur des Beaux-Arts de Katowice, Romana Kalarusa. Ce sera également l’occasion pour les différents musiciens récompensés de se produire dans une prestation exceptionnelle puisque chacun joue généralement avec un autre groupe que celui qui l’accompagne habituellement. On verra ainsi par exemple le brillant violoniste Jan Galach jouer quelques titres avec le Hot Tamales Trio, représentant polonais lors du récent European Blues Challenge à Horsens, au Danemark.

Difficile de citer toutes les personnes récompensées car la cérémonie en langue polonaise nous échappe un peu mais nous aurons toutefois noté quelques noms plus connus en Europe voir dans le monde comme Adam Kulisz élu chanteur de l’année, Wes Gałczyński & Power Train dont l’album « NO. 1 » sera désigné album de l’année ou encore le bien connu Rawa Blues Festival récompensé par le prix de l’évènement de l'année. Voilà un beau début de soirée plein d’émotion, de fluidité et de belles jams entre des musiciens de qualité réunis pour passer un bon moment !

Impossible de se quitter sans passer par l’after party au club Szuflada 15, à quelques dizaines de mètres de là, près du Blues Hotel, ça ne s’invente pas … On y retrouve une fois encore les amis venus des quatre coins de l’Europe du Blues, d’Allemagne, d’Espagne ou de Slovaquie, et on y partage quelques verres puis quelques shots autour d’un bien sympathique buffet et d’une musique distillée par les Blues Junkers, le groupe qui avait représenté la Pologne à l’European Blues Challenge en 2016, à Torrita di Siena. Des compos et quelques standards, un certain charisme de la part de la chanteuse et du pianiste qui à l’occasion se met à l’harmonica et surtout une folle ambiance dans un club où la mezzanine a été privatisée pour l’occasion mais où la salle fait également le plein avec sa clientèle habituelle ! Pourquoi ce qui est possible ici mais aussi à Berlin ou à Barcelone ne l’est pas à Paris ? La réponse est assez simple en fait : le prix des consommations mais aussi celui des taxis pour rentrer en fin de soirée et le fait que les Parisiens aient été globalement repoussés loin de la ville par les immeubles de bureaux qui ont pris leur place et fait exploser le prix des loyers ! « L’immobilier pour les Nuls ou comment réduire à néant toute forme de culture et de convivialité dans votre ville (ou votre pays) ».

On quittera finalement nos hôtes avec une pointe de nostalgie non sans les remercier mais en se donnant déjà rendez-vous dans moins d’un mois à Eutin, dans le Nord de l’Allemagne, où nombre des amis présents ce week-end se rendront également pour assister à un festival de qualité offert dans des conditions de musicalité et de convivialité optimales. C’est aussi ça l’intérêt de l’European Blues Union, permettre aux gens de se connaitre et de s’apprécier et leur donner envie de pousser les portes pour aller voir ce qui se passe un peu plus loin que le bout de leur nez. C’est à ce prix qu’un festival devient un grand évènement international !    

Fred Delforge – avril 2017