Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil arrow TIGER ARMY à LA MAROQUINERIE (75)

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

TIGER ARMY à LA MAROQUINERIE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
mardi, 25 avril 2017
 

TIGER ARMY
LA MAROQUINERIE – PARIS (75)
Le 5 mars 2017

http://www.tigerarmy.com/

Remerciements à Elodie de Him-Media Promotions

Une fois n'est pas coutume, c'est une soirée sous le signe du rockabilly que nous offrait La Maroquinerie en invitant deux groupes de la scène psychobilly plus précisément. Peu présent en France, contrairement à nos voisins européens, ce genre musical dérivé du rock et de son essence originelle, du punk par ses accents subversifs et même de la country pour l'authenticité, émerge au début des années 80 pour gagner une popularité plus ou moins underground.

Avec des textes inspirés de science-fiction et d'horreur reprenant la représentation cinématographique des années 50, tout en y apportant son lot de violence, de sexualité explicite, et autres sujets généralement considérés comme tabous, et souvent traités dans leur aspect comique, c'est une scène qui fût représentée par des groupes phares comme les Cramps, les Misfits ou les Guana Batz pour ne citer qu'eux, et par les tardifs Tiger Army, fers de lance du mouvement actuel en Californie.

Formés à Montbéliard en octobre 1992, les Kryptonix ouvriront le bal. Avec cinq albums au compteur et une carrière de plus de 25 ans d'existence, Kryptonix a su se forger une solide réputation sur la scène hexagonale et européenne avec des groupes aussi variés que légendaires : depuis la scène psycho rock'ab (Meteors, Batmobile, Demented Are Go, MadSin ...) jusqu'aux scènes actuelles les plus réputées en ouvrant pour Anthrax, Mass Hysteria, Les Wampas ou encore Marky Ramone. C'est un trio rythmique, guitare/contrebasse/batterie, aux allures de vrombissante locomotive, qui soutient le chanteur Joe à la voix éraillée et à la banane au vent, et dont la présence scénique est réellement percutante. Le tout chanté autant en Français qu'en Anglais : « C'est la vie », « V8 for Ever» ou « Freddy's Back », sont des titres qui valent franchement le détour.

Malgré le doux anachronisme de jouer du rockabilly dans les naissantes années 2000, les Californiens de Tiger Army font partie des groupes qui ont largement contribué au renouveau du psychobilly sur la côte pacifique. Jusqu’à présent, le succès, même si grandissant, n’a jamais été vraiment au rendez-vous pour ces Américains, et leur notoriété reste confidentielle même si elle passe les frontières aisément ces dernières années. Dix ans qu'ils ne s'étaient produits en France, alors pour pallier cet écueil, ils avaient beaucoup de choses à raconter à un public qui finalement était au rendez-vous pour l'occasion, et aussi pour découvrir sur scène les quelques nouveaux morceaux des différents EP’s accouchés dans la douleur ces dernières années. Il faut dire que le dernier opus « Music From Regions Beyond » date de 2007, le chanteur Nick 13 ayant décidé d'entamer une carrière assez anecdotique dans le monde très fermé de la country-music.

Cette tournée mondiale passant par l'Europe (et par La Maroquinerie donc pour la France), l’Amérique du Sud, le Canada et les Etats-Unis se terminera en juillet à Salt Lake City. D'ici là, Les spéculations vont bon train concernant l’avenir du groupe. Une fin possible ou un changement de registre ? Quand bien même, les hyperactifs Tiger Army reviennent pour en découdre et ne pas laisser une once de doute sur la qualité de leur prestation. Le rock y est âpre, primitif, saturé, et séducteur. Les chansons originales sont tellement bien troussées qu’on dirait des reprises (« Firefall » ou « True Romance » en grandiose ouverture, sans oublier les indispensables hits « Cupid's Victim » et « Dark and Lonely Night », slow langoureux façon 50’s) ; avec ce parfum de poussière qui, doucement, nappe ces poignées de minutes électriques, comme un rêve de collectionneur. Quant aux reprises, elles sont tellement bien habitées, qu’elles font souvent la nique aux versions originales : on appuiera gravement sur le champignon sur le « Twenty Flight Rock » d'Eddie Cochran, sur le côté punk des Misfists (« American Nightmares »), ou on temporisera façon acoustique le « Marie's the Name » d'Elvis Presley

Nick 13 s’avère surtout être un excellent musicien et nous épate par son jeu de guitare souple et incisif (superbes dérapages contrôlés au vibrato, solos chirurgicaux), qui se glisse facilement dans le tempo précis de ses deux compères dans un rock’n’roll endiablé qui scotche par sa modernité. Le jeu élastique du contrebassiste Geoff Kresge ponctue avec bonheur ce rythme mené, certes, par une formation minimaliste mais qui, pourtant, envahit tout l’espace sonore.

En Bref, de cette énergie fortement jubilatoire et juvénile qu'ont les Tiger Army, ressort un concert d'excellente facture, une belle soirée concoctée avec tous les ingrédients ayant fait la renommée du psycho qui y sont ici réunis, à savoir une basse puissante, une rythmique rapide, des accords de guitare entre punk et country-rock, mais aussi un chant clair aux atours léchés typiquement teinté d'années cinquante.

Alors rattrapez vite le temps perdu et jeter d'urgence une oreille à ces trois excités !

Fred Hamelin – avril 2017