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HELMET à LA MAROQUINERIE (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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mardi, 18 avril 2017
RESCUE
RANGERS – LOCAL H – HELMET
LA MAROQUINERIE
– PARIS (75)
Le 11 février
2017
https://rescuerangers.bandcamp.com/
http://www.localh.com/
http://www.helmetmusic.com/
Remerciements à Tangui de A Jeter Promotions et à
Cartel Concerts
Encore une soirée sous le signe du gros son dans une
Maroquinerie une fois de plus blindée, le metal fait
toujours le plein des soirées parisiennes, et cette fois
pour fêter le grand retour de deux des groupes
emblématiques du grunge des nineties, les Local H de
Chicago, transformés depuis 1994 en duo, et surtout Helmet,
disparu des planches depuis bientôt dix ans, avec un Page
Hamilton toujours en grande forme.
Pour démarrer, les Marseillais de Rescue Rangers avaient la
délicate mission de chauffer la scène et
malgré un set relativement court, une grosse demi-heure
à peu près, ils n'ont pas
démérité en alignant sans temps morts
une dizaine de morceaux de leur composition. Le temps imparti faisant
défaut, on a vite senti la déception de ne pas en
faire plus. Habitués des scènes stoners
puisqu'ils ont à leur actif d'avoir ouvert pour Red Fang,
Hermano ou encore Mondo Generator, le trio marseillais a
désormais trois albums à son actif dont le petit
dernier, « Join Hate », justement produit par Page
Hamilton lui-même, d'où la tournée
commune. Entre stoner et grunge, avec un son nettement plus
marqué metal, voire heavy, propre et moins punk, le ton de
la soirée est donné avec une excellente mise en
bouche, et ceci grâce à des morceaux
très intéressants comme « Moped Synch
», « Khalil » ou encore
«Treading Waters », à grands coups de
riffs bien gras et bien fuzzy.
Local H est certainement l'un des groupes survivants de cette
période qui, malgré avoir subi bien des
déboires, a réussi à se relever. La
preuve en est de ce sacré jeu incisif qui a toujours fait
leur force. Malgré leur souhait, ils n'ont jamais pu
être programmés en France et c'est donc
là leur premier passage. Le combo de Chicago est
passé de quatuor à duo après le
départ du bassiste Matt Garcia (le frère de John,
fondateur de Kyuss) et du guitariste John Sparkman, avec donc un seul
membre originel restant. Le principal, d'ailleurs, puisque Scott Lucas,
chanteur et guitariste, continue l'aventure entamée par le
groupe il y a maintenant presque vingt ans, et s'octroie les services
d'un nouveau batteur, le furieux Ryan Harding aux fûts et
« rugissements ».
Dans une prestation redoutable et relativement virile, faisant oublier
le fait qu'ils ne soient que deux sur scène (et ils font
autant de bruit que quinze péquins), Local H enchaine les
hits dans une cadence effrénée pour une petite
heure de show : « Buffalo Trace », « The
Misanthrope », « City of Knives » ou
encore « Bound for the Floor », des titres
égrainés sans aucune place au hasard et comme
ultime lecture d'un chapelet diabolique. Pour « Hands on the
Bible », nos deux compères sont rejoint par la
section rythmique d'Helmet, soit Dave Case à la basse et
Kyle Stevenson pour une deuxième batterie et une battle de
drums d'anthologie étirant le morceau sur presque dix
minutes. Un moment fort du live qui fait que les Local H n'ont plus
rien à prouver, tous leurs talents concentrés
dans une démonstration magistrale.
Helmet sortait son huitième album, « Dead to The
World », en octobre dernier, et le premier du groupe depuis
six ans, une longue pause pour mieux renaître de ses cendres.
Pari réussi et c'est un grand concert auquel on assiste
à la Maroquinerie puisque vingt-deux titres et pas moins,
vont être joués. Et c'est bien plus que ce qu'il
était prévu sur la set list. Page Hamilton, 55
ans désormais, avec son look assumé de Monsieur
Tout le Monde, cheveux courts et dégarnis et T-Shirt
tristement classique, nous dira qu'il se sentait bien ce
soir-là, et qu'il souhaitait jouer bien plus longtemps et
bien plus fort, ceci pour la plus grande satisfaction de son audience.
En 1989, Page Hamilton monte Helmet. Ce musicien au talent fou et
frontman charismatique a pour but de bâtir un groupe de
rock/metal alternatif intense et particulièrement heavy. Un
an suffit aux Américains pour composer et enregistrer un
premier album, « Strap it on », un disque qui sort
chez le très respecté label indé
Amphétamine Reptile Record, et qui va se poser comme l'un
des disques fondateurs du grunge des années 90. Radical et
brut de décoffrage, il vaut au groupe d'être
signé chez une major, Interscope Records, et la machine est
lancée : Helmet va alors signer l'un des meilleurs albums de
l'histoire du metal, « Meantime », en 1992. Deux
ans après, la roue commence à tourner dans
l'autre sens pour le groupe et « Betty » est
très critiqué (ce n'est pas mon cas, il est
toujours l'un de mes disques de chevet). Il faut dire que le groupe n'a
pas voulu se reposer sur ses lauriers et a pris des risques. Mal lui en
a pris. Il faudra trois ans au groupe pour pondre un disque avec
« Afterstate », un excellent disque, mais qui
n'aura pas le succès escompté, ce qui ronge un
peu l'ambiance au sein de la bande. Le groupe se sépare
alors en 1999. Et pourtant, courant 2003, la rumeur enfle sur la toile,
le groupe va renaître avec un line-up tout beau tout neuf :
Page Hamilton toujours aux commandes (et heureusement ...) sera
accompagné de Chris Traynor (Orange 9 MM), Joe Tempesta
(ex-Rob Zombie) et Frank Bello d'Anthrax, et dans le genre line-up qui
a de la gueule, on a largement vu pire. Et c'est un Helmet new look,
mais peut-être moins écorché, qui
alignera trois albums dont le petit dernier
évoqué ci-dessus avec une section rythmique tout
nouvellement modifiée.
Revisitant les innombrables classiques issus de ses quatre albums
majeurs mêlés aux titres plus récents,
Helmet incarne ce que l'on peut souhaiter d'un groupe de rock se
produisant en live : authenticité,
générosité et simplicité et
la touche d'humour en supplément. En clair, Page Hamilton et
ses gars vont faire un peu ce qu'ils veulent au gré des
humeurs, pour une set list au pifomètre avec même
un ou deux titres pop sympathiques au demeurant. Quand ils veulent
envoyer du gras dans les enceintes et faire parler la poudre comme
personne (ce qu'ils font de mieux), c'est efficace et abrasif
(« Bad News » ou « In The Meantime
»). Et là ça calme tout de suite les
ardeurs. Parce que si on n'a pas compris, les gaziers en rajoutent pour
mettre tout le monde au pas (« Just Another Victim
» issu de la B.O de « Judgement Night »).
Des titres bien burnés, d'autres fois plus
aérés, la maturité (et la
liberté de choix) faisant gentiment son œuvre
peut-être, Helmet démontre qu'à l'heure
de son huitième album, il évolue et change sans
pour autant renier sa nature première, à savoir
servir un cocktail rock/metal alternatif des plus efficace,
intègre et ravageur.
Fred Hamelin –
avril 2017
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