Ecrit par Fred Delforge |
|
|
jeudi, 13 avril 2017
Monmon
(Buda Musique –
Socadisc – 2017)
Durée
72’53 – 11 Titres
https://www.facebook.com/danyelwaro/
Il est difficile de parler du maloya sans faire
référence à Danyèl Waro
tant l’artiste de la Réunion est fidèle
non seulement à ce genre majeur de
l’Océan Indien mais aussi à la langue
Créole qui est indissociable de sa musique et de ses albums.
Porter vers le public le blues de son île est devenu une
raison d’être et c’est tout naturellement
que le chanteur au timbre si particulier revient avec ses complices
pour un nouvel album sur lequel le kayamb, le roulèr, les
congas et autres instruments traditionnels soutiennent des polyphonies
pleines de sensibilité mais aussi parfois
d’allégresse. « Monmon »,
c’est une ode à la mère, pas seulement
la sienne mais plus largement à toutes les mères
du monde, et s’il aura fallu attendre sept ans pour que
Danyèl Waro remettre les pieds en studio pour
l’enregistrer, le résultat est largement
à la hauteur de toutes les attentes de ses fans
d’ici et de là-bas. En dix compositions originales
mais aussi une adaptation croustillante de « La mauvaise
réputation » de Brassens, l’artiste fait
le grand tour d’un genre qu’il contribue au
quotidien à faire vivre et évoluer en le
partageant le plus largement possible, un partage qui ne s’en
portera que mieux dans un proche avenir avec des chansons qui parlent
de la famille, des gens, de la vie ou encore de la mort, autant de
sujets au travers lesquels ce héros du maloya laisse
s’exprimer sa spiritualité, sa passion pour la
musique et pour les mots et enfin son talent, et on sait
qu’il en est plein à ne plus savoir
qu’en faire. On s’arrêtera sur des
rencontres incroyables, celle de «
Gabriyélé » ou celle de «
Madanm Baba », des personnages que l’on
découvre mieux grâce aux traductions en
Français ou en Anglais qui sont proposées dans le
livret, on s’émouvra du parallèle fait
entre la Réunion et la Corse dans « Fanzan
» et sa longue intro déclamée sur un
ton plein de force et de conviction, et au bout du voyage, juste
après le Carême (« Karinm »),
on comprendra une fois encore pourquoi cet artiste atypique connait une
telle reconnaissance non seulement dans son île mais aussi en
métropole … Séduisant en live quand il
joint le geste à la parole, Danyèl Waro ne
l’est pas moins dans la platine et il nous le
démontre par l’exemple !
|