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EUROPEAN BLUES CHALLENGE 2017 à HORSENS (DK)
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Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 10 avril 2017
EBC 2017
EUROPEAN
BLUES CHALLENGE
FORUM – HORSENS
(DANEMARK)
Du 6 au 8 avril 2017
http://www.europeanbluesunion.com
http://ebchorsens2017.dk
Quand on monte dans l’avion pour Billund, on est presque
surpris de constater qu’il est complet et que, manifestement,
les gens n’y vont pas tous pour écouter du blues
… Quand on sait qu’il y a quelques temps, nous ne
connaissions même pas cette ville, on se demande ce qui peut
attirer tant de monde et on découvre bientôt que
c’est là que l’on trouve Legoland, parc
d’attraction qui attire près de deux millions de
visiteurs par an autour du thème des petites briques de
construction ! Le vol et la partie culturelle terminée,
c’est en une petite heure de route que nous rejoignons
Horsens, ville d’une cinquantaine de milliers
d’habitants qui a la particularité de disposer
d’une grande salle de spectacles qui, outre le
7ème European Blues Challenge, accueillera dans les semaines
qui viennent des groupes comme Kiss ou encore Rammstein …
Tout un programme !
Jeudi 6 avril 2017 :
Le temps d’arriver en ville et de s’installer
à l’hôtel et nous voilà
bientôt au Ny Teater, un bâtiment moderne et
accueillant qui a la particularité
d’être un vrai théâtre bien
entendu, avec fauteuils luxueux et orientables s’il vous
plait, mais aussi à l’occasion une vraie salle de
concerts avec une fosse particulièrement grande
où se pressent ce soir les fans de blues pour ce qui va
être la soirée d’ouverture,
destinée comme habituellement à
présenter les groupes du cru à une assistance
européenne qui est déjà
arrivée et qui se montre avide de musique.
On manquera malheureusement Big O & The Blues Quarter mais
aussi The Blues Overdrive qui se produit pour sa part un
étage plus bas, à Kulisselageret, et on arrivera
juste à temps pour le gros morceau de la soirée,
les excellents Thorbjørn Risager & The Black Tornado
qui viennent de sortir un nouvel album, « Change My Game
», que nous avons déjà eu la chance de
découvrir et d’apprécier.
Après une quinzaine d’années
à se produire dans la même formation, les Danois
ont acquis une certaine efficacité et surtout une
réelle complicité qui leur permet de donner des
shows construits et consistants, comme ce sera encore le cas ce soir.
Difficile de résister à ces deux guitares qui
dialoguent parfaitement, à ce piano qui fait des
étincelles, à cette rythmique toujours impeccable
et à cette paire de cuivres qui nous fait directement entrer
dans la quatrième dimension ! Et que dire de cette voix qui
nous offre avec ferveur de véritables blues songs
…
A grand renfort de ses nouveaux titres mais aussi de quelques-uns de
ses classiques, Thorbjørn Risager va donc laisser monter son
spectacle en puissance et si nous n’aurons droit ce soir
qu’à une heure de show, le groupe saura la doser
avec le plus grand soin, nous offrant en premier lieu un bel
aperçu de la cuvée 2017 avant de nous amener
petit à petit vers des grands crus plus connus qui, avec le
temps, ont trouvé la meilleure des manières de
libérer tous leurs arômes et toutes leurs saveurs
! Toutes générations confondues, chacun
appréciera la classe et le talent d’un groupe qui
a trouvé non seulement son altitude mais aussi sa vitesse de
croisière et qui n’en fait jamais trop,
mélangeant avec efficacité une grosse dose de
musicalité et une belle énergie bien
contrôlée. Thorbjørn Risager, on aime
de 9 à 99 ans, voire plus encore !
On en aurait quand même bien repris un peu, ne serait-ce que
pour un second rappel, mais il faut savoir rester raisonnable en
attendant les vingt et un groupes du Challenge que nous
découvrirons dès demain, après une
journée déjà longue, au Forum
d’Horsens ! Les plus téméraires
d’entre nous se rendront pour leur part à la blues
jam à Kulisselageret tandis que nous profiterons des
derniers moments de la soirée pour retrouver les amis venus
des quatre coins de l’Europe … C’est
également ça
l’intérêt de l’European Blues
Union et de l’European Blues Challenge, réunir la
communauté blues le plus largement possible et lui permettre
de se connaitre mais aussi de sympathiser et
d’échanger !
Vendredi 7 avril 2017 :
Pas le temps de s’ennuyer aujourd’hui puisque
après
la réunion de travail des administrateurs de
l’association, c’est le fameux blues market qui
nous attend
cette année dans un endroit insolite puisqu’il se
déroule dans l’ancienne prison de Faengslet
reconvertie en
lieu de culture mais aussi en hôtel. Quelques dizaines
d’exposants venus de toute l’Europe se retrouveront
pour
échanger leurs documents et tisser de nouvelles relations
qui
conduiront, on l’espère, à plus de
proximité
et de collaborations entre les uns et les autres. En attendant,
c’est dans une belle ambiance que toute l’Europe du
blues
se retrouve et ça fait plaisir à voir
!
On commence sans tarder avec les Néerlandais de Detonics qui
installent la barre à une belle hauteur avec un blues
à
l’ancienne, une musique pleine de swing et de jump que le
quintet
envoie avec une foi toute particulière, porté par
un
chanteur harmoniciste puissant et soutenu par une contrebasse et un
orgue Hammond qui donnent un cachet tout particulier à la
prestation sans faire ombrage à un guitariste plein de
relief.
La belle scène, ornée de candélabres,
apporte une
atmosphère un peu décalée à
une formation
qui ne se prend pas les pieds dans le tapis et qui donne tout
avec un subtil mélange de tact et de technique qui
fait
preuve d’un énorme talent astucieusement
dosé ! Si
le restant de la soirée est du même calibre, on ne
va pas
s’ennuyer !
On continue avec un ovni venu d’Allemagne, Chris Kramer
&
Beatbox ‘n’ Blues, qui comme son nom
l’indique
travaille autour d’un beatboxer mais aussi d’un
harmoniciste chanteur et d’un guitariste. Surprenant au
premier
abord, le trio se montre plutôt intéressant et
s’efforce de donner le meilleur de lui-même dans un
registre peu évident. Un peu violent par moments, le sont
devient plus intéressant dès que l’on
en arrive
à des registres plus calmes et à des parties de
guitare
moins saturées. On finira le set à deux guitares,
une
électrique et l’autre acoustique, le tout
porté par
des bruitages qui évoquent des percussions faites
d’objets
divers. Si l’assistance n’est pas totalement
subjuguée, au moins les Allemands auront-ils eu le
mérite
de nous emmener un peu plus loin que les sentiers battus du blues
!
C’est déjà au tour du Gaelle Buswel
Band de prendre
place et si le quartet peine un peu de la perte de ses bagages durant
le voyage, il n’en reste pas moins souriant et efficace
puisqu’une grande partie de ses effets est arrivée
sur la
scène à cinq minutes du show. Ce soir ce sera
donc du
brut de fonderie, sans les effets de Michaal restés en
standby
entre Amsterdam et Billund, et c’est avec un brio tout
particulier que les Français s’en tirent,
enchainant les
titres avec un charme fou et beaucoup de maestria. Tout juste revenu
d’une tournée en Arizona, Gaëlle et ses
boys sont
chauds bouillants et ça s’entend puisque ils nous
envoient
le meilleur d’eux-mêmes, sans
arrière-pensée,
à la roots et avec une banane qui fait plaisir à
voir. La
voix bien placée, le charisme omniprésent, Gaelle
devient
irrésistible quand elle chausse la guitare et que des
complices
l’entourent et la portent sur un « Selfish Game
»
plus vibrant que jamais. On aura même droit au grand show de
Michaal pour un solo tout en maitrise et en finesse qui
déclenchera une grosse salve d’applaudissement
dans
l’assistance ! Mieux ? On a du mal à imaginer
…
On en arrive aux régionaux de
l’étape avec
les Danois de The Cornfeds qui s’installent dans une ambiance
roots avec une paire de guitares, une basse
électro-acoustique
et une batterie qui n’hésite pas à se
parer
d’accessoires de cuisine ou encore d’un washboard.
Un petit
côté poisseux qui fait penser au blues du
Mississippi, un
peu comme si le bayou était venu s’installer dans
les
fjords, et c’est à force de banjos et autres
instruments
du cru que le quartet va venir nous prendre par la main pour nous
emmener dans un monde qui lui appartient, un monde qu’il
maitrise
sur le bout des ongles et qu’il nous présente
à sa
manière, avec du caractère et pas mal
d’inspiration. Avec de vraies chansons qui racontent des
histoires qui leur sont propres, The Cornfeds parviennent à
faire bouger une assistance qui, en grande partie, leur
était
acquise d’avance. Ca n’enlève rien
à la
qualité de leur prestation, bien au contraire
!
Cinquième formation sur la scène du Forum ce
soir, le
Slovak Blues Project est un duo de Slovaquie dans lequel on retrouve le
one man band Lubos Bena accompagné d’un guitariste
chanteur virtuose qui vient nous servir des reprises un peu
téléphonées mais globalement assez
réussies. Quelques versants
psychédéliques nous
transportent vers un style qui rappelle Jimi Hendrix mais on
dérape aussi de temps en temps du côté
de Freddie
King et bien entendu de Stevie Ray Vaughan, sans pour autant parler de
syndrome du guitar hero puisque la guitare lead parvient à
ne
pas trop en faire et à garder un certain
équilibre entre
vitesse, technique et sens de la mélodie. Quelques petites
longueurs ramèneront le public du côté
du bar pour
reprendre ses esprits après un début de
soirée
plutôt intense. Et on n’a pas encore atteint la
moitié de la soirée
!
Direction la Pologne avec le Hot Tamales Trio pour un show acoustique
avec une chanteuse à la voix puissante, un guitariste qui
sait
être véloce mais aussi très
délicat et enfin
un harmoniciste virtuose qui se place toujours de fort belle
manière. Du blues un peu folk jusqu’à
des accents
jazzy en passant par une cover du « They’re Red Hot
»
de Robert Johnson, les Polonais nous font faire le grand tour de
tout ce qu’ils savent faire et il faut bien
reconnaitre
qu’ils ont quelques beaux arguments qui plaident en leur
faveur.
Preuve s’il en fallait que le blues acoustique
n’est pas
mou et ennuyeux, le Hot Tamales Trio finira son set avec un titre plein
de vivacité, pour le plus grand plaisir d’un
public qui
pourra apprécier dans le même morceau un subtil
mélange de sonorités celtes, indiennes et rock.
Il
fallait oser sortir un peu des clous et ils l’ont fait
!
On traverse l’Europe pour se rendre au Portugal où
l’on retrouve Messias And The Hot Tones qui nous fait
démarrer avec deux compositions dans une veine où
le
blues se teinte de rhythm’n’blues et de soul mais
aussi
d’une légère touche de rock pour un
résultat
pas désagréable du tout. Si le guitariste a
tendance
à en faire un peu trop, au moins a-t-il le mérite
de bien
le faire et c’est soutenu par une rythmique solide et un
clavier
plein de classe qu’il en arrive à nous proposer
des choses
pas forcément très originales mais toujours biens
jouées. On regrettera quand même une certaine
linéarité dans un show auquel il
n’aurait pas fallu
grand-chose de plus pour véritablement décoller !
Il faut
reconnaitre que le public qui sature un peu peine à suivre
le
mouvement et à accompagner les artistes
…
On remonte vers la Roumanie pour retrouver Southernman Robbie qui se
produit en solo dans un style qui n’est pas sans rappeler les
bluesmen du delta, les Son House, Mississippi Fred Mc Dowell et autres
Charley Patton. La guitare bien tendue, le kazoo trompette que
l’artiste remplace à la bouche quand la technique
lui fait
défaut, la voix nasillarde juste ce qu’il faut, on
se
retrouve dans le deep south avec en toile de fond les souvenirs des
vieux fantômes qui hantent encore et toujours les juke
joints,
les crossroads et les cimetières. Si vous croisez
Southernman
Robbie un soir au croisement des Highways 49 et 61, ce n’est
pas
certain qu’il s’empare de votre âme ni
même de
votre guitare mais il y a pourtant de grandes chances pour
qu’il
vous fasse passer une bonne soirée autour d’un
blues roots
de la plus belle des factures. C’est toujours ça
de pris,
et ce n’est déjà pas si mal
!
On part cette fois pour l’Autriche pour ne pas manquer le
rendez-vous The Blues Infusion qui va nous servir sur un plateau son
blues teinté de rock et de Chicago avec un orgue Hammond
très présent et une guitare un peu forte mais
très
juste. Avec des compositions qui tiennent la route, le quintet ne se
fait pas prier pour donner le meilleur de lui-même mais
l’assistance qui s’est considérablement
amoindrie
à l’approche de minuit n’est pas capable
de lui
rendre la monnaie de sa pièce, visiblement
frappée de
léthargie, quand bien même The Blues Infusion nous
servira
un énorme « I Just Wan’t To Make Love To
You »
plein d’un mélange de hargne, de ferveur et
d’envie.
Dommage car à l’heure ou Horsens devrait faire la
fête, il n’y a plus guère que sur la
scène
que l’on s’agite encore ! Un final lancé
a-capella
aura quand même réussi à
réveiller le gradin
gauche pour quelques secondes mais le retour à
l’électrique aura tôt fait de faire
retomber le
soufflé …
La Hongrie nous attend maintenant avec Borsodi Blues Collective, un
quartet qui ne manque pas d’intérêt mais
qui
évolue plus ouvertement dans un répertoire
chanson bluesy
que dans ce que l’on appelle habituellement le blues, et
même si ça se tasse un peu en avançant
dans le
show, on marche allègrement un pied dans la marge, voire
carrément les deux. Une petite
délégation venue
spécialement pour
l’évènement bouge un peu
devant la scène et le chanteur guitariste nous
lâche pour
l’occasion quelques beaux solis, glissant à
l’occasion vers le rock progressif avec quelques accents
psychédéliques et si globalement on se demande un
peu ce
que Borsodi Blues Collective fait là, on gardera en
tête
quelques riffs pas mal pensés et un final joué
pied au
plancher !
On termine la soirée en Italie avec le duo Bayou
Moonshiners,
lui au piano et elle aux percussions pour un set aux couleurs
très New Orleans et aux accents rapportés des
pianos
bastringues des années 20 et 30. Un petit
côté qui
rappelle les Red Wine Serenaders, gagnants de l’European
Blues
Challenge en 2013, avec une gouaille de tous les instants et des voix
aguicheuses juste ce qu’il faut pour que la mayonnaise prenne
en
moins de temps qu’il n’en faut pour le dire,
voilà
une formation qui ne se fait pas prier pour nous en mettre plein les
yeux et plein les oreilles et il faut bien reconnaitre qu’il
n’y a pas que la délégation italienne
qui
s’agite devant la scène pour cette
onzième et
ultime prestation d’une soirée plus que
chargée. Un
petit tour par un gospel de Mahalia Jackson pour un peu mieux enfoncer
le clou et voilà une fin de soirée qui aura tenu
toutes
ses promesses. On attendait l’Italie au tournant et elle
n’a pas manqué son rendez-vous avec
l’European Blues
Challenge
!
Samedi 8 avril 2017 :
Après une longue journée dévolue
à l’Assemblée
Générale et au Blues Market qui aura permis
à chacun de faire le plein de rencontres et de contacts, on
retourne vers le Forum où une nouvelle longue
soirée de musique nous attend.
On commence la soirée avec une formation venue de Suisse,
Pascal Geiser Band, qui se présente à huit
musiciens avec une section de trois cuivres, un clavier et un frontman
à la voix solide. Ca file très vite vers un
très bon rhythm’n’blues plein de groove
et plein de détails, surtout quand Pascal Geiser sort son
harmonica pour nous raconter sa propre « Story of the Blues
» sur un ton à la fois sérieux,
respectueux et reconnaissant. Soutenu par des solistes de premier
ordre, que ce soit à la guitare ou au saxophone, le combo
helvétique ne se fait pas prier pour distiller de la bonne
humeur dans une salle réactive qui pousse fort pour en avoir
un peu plus. Avec ses chansons faites d’histoires
personnelles, l’artiste parvient à toucher
l’assistance droit au cœur et celle-ci lui fait
comprendre à quel point elle apprécie sa
sincérité et sa capacité pour ce qui
est de jouer de la soul et du blues !
On remonte vers le Nord pour s’arrêter au
Luxembourg où nous découvrons Kid Colling qui
nous offre un bon blues teinté de funk et de groove pour en
arriver par moments à nous emmener dans un son qui
n’est pas sans faire penser à Santana. Quartet au
clavier très présent, le groupe nous transporte
également dans des ambiances mâtinées
de soul avec des compositions qui partent du côté
des trois King, avec quand même une petite
sensibilité qui rappelle B.B., ne serait-ce que dans cette
capacité phénoménale au niveau du
vibrato. Montant crescendo vers un blues plus rock et plus boogie, Kid
Colling réussira en peu de temps à se mettre
l’assistance dans la poche, ce qui n’est pas
évident quand on ne dispose que de vingt minutes et que
l’on se produit en début de soirée.
Quoi qu’il en soit, le nom restera gravé dans les
mémoires comme une des valeurs sures de demain à
revoir très vite !
Direction la Croatie avec Rolin Humes qui nous offre un set assez
puissant porté par un claviériste chanteur plein
de fougue et d’envie de bien faire. Installé
à la frontière du blues et du rock, le quartet
nous attaque par la face nord et ne se fait pas prier pour en mettre de
grosses doses là où un peu de saupoudrage
suffirait la plupart du temps. On redescend heureusement parfois vers
des parties plus calmes et on regarde du même coup avec un
œil neuf un groupe qui est capable de jouer sur plusieurs
tableaux et sur plusieurs tonalités, parfois dans un
même morceau qui s’en retrouve forcément
installé dans une veine plus progressive que blues. A force
de se chercher, Rolin Homes réussit finalement par nous
perdre en dérapant un peu vite et sans toujours vraiment
maitriser les glissades qu’il s’impose
lui-même. A trop vouloir faire dans le heavy-prog, on se
brûle parfois les ailes car il faut bien admettre que
n’est pas Dream Theater qui veut ! Dommage car le public
semble avoir apprécié ce sursaut
d’audace …
On s’envole pour la Suède retrouver Headline Blues
Band, un autre quartet avec un chanteur pianiste qui nous dirige cette
fois vers un répertoire boogie blues aux accents qui tirent
plus ou moins légèrement vers le rock. Un petit
mot très apprécié pour souligner les
évènements de Stockholm avant
d’attaquer un « Hard Times And Trouble »
et c’est un show bien rôdé
ponctué de diverses reprises et d’autant
d’hommages que les Suédois serviront à
une assistance qui entre petit à petit dans une prestation
pleine d’équilibre et
d’idées, une prestation à la mode
nordique avec un son un peu fort mais somme toute assez
justifié si l’on en juge par le message que le
groupe a voulu faire passer. Prenez du bon temps et donnez en aux
autres car rien n’est jamais définitif et tout
finit pas s’arrêter un jour ou l’autre
… On n’en pense en fait pas vraiment moins
!
On les avait remarqués quand ils ont gagné le
British Blues Challenge fin 2016, on les avait revus à
Memphis en début d’année et une fois de
plus, le Kaz Hawkins Band place la barre très haute avec une
chanteuse atypique à la voix riche et puissante et un set
high energy qui s’appuie autant sur des musiciens parfaits
que sur un show très visuel et sur un sens inné
du blues à l’ancienne comme le faisaient les
chanteuses des années 20 et 30. Une guitare à la
main et voilà Kaz Hawkins plus posée, moins
exubérante, mais ce n’est que partie remise
puisque ce tourbillon musical a fait le choix de tapisser son blues
d’une dose non négligeable de démesure
et d’y incorporer un peu de pop, de folk et
même de rock. Il n’y a pas
d’échappatoire possible avec Kaz Hawkins, soit on
adore, soit on déteste, surtout après sa
relecture décapante du « I Just Want To Make Love
To You » qu’elle emprunte à un Willie
Dixon dont on aurait aimé voir la réaction tant
la reprise est pleine d’audace !
Difficile de succéder à la tornade Kaz et
pourtant le duo norvégien de Daniel Eriksen va
s’efforcer de le faire à force d’un
blues juteux et gras, un blues tranché à ras de
l’os qui pétille en slide et qui fait des
étincelles en roulant sur les rails d’une voie
ferrée qui nous emmène de Memphis jusque vers le
delta. La batterie délurée pousse le guitariste
jusque dans ses derniers retranchements et quand Daniel Eriksen
lâche le résonateur pour attraper une Telecaster
et nous sortir un « John The Revelator » de
derrière les fagots, c’est tout le Forum de
Horsens qui se met à vibrer. Présente en force,
la délégation norvégienne a sorti les
couleurs et apprécie visiblement la prestation de ses
poulains qui se laissent aller à des délires
sonores du plus bel effet. Quelques échanges bien
pensés avec le public et voilà une affaire
rondement menée en une vingtaine de minutes !
On reste dans le Nord de l’Europe, en Finlande, pour
retrouver Honey B. Family et son format atypique où le
batteur du haut de ses 15 ans, accompagne le reste de la famille. On
retrouve la chanteuse bassiste Honey B. avec sa voix haut
perchée et Esa à la cigar box et aux guitares
vintage et c’est en proposant un set relativement
fidèle à ce qu’ils font en duo
qu’ils évoluent en laissant au jeune Moses le soin
de faire des démonstrations de sa
précocité de musicien. Dans un voyage vers le sud
des Etats Unis, le trio va nous sortir quelques blues bien roots mais
aussi des virées du côté du gospel,
voire parfois des worksongs. Un grand écart total avec un
« Shake Your Money Maker » lancé
à fond de train et voilà une prestation qui aura
fait preuve de toute la diversité d’une famille
qui a voué sa vie à la musique du diable, mais
pas seulement puisque celle de dieu la rattrape
régulièrement.
On part pour l’Estonie retrouver le Rene Paul Blues Band qui
nous attend avec un « Same Old Blues »
joué sur un ton un peu pop qui lui va plutôt bien
et qui a le mérite de donner le ton tout de suite en nous
présentant un guitariste qui a tout compris de Stevie Ray
Vaughan et qui s’efforce de marcher dans ses traces. Le
chanteur pianiste ne s’en offusque pas et nous offre lui
aussi quelques belles prouesses, surtout quand il se tourne du
côté de l’orgue Hammond et laisse le
micro à son acolyte. Derrière eux la rythmique
s’en donne à cœur joie et si on en passe
par des moments de blues rock voire de hard blues, le
résultat est intéressant, même si le
volume gagnerait à être baissé
d’un ou deux crans. Au bout du compte, ça tient
plutôt pas mal la route !
Direction Barcelone pour retrouver Los Mambo Jambo, quartet
instrumental qui envoie un gros son plein de relief dans lequel on
trouve à boire et à manger, du jump au surf rock
en passant par le rockabilly, le blues et le mambo. Ils ont
fière allure nos Espagnols avec leur contrebasse et leur sax
pour nous proposer une musique de fête, une musique de danse
qui colle bien à l’esprit de la Capitale de la
Catalogne. Une folle énergie donc, pour une musique qui ne
prête pas à la morosité mais qui peine
un peu à se répandre dans une assistance
majoritairement nordique qui se demande de quelle planète
cet ovni a bien pu tomber. Reste que les Espagnols ont la dent longue
et que si leur verbe manque à l’appel, ils
parviennent à secouer quelques postérieurs rien
qu’à la force de leurs instruments et de leur
incroyable charisme. Bien joué !
C’est à la Belgique que revient
l’honneur de clôturer le challenge avec The
BluesBones et son blues rock puissant et déluré.
Les cinq musiciens se partagent bien la tâche et de
l’orgue Hammond plein de saveur à la guitare qui
taille du riff et brille en slide, il n’y a rien à
jeter dans une formation dont le chanteur possède un coffre
solide et un certain charisme. Aussi bien à leur aise dans
les blues lents que dans le rock, The BluesBones ne vont pas retenir
leurs coups et tout jeter dans la bataille avec pour eux
l’avantage de tirer les derniers, si c’en est
vraiment un ! Attentif jusqu’au dixième et dernier
groupe, le public ne manquera pas de saluer les belles parties
d’orgue et les soli de guitare très
inspirés et gardera sans doute longtemps en
mémoire ce pont interminable mais tellement bon qui nous
emmènera après moult effets de manche vers la fin
d’un concert à classer au milieu de ceux des
meilleurs guitaristes, toutes générations
confondues !
Pendant la délibération du jury,
l’European Blues Union ne perdra pas son temps et remettra
à trois lauréats un des désormais
traditionnels Behind The Scenes Awards qui salue l’engagement
d’une personne et de son organisation pour le blues. Seront
donc récompensés cette année le
Français David Baerst bien connu pour ses multiples
interviews dans l’émission « Route 66
» mais aussi pour ses livres sur le blues,
l’Anglais Mike Vernon, producteur reconnu pour son travail
auprès des grands du blues et du british blues, et enfin le
Suisse Martin "Carl" Bruendler du Lucerne Blues Festival, un des
rendez-vous incontournables du blues en Europe.
De ce 7ème European Blues Challenge, on retiendra que le
jury a choisi de saluer les prestations de Pascal Geiser Band (Suisse)
en troisième position, de The BluesBones (Belgique)
à la deuxième place, et enfin de Kaz Hawkins Band
(UK) qui montera sur la première marche du podium. Beaucoup
d’émotion chez les uns et les autres mais aussi
une véritable satisfaction qui emmènera les
derniers spectateurs vers une belle jam finale pendant que chacun se
donne déjà rendez-vous pour la prochaine
édition en mars 2018 à Hell, en
Norvège …
Fred Delforge
– avril 2017
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