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KING BISCUIT à LA MAROQUINERIE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
samedi, 18 mars 2017
 

KING BISCUIT
LES NUITS DE L’ALLIGATOR
LA MAROQUINERIE – PARIS (75)
Le 10 février 2017

http://www.lekalif.com/kingbiscuit

Remerciements à Isabelle Béranger et Barbara Augier de Bipcom Promotions

Quand Sylvain Choinier, guitariste de jazz rouennais, louvoyant aussi entre indé rock et musique expérimentale, rejoint en 2001 le Collectif des Vibrants Défricheurs, il s'entoure de musiciens, de plasticiens et de bénévoles turbulents dont l’esprit s’incarne dans un art résolument vivant et libre. L'humain et l'improvisé en sont au cœur, et le pas de côté de rigueur, s’amusant et s’affranchissant des frontières et des conventions esthétiques qui limitent et réservent l’accès à l’art à autant de publics bien définis en dressant ainsi des ponts entre musique et arts visuels. Le Groupe King Biscuit au line-up à géométrie variable, s'inscrit dans cette mouvance, et s'adapte dans ses concerts tant au public adulte qu'aux enfants, sorte de spectacle vivant évolutif.

King Biscuit (Time) c'est aussi une émission de radio qui émet chaque jour depuis 1941 et depuis Helena, Arkansas. Une pionnière dans la diffusion du blues et la reconnaissance de la culture afro-américaine, et la plus ancienne émission encore sur les ondes. Pour les Nuits de l'Alligator, Sylvain Choinier aux compositions, guitare et chant, Johan Guidou aux percussions, voix, cordes, clavier et hygiaphone et Julien Loutelier à la batterie fine, revisitent ce pan mythique de l’histoire américaine. Le quatrième comparse, le violoniste Fred Jouhannet n'était pas présent ce jour ci à la Maroquinerie mais l'était l'année dernière pour un tout autre spectacle.

Leur répertoire s’enracine résolument dans le style Old School d’avant l’invention du disque, quand les frappes de pieds et le bottleneck accompagnaient un chant turbulent et indocile. Un parti pris qui choisit de croiser les musiques traditionnelles, amplifiées et improvisées, au service d’un blues imaginaire débridé et actuel. Et le tout grâce aussi à des instruments, y compris la lutherie, trafiqués pour leur donner un son débridé mais authentique.

Un live unique pour les amateurs de roots et de swamp blues avec cette voix réverbérée et affolante sur l'étonnant « Mess Around », sourde sur « Want You So Bad » ou enclavée dans les instrumentations bidouillées de « Well Well » (façon Hooker). Dans « Lonesome Shark », sur fond de guitare acoustique lancinante, elle se verra plutôt claire et limpide pour calmer le jeu et reprendre son souffle. « Down and Below » s'opère en slow et fast, au début et à la fin, pour bien rendre l'ambiance, quand le Mississippi s'écoule langoureusement puis s'affole soudainement. Quant à « Follow the River », on se perd insidieusement et progressivement entre deux méandres et autant de bayous. Sans oublier le dobro, une autre facette des bords du delta sur « Holy Land ».

Dans une sorte de boat-trip naviguant entre les deux rives du Mississippi, parfois tumultueuses comme à la saison des pluies, King Biscuit nous amène à la rencontre de la musique du diable comme un vibrant hommage aux défunts R.L. Burnside et Son House (à écouter, la reprise « Turn Out » de ce dernier, magnifiée de glissandos). Surprenantes interprétations quand les pieds marquent d'un rythme nerveux la cadence sur des estrades amplifiées, quand un ventilateur de poche agresse les cordes d'une cigar box ou quand harmonica et hygiaphone servent conjugués de tord-boyau musical.

King Biscuit recherche la transe, l’effusion, la tournerie ensorcelée qui fait que quand ce concert est terminé, on en redemande les genoux à terre. C'est le blues ramené à l'essentiel et c'est véritablement addictif ! Et l'album « Well, Well, Well », au fait, est sorti en début d'année sur le label vibrant. Il est donc indispensable pour réchauffer les longues soirées d'hiver !

Fred Hamelin – mars 2017