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GUADALUPE PLATA à LA MAROQUINERIE (75)
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Ecrit par Fred Hamelin |
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jeudi, 16 mars 2017
GUADALUPE
PLATA
LES NUITS DE
L’ALLIGATOR
LA MAROQUINERIE
– PARIS (75)
Le 9 février
2017
http://guadalupeplata.com/
Remerciements à Isabelle Béranger et Barbara
Augier de Bipcom Promotions
Quand chaque année, le festival parisien des Nuits de
l'Alligator annonce sa programmation, il va sans dire qu'elle
révèle son lot de surprises, mettant en avant des
groupes en devenir, souvent européens, et ceux-ci en support
des têtes d'affiche. Or quoi de mieux en ouverture du
festival qu'offrir des découvertes, et pas des moindres ?
Les Espagnols de Guadalupe Plata ont emprunté leur nom
à la vierge protectrice de leur village, Ubéda,
en Andalousie (en Français, la « Sainte Vierge
argentée de Guadalupe ») et livrent depuis
quelques années un blues démoniaque, pas vraiment
catholique, malgré leur nom de scène, et qui se
voit tantôt associé au rock garage, et
tantôt au psychobilly. Reconnue comme la plus septentrionale
des formations de Delta Blues, par-delà les
Pyrénées, le trio écume depuis bien
longtemps les bars et salles obscures espagnols, offrant une
œuvre culturellement riche, instantanément
identifiable, sans renier leur racines hispaniques, et tout en
piochant, çà et là, dans le
répertoire graisseux des pionniers du swamp blues, comme
celui des excités du punk rock. Un bien beau
mélange !
Une touche de Gun Club, une once de Birthday Party
saupoudrée d'une pincée de Gallon Drunk, le tout
sur des airs lorgnant méchamment vers leurs ainés
: R.L. Burnside, Son House et autres diables du blues. Et donc, bien
mis en son par des spécialistes armés de peu. Un
rien de bien compliqué en fait : du
rock’n’blues plein de fun et de furie,
porté par la voix et la guitare de Pedro de Dios
Barceló aka « Perico »,
taillé fougueusement pour l'exercice, une moitié
habitée par des reprises bien senties, l'autre par des
compositions qui n'ont pas à rougir de leur glorieux
voisinage. Accompagné par un drumkit sommaire mais efficace
en la personne de Carlos Jimena Quesada , et par un bidouilleur sonore
de génie, Paco Luis Marcos, usant sans vergogne de cigarbox,
dobro, contrebasse et bassine à cordes, Guadalupe Plata
survole les standards du genre avec une efficacité
redoutable et une classe toute hispanique.
Ils enchainent, depuis 2013, des tournées en Europe, aux
U.S.A et en Amérique du Sud (Chili, Mexique, Argentine),
mais c'est là véritablement leur
première date parisienne. Et c'est La Maroquinerie qui a eu
l'honneur de nous faire découvrir leur troisième
album éponyme, enregistré à Londres
par Liam Watson d'Everlasting Records. Considérant la
musique qu’ils produisent comme l’expression de
leur pourrissement moral et de leur décadence, Guadalupe
Plata 2015 s’ajoute à une collection
d’albums sombres à l’instrumentation
dense et aux paroles débordantes d’humour noir et
d’audace (rien que le titre « Milena »
vaut le détour) sur un raffut primal bien
dégagé derrière les oreilles.
A classer donc comme Culte, avec un C majuscule, ce combo qui ne sonne
pas moins blues chanté en castillan est essentiellement un
groupe de live incroyable, à découvrir par
vous-même et qui laisse sur son passage un public
à bout de souffle. Bon, certains vous diront que ces
satanés Ibères ne respectent rien, qu'ils
dénaturent souvent le blues au point de le rendre
méconnaissable. Oui, et quand bien même ? C'est
par cette vision différente, cette punkitude du bleu, cette
recherche continuelle d'un son à la fois roots, moderne,
sale et précis que Guadalupe Plata impose un son et
accomplit sa mission revivaliste et révolutionnaire
à la fois sous la sainte trinité du fuzz, du
trémolo et de la saturation ! Amen !
Fred Hamelin – mars 2017
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