|
|
|
|
|
THE PINEAPPLE THIEF au DIVAN DU MONDE (75)
|
|
|
|
|
Ecrit par Fred Hamelin |
|
|
lundi, 27 février 2017
GODSTICKS
– THE PINEAPPLE THIEF
LE DIVAN DU MONDE
– PARIS (75)
Le 1er février
2017
https://www.godsticks.co.uk/
http://pineapplethief.com/
Remerciements à Tangui de Garmonbozia et A Jeter Promotion
Originaire du Pays de Galles, Godsticks est un combo actif depuis 2009,
date de sortie de son premier EP, et qui opère dans la
sphère bien spécifique du metal progressif. En
support des Pineapple Thief dans un Divan du Monde blindé et
survolté, ils ont réussi à
s’imposer finement grâce à des
mélodies travaillées pour faire mouche
instantanément, et qui privilégient une approche
puissante et alternative, tout en conservant néanmoins
l'exigence technique et un certain goût pour la dissonance.
« Emergence », leur dernier album, est un
condensé d'un son qui s'affirme propre et
éclectique ayant une forte composante jazz fusion
à la Zappa, sur une complexité harmonique digne
d'un Steve Vai et une section rythmique imparable (celle des
ex-Magenta).
Godsticks évolue grâce à deux
personnalités distinctes mais complémentaires, le
chanteur et guitariste Darran Charles et le soliste Gavin Bushell. Sur
ce live se mélangent la voix au timbre grave et rassurant de
l'un qui renforce le tranchant des compositions, et des riffs
joués sans palier de décompression, ou le rock
progressif parfois lancinant, acoustique et en mid-tempo, laisse
brutalement place à l’incandescente
modalité metal de l'autre. C'est tellement carré
et en parfaite symbiose que cela ne souffre d'aucun excès de
dispersion ou d'un déficit de cohérence. D'autant
que cela pourrait paraître chargé mais c'est
véritablement limpide. Godsticks impose une signature
artistique inimitable, car toutes les comparaisons seraient inefficaces
et réductrices de l'incroyable unicité du groupe.
Un groupe addictif qui deviendra bientôt incontournable.
Survivre à la fuite de son batteur n'est pas
forcément pour un groupe une situation inextricable, mais
quand Pineapple Thief, groupe phare de la scène progressive
rock, s'octroie les services d'une star comme Gavin Harrison, ex-King
Crimson et ex-Porcupine Tree, on peut certainement parler de bonne
aubaine. Mené avec brio par Bruce Soord, songwriter,
chanteur, guitariste et arrangeur au mieux de sa forme d'ailleurs, les
Anglais tracent leur route petit à petit, même
s'ils n'ont pas forcément la notoriété
escomptée en France. Ceci est assurément du au
parti pris pop plutôt que rock, sujet de controverse qui
dérangea les fans de la première heure
à la sortie de l'album « Magnolia » -
parti pris complètement assumé malgré
la défection des fans et du batteur originel ...
Toujours soucieux d'écrire des chansons aux
mélodies efficaces, les Pineapple Thief reviennent cette
année avec « Your Wilderness »
à leurs premières amours, à savoir
leurs racines progressives, en créant des titres
à rallonges et des morceaux alambiqués
à l'aspect plus complexe. De quoi, enfin, nous ravir ! Et le
Divan du Monde se souviendra de la performance de ce soir : pas de
temps mort, des enchaînements relativement bien
conçus, une setlist incroyable et une précision
dans le jeu qu'on qualifiera de chirurgicale.
Avec quatorze morceaux dont deux en rappel, le concert s'ouvre sur
« Tear You Up », un des titres les plus dynamiques
de « Your Wilderness », et passe en revue les
morceaux les plus emblématiques d'une carrière
bien fournie de presque vingt ans, et c'est en outre les plus propices
à mettre en avant une section rythmique qui aura presque
tous les honneur du show, invité oblige. On notera que
« You One You Left To Die » du
controversé « Magnolia » prendra des
mesures plus rock grâce notamment au bassiste John Sykes,
droit dans ses bottes mais parfait pour les chœurs. Suivront
deux petits bijoux doux amers et pop, « Reaching Out
» et « Part Zero », remisant le
progressif au sens d’ouverture d’esprit musical, et
pas genre ultra-technique et cérébral. Bruce
Soord, armé de sa Telecaster customisée, nous en
met plein la vue, car c’est un guitariste
chevronné, toujours à l’affut du petit
plan ou du riff qui tue. Il le prouve façon Matthew Bellamy
de Muse sur « Simple As That », ou plus dans
l'esprit Steven Wilson sur « No Man's Land ». Au
Final « Nothing At Best » retravaillé
moins electro et beaucoup plus metal, mettra tout le monde d'accord.
The Pineapple Thief fait partie de ces groupes qui n'ont pas besoin
d'en faire des tonnes pour regrouper un public enthousiaste, et qui,
sur scène, font preuve d'une énergie incroyable,
quasi-passionnelle. La formation a su rassembler ses fans autour d'un
cocon intime aux atours sobres avec des facettes mélodiques
proprettes et acoustiques, tout en livrant une performance plurielle et
tout de même électrique, riffée et
racée, incluant même des
éléments rythmiques quasi metal. Si certains se
sont perdus dans la dureté des émotions
formulées parfois, on ne peut que souligner le talent de
Bruce Soord, John Sykes et bien sûr Gavin Harrison
désormais, les exprimer sans se vautrer dans une
neurasthénie façon Radiohead. Toujours est-il
qu'en partant, on n'est pas vraiment surpris de penser « La
prochaine fois... je reviendrai ! ». Et ce sera certainement
aussi mon cas pour une quatrième fois !
Fred Hamelin –
février 2017
|
|
|
|