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INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE à MEMPHIS (USA)
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Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 06 février 2017
IBC 2017
INTERNATIONAL
BLUES CHALLENGE
BEALE STREET –
MEMPHIS (USA)
Du 31 janvier au 4
février 2017
http://www.blues.org
Dans la foulée de l’expédition
« En Terre de Blues » (voir
ici) qui nous a emmenés
à la découverte des racines du blues dans le
Mississippi, nous abordons avec un réel plaisir ce nouvel
International Blues Challenge, 33ème du nom, le grand
évènement mondial qui rassemble chaque
année plus de 250 groupes venus de toute la
planète. Synonyme de retrouvailles avec tout ce que le blues
compte d’amis, c’est également un
endroit où tout le monde se retrouve autour d’une
même passion et d’une même envie de faire
vivre une musique qui rassemble autour de ses valeurs !
Mardi 31 janvier :
C’est par un petit déjeuner à Arcade
Restaurant en compagnie du représentant de
l’Office du Tourisme que nous commencerons la
journée, autour d’un échange
d’idées et de projets pour l’avenir.
Difficile de refaire le monde en une heure mais ces rencontres
matinales sont toujours une source d’inspiration et de
partage, et c’est aussi l’occasion de se tenir
informés de ce qui change dans la ville d’une
année à l’autre. Un moment important
donc, d’autant qu’il nous aura permis de faire la
connaissance de Milton Howery, fraichement arrivé au poste
de la communication du Visitors Bureau.
C’est ensuite un grand moment qui attend les groupes
français puisque Vicious Steel et Cotton Belly’s
vont avoir non seulement l’opportunité de
rencontrer Lawrence ‘Boo’ Mitchell, Grammy Award en
2016 pour la chanson de l’année, mais aussi
d’enregistrer sous sa direction. Si on sentait sur la route
une certaine fébrilité chez les musiciens, le
charme et les grandes qualités humaines du producteur ont
très vite fait effet et après quatre heures
passées à Royal Studios, c’est chacun
avec deux titres dans la boite, mixage inclus, que nos Frenchys sont
rentrés vers l’hôtel avec en prime
quelques belles nuées d’étoiles dans
les yeux ! Un moment privilégié dans une
carrière que l’on imagine longue et fructueuse.
Pendant ce temps, nous profitions d’un détour
technique aux Studios Stax pour y emprunter du matériel et
pour faire découvrir le Stax Museum à ceux qui ne
le connaissaient pas encore. Difficile, même pour les
habitués, de rester insensible aux objets
rassemblés dans ces mythiques studios transformés
en musée, d’autant que chacune de nos visites nous
permet de faire d’autres découvertes
inédites. Des souvenirs de Booker T. & The
M.G.’s à ceux de Rufus Thomas en passant par les
guitares d’Albert King et la Cadillac d’Isaac
Hayes, c’est un émerveillement permanent qui
attend le visiteur dans chaque salle ! On soulignera
également le film de présentation qui
présente de fort belle manière la Soul et tous
les styles dérivés …
Le temps de récupérer une partie du groupe et
c’est au Four Ways que nous partirons déjeuner
dans une ambiance exclusivement noire et avec au menu (le mardi et le
vendredi) les fameux Chitlins, cette sorte de tripes faite à
partir des intestins grêles de porc qui servait de nourriture
aux bluesmen lors de leurs tournées des juke joint du pays,
d’où le nom de « Chitlin’
Circuit » donné aux clubs les plus courus de
l’époque. Et même si le service est un
peu long, ce n’est qu’une raison de plus de
profiter de la clientèle toujours très
endimanchée, même le mardi, pour venir se repaitre
des trésors de soul food que propose
l’établissement. Une bonne adresse à
conserver pour soi, histoire d’être certain la
prochaine fois encore d’être les seuls Blancs parmi
la clientèle !
On se précipite ensuite au Clayborn Temple, une
église transformée en salle de spectacle, pour y
assister au début de l’International Showcase de
la Blues Foundation où les Cotton Belly’s auront
la tâche ingrate d’assurer le premier show
à 17 heures, et pour quinze minutes seulement. Pas
démontés pour autant, Yann,
Jérôme, Christophe et Aurélie puiseront
dans le trop plein d’énergie et
d’enthousiasme récupéré en
studio ce matin pour envoyer un signal très fort
à une assistance immédiatement séduite
et littéralement sous le charme d’un groupe qui
est très à l’aise dans ce genre
d’exercice et qui compte bien le faire savoir. Il est loin le
temps du jeune groupe un peu timide que nous avions
découvert il y a une dizaine d’année et
c’est aujourd’hui une véritable machine
de guerre qui se présente à un public qui ne
pourra qu’apprécier son talent !
Se résoudre à quitter l’International
Showcase est d’autant plus compliqué que nous
avons quelques amis qui vont s’y produire dans les heures qui
viennent, mais nous avons reçu ce matin une invitation
à nous rendre à une
répétition de la Stax Academy,
évènement rare qui nous autorise non seulement
à pénétrer dans les locaux de
l’Université mais aussi et surtout à y
découvrir tout le talent de ces jeunes gens qui ont entre 15
et 17 ans et qui ont déjà tout des plus grands
artistes. Après quelques morceaux instrumentaux
interprétés avec un sens tout particulier du
rythme et du groove, nous assisterons à
l’arrivée des chanteurs et chanteuses sans
vraiment savoir à quoi nous attendre …
Deux ou trois titres en chorale pour se mettre dans le ton et nous
sommes déjà chargés
d’émotion, mais c’est
véritablement quand les démonstrations
individuelles commenceront que le trop plein va finir par
déborder avec quelques classiques de Stax bien entendu, mais
aussi avec un énorme « Somebody To Love
» emprunté à Queen et
interprété avec tellement de ferveur et de foi
que nous devrons sortir un instant pour essuyer quelques larmes et
reprendre nos esprits ! La suite ne sera que pur bonheur car ces jeunes
artistes qui ont bien capté notre émotion ne
manqueront pas de jouer avec et de nous en donner plus et plus encore
jusqu’à terminer la
répétition par un clin d’œil
avec une version du fameux « Uptown Funk » qui a
valu son Grammy à Boo Mitchell … La boucle est
bouclée et après tant de moments forts dans la
même journée, nous pourrons nous permettre un peu
de détente en attendant la suite
!
C’est enfin au Blues City Café que nous nous
retrouverons pour un premier showcase exceptionnel des Vicious Steel
durant lequel Cyril et Antoine nous sortiront le grand jeu à
grand renfort de leurs compositions, en Anglais mais aussi en
Français, qui marqueront un public qui, s’il ne
comprend pas forcément le sens de morceaux comme «
Le centre d’achats », parvient à en
retenir tout le feeling et toute l’énergie.
Voilà un sacré point marqué par le
tandem qui ne lâchera pas un pouce de terre pendant sa
prestation, bien décidé à aller
jusqu’au bout de l’aventure et à pousser
ses pièces intelligemment sur un échiquier blues
qui semble particulièrement ouvert à son jeu. A
en croire les amis américains et canadiens
présents ce soir, nous tenons là une formation
capable de rivaliser avec les meilleures
!
Mercredi 1er
février :
C’est dès l’aube que nous nous dirigeons
vers les bords du Mississippi pour participer à une
émission de télé durant laquelle les
Vicious Steel interprèteront deux morceaux en compagnie de
Yann Malek des Cotton Belly’s après avoir
répondu à diverses questions au sujet de leurs
influences mais aussi de leur aspirations et de leurs
premières impressions dans la ville. Un très bon
moment que les trois comparses utiliseront très
judicieusement pour interpréter des compositions en
Français, un exercice très
apprécié ici si l’on en croit les
réactions des spectateurs les jours
précédents.
A peine le temps de recharger les batteries que l’on se
retrouve déjà au Cozy Corner pour y
déguster ce que les locaux considèrent comme les
meilleurs BBQ Ribs de la région. Un moment
privilégié durant lequel nous aurons la joie de
partager la compagnie de Jay Sieleman, l’ancien Directeur de
la Blues Foundation, mais aussi de John Nemeth venu céder
à la tradition de cet établissement qui ne paie
certes pas de mine mais qui accueille le public avec beaucoup de
simplicité et de convivialité ! Encore un grand
moment assez surprenant puisque c’est en nous voyant avec nos
T-Shirts du Cahors Blues Festival que John Nemeth nous a reconnus et
est venu spontanément se présenter et engager la
conversation !
Le planning des groupes étant désormais connu et
nous laissant un peu de relâche jusque vers 18 heures,
c’est vers le Sun Studio que nous nous dirigerons pour
profiter de la visite de cet endroit culte de l’histoire du
blues et du Rock’n’Roll. Quelques souvenirs de la
grande époque de Sam Phillips, un tour dans le studio pour y
retrouver l’esprit des grands artistes qui ont
contribué à sa réputation, de Carl
Perkins à Johnny Cash en passant bien entendu par Elvis
Presley et voilà une visite rondement menée qui
nous aura permis de nous souvenir de l’époque
où les groupes français venaient enregistrer la
nuit pendant l’International Blues Challenge.
A peine le temps de se faire une petite sieste avant le grand rush du
soir et nous voilà déjà au Blues Hall
où l’on découvre Big Papa Binns, le
représentant de Buffalo River Blues Society qui va
nous servir un gros show bien complet avec de la présence de
la musique et de la roots attitude, le tout avec un peu de poil autour.
Suivra immédiatement Randy Mc Quay que l’on
connait pour l’avoir vu au même endroit en 202 puis
en finale de l’International Blues Challenge en 2015. En bon
storyteller, le représentant de Cape Fear Blues Society nous
offrira des blues acoustiques avec des passages a-capella ou encore du
ragtime … Grand frisson potentiel, même si
c’est souvent un peu convenu.
Arrivent ensuite les Vicious Steel qui malgré quelques
petits pépins techniques vont nous proposer un show comme
toujours marqué par deux titres en Français et
par une folle énergie. Exit les tenues de fermiers,
c’est ce soir en costume que le groupe va venir surprendre
son monde avec comme toujours deux titres en Français
carrément bien appréciés par une
assistance un peu surprise au premier abord mais très vite
conquise par une french touch pleine de saveur et de classe !
Malgré le niveau un peu relevé dans le club, on
estime que les Poitevins ont une carte à jouer pour la suite.
On change de club pour retrouver les Cotton Belly’s au Blues
City Café pour une prestation littéralement
extraterrestre avec à la clef quelques belles baffes
distribuées à une assistance
instantanément sous le charme. De la communication, de
l’échange, un savoir-faire construit à
la force de l’expérience, voilà un
groupe qui a tout compris de l’art de se faire
désirer et qui en use avec une réelle
intelligence. Voire une salle debout sur Beale Street avec dans
l’assistance des gens de toutes couleurs et de toutes
générations, il y a bien longtemps que cela ne
nous était pas arrivé ! On en rêvait,
Cotton Belly’s l’a fait et sans trop
s’engager, on peut déjà
prédire une belle aventure au quartet dans cette
compétition à l’échelle
mondiale.
Jeudi 2
février :
Cela fait désormais partie de la tradition de se lever avant
le soleil pour aller faires des émissions de
télé et c’est cette fois vers Channel
24 Local Memphis que nous nous dirigeons avec la même
équipe, c’est-à-dire Cyril et Antoine
de Vicious Steel et Yann des Cotton Belly’s, pour y
répondre aux questions d’Amy Speropoulos et
interpréter deux titres en direct, là aussi en
Français ! Détendus et motivés, les
garçons n’ont une fois encore pas
manqué leur coup et c’est après avoir
été salués et
félicités par le Maire d’Hernando qui
les invitera à participer dimanche à la jam du
Catfish Club qu’ils repartiront vers le centre-ville
où nous attend une petite surprise …
C’est sur les coups de 11 heures que nous nous rendons donc
à l’usine Gibson où le directeur en
personne nous attend pour nous offrir une visite privée des
ateliers de fabrication des fameuses guitares de la série
ES, des Hollow Body de toutes beauté dont nous suivrons
l’évolution depuis le simple morceau de bois
jusqu’à l’instrument totalement
achevé. Une découverte qui ne laissera personne
insensible puisque guitariste ou non, chacun reconnaitra la
qualité du travail de véritables artisans au
service de la musique. Un tour dans le shop pour essayer divers
instruments et s’offrir quelques goodies et voilà
une affaire rondement menée qui nous aura permis de terminer
la matinée en beauté !
C’est finalement à l’heure du
déjeuner que nous retrouverons Vicious Steel au Rum Boogie
Café pour un showcase d’une cinquantaine de
minutes durant lequel les garçons vont une fois encore nous
sortir le grand jeu, mettant en avant trois titres en
Français et s’attachant à communiquer
au mieux avec le public, déjà
conséquent à cette heure. Beaucoup
d’énergie et de fougue malgré la
fatigue qui commence à se faire sentir et une ampoule au
pouce droit de Cyril, il n’en fallait pas beaucoup plus pour
se mettre en grande forme en ce début
d’après-midi.
Les deux groupes ne jouant qu’en toute fin de
soirée, on s’accordera enfin une pause salutaire
qui permettra aux uns de se reposer, aux autres d’aller faire
un tour à Graceland, chez Sun ou encore chez Stax
où nous ferons pour notre part une rapide halte pour
restituer le matériel emprunté l’autre
jour pour pouvoir nous rendre sur les plateaux de
télé avant d’essayer d’aller
compléter les 5 heures de sommeil réparties sur
les deux dernières nuits … Et dire
qu’il y en a qui pensent que c’est des vacances et
qui disent que l’on a un métier facile !
On se retrouve en milieu de soirée pour dîner avec
l’ami Michael ‘Hawkeye’ Herman puis nous
sommes une fois encore contraints de nous séparer, les deux
groupes français jouant au même moment dans deux
clubs différents. C’est donc au Blues Hall que
nous retrouvons Vicious Steel pour une réplique sismique du
concert de la veille, sans ennuis techniques cette fois et avec une
très belle présence scénique, Cyril et
Antoine parvenant à se mettre dans la poche non seulement
l’assistance mais aussi visiblement le jury qui tape dans ses
mains lors des morceaux charnière du set, et en particulier
sur les deux hymnes en puissance que sont « Hey Babe
» et « Le Centre d’Achat ».
Mission accomplie, les garçons ont mis du cœur
à l’ouvrage et ça c’est
clairement entendu !
Pendant ce temps, au Blues City Café, Cotton
Belly’s sortait le grand jeu et laissait la salle exsangue
après lui avoir offert un concert tellement
mémorable que le groupe avait déjà des
propositions à sa descente de scène !
Remontés à bloc, les Franciliens auront comme
à l’heure habitude offert le set parfait, celui
qui séduit le public en lui montrant une habile
mélange de détachement et de bonne humeur
combiné à une musicalité de tous les
instants avec un rythmique pointilleuse et des solistes impressionnants
de virtuosité. Vous y ajoutez une voix parmi les plus belles
et les plus classieuses et vous obtenez un groupe exceptionnel, aussi
séduisant à la ville qu’à la
scène !
Ce sont encore et toujours les Cotton Belly’s qui lanceront
la jam du Blues City Café, bientôt rejoints par
Vicious Steel mais aussi par diverse formations plus ou moins habiles
et enfin par quelques pointures comme le bassiste Russel Jackson ou
encore le guitariste Vasti Jackson, deux artistes majeurs de la
scène blues ayant collaboré avec Otis Clay, B.B.
King ou encore Dr. John mais ayant également leurs propres
formations. De grands moments puisque nous avions eu
l’occasion de les croiser auparavant en Europe et que
c’est en leur compagnie que nous attendrons les
résultats, Cotton Belly’s passant bien
évidemment en demi-finale tandis que contre toute attente
Vicious Steel s’arrête ce soir sur ce qui
n’est pas un échec, loin de là, car son
aventure en Terre de Blues aura réussi à marquer
les esprits
!
Vendredi 3
février :
C’est une journée de prestige qui nous attend
puisque nous avons rendez-vous à 11 heures au luncheon de la
cérémonie de remise des Keeping The Blues Awards
2017 avec au programmes seize personnalités du blues
récompensées, dont un Français,
Jacques Morgantini, absent physiquement mais
représenté par notre
délégation, par Michael
‘Hawkeye’ Herman et par un film plein
d’humour que le père du blues en France a
adressé à titre de présentation. Un
grand moment partagé avec quelques fous-rires en cours de
route !
C’est en fin d’après-midi que nous
rejoindrons Beale Street pour y assister à la fin du Youth
Showcase et au début des demi-finales. On commence donc avec
Spa City Youngbloods, six jeunes gens de Spa City Blues Society qui
nous proposent un show de débutants avec des
interprétations approximatives, des placements absolument
inconséquent et enfin une voix trop jeune, criarde,
nasillarde et absolument insupportable quand elle se lance dans une
reprise de « House Of The Rising Sun ». On se
demande d’ailleurs si certaines blues societies ne se
créent pas spontanément pour se plaisir en
envoyant leurs rejetons se ridiculiser dans ce genre
d’endroit où le niveau est d’habitude
très relevé …
On en arrive enfin aux choses sérieuses avec Erin Harpe
& the Delta Swingers de Granite State Blues Society qui va nous
offrir un début de set proche de la folk-country avant de
glisser vers un blues plus traditionnel puis vers un Chicago blues
très conventionnel et sans grand
intérêt, la chanteuse en minishort et bas
résilles se révélant être
une guitariste assez moyenne. Pour sa part le groupe est d’un
niveau honorable mais ne révolutionne pas le genre et
c’est après un dernier country-blues que le
quartet prendra congé de nous avec une cover de «
Shake Your Hips » assez réussie. Le public
commence à danser dans un B.B. King’s plein
à craquer, comme toujours !
C’est maintenant à Cotton Belly’s de se
produire pour une demi-heure sur la scène du B.B.
King’s et comme toujours les Français vont
réussir à emmener le public là
où ils en ont envie en proposant un set qui monte peu
à peu en intensité pour en arriver
très vite à une explosion qui secoue tout sur son
passage. Porté par une section rythmique totalement
habitée et par un guitariste virtuose qui n’en
fait pas des caisses mais qui trouve à chaque fois les notes
et le ton juste, Yann nous déploie des trésors
d’ingéniosité avec sa voix hors du
commun et avec ses harmonicas délurés. Si
l’on en croit tous ceux qui sont venus nous avoir
après le set, Cotton Belly’s mérite
aujourd’hui non seulement une place en finale mais aussi les
prix de meilleur guitariste et du meilleur harmoniciste !
Les juges en auront malheureusement décidé
autrement et c’est en s’arrêtant aux
porte de la finale que Cotton Belly’s quittera la
compétition, un peu désabusé
après tant de belles choses vécues mais
totalement rassuré sur sa capacité à
pouvoir jouer partout dans le monde. Preuve s’il en fallait,
ce sont eux qui seront une fois encore chargés
d’animer la jam du Blues City Café ce soir et
parmi les contacts pris cette semaine, on trouve
déjà quelques plans possibles du
côté de Nashville et du reste des Etats Unis
… Pas mal non ?
Samedi 4
février :
Réveillés vers 5 heures du matin par la France
où l’on nous attend pour un direct
téléphonique dans l’émission
Sweet Home Chicago de l’ami Marc Loison sur Radio 666, la
journée risque d’être longue puisque
c’est à partir de midi que nous sommes attendus
pour assister à la finale de l’International Blues
Challenge où vont s’affronter à
l’Orpheum Theatre pas moins de seize candidats,
moitié en solo/duo, moitié en groupes. Pas eu le
temps de manger avant ? Ce n’est pas bien grave, on se
rattrapera ce soir en sortant, un peu après 20 heures
…
C’est Sugar Brown de Toronto Blues Society qui ouvre le bal
en solo dans un style très Delta Blues en faisant des
allusions à Alan Lomax durant une prestation un peu
compliquée, essuyage des plâtres oblige. Quelques
passages par le folk et une cover de R.L. Burnside en final,
« Keep Behind The Mule », et le tour sera
rapidement joué !
On poursuit avec SOBO Blues Band d'Israel Blues Society qui propose un
premier titre psychédélique où il est
question de Catfish ... puis une chanson en hommage à Candye
Kane sur fond de « Toughest Girl in Heaven » et
nous voilà tout de suite dans le grand bain d'un concert
assez réussi ! Un tour dans le public par le chanteur et le
batteur et voilà encore un bon point pour un groupe qui
tient la route !
Wes Lee de Mississippi Delta Blues Society of Indianola arrive ensuite
pour un Blues du Delta plutôt engageant avec une voix bien
placée et un jeu de résonateur très
inspiré ! On voyage vers Bentonia puis Greenwood
à la recherche des différentes nuances du Delta
Blues et ça fonctionne carrément bien,
même si ce n’est quand même pas
totalement transcendant !
Place à Johnny Fink And The Intrusion de Dayton Ohio Blues
Society qui démarrent avec deux blues lents plutôt
bien accueillis par le public, même sur le second un peu plus
musclé ! Et ensuite ça monte en
intensité jusqu'au bouquet final ! Un beau jeu de guitare
bien pensé et si là encore rien ne nous a
vraiment emballés, on ne peut que reconnaitre la
qualité du travail fourni.
On accueille maintenant Brody Buster's One Man Band de Kansas City
Blues Society avec comme le nom l'indique un format one man band avec
grosse caisse, harmonica et guitare pour un registre folk americana qui
marche bien sur l'assistance et qui ne manque pas de produire son
effet. Rien de nouveau pourtant là-dedans et on est
même tenté de dire que l’on a bien mieux
chez nous dans le genre !
The Souliz Band Featuring Sugar And Spice de Suncoast Blues Society est
un septet qui envoie de la soul et du rhythm'n'blues avec ses deux
chanteuses aux chevelures dignes des Jackson Five ! Ca
dégage une très belle énergie et
ça remplit bien la scène dans un style
très Stax avec un saxo pour habiller le truc ! Le
claviériste a une voix superbe et le fait savoir sur deux
titres en lead ... La première vraie baffe du jour !
Al Hill de Nashville Blues Society démarre ensuite dans une
sorte de piano bar assez basique et sans réel
intérêt, avec une voix quelconque ... Il se met
bientôt à la guitare électrique et
là encore ça manque d'originalité et
de classe avec un chant trop fort et une guitare trop lisse ... Seul le
final boogie woogie « Train Kept A-Rollin' » nous
sortira de cette sorte d'ennui profond où
l’artiste a réussi à nous plonger !
Akeem Kemp Band d’Arkansas River Blues Society
démarre ensuite dans un style Chicago aussi efficace que peu
original et s'attache à faire le job de belle
manière. Voilà un trio black très
juste dans le ton et dans le contenu qui au bout du compte fera
plutôt bon effet avec un Blues qui a de l'âme et du
jus et qui finira avec un « I Play The Blues For You
» carrément réussi.
Randy McQuay de Cape Fear Blues Society débarque maintenant
en one man band et nous fait un show assez construit dans lequel il
fait chanter le public. On voit que c'est un habitué de la
finale de l'IBC et qu'il va tout faire pour essayer de ne pas la
laisser lui échapper en tapant dans les standards et en
usant de petits gimmicks comme un ré-accordage en cours de
morceau ou encore un titre a capella !
King Bee de Magic City Blues Society se plante un peu sur son
début de set avec une guitare pas branchée mais
reprend rapidement ses esprits en nous offrant une
démonstration de Chicago Blues mélangeant finesse
et force, virtuosité de l'harmonica et feeling de tous les
instruments ! Ça passe plutôt bien dans
l'assistance et le quartet, très pro, n'a plus
qu'à dérouler ...
Suit bientôt Sam Joyner de Vicksburg Blues Society au piano
solo dans une démonstration de boogie … Il en
fait quand même un peu trop entre les morceaux et
ça tire en longueur avec des causeries à n'en
plus finir. Ça joue pas mal pourtant, mais c'est un peu
longuet quand même au bout de 3 titres.
Rae Gordon & Backseat Drivers de Cascade Blues Association est
un septet avec des cuivres et une chanteuse qui a du coffre et qui
envoie. Un poil jazzy, le set nous emmène du
côté de Chicago mais aussi de New York et de la
Côte Ouest et le fait plutôt bien en y mettant
l'art et la manière. On part ensuite vers de la soul
très appréciée par le public et la
chanteuse ne se gêne pas pour accentuer l'effet en se mettant
à genoux sur le final ... Ça s’appelle
avoir le sens du jeu !
An retrouve Ruth Wyand de Triangle Blues Society pour un one woman band
assez séduisant avec un beau jeu de guitare et une voix qui
interpelle. Le côté folk blues un peu roots ne
manque aucunement d'intérêt et quand Ruth se
lève pour nous faire un « Little Wing »,
c'est tout l'Orpheum qui est surpris. Un set original qui ne
déclenche pourtant pas l'enthousiasme du public,
même si ce dernier applaudit !
Dawn Tyler Watson de Montreal Blues Society arrive à huit
sur scène avec le Ben Racine Band et nous emmène
tout de suite dans des harmonies vocales du plus bel effet. Les cuivres
sont puissants et l'orgue Hammond est un plus indéniable que
l'artiste met parfaitement à profit, s'offrant un peu de
mouth trompette sur « Take It Outside », un vieux
titre revu et corrigé à la sauce brass band ! Un
titre en duo avec Ben et des envolées à n'en plus
finir et c'est une salle comblée qui acclamera la chanteuse
a la fin de sa prestation !
Felix Slim De l'Asociación Musical Blues Hondarribia
enchaine en solo avec sa guitare et son harmonica pour des titres
très roots dont une reprise de Sonny Boy Williamson I avec
une voix un peu nasillarde qui colle parfaitement au genre. Un petit
tour dans le ragtime et ce sera véritablement un des bons
moments de la soirée avec un kazoo et beaucoup d'humour !
Vince Johnson And The Plantation Allstars de Memphis Blues Society,
quartet black qui donne dans un Blues très typé
Chicago avec toutefois une Memphis touch, referme enfin cette finale.
Souffrant d'un problème de basse, le groupe fera une partie
du set en trio mais le chanteur harmoniciste assurera parfaitement le
coup et en tirera même profit en s'attirant la sympathie de
la salle déjà acquise à une formation
locale !
On retiendra du palmarès 2017 …
Best Autoproduced CD : « High Temperature » de JW
JONES
2ème place catégorie solo/duo : Brody Buster's
One Man Band
1ère place catégorie solo/duo : Al Hill
Guitariste duo « Memphis Cigar box » : Al Hill
3ème place catégorie groupes : Rae Gordon And The
Backseat Drivers
2ème place catégorie groupes : The Souliz Band
Featuring Sugar and Spice
1ère place catégorie groupes : Dawn Tyler Watson
Guitariste Gibson « Albert King » : Ben Racine
Harmoniciste Lee Oskar : Brody Buster's One Man Band
Ainsi s’achève ce périple «
En Terre de Blues », avec ses joies … et ses
bonheurs ! De grandes satisfactions, une grande aventure humaine et
tellement de choses que ceux qui ne les ont pas vécues ne
peuvent pas comprendre … On souhaite le meilleur
à tous et de de toute façon on est certain
qu’il arrivera ! C’était aussi le but de
cette expédition …
Fred Delforge
– février 2017
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